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Changer le monde est urgent !

24-05-2005
By Almerinda Bento (+ Coordination portugaise/portuguese coordinating body/coordinación portugesa)

La Charte et la Courtepointe sont arrivées au Portugal le dimanche 15 mai. Elles ont été apportées de Brindisi par Lia Caprera et reçues à l'aéroport par une petite délégation de la coordination portugaise. Dans la valise apportée par Lia, nous avons trouvé les 22 premiers morceaux de la Courtepointe, résultats matériels des actions, des manifestations, des protestations, des demandes et désirs de milliers de femmes, exprimés dans beaucoup de langues différentes, tout cela autour de la Charte et des activités de la Marche Mondiale des Femmes, amorcées le 8 mars.

Avant l'arrivée de la Charte et de la Courtepointe, la coordination portugaise avait déjà commencé ses actions : une délégation de la coordination était présente au Forum « Alternatives et Résistances » à Évora, le 14 mai. La coordination a organisé un atelier sur la Charte mondiale des femmes pour l'Humanité, qui a été couronné de succès et très fréquenté. Elle a aussi monté un kiosque avec des prospectus, des affiches, des bannières, des crayons et des sacs, où les gens participant au Forum pouvaient signer une pétition soutenant la Charte. Dans les neuf îles de l'archipel des Açores, les actions avaient aussi déjà commencé – les femmes dans les Açores ont préparé un carré pour la Courtepointe nationale. (voir la section espagnole de cette actualité).

La présentation publique de la Charte et du carré portugais pour la Courtepointe a eu lieu le 16 mai, au Musée / Bibliothèque « République et Résistance ». Plusieurs femmes, féministes, activistes engagées pour les droits de la femme, quelques hommes et beaucoup de jeunes femmes (la coordination portugaise compte une  très forte représentation de jeunes femmes) étaient présentes à cette action. La Charte a été lue par des gens dans l'auditoire, le carré portugais a été dévoilé par sa designer, Ana Salazar et le manifeste avec les demandes de la Coordination portugaise a été présenté. Elsa Noronha, une poétesse du Mozambique, a fermé la session avec quelques poèmes de femmes. C'était un événement très significatif et les femmes présentes l'ont rendu vraiment inspirant.

Le 17 mai, la coordination a rencontré les membres de quatre des cinq partis représentés au Parlement. On leur a donné des dossiers avec l'information au sujet de la Marche et de la Charte et une liste des 700 noms de femmes et d’hommes qui ont signé la pétition soutenant la Charte, y compris plusieurs membres du Parlement, l'artiste Paula Rego, l'auteur Lídia Jorge et plusieurs intellectuels, des chercheurs, des universitaires, des citoyens. Le but de ces réunions était de présenter le manifeste de la coordination portugaise et d’en discuter avec les représentants élus au Parlement, les encourageant à relever notre défi de changement social, parce que nous constatons que le changement du monde est urgent.

Nous avons souligné l'importance et l'urgence de changer la législation quant à l'avortement, pour mettre fin aux procès humiliants des femmes portugaises qui ont avorté; de mettre en place des mécanismes pour protéger les femmes qui subissent la violence familiale; d'assurer une représentation juste et visible des femmes dans toutes les dimensions et tous les niveaux de processus décisionnel social et politique; de prendre des mesures pour se battre contre la pauvreté, le chômage et l'emploi précaire, des phénomènes qui affectent surtout des femmes; de respecter et mettre en application l’interdiction constitutionnelle de discrimination sur la base du genre, de l'orientation sexuelle, de l’appartenance ethnique, de l’origine, etc. D'autres aspects ont aussi été identifiés dans le manifeste portugais, mais ces derniers étaient ceux que nous avons jugés plus significatifs.

En même temps, à l'extérieur du Parlement, un groupe de partisanEs de la Marche ont attendu la fin des réunions et ont donné des entrevues à la presse. Ce jour-là, la Coordination a aussi soutenu et a accompagné les représentants d’organisations portugaisesLGBT qui ont soumis au Parlement une pétition avec plus de 2 000 signatures qui demande que le 17 mai soit reconnu comme le Jour International contre l’Homophobie.

La Charte et la Courtepointe ont ensuite été apportées à Coimbra, où deux actions de rue ont été organisées par AJP (Association pour la Justice et la Paix), l'Association Universitaire de Coimbra et Não te prives (un groupe pour la défense des droits sexuels) le 18 mai, à deux endroits différents de la ville, de même qu’une conférence de presse / débat en présence d'un chercheur du Centre des Sciences sociales et d’un représentant d'un syndicat du textile. Beaucoup d’activités et de pensées innovatrices ont été rendues possibles ce jour-là : il était possible de voir, toucher et discuter de la Courtepointe et la Charte avec des femmes et des hommes de tous les âges; il a été possible de colliger plus de 300 signatures soutenant la Charte et le monde qu'elle décrit; on a pu voir une pièce préparée et jouée par des étudiantes en théâtre et des enseignants qui utilisaient le rythme, l'image et le son pour représenter l'urgence de changement social; il était possible de débattre de la Marche Mondiale des Femmes avec plus de 50 personnes; il était possible d'écouter la musique de la Marche, « Kapire »; enfin, il était aussi possible de pratiquer et expérimenter d'autres façons de faire ou d'être dans le monde, en occupant différents espaces publics de Coimbra.

À Porto, le 19 mai, il y a eu une conférence de presse à la Faculté de Psychologie et d'Éducation. Cinq femmes représentant des organisations différentes membres de la coordination portugaise ont parlé de leur travail, ont présenté les projets qu'elles entreprennent dans cette région du pays et ont lu les valeurs de la Charte. Alexandra César, une femme portugaise vivant au Québec et actuellement en vacances au Portugal, était présente à plusieurs des actions portugaises. Elle a aussi lu une des valeurs de la Charte. Fina d’Armada a parlé de l'importance de la Marche Mondiale des Femmes et des liens qu'elle crée et renforce, défiant les idées de rivalité féminine auxquelles nous sommes associées. La Courtepointe et la Charte ont été montrées dans la salle et beaucoup de jeunes femmes et hommes les ont regardées et en ont discuté. Les journalistes de deux journaux régionaux étaient présents et le jour suivant, deux articles et une excellente photo ont été publiés dans ces journaux. Les journalistes ont été très intéressés par la « Courtepointe des enfants », produite dans le contexte d'un projet entrepris dans les écoles par UMAR pour empêcher la violence contre les femmes et éveiller la conscience des enfants sur ce problème.

Le 20 mai, une délégation de la coordination portugaise a quitté Caminha et a traversé la rivière Minho dans un traversier, accompagné de bateaux avec des rameuses portugaises et galiciennes. Au quai d'escale d'A Guarda, des centaines de femmes et d’hommes de Galice attendaient l'arrivée de la Charte et de la Courtepointe du Portugal. C'était un beau moment d’échange des deux côtés de la rivière, de solidarité féminine aussi et de solidarité mondiale entre les femmes, indépendamment de leurs langues et origines, comme c’est écrit dans la Charte que nous avons relayée par cet après-midi ensoleillé.

Tout cela a été suivi par une fête au cours de laquelle, entre autres interventions, la représentante portugaise Maria José Magalhães a décrit les actions organisées au Portugal et les luttes auxquelles nous faisons toujours face, finissant avec un poème « As Novas Cartas Portuguesas » des trois Marias, une œuvre vieille de trente ans écrite pendant la période de la dictature, mais toujours très pertinente, avec un message qui correspond au contenu de la Charte, à son relais par bateau et à la proximité de nos luttes dans ces actions mondiales de la Marche.


La Marche mondiale des femmes dans la région autonome des Açores

 

Dans les Açores, archipel portugais de neuf îles situées dans l’océan Atlantique, UMAR (União de Mulheres Alternativa e Resposta) a lancé les actions de la Marche mondiale des femmes dans l’île Flores – le  point le plus à l’ouest d’Europe – le 15 mai, jour même de l’arrivée de la Charte au Portugal.

Là se sont déroulées une présentation publique de la Charte aux députés de la délégation de l’Assemblée législative régionale des Açores et la visite d’une institution de solidarité sociale, la Sainte Maison de la Miséricorde. Le jour précédent, s’est réalisée une rencontre sur le thème « L’Égalité de genre et la violence familiale ».

Antérieurement et comme action préalable à l’arrivée du relais, UMAR a participé dans l’île de Santa María au Congrès de Citoyenneté où la Marche s’est présentée parmi le groupe « Mondialisation et Autonomies », qui s’est aussi déplacé à l’école secondaire de Vila do Porto.

La Marche a continué son parcours dans l’île de São Miguel, avec le programme d’activités suivant : exposition publique de dessins d’enfants, photos et informations sur la Marche à Ponta Delgada le 16, qui s’est déplacé le 18 à Ribeira Grande où a également eu lieu un séminaire sur « Les Conséquences psychosociologiques de la violence » qui a réuni environ une centaine de personnes. Le 19 s’est effectuée la remise de la Charte mondiale au Secrétaire du Gouverneur régional à Ponta Delgada et, simultanément dans l’île de Santa María, au Président de l’hôtel de ville de Vila do Porto et à l’Association des municipalités  de la région autonome des Açores. Dans l’île de São Miguel, les actions ont été coordonnées par une plateforme d’associations du secteur de l’Égalité : l’association « Crescer em Confiança », « Novo Dia », le Centre d’aide aux femmes de Ponta Delgada, le « Centro de Bem-Estar Social do Livramento » et UMAR. De plus, un débat a eu lieu le 8 juin au sujet de la décriminalisation de l’avortement au Portugal et du lancement du livre “A História da Problemática da Mulher”.

Après la présence d’une délégation de trois personnes des Açores à Marseille, la Marche est entrée dans l’île de Terceira au mois de juin. Coïncidant avec les fameuses fêtes locales des São Joaninas, la Charte mondiale des femmes pour l’Humanité a été remise le 17 juin au Ministre de la République pour la Région autonome des Açores. Le jour suivant, une exposition publique a été tenue sur la Marche dans un kiosque monté pour les festivités, clôturant les activités avec divers ateliers sur la Marche, la violence, la pauvreté, l’avortement et l’égalité de genre. Il y a eu, entre autres, un atelier avec un groupe de femmes du troisième âge de São Mateus, un groupe de femmes épouses de pêcheurs et les étudiant(e)s d’une faculté d’infirmerie.

La Marche continuera de visiter les différentes îles jusqu’à l’arrivée finale de la Charte en octobre à Ouagadougou, avec le regard tourné vers les îles de São Jorge et de  Faial pour les mois de juillet et août respectivement.

UMAR-Açores



Cinq valeurs pour l'humanité

par Eva González / A GUARDA

Plusieurs centaines de personnes se sont rendues à cet acte symbolique qui revendique l’égalité, la solidarité, la justice, la liberté et la paix.

La Charte mondiale des femmes pour l’Humanité est arrivée par la mer au quai de A Pasaxe, à Camposancos. Les femmes portugaises ont apporté la courtepointe de la solidarité, composée de morceaux donnés par des femmes et associations des pays qu’elle a traversés, tout un symbole parmi les gestes de revendications en faveur de la femme.

L’enthousiasme a régné à la marche dès le moment où les déléguées ont débarqué avec les symboles, et jusqu’au théâtre de la station maritime où s’est déroulé le reste de l’événement. Au préalable, des rameuses des clubs A Robaleira, Chapela, Mecos de O Grove, Bueu y Caminhense, ont offert un beau spectacle en accompagnant le traversier dès son départ de Caminha (Portugal). « Les rameuses de traineras sont un exemple de la discrimination envers les femmes », s’entendent pour dire Carmen Barbosa Pacheco, trésorière du Club A Robaleira et présidente de l’association Atalaia ; Manoli Pacheco, secrétaire de A Robaleira et Juan Ramón Outeda, président du Mecos de O Grove. Elles ont expliqué qu’on « ne permet pas aux femmes de faire la compétition avec des traineras, même si leur rendement est égal à celui des hommes. Personne ne fait rien pour changer cette situation », qu’elles veulent corriger.

Elles ont été un exemple vivant. Durant la même cérémonie, des demandes ont retenti comme celle de Lupe Ces : « Nous n’aimons pas la guerre qui nous tue, ni une paix qui nous opprime ». Lupe Ces, qui était présente à l’élaboration de la Charte à Kigali (au Rwanda), a fait ressortir les cinq valeurs qu’elle arbore : égalité, solidarité, justice, liberté et paix.

Carmen Barbosa, une autre femme et deux filles du collège San Xerónimo Emiliani ont lu plusieurs articles de la Charte. Le document commence en expliquant que « Nous, les femmes, marchons pour dénoncer et exiger la fin de l’oppression que nous vivons en tant que femmes ». La coordonnatrice de A Guarda, Eva Cividanes, a présenté toutes les interventions qui ont commencé par celle de la nombreuse délégation portugaise, tenant comme toile de fond le morceau de courtepointe qu’ont élaboré les femmes de Atalaia, où ressortent deux aiguilles entrelacées. Dans l’assistance se trouvaient des visages connus, comme celui de la Mairesse de Mos, María Jesús Escudero et la conseillère municipale Concepción Martínez ; l’auteur-chanteur Tino Baz ; des conseillers de A Guarda, entre autres.

On a écouté des voix féminines et des drapeaux indépendantistes ont fait leur apparition, d’autres aussi de commissions ouvrières, en plus de celui qui symbolise la Marche, de couleur mauve.

Last modified 2005-07-29 08:26 AM
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