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La violence domestique envers les femmes et les nouvelles inégalités dans la Roumanie en transition (II)

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par Mihaela Miroiu

 

Le patriarcat et la vie privée

La supposition générale de ceux qui travaillent dans le domaine c’est que la violence est moins probable dans les familles dont les membres sont des adultes autonomes dont les relations sont interdépendantes et pas dépendantes. Ce sont les familles partenariales. Quand même, conformément au Baromètre de Genre 2000, seulement 3-7% des familles roumaines sont des familles partenariales. En famille, l’autorité  est identifiée avec l’homme (83% disent que “l’homme est la tête de la famille” et rien que 8% rejettent l’idée et déclarent que le genre n’a pas d’importance). Les hommes sont considérés « la tête de la famille » par 67% des sujets et 32% croient que les femmes ont ce rôle (20% des hommes disent que les femmes sont « la tête de la famille » et 80% des femmes croient la même chose). Si on considère ce désaccord et le fait que la décision d’ordre financière (les dépenses de chaque jour) appartient aux femmes, on peut noter que nous sommes envahis par le patriarcat symbolique. En concordance avec ce type de patriarcat, il est une hypocrisie à admettre la violence dans la propre famille (18% des femmes déclarent qu’elles ont été battues par leur partenaires et 1% des hommes déclarent la même chose ; 53% connaissent des situations de violence envers les femmes en couple et 17% des violence envers les hommes). En matière criminelle, les statistiques montrent que les hommes emprisonnés sont plus nombreux (93-97%) que les femmes.

 

La peur devient un instrument incontestable de soumission et d’intimidation. Il est utilisé dans les régions les plus affectées par les conséquences de la transition (peu d’éducation, des villages ou des petites villes où l’industrie est devenue précaire, dans les régions très pauvres comme Olténie, Valachie et Moldavie).

Conformément au Baromètre de Genre 2000, 11% des sujets ont des conflits en famille et ces conflits sont fréquents, très fréquents et pour 46%, rares. Seulement 41% des couples ont une vie tranquille ensemble. Le générateur le plus important des conflit c’est la situation économique de la famille (70%) ; pour le reste c'est le comportement des enfants (14%) et l’alcool.

           

La plupart des gens croient que la violence domestique n’est pas un problème publique, mais un problème privé: 35% des sujets affirment que les partenaires doivent résoudre leurs problèmes communs et seulement les parents et les amis ont le droit d’intervenir (35%) et 28% acceptent qu’il faut faire appel à la police.           

 

Les réponses des Européens aux mêmes questions sont différentes: famille et amis (96%), services sociaux (93%), services médicaux (93%) et Police (90%).

 

Les formes de violence les plus fréquentes sont: volées (70%), abus verbaux (60%), menaces (21%), enfants battus (19%), conjoint/e battu/e (11%).

 

Le modèle d’éducation pour la population de Roumanie est concordant avec la violence envers les femmes, parce que les valeurs les plus importantes dans l’éducation d’une fille sont la diligence et l’obédience. L’indépendance et la liberté de choix occupent une place insignifiante. Les valeurs mentionnées conduisent les filles vers un comportement soumis et les entraînent pour devenir sacrifiées et victimes. L’environnement plus patriarcal crée les prémisses d’un comportement tolérant par rapport à la violence domestique.

Parmi les conditions qui peuvent subordonner la femme, la dépendance économique c’est la plus importante : la plupart des victimes de la violence sévère sont ménagères, travailleuses sans éducation ou ont une somme d’argent qui ne suffit pas pour leur survie. Les femmes qui font partie de cette catégorie ont peur qu’elles ne pourraient pas survivre comme mères seules ou femmes seules. Elles déploient des stratégies humiliantes de survie, de prostitution jusqu’à l’acceptation de faire partie d’un couple violent. Parfois, elles tuent leurs maris ou concubins. Par exemple, dans la prison des femmes de Targsor, en 2002, 52 femmes ont tué leur mari et 17, leur concubin. Parmi elles, quatre sont illettrées, 18 ont quatre ans d’études, 25 ont 8 ans d’études et 22, le lycée. Toutes les femmes mariées ont des enfants et trois concubines n’ont pas d’enfant.

La majorité provient de la campagne. Dans tous les cas, les personnes tuées sont des connaissances – maris, concubins, parents ou voisins. La plupart d’elles ont une mauvaise image de leur victime, ne se sentent pas coupables et croient que la victime était en même temps violente et inutile. La plupart des victimes étaient chômeurs, sans aucune revenu, ivrognes et ne participaient pas aux travaux domestiques.

Copyrights : Etude traduit et reproduit avec la permission de l'auteur
Last modified 2005-09-22 10:47 AM