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3e rencontre internationale - Bilan

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3e Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes
du 2 au 6 octobre 2001
Montréal, Québec Canada

Un pas de plus pour lutter contre la pauvreté et la violence envers les femmes

BILAN DE LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES EN L'AN 2000
Rapport préliminaire

En 2001, les 112 coordinations nationales ayant participé à la Marche mondiale des femmes et les 2 réseaux membres du Comité de liaison international ont reçu un questionnaire destiné à mieux les connaître et à connaître les actions menées en 2000. Des 49 questionnaires retournés, il ressort :


1 - La stimulation d'un vaste mouvement de solidarité des groupes de femmes de la base de façon à ce que la Marche constitue un geste d'affirmation des femmes du monde.

L'ampleur de la participation des groupes de la base
Quelque 48% des pays ayant répondu regroupent sur leur territoire plus de 200 groupes de femmes. L'ampleur de la participation a été très bonne et a, dans certains cas, dépassé de loin les attentes du début fixées aux niveaux nationaux et international. Pour évaluer le rayonnement de la Marche auprès des divers groupes, il est en effet nécessaire de retourner aux objectifs des diverses coordinations nationales qui, pour certaines, n'avaient pas la prétention de rejoindre toutes les organisations de femmes implantées dans leur pays. Il est d'ailleurs illusoire de penser que tous les groupes pourraient être rejoints dans chaque coin du globe. L'événement a réussi à rejoindre 6 000 groupes de 161 pays. Par ailleurs, au-delà de la quantité de la participation, il serait nécessaire de s'interroger sur la " qualité " de la participation des groupes engagés dans l'événement, une participation petite en nombre pouvant en effet être d'une très grande " qualité " en fonction de l'engagement, de la représentativité, etc.

La représentation de la diversité
Les groupes ayant pris part à la Marche sont très variés. Les trois types de groupes réguliers (groupes de femmes autonomes, groupes syndicaux, femmes à l'intérieur d'un groupe mixte) sont les plus représentés. Il faut aussi noter la grande participation des jeunes, des femmes dans l'église mais aussi, même si c'est dans une moindre mesure, des femmes autochtones, des artistes et des lesbiennes. Au-delà de ces groupes, tout un autre éventail de groupes s'est engagé dans la Marche, éventail qui va des agricultrices aux journalistes en passant par des artisanes, des femmes de minorités culturelles, des scientifiques, etc. Des femmes politiques ont également participé, alors qu'une des consignes de la Marche était de ne pas inclure de parlementaires ou encore de femmes de partis politiques sauf s'il s'agissait d'un comité femmes d'un parti politique.

Les problématiques sur lesquelles travaillent tous ces groupes sont variées. La violence et la pauvreté sont des problématiques centrales (avec une plus grande part de groupes qui travaillent sur la violence que sur la pauvreté, 39% contre 24,5%). Les thèmes de la paix ou de la santé, par exemple, se retrouvent aussi souvent et, à quelques occasions, ceux d'immigration, d'éducation, d'environnement, bref tous les domaines touchant de près ou de loin la vie des femmes. Les groupes engagés ne sont donc pas des groupes travaillant uniquement sur les questions de violence et de pauvreté mais sur toute une variété de problématiques qui dépassent les deux revendications centrales de la Marche.

La Marche s'est déroulée sous le signe de la pluralité et de la diversité puisque les groupes rejoints et engagés dans l'événement sont diversifiés et les problématiques sur lesquelles ils travaillent sont très variées.

La stimulation d'un vaste réseau de solidarité
58% des coordinations nationales interrogées ont réussi à rejoindre toutes les régions, les comtés, les cantons, les départements dans leurs pays respectifs via les groupes de base. Ce chiffre est important quand on sait le manque de ressources financières et humaines dont souffrent certains pays, ainsi que les difficultés reliées aux communications et aux moyens de transport qui, parfois, n'ont pas permis de rejoindre certaines zones du pays. Il devient alors impressionnant de constater que 58% des coordinations interrogées ont réussi à rejoindre chacune des zones de leur territoire. Par ailleurs, il faut souligner la grande satisfaction au niveau international de voir que toutes les régions du monde ont été couvertes par l'événement et y ont pris part.

Ce défi n'a pas été facilité par l'état du mouvement des femmes avant la Marche: 31% des coordinations nationales interrogées jugent que le mouvement des femmes dans leur pays avant la Marche était fragmenté, 14% qu'il était divisé et 14% inactif. Seuls 29 % le décrivent comme mobilisé et 12% comme unifié.

La Marche a donc été l'occasion de rassembler les groupes et de les unifier de façon très importante à l'intérieur de chaque pays (82%) mais aussi, dans une moindre mesure, dans les diverses régions du monde (57%) ou à travers le monde (53%). Dans plusieurs cas, la Marche a permis de travailler ensemble sur un projet commun, de rassembler des groupes qui travaillaient isolément jusqu'alors, de tisser des liens et des solidarités avec des groupes d'autres pays, de mobiliser les femmes autour de revendications communes, d'établir un dialogue entre les pays du Sud et ceux du Nord, mais aussi entre ceux de l'Est et ceux de l'Ouest, de montrer la force de l'action collective et la solidarité qui se développe, de permettre à des associations peu visibles de se faire connaître, etc.

Commentaires généraux
Pour de nombreux pays, l'objectif 1 qui était de stimuler un vaste mouvement de solidarité des groupes de femmes de la base de façon à ce que la Marche constitue un geste d'affirmation des femmes du monde a été atteint malgré certaines difficultés rencontrées, comme des difficultés de financement, ou le manque de concertation entre différents pays. La Marche a donc permis, au-delà de ces difficultés, de solidariser et d'unifier les groupes de femmes, de leur donner l'occasion de faire entendre leur voix et de se mobiliser autour de revendications communes à toutes les femmes du monde.

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2 - Travailler au plan national à identifier des revendications touchant la pauvreté et les violences envers les femmes et passer à l'action pour les gagner.

L'engagement dans l'élaboration d'une plate-forme nationale
Dans une très large proportion (87,5%), les coordinations nationales ayant répondu au questionnaire ont développé une plate-forme nationale. L'élaboration de ces plates-formes a nécessité un échéancier assez long puisque, très souvent, le travail sur leur élaboration a commencé très tôt et, dans la majorité des cas, ces dernières ont été finalisées au bout de plusieurs mois. Leur rédaction a été faite par le biais d'un travail de consultation des groupes de la base (pour 71% des coordinations), de discussion (59%) et de mise en commun (49%), ce qui permet de dire que les groupes engagés dans le projet ont eu leur mot à dire dans l'élaboration de leur plate-forme nationale. Dans plus de 80% des cas, la priorisation de revendications communes a été possible et pour les 20% où un consensus n'a pas pu être trouvé cela s'explique par le fait que toutes les revendications étaient jugées avec la même importance et qu'il était donc impossible de les prioriser, ou alors parce que certaines coordinations sont restées aux revendications mondiales ou, encore, parce que les divers groupes ne s'entendaient pas sur les priorités, chacun en défendant une qu'il jugeait prioritaire. Ces plates-formes établies par les différents pays ont été adressées à une grande variété de personnes, de groupes ou d'instances mais, dans une très forte proportion, elles ont été adressées au Gouvernement ou aux politiciens de chaque pays.

Les difficultés dans leur élaboration, autant au niveau du contenu qu'au niveau logistique, ont été nombreuses et varient selon le contexte de chaque pays mais pratiquement tous les pays sont unanimes pour dire que les ressources humaines et financières ont manqué. Pour certains le temps a aussi manqué dans l'élaboration de la plate-forme car les échéances internationales obligeaient à établir rapidement un consensus entre les différents groupes afin de pouvoir produire la plate-forme nationale dans laquelle chacun des groupes se retrouverait. Ces trois considérations : manque de ressources financières et humaines et manque de temps ont provoqué de nombreux autres obstacles qui ont rendu difficile l'élaboration des diverses plates-formes nationales comme la difficulté de rejoindre certaines parties des pays, l'annulation de certains événements, le manque de moyens de communication efficaces, l'impossibilité de produire des outils d'éducation populaire adaptés pour vulgariser les revendications, etc. Et de nombreux autres problèmes se sont ajoutés à ceux-ci comme les difficultés reliées à la langue, à la bureaucratie, à la non-adhésion de certains groupes à certaines revendications, etc.

Des actions très diversifiées
Les actions organisées par les différents pays ont été très nombreuses et ont pris des formes variées. Souvent, sur un laps de temps très long, des actions ponctuelles ou suivies ont été réalisées comme des séminaires, des marches, des campagnes de signatures, des ateliers, des conférences de presse, des festivals, des assemblées populaires, etc. Les actions ont pris des formes multiples et il faut noter combien l'engagement des pays, à travers l'organisation et la tenue de ces actions, a été important et actif. Elle ne s'est en effet pas faite uniquement autour de l'événement de la Marche Mondiale car chaque pays, à son échelle et selon son propre contexte, a organisé une multitude d'activités de sensibilisation, d'information et de mobilisation. Des stratégies différentes ont donc été mises en place pour toucher le plus de femmes possibles.

Des actions avec une ampleur et un impact important
Même si les actions organisées ont été très nombreuses et ont pris des formes variées, ce ne sont pas toutes les régions des pays qui ont vu l'organisation d'actions en lien avec la Marche Mondiale. Au regard du manque de financement, de ressources humaines et de temps, de la difficulté à rejoindre l'étendue des pays, à cause des problèmes de communication et de transport, il n'est pas étonnant de constater que toutes les régions des divers pays n'ont pu être rejointes par les actions.

En lien avec l'organisation de ces différentes actions, de nombreux outils d'éducation populaire ont été produits et ont pris des formes diverses : affiches, expositions, débats, émissions de radio et de télévision, guides d'éducation, brochures, vidéos, etc. Les initiatives ont donc été nombreuses et ont pris différentes formes afin d'informer le plus grand nombre de personnes sur l'événement de la Marche et des revendications. Au-delà de ces outils d'éducation populaire, l'information a aussi pu être transmise par le biais des médias qui ont couvert l'événement. En général, la couverture médiatique a été relativement bien jugée par la majorité des pays puisque 36% l'ont jugée excellente, 48% moyenne et 17% médiocre. Le contenu relaté par les médias a, quant à lui, été considéré comme relativement bon avec 34% le jugeant excellent, 57% moyen et 9% médiocre. Même si la couverture faite par les médias des événements n'a pas été jugée plus souvent excellente, les pourcentages relevés sont très satisfaisants quand on sait que, dans certains pays, les médias ne couvrent parfois pas du tout les actions des femmes et que la couverture effectuée pour la Marche représente donc une réelle avancée.

Des gains de diverses formes
Les gains faits auprès des élus, des femmes en général et de toute la population sont nombreux et ils touchent très souvent à des gains de sensibilisation, de mobilisation, d'information, de capacité de négocier, qui permettent un renforcement du mouvement des femmes à l'intérieur de chaque pays mais aussi à l'échelle mondiale. Au niveau personnel, les femmes ont vu augmenter leur estime de soi, elles ont été reconnues comme des interlocutrices et la Marche leur a donné une légitimité pour négocier et une force pour défier les pouvoirs internationaux. Cet événement leur a aussi permis de prendre conscience qu'ensemble on peut avoir un impact aux niveaux national et international. Un saut qualitatif s'est donc opéré. Les avancées se mesurent en matière d'éducation populaire mais les exemples de gains concrets, de gains face aux revendications et aux luttes sont difficiles à évaluer et il est nécessaire de les contextualiser. Ce constat oblige donc à s'interroger sur l'impact d'une Marche qui, même si elle est mondiale, ne peut pas faire franchir aux femmes du monde entier les mêmes gains partout. En effet, certains pays décrivent par exemple comme un gain le fait d'avoir eu un contact avec leur Gouvernement alors que, pour d'autres pays, une rencontre avec le Gouvernement ne serait jamais présenté comme un gain car c'est quelque chose qui va de soi que l'on puisse présenter ses demandes à son Gouvernement. Il est donc nécessaire, quand on parle des acquis de la Marche faits par les différents pays, de contextualiser les choses et de mesurer les gains suivant les données de chacun des pays mais aussi suivant les objectifs que chacun d'entre eux s'étaient fixés au départ. De plus, les résultats se traduisent parfois en petits gains que les coordinations nationales n'ont pas forcément listé dans le questionnaire. Toutefois, et même s'il est difficile de mettre la signature de la Marche sur certains acquis qui sont l'objet de batailles commencées bien avant la Marche, ce qui est sûr, c'est qu'au-delà des divers gains qui doivent être contextualisés suivant chacun des pays pour en saisir l'importance, la Marche a permis le développement et le renforcement des groupes et le renforcement du mouvement des femmes.

Commentaires généraux
Même s'il reste du travail à faire, la plupart des coordinations estiment que l'objectif 2 a été atteint puisque la Marche a permis une prise de conscience par les femmes de leur rôle et de leur engagement dans la société mais aussi une adhésion et une mobilisation de leur part. Les diverses coordinations ont fait leur possible au regard de leurs contextes spécifiques et des ressources disponibles pour chacune et, au regard justement de ces distinctions, les fruits récoltés ne sont donc pas de la même importance ou de la même nature pour tous et il est alors difficile de faire un décompte des gains concrets réalisés.

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3 - Faire avancer nos revendications mondiales en les portant partout où des décideurs ou les communautés doivent en tenir compte.

L'adoption des revendications mondiales
La majorité des coordinations ont une grande maîtrise et connaissance des revendications mondiales et rares sont celles qui déclarent ne les connaître et ne les maîtriser que très peu (7%). Toutes les coordinations ont donc pris connaissance des revendications mondiales, ont pu travailler dessus et ont pu en informer les groupes de la base. Un nombre important d'entre elles ont inscrit ces revendications mondiales dans leur plate-forme nationale puisque seuls 14% des coordinations interrogées ne les ont pas intégrées. Notons toutefois que plusieurs d'entre elles n'ont pas intégré toutes les revendications mais en ont sélectionné seulement certaines. Dans ce cas, celles intégrées sont celles qui cadrent le plus avec la réalité du pays concerné. Certaines revendications ont pu poser des difficultés, celle notamment sur la Taxe Tobin qui est citée par plusieurs pays mais aussi et surtout la question de l'orientation sexuelle qui revient très souvent comme une difficulté centrale puisque ne cadrant pas avec la culture, les moeurs et les coutumes et qui a donc rencontré de vives oppositions quant à son inclusion avec les autres demandes.

Au-delà de ces difficultés de consensus autour de certaines revendications, toutes les coordinations sont d'accord sur le fait que l'action mondiale doit être poursuivie afin que soient gagnées les revendications. Pour ce faire, les options sont nombreuses mais, dans la majorité des cas, les suggestions faites sont de travailler à la fois au niveau national mais aussi de maintenir la solidarité au niveau mondial, de continuer à faire pression, continuer à essayer de bâtir un consensus autour des problèmes, organiser d'autres formes de lutte, maintenir une coordination, intervenir au niveau de la politique globale, agrandir le réseau, etc. Les suggestions faites sont nombreuses et variées mais pratiquement toutes les coordinations suggèrent de continuer l'action de différentes façons, à la fois au niveau national et local, mais aussi au niveau international en gardant ce lien établi entre les différents pays qui représente une force dans la revendication des demandes.

Des appuis très nombreux
La campagne de signatures a représenté une étape importante de l'événement de la Marche Mondiale, ce qui explique que certains pays ont pu être déçus par le nombre de signatures obtenues (55% des coordinations se disent insatisfaites du nombre obtenu contre 45% qui en sont satisfaites). Cette insatisfaction exprimée par plus de la moitié des pays dans la campagne de collecte des signatures, qui s'est fait de multiples façons et notamment par le biais de la mobilisation des groupes de la base, s'explique très souvent par le manque de moyens financiers, de ressources humaines mais aussi de temps pour amasser le nombre de signatures espéré. D'autres obstacles ont été rencontrés qui s'attachent plus au contexte spécifique des divers pays comme le taux d'analphabétisme qui rendait difficile la lecture des cartes d'appui, la tenue d'élections qui mettaient au second plan l'événement de la Marche ou encore les problèmes de langue et de traduction des documents. Dans cette campagne de signatures qui s'est tenue dans tous les pays, les appuis de divers groupes ou personnalités publiques ont été nombreux et toute une variété de soutiens sont venus appuyer l'événement.

La participation aux actions mondiales
La grande majorité des coordinations sont, en général, satisfaites des actions réalisées au niveau mondial dans le cadre de la Marche (85% d'entre elles). Plusieurs ont été impressionnées par l'ampleur de la mobilisation mondiale mais aussi par l'organisation d'un tel événement en lien avec des pays du monde entier. Les insatisfactions face à quelques actions sont liées, notamment, au peu de réponses données par les institutions comme la Banque Mondiale, le FMI ou l'ONU (même si le fait d'avoir pu rencontrer ces institutions est considéré comme un gain) mais aussi à la faible mobilisation des femmes des États-Unis qui a déçu plusieurs femmes qui s'étaient déplacées de très loin pour participer à l'événement.

Si seulement un peu plus de la moitié des coordinations interrogées (53%) ont organisé des actions nationales le 17 octobre en solidarité avec les femmes du monde et en appui aux femmes qui étaient à New-York, c'est parce que certaines manquaient de fonds pour organiser des activités de soutien, parce que le pays était à ce moment précis dans une période de vacances ou de fête qui laissait donc peu de place à une mobilisation populaire ou encore parce que les déléguées assistaient aux événements mondiaux aux États-Unis et leur présence à ces événements était déjà une façon de soutenir la mobilisation mondiale.

Commentaires généraux
Nombreuses sont les coordinations qui se disent satisfaites par rapport à l'atteinte de l'objectif 3 mais elles partagent aussi leurs interrogations sur le futur. En effet, les actions mondiales sont pour plusieurs d'entre elles une étape dans l'avancement des revendications et il faut donc trouver quelle sera la suite pour que la pression sur les décideurs ne s'affaiblisse pas. Réussir à amener des revendications au plus haut niveau national ou international est sans aucun doute un événement sans précédent pour nombre de coordinations qui manifestent leur inquiétude à voir ce pas gigantesque franchi disparaître si aucun suivi n'est assuré.

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4 - Entreprendre un vaste processus d'éducation populaire où toutes les femmes peuvent analyser par elles-mêmes et pour elles-mêmes les causes de leur oppression et les alternatives possibles.

L'ampleur des actions d'éducation populaire
La plupart des coordinations nationales (86%) ont organisé des actions d'éducation populaire qui ont pris des formes très variées comme des débats, des émissions de télévision et de radio, des ateliers, des séminaires, des échanges d'expériences, etc. dans le but de toucher le plus grand nombre de personnes et d'informer sur les objectifs et les actions de la Marche mondiale des femmes en l'an 2000.

La pertinence et l'utilisation des outils produits
La satisfaction envers les outils d'éducation populaire qui ont été produits est généralement excellente ou bonne, le Cahier des revendications et les Cartes d'appui rencontrant le plus haut taux de satisfaction. Quand on s'attarde à l'utilisation faite de ces outils et documents d'éducation populaire, on s'aperçoit que plusieurs d'entre eux ont été fortement utilisés et dans des circonstances très diverses, comme le Cahier des revendications, les Cartes d'appui et, dans une moindre mesure mais dans une proportion assez importante, le Thème musical, les Fiches d'action, la Lettre à la Banque Mondiale et au FMI et celle à Kofi Annan. La Mosaïque, quant à elle, a été plus faiblement utilisée mais les deux documents qui ont vraiment été sous-utilisés sont, sans aucun doute, le document sur les droits des lesbiennes et celui sur le trafic sexuel.

Commentaires généraux
Il est nécessaire de noter la satisfaction face à la qualité des outils d'éducation populaire et la diversité de l'utilisation de ces outils. En effet, les outils produits ont été, pour de nombreuses coordinations, d'une grande aide dans l'élaboration de leurs propres outils nationaux ou dans le support des actions organisées au niveau national mais ils ont aussi permis de déboucher sur d'autres débats et discussions et de sensibiliser le public. Toutefois, il est nécessaire de soulever les difficultés éprouvées par certaines coordinations face à ces documents, notamment le problème de la langue mais aussi le niveau du contenu qui n'a pas toujours été accessible à toutes.

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5 - Le fonctionnement aux niveaux organisationnel et structurel

Le rôle du Comité de Liaison International
Trois quarts des coordinations nationales connaissent bien la structure du Comité de Liaison International mis en place en octobre 1998, ce qui implique qu'un quart des pays estime ne pas bien la connaître et se pose alors la question de savoir ce qui a manqué pour que la structure du CLI soit davantage connue par toutes. La transmission d'informations de la part du Comité a apparemment satisfait de nombreuses coordinations qui l'ont aussi été de sa tâche de stimuler l'action. Par contre, en ce qui concerne la satisfaction par rapport à sa capacité à assurer la consultation, les avis sont plus mitigés. Certaines coordinations considèrent que la consultation aurait dû être plus importante et se faire à des moments plus adéquats afin que soit pris en compte l'avis de chacune, même si toutes reconnaissent que c'est une tâche qui demande beaucoup de temps et d'organisation de la part du Comité de liaison. Les femmes veulent donc être consultées, être partie prenante dans les débats et la prise de décisions et elles désirent avoir du temps pour débattre des documents. Ainsi, parmi les suggestions faites par les différentes coordinations dans une autre façon de procéder pour atteindre les différents objectifs, on retrouve une plus grande participation des représentantes de chaque pays aux rencontres préparatoires de la Marche, de plus nombreux contacts individuels, une plus grande consultation, faire des alliances, mettre en place une représentation par pays plutôt que par région du monde. Si la satisfaction par rapport au travail effectué par le CLI est grande et si chaque coordination reconnaît l'ampleur du travail qui a du être fait, nombreuses sont celles qui auraient aimé être davantage engagées, consultées et avoir plus de lien avec le CLI.

Le travail des coordinations nationales
Si 97% des coordinations ayant rempli le bilan se disent satisfaites de la création de coordinations nationales, 69% pensent que ces coordinations auraient dû être plus engagées au niveau mondial dans la transmission de l'information, la consultation, etc. Toutefois, le rôle joué par ces coordinations nationales a été essentiel pour une meilleure organisation et diffusion de la Marche à travers le monde car ces dernières sont assez structurées, elles permettent aux divers groupes de s'unir et de s'organiser, elles amènent une plus grande participation des femmes, elles permettent de mener des actions unitaires, de créer une certaine solidarité, de garantir un bon fonctionnement au niveau national des actions, de garantir une représentativité, d'établir un lien avec le niveau international, etc.

Le processus de prise de décision concernant le contenu remis à la BM/FMI et ONU
La forte proportion de coordinations (plus de la moitié) n'ayant pas participé à l'élaboration des documents remis à la banque Mondiale, au FMI et à l'ONU, à la discussion et à la décision sur l'action à faire devant la BM/FMI à Washington s'explique, en grande partie, par le manque de ressources et de temps nécessaire pour s'informer de ces dossiers et donner un avis. C'est pourquoi les suggestions qui reviennent le plus souvent pour élaborer collectivement et démocratiquement une prise de position, un document, le choix d'une action, etc. sont de pouvoir bénéficier de davantage de temps qui permettrait une plus importante consultation mais aussi de posséder plus de ressources financières et humaines pour pouvoir effectuer ces tâches. Il faudrait aussi s'assurer que la liaison entre le CLI et les coordinations nationales soit bonne ainsi que celle entre les coordinations nationales et les divers groupes de la base pour permettre à tous d'être consultés, de donner un avis sur les différentes questions et de faire remonter ces informations au CLI. En effet, si de nombreuses coordinations considèrent que le fonctionnement de la Marche a été très démocratique (49% des coordinations ayant répondu au questionnaire contre 10% qui le jugent peu démocratique) et participatif (65%), un nombre assez important juge qu'il a aussi été relativement centralisé (27% contre 22% le jugeant décentralisé) et les coordinations nationales auraient donc souhaité être davantage engagées.

Les outils de communication
Dans l'ensemble, les outils de communications ont été grandement appréciés par les divers pays, même si pour certains d'entre eux (le site web), les conditions matérielles de certains pays ont rendu difficile l'accès à ces outils. Une grande majorité de coordinations (91%) a apprécié la fréquence des communications avec le bureau de Montréal qui a transmis les informations nécessaires et qui a gardé un contact régulier avec chacune d'entre elles.

Le financement
La plupart des pays ont pu participer à la Marche grâce à l'obtention de financements qui viennent de sources diverses et, principalement, de la contribution des groupes mais aussi de fondations ou de subventions gouvernementales. Pourtant, malgré ces aides financières, 79% des pays ayant répondu au questionnaire ont fini avec un déficit budgétaire.

Un travail qui se poursuit
87% des coordinations nationales ayant répondu à cette question ont l'intention de poursuivre leur travail par le biais d'actions diverses, telles que la poursuite d'activités de lutte contre la violence envers les femmes et la pauvreté, le suivi auprès des gouvernements des revendications de la Marche, la mise en place d'une organisation pour les femmes qui servira d'interface entre la société civile et l'État, l'élaboration de propositions de lois sur la violence domestique et de très nombreuses autres actions.

Parmi les coordinations qui ont rempli le questionnaire, 39% estiment que la Marche mondiale des femmes a été un très grand succès, 54 % qu'elle a été un grand succès et seulement 7% considèrent que le succès a été mitigé. Malgré diverses contraintes auxquelles les différents groupes ont dû faire face tout au long de l'organisation de la Marche, les objectifs du début ont été largement dépassés et la grande majorité des coordinations est satisfaite des actions menées qui ont permis d'informer, de sensibiliser, de mobiliser les femmes en général mais aussi les élus et la population dans son ensemble et qui ont permis aux femmes du monde entier de faire entendre leurs voix. Cette articulation entre les dimensions mondiale et nationale est en effet extrêmement importante, soit le fait de savoir que des femmes partout à travers le monde luttent pour la même cause. L'une des forces de la Marche réside sans aucun doute dans le fait d'avoir été une action à la fois mondiale et nationale qui a permis d'ancrer des revendications aux deux niveaux. Ce qui peut expliquer aussi son succès et la satisfaction des diverses coordinations nationales, c'est que si la Marche s'est enracinée dans chaque pays, elle leur a aussi laissé de l'autonomie dans leurs choix et leurs actions.

Ces diverses dispositions ont donc permis d'aboutir à la fois à des gains individuels car la Marche a permis aux femmes d'acquérir de l'estime de soi et leur a donné de la légitimité pour négocier mais aussi à des gains collectifs comme le renforcement et le développement des organisations en plus de certains gains concrets. C'est donc un empowerment individuel et collectif qui s'est développé en permettant par-là même aux mouvements des femmes et aux femmes prises individuellement, de sortir plus forts de la Marche.

Pourtant, pour certaines coordinations, le temps a manqué pour vraiment finaliser les propositions de la Marche car le succès et les ressources financières commençaient à rentrer quand la Marche est arrivée à son terme. La nécessité de continuer le mouvement impulsé par la Marche est donc présent et les conditions sont aussi réunies puisque la Marche mondiale des femmes en l'an 2000 a permis de préparer le terrain, de nouer des alliances, d'unir différentes femmes et groupes de femmes de tous les continents autour d'un projet commun, celui de mettre fin à la pauvreté et la violence envers les femmes.


CONTENU DU DOCUMENT PRÉPARATOIRE DE LA 3e RENCONTRE INTERNATIONALE :

Document préparatoire (extraits)
  • INFORMATIONS GÉNÉRALES

    Qui peut participer à la rencontre ?

    La 3e rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes qui aura lieu du 2 au 6 octobre prochain est réservée aux représentantes des coordinations nationales et des deux réseaux membres du CLI de la Marche i.e. le Réseau continental des femmes autochtones et la Fédération démocratique internationale des femmes. Suffisamment de coordinations étaient ambivalentes par rapport à l'idée d'inviter de nouveaux réseaux à se joindre à nous pour inciter le Comité préparatoire à faire ce choix. Nous croyons qu'il est préférable, comme certaines nous l'ont indiqué, de d'abord consolider la Marche et d'avoir une bonne discussion sur l'adhésion avant d'inviter de nouveaux réseaux à se joindre. Nous savons que plusieurs réseaux (particulièrement des réseaux régionaux et internationaux) sont déjà groupes participants à la Marche et la rencontre d'octobre nous permettra sûrement d'en savoir plus sur ce sujet.

    La participation pour chacune des coordinations est limitée à deux représentantes incluant les pays où il y a une représentante du Comité de liaison international. Ce chiffre a été proposé afin d'assurer un meilleur équilibre entre chacun des pays participants et pour tenir compte des capacités logistiques. Les pays ou territoires où il existe plus d'une coordination, sont invités à respecter le maximum de deux représentantes. Il y a quelques pays où il existe plus de deux coordinations et elles seront invitées à envoyer une représentante par coordination mais il s'agit là d'un cas d'exception. Il y a aussi une sous-régionale qui a été créée dans la région des Grands Lacs Africains et qui a demandé de pouvoir envoyer une représentante. Nous avons accepté. Il s'agit là d'une façon de reconnaître que l'organisation de la Marche n'est pas symétrique en tous points et que certaines situations méritent l'exception. Cependant, ce sont les seules exceptions que nous pourrons accepter à ce stade-ci.

    Nous ne pourrons pas accueillir d'observatrices pour les mêmes raisons. Une exception sera faite pour les observatrices provenant du Québec. Elles seront au nombre limite de 20 et ce sont les membres du Comité de coordination et du Conseil d'administration de la Fédération des femmes du Québec qui seront présentes afin de rencontrer les représentantes et d'entendre les discussions.

    Vous trouverez, en annexe, la liste des pays avec ou sans coordination. Les groupes participants des pays sans coordination seront contactés au cours du mois d'août pour les inviter à créer une coordination pour pouvoir participer à la rencontre.

  • Déroulement de la rencontre:

    ORDRE DU JOUR

    Mardi 2 octobre
    Objectifs de la journée :
    - Échanger sur les bilans nationaux ;
    - Adopter les grands principes du bilan politique mondial de la Marche mondiale des femmes

    (plénière toute la journée)
    a.m. Mot de bienvenue (Présidente de la FFQ, Comité préparatoire), Introduction sur les objectifs de la rencontre (objectif général : consolidation de la Marche et perspectives), le déroulement et le fonctionnement.
    Début de partage de 1 ou 2 exemples de comment la Marche a apporté des changements selon le contexte du pays : développement de la situation des femmes, du mouvement des femmes.

    p.m. Suite des échanges et discussions sur les grandes leçons, les acquis, les gains, etc. de la Marche afin d'énoncer et adopter les grands éléments du bilan politique mondial.


    Mercredi 3 octobre
    Objectifs de la journée :
    - S'approprier une analyse commune de la conjoncture et des alternatives à développer pour continuer de lutter contre la pauvreté et la violence envers les femmes

    a.m. (plénière et ateliers par région) Panel (conjoncture et alternatives) de 4 femmes (2 par thèmes pauvreté et violence envers les femmes). Suivi d'ateliers régionaux pour enrichir les présentations du panel.

    p.m. (plénière et ateliers par langue)
    Présentation des questions du document préparatoire concernant les objectifs et les alliances de la Marche mondiale des femmes. Suivi d'ateliers par langue pour échanger sur nos objectifs et nos alliances


    Jeudi 4 octobre
    Objectif de la journée :
    - S'entendre sur les objectifs de la Marche mondiale des femmes, nos alliances et nos revendications mondiales

    (Plénière toute la journée)
    a.m. Rapports des ateliers sur les questions ayant trait aux objectifs et aux alliances
    (décisions et orientations)

    p.m. Présentation du document préparatoire sur les revendications mondiales. Discussions en plénière sur revendications mondiales de la Marche mondiale des femmes (décisions et orientations)


    Vendredi 5 octobre
    Objectif de la journée :
    - Adopter un plan d'action et une stratégie média

    a.m. (plénière et ateliers par langue) Présentation du document préparatoire sur les actions et les médias. Suivi d'ateliers.

    p.m. (plénière et ateliers par langue) Plénière sur actions et médias (décisions et orientations). Suivi d'ateliers régionaux (à partir de 15h00) sur structure et financement qui pourront se poursuivre en début de soirée.


    Samedi 6 octobre
    Objectifs de la journée :
    - S'entendre sur un plan de développement de la structure et sur le financement de la Marche mondiale des femmes; rappeler notre plan de travail et évaluer la rencontre.

    (plénière toute la journée)
    a.m. Rapports d'ateliers et Plénière sur la structure et le financement (décisions et orientations)

    p.m. Rappel des décisions consolidant la Marche mondiale des femmes. Plan de travail de l'année. Conclusion (résumé) de la semaine. Évaluation


    ANIMATION ET PRISE DE DÉCISION

    L'organisation de la rencontre doit être partagée entre les femmes du monde afin de répondre à nos objectifs de démocratie, de diversité, de partage de leadership. C'est pourquoi nous avons mis sur pied le Comité préparatoire et nous vous invitons à participer aux discussions du Forum. Lors de la rencontre, nous souhaitons aussi que diverses femmes s'engagent. Ainsi l'animation sera assumée par plusieurs femmes et, nous l'espérons, par des femmes de divers pays. Celles qui ont dans leurs organisations des animatrices expérimentées sont priées de nous contacter d'ici la fin août. Nous voulons constituer une équipe d'animation pour les plénières d'environ 5 femmes qui assumeraient à tour de rôle l'animation en plénière ou seraient un soutien à l'animation. Celles qui sont intéressées, doivent pouvoir arriver au moins une journée avant. Il est préférable que pour l'équipe d'animation de la plénière, ce ne soit pas des représentantes qui assument ce rôle. Veuillez nous aviser le plus rapidement possible si une femme de votre coordination est intéressée et peut faire partie de cette équipe. De plus, nous aurons besoin d'animatrices lors des ateliers. Nous constituerons un comité animation dès la fin août. Nous souhaitons aussi donner un espace égal pour les trois langues (français, anglais et espagnol). Cela se reflétera dans l'animation et dans les ateliers par langue.

    Le comité d'animation proposera des règles de procédure pour la plénière (prise de parole, vote et prise de décisions). Elles seront envoyées à l'avance sur le Forum de discussions afin de les discuter et les adopter comme procédures lors de la rencontre. Pour les ateliers, un canevas d'animation sera développé et remis aux animatrices selon les thématiques abordées.

  • Questions à traiter en octobre:

    Cette partie doit être étudiée en consultation avec les groupes de votre coordination. Vos représentantes devront avoir des mandats pour chacun de ces thèmes. Nous vous invitons à leur donner des mandats souples afin de permettre les échanges et la recherche de consensus. De plus, nous vous demandons d'utiliser le Forum de discussions pour nous faire connaître vos propositions ou questionnements aussitôt que vous aurez fait vos discussions. Cela sera utile pour la préparation de la rencontre.


    BILAN POLITIQUE

Vous trouverez, en annexe, le rapport préliminaire fait à partir des questionnaires remplis par 49 coordinations nationales. Il s'agit là d'une première étape dans la réalisation d'un bilan politique mondial de la Marche mondiale des femmes. Lors de notre rencontre de juin, le Comité a été à même de constater combien il est difficile d'arriver à faire un bilan exhaustif de la Marche. Il y a tellement d'éléments à considérer, les outils d'évaluation ne sont pas uniformes, ni les critères. Il est donc clair qu'en octobre nous devrons discuter des constats qui ressortent des questionnaires mais nous devons aussi pouvoir identifier les grandes leçons à retenir, les changements qualitatifs notés au niveau national et mondial. Ce dernier élément est particulièrement important puisque le bilan politique de la Marche doit être plus que la simple addition de ce qui s'est passé dans les pays. Nous devons aussi évaluer ce qui s'est passé au niveau mondial. Nous vous invitons donc à répondre aux questions suivantes. Nous vous demandons aussi d'apporter tout matériel qui pourrait servir à enrichir le bilan mondial. Lors de la rencontre, vos représentantes auront l'occasion de faire une présentation succincte de votre bilan politique national (en identifiant 1 ou 2 éléments particulièrement signifiant pour l'avancement des droits des femmes et du mouvement des femmes dans votre pays/territoire). Après la rencontre, il nous faudra produire un document qui tentera de mettre en valeur les diverses composantes de notre bilan politique.

QUESTIONS
Quels sont les changements notés depuis la Marche mondiale des femmes ? Des changements qui peuvent être à deux niveaux : l'amélioration de la situation des femmes de votre pays/territoire, le renforcement du mouvement des femmes de votre pays/territoire ou région ?

Quel bilan faites-vous de nos actions au niveau mondial ? Que croyez-vous que la Marche a accompli à ce niveau ? Quelle analyse politique faites-vous de l'impact de la Marche au niveau mondial ?


LES OBJECTIFS DE LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES

Les objectifs de la Marche mondiale des femmes en l'an 2000 ont d'abord été définis pour ce projet d'actions mondiales d'une durée limitée. Ces objectifs étaient les suivants :

1 - stimuler un vaste mouvement de solidarité des groupes de femmes de la base de façon à ce que la Marche constitue un geste d'affirmation des femmes du monde ;
2 - promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes ;
3 - entreprendre un vaste processus d'éducation populaire où toutes les femmes peuvent analyser par elles-mêmes et pour elles-mêmes les causes de leur oppression et les alternatives possibles ;
4 - mettre de l'avant les revendications et les alternatives communes aux mouvements des femmes du monde autour des thèmes de la pauvreté et de la violence faite aux femmes ;
5 - amener les gouvernements, décideurs et membres de la société civile à soutenir et à effectuer les changements qui s'imposent pour améliorer les conditions et la qualité de vie des femmes du monde.

Ces objectifs sont toujours aussi valables pour la phase de consolidation du mouvement. Cependant, l'établissement des objectifs pour la deuxième phase de la Marche mondiale des femmes doit se faire, entre autres, à partir d'une réflexion sur notre raison d'être. De plus, le bilan mondial devrait nous amener à bien distinguer la particularité de la Marche mondiale des femmes. Voici quelques réflexions intérimaires.

D'entrée de jeu, il faut réaffirmer que l'objectif ultime de la Marche mondiale des femmes est de lutter contre la pauvreté et la violence envers les femmes. Bien que certains groupes désirent proposer d'ajouter des thématiques comme la paix, le sida, la discrimination, etc, aucun n'a proposé de remplacer l'un ou l'autre de nos thèmes centraux.

Le premier objectif de la Marche mondiale des femmes en l'an 2000 était de stimuler un vaste mouvement de solidarité des groupes de femmes de la base. Le principe de regrouper les groupes de la base reste valide mais pour l'autre partie de cet objectif, on est entré dans une deuxième phase de la Marche, où il s'agit de consolider le mouvement. Comme la dynamique de l'an 2000 est retombée dans certaines régions plus que dans d'autres il est aussi nécessaire de redonner une certaine impulsion à la Marche.

La rencontre d'octobre doit nous amener à bien identifier pourquoi nous sommes ensemble et ce que nous voulons faire ensemble. Dans ce sens, il faut définir plus précisément le rôle de la Marche mondiale des femmes et ses lieux d'intervention (par exemple : vis-à-vis les groupes questionnant la mondialisation actuelle, un réseau d'alerte, outil de mobilisation lors de rencontres internationales).

La particularité de la Marche a été de lier pauvreté et violence envers les femmes. Cela signifie que plusieurs des groupes participants à la Marche s'identifient à l'une ou l'autre des problématiques et privilégient différents lieux d'intervention. Nous avons aussi voulu lier l'analyse de classe et l'analyse de genre dans l'identification des causes de la pauvreté et la violence envers les femmes. Dans une moindre mesure, nous avons aussi lié l'analyse du racisme à nos réflexions.

De même, une autre particularité de la Marche a été de proposer une action mondiale avec un accent sur l'éducation populaire. Certains groupes veulent continuer d'agir à partir de notre propre agenda plutôt que d'être à la remorque des institutions comme l'ONU ou autres. D'autres souhaitent que nous nous servions des rendez-vous internationaux pour mobiliser, éduquer, agir pour faire avancer nos revendications. Toutes ont en commun de croire à l'action collective.

Ces particularités, ce positionnement et ce rôle doivent se refléter dans les objectifs. Nous croyons qu'en octobre nous devons réaffirmer l'analyse générale que nous portons et définir notre raison d'être, nos objectifs généraux pour cette deuxième phase de la Marche. En même temps, il faut reconnaître que notre réflexion est en constante évolution et que nul document ne saurait la figer dans le temps. Nous avons des outils comme le texte qui a été remis à Monsieur Kofi Annan dans lequel nous parlons du monde dans lequel nous voulons vivre. Nous vous invitons à le relire. Nos discussions en octobre devraient nous mener un peu plus loin dans cette quête d'identification de nos convergences.

QUESTIONS
Comment décririez-vous la raison d'être de la Marche mondiale des femmes ?

Quels objectifs proposez-vous pour la deuxième phase / la suite / la continuation de la Marche mondiale des femmes ? Expliquez

Êtes-vous d'accord pour garder comme thèmes centraux la pauvreté et la violence envers les femmes ? Expliquez

Êtes-vous d'accord avec les trois lieux d'intervention mentionnés plus haut (vis-à-vis les groupes questionnant la mondialisation actuelle, un réseau d'alerte, outil de mobilisation lors de rencontres internationales)? Est-ce qu'ils ont tous la même importance pour vous ? Expliquez. Doit-on en privilégier certains ? Pourquoi ? Quand ? Comment ? Au niveau national, mondial ?

Devrait-on avoir un objectif lié directement à la lutte à la mondialisation actuelle ? Comment le formuleriez-vous ?


LES ALLIANCES

Dans cette prochaine étape de la Marche, il s'agit aussi de se positionner par rapport à d'autres mouvements et réseaux internationaux. Autant pour voir les alliances et les actions possibles à faire ensemble que pour bien distinguer notre raison d'être. Il est aussi important de bien connaître les réseaux déjà engagés dans la Marche et voir comment il est possible de renforcer nos analyses et nos actions mutuelles. Certaines alliances sont ponctuelles et sont à déterminer selon les actions que nous ferons. D'autres sont davantage liées à nos objectifs. Par exemple, les liens avec les groupes ayant pris du leadership dans la lutte à la mondialisation actuelle (ATTAC, Via Campesina, Global South, 50 years is enough, Forum social mondial) au niveau mondial.

Nous croyons que pour octobre, nous devons discuter avec qui nous voulons être en alliance, pourquoi et quand ? Pour ce faire, nous vous demandons de bien identifier les réseaux régionaux ou internationaux qui existent dans votre coin du monde, nous indiquer ceux qui sont membres de votre coordination et expliquer s'il y a lieu les liens avec la Marche dans votre pays/territoire.

Nous ne croyons pas que nous devons décider de façon pointue avec qui nous souhaitons travailler mais plutôt s'entendre sur les principes. Cela permettra de donner les grandes orientations pour les représentations et les invitations que nous recevons. Par contre, pour le Forum social mondial, nous devons voir, à court terme, comment nous voulons être présentes en janvier prochain.

QUESTIONS
Nous avons été invitées à participer au comité organisateur international du Forum social mondial de Porto Alegre de 2002. Comment continuer ce travail ? Comment voulons-nous être présentes lors du Forum social mondial ? Voulons-nous faire des actions dans chacun des pays ? Organiser un séminaire d'une journée pour parler des liens pauvreté et inégalité, des liens entre sexisme, capitalisme et racisme ?

Jusqu'où voulons-nous aller dans l'action commune avec les groupes mentionnés plus hauts ? Comment allons-nous nous allier avec les autres réseaux de femmes ou féministes qui travaillent sur les questions de commerce, d'économie ? Comment travailler avec les autres réseaux travaillant sur la question de la violence envers les femmes ou des droits des femmes ? Devons-nous faire des approches particulières ? Avec qui ? Pourquoi ?

Avez-vous d'autres suggestions d'alliances à faire ?


LES REVENDICATIONS MONDIALES
Le questionnaire bilan de la Marche et surtout nos expériences nous ont montré qu'une des forces principales de la Marche mondiale des femmes est la diversité des groupes et femmes représentées et réunies via une plate-forme commune. Lors de la rencontre à New York en octobre 2000 plusieurs déléguées ont proposé de modifier la plate-forme, d'autres ont refusé toute modification. Il est clair que chacune a en tête les discussions d'octobre 1998 autour des revendications et souhaite éviter ce genre de déchirement. La prochaine rencontre aura toutefois la tâche difficile de concilier ces différentes positions ou de trouver une manière d'agir en coalitions variables.

Il nous semble évident que nous ne pouvons faire comme s'il n'y avait aucune demande d'ajouts et de modifications des revendications mondiales. Certaines régions du monde veulent parler plus particulièrement de la problématique santé des femmes ou celle du sida. D'autres veulent que l'on refasse une discussion pour voir à intégrer les revendications concernant les droits des lesbiennes ou que l'on parle plus explicitement de l'avortement. Il faut s'attarder à ces demandes malgré les craintes exprimées. De même, il faut reconnaître que certaines de nos revendications doivent être revues en fonction de la conjoncture qui a évolué.

Certaines ont proposé que l'on retravaille les revendications mondiales en y ajoutant un peu plus d'analyse. En ce sens, nous avons discuté en juin de l'idée de travailler, à plus long terme, sur une déclaration de principes. Ce pourrait être un lien à faire avec notre raison d'être et nous pouvons imaginer qu'une telle déclaration émanera de nos discussions d'octobre. Pour octobre, nous pourrions nous concentrer sur la discussion et le partage de nos analyses (de là l'idée d'avoir un panel le mercredi matin pour parler de la conjoncture et des perspectives ou alternatives en lien avec la pauvreté et la violence envers les femmes), la déclaration pourrait être rédigée par après.

Autour de la plate-forme, différentes propositions ont été faites depuis la rencontre à New York : - avoir une plate-forme de revendications mondiales plus exhaustive à partir de laquelle on identifie des campagnes d'actions annuelles à mener en lien avec une ou des revendications précises (par exemple celles qui semblent le plus gagnable ou celles qui nécessitent plus d'éducation populaire) ; - rediscuter à qui nous nous adressons pour atteindre nos objectifs de mettre fin à la pauvreté et la violence envers les femmes et ainsi revoir nos revendications. Plusieurs croient, par exemple, que nous devons revoir notre position par rapport aux institutions internationales et commencer à s'adresser à l'OMC, aux entreprises ou transnationales qui sont des forces politiques et économiques majeures, au coeur de l'accroissement de la pauvreté, de la concentration de la richesse, de la détérioration de l'environnement, etc. D'autres voudraient aussi que l'on s'adresse aux hommes comme groupe puisque pour mettre fin à la violence envers les femmes cela nécessité un engagement de la part des hommes.

Nous croyons qu'en octobre, il faudrait prendre le temps d'avoir des échanges en profondeur sur nos analyses (de la conjoncture, à qui nous devons nous adresser pour mettre fin à la pauvreté et la violence envers les femmes, etc.) et, par la suite, identifier quelles modifications nous souhaitons apporter à notre plate-forme mondiale.

QUESTIONS
Que pensez-vous de l'idée de faire une déclaration de principes qui accompagnerait nos revendications mondiales ?

Que pensez-vous de l'idée d'avoir une plate-forme large à partir de laquelle on pourrait réaliser des campagnes d'actions annuelles ?

À qui devraient s'adresser nos revendications ? Devons-nous nous adresser à d'autres instances ou groupes ?

Quels devraient être les mécanismes à mettre en place pour évaluer, pour suivre l'évolution de nos revendications mondiales ?

Quel travail peut être fait par les coordinations nationales pour faire avancer nos revendications aux niveaux national ou régional ?

Quelles modifications à la plate-forme proposez-vous ? Pourquoi ?

Quel processus proposez-vous pour arriver à un consensus autour de revendications comme celles concernant les droits des lesbiennes, les droits reproductifs, le trafic sexuel ?


LES ACTIONS

La richesse de la Marche mondiale des femmes a été l'articulation entre les processus locaux, nationaux et internationaux, l'un renforçant l'autre. La pluralité et la diversité des groupes participants nous ont permis de prendre en compte les différentes réalités socio-politique des régions ou pays/territoires. Notre identité, notre visage public ne sont pas déterminés seulement par nos objectifs et notre plate-forme, mais par les actions que nous avons réalisées. L'action coordonnée d'éducation populaire autour de la plate-forme ; l'utilisation à grande échelle du symbole de la MMF ; l'établissement d'un rapport de force, les pressions exercées pour l'adoption de politiques publiques en accord avec nos revendications constituent l'une de nos forces.

Déjà dans notre première phase, il y a eu des actions coordonnées à l'échelle mondiale et l'adoption de plusieurs plate-forme nationale en plus de celle mondiale. Au niveau régional en Europe et dans le centre de l'Afrique, il y a eu des actions régionales concertées et adoption de plate-forme. Nous croyons qu'il s'agit d'une expérience intéressante que nous devrions nous approprier et reprendre dans d'autres régions du monde si possible.

Comme nous avons mentionné dans la section concernant les objectifs, il est proposé, pour la deuxième étape, de situer nos actions dans trois champs ou lieux d'intervention :
- l'action en concertation avec les mouvements anti-mondialisation (continuer à participer aux rencontres d'opposition à l'agenda de la Banque Mondiale, FMI, OMC, etc.) ;
- la surveillance du respect des droits des femmes et la création d'un réseau d'alerte pour les points chauds de la planète ;
- la mobilisation lors de conférences internationales organisées par l'ONU ou autres institutions internationales comme une alternative d'actions et de mobilisation féministe.

Ces choix d'actions sont évidemment intimement liés à l'analyse que nous faisons de la conjoncture et à la discussion sur notre raison d'être. Pour la rencontre d'octobre, nous avons identifié quelques questions de stratégie auxquelles nous devrions nous attarder.

Pour le premier, il existe un consensus selon lequel la Marche a permis au mouvement des femmes de bien se situer dans cette mouvance d'actions et de mobilisation autour de la mondialisation. Il y a aussi un désir de donner plus de visibilité à la présence des femmes et aux demandes féministes dans ce mouvement questionnant la mondialisation actuelle. Cela nécessite la participation dans les espaces mixtes et la réalisation d'activités spécifiques organisées pour le mouvement des femmes.

Pour nous permettre de suivre le calendrier de plus en plus chargé des rendez-vous internationaux, il faut compter sur l'engagement des coordinations nationales où l'événement se passe comme il s'est passé dans les cas du Forum Social Mondial 2001 au Brésil, du Sommet des Peuples en avril au Québec ou à Gênes pour le G-8. Les coordinations nationales de la MMF peuvent avoir un rôle fondamental dans la mobilisation des femmes de leur pays dans ces activités. Plusieurs de ces mobilisations demandent de poser des actions simultanées dans plusieurs pays. Nous sommes aussi interpellées pour participer à la construction d'alternatives dans des lieux comme le Forum social mondial, Via Campesina, etc.

QUESTIONS
Comment voyez-vous ce travail ? Comment équilibrer le travail avec les réseaux mixtes pour nous permettre de garder notre spécificité ? Sur quoi, quand et où les femmes de la MMF veulent se mettre en action de concert avec les groupes alliés ? Quand voulons-nous agir sur nos propres bases ? Pourquoi ? Quand et comment souhaitons-nous être représentées par une délégation internationale lorsqu'il s'agit de participer à la construction d'alternatives à la forme de mondialisation actuelle ?

Avez-vous des actions spécifiques à proposer et que nous pourrions apporter dans ces espaces mixtes ? Êtes-vous prêtes à mobiliser les femmes de votre pays/territoire pour participer à des actions au niveau national ou mondial pour interpeller le G-8, l'OMC, la Banque mondiale ou le FMI, etc. ? Comment devrait se faire la représentation de la MMF lors des actions mondiales ?

Dans le deuxième champ, nous croyons que pour garder notre particularité comme Marche mondiale nous devons proposer des façons originales et plus efficaces d'agir pour répondre aux cas innombrables de non-respect des droits des femmes qui nous arrivent autant au niveau national qu'international. Agir comme un réseau d'alerte et de surveillance des droits des femmes, doit signifier plus que diffuser des messages d'appui et pétitions par courrier électronique. Ces actions sont très importantes mais sont aussi faites par de multiples réseaux.

La coordination européenne, par exemple, a discuté de l'idée d'intervenir dans la crise au Moyen Orient en envoyant une mission d'observation féministe pour rencontrer les femmes et identifier les solutions. Nous pourrions identifier une ou des situations qui nécessiteraient l'organisation de telles missions qui pourraient être assumées par une coordination nationale ou réseau et les autres groupes de MMF seraient appelés à participer ou contribuer dans leur pays.

QUESTIONS
Que pensez-vous de cette idée d'actions ? Seriez-vous prêtes à assumer la coordination d'une telle mission ? Pour quelle situation ? Comment pourrions-nous être une voix et une action collectives au niveau mondial par rapport à certaines situations (par exemple les femmes afghanes) ? Quel mécanisme pourrions-nous développer pour répondre rapidement et efficacement à diverses situations ou événements politiques ?

Le troisième champ d'intervention est la mobilisation des groupes de la base lors des conférences mondiales organisées par l'ONU ou d'autres institutions internationales dans le but de faire avancer et défendre les propositions et alternatives féministes en lien avec les droits des femmes. Les féministes de plusieurs pays sont présentes dans ces conférences mais la Marche pourrait apporter sa particularité d'avoir une plate-forme féministe mondiale. Nous pourrions entre autres nous assurer de porter adéquatement les questions telles que les droits reproductifs et les droits des lesbiennes puisque ce sont souvent des points négligés dans ces conférences. Particulièrement pour les groupes qui travaillent sur la question de la violence envers les femmes ou des droits, ces conférences sont vues comme étant une façon de faire avancer le débat sur la question des droits des femmes et de donner des outils pour travailler au niveau national.

D'autres croient que nous ne devrions pas considérer les conférences de l'ONU comme un espace privilégié d'intervention. Tout d´abord parce que cette institution nous impose déjà un calendrier chargé (conférence sur le financement du développement, cycle des conférences sociales +10) et, d'autre part, parce que ce travail se définit essentiellement dans les conditions de la diplomatie internationale. On parle donc essentiellement de monitoring et de lobby et pour certaines cela n'est pas représentatif de ce qu'est la Marche.

Nous croyons qu'il y a probablement un bon débat à faire sur l'utilité des conférences internationales et le type d'actions que nous pourrions y faire. De façon plus générale, certaines voient ces espaces comme des moments privilégiés pour faire des contacts, mieux articuler nos analyses et proposer des alternatives et des actions comme ce fût le cas avec la Marche en 1995 à Beijing.

QUESTIONS
Que pensez-vous de ce lieu comme façon de faire avancer nos revendications mondiales ? Quels types d'actons pourrions-nous proposer au niveau national et mondial ? Comment pouvons-nous y être présentes comme Marche mondiale des femmes ? Est-ce via la participation des coordinations nationales ? Voulons-nous une délégation spécifique ? Doit-on choisir certaines de ces conférences ? Lesquelles ? Pourquoi ?

Au-delà des lieux d'intervention, lorsque nous définirons et adopterons notre plan d'actions, nous croyons qu'il faut garder la force de notre réseau d'actions féministe qui comprend des actions nationales en rapport avec une action mondiale (simultanée ou en cascades) à partir de revendications communes.

Notre volonté politique commune, telle qu'exprimée dans notre plate-forme, est de changer le modèle économique et social ainsi que de remettre en question les politiques néolibérales. Nous souhaitons un travail en profondeur sur les causes de la pauvreté et de la violence envers les femmes. C'est pourquoi nous devrons parler de stratégie en octobre.

Par exemple, une proposition a été faite à l'effet de se donner un échéancier pour faire pression sur les institutions internationales (ONU, FMI, BM) et questionner leur engagement à réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015. Nous pourrions, par exemple, prévoir diverses campagnes pour démontrer la faisabilité de l'élimination de la pauvreté ; nous pourrions aussi établir des indicateurs pour évaluer leur travail et prévoir des actions en 2005 et 2010.

Pour quelques-unes, cet horizon de 2015 paraît très restreint et même peu fiable. Nous savons qu'il y a des mesures urgentes à prendre pour assurer l'accès à l'eau potable et à la nourriture, entre autres. À cause de cette urgence, pour certaines il est inadmissible de viser un horizon de quinze années.

Nous croyons que le panel du mercredi matin sera aussi un moment inspirant pour les discussions nécessaires avant de s'entendre sur les actions.

Nous avons discuté de l'importance d'une action mondiale organisée par la Marche mondiale des femmes en 2005. Il nous faut trouver une idée originale qui permettra de rappeler que la Marche continue et que les femmes n'ont pas cessé d'être en mouvement. Jusqu'à 2005 nous pourrions travailler à renforcer les actions nationales et régionales et développer des initiatives dans les trois champs de l'intervention déjà mentionnés. Nous pourrions aussi refaire des actions de moindre envergure en octobre pour souligner la présence et le travail de la Marche mondiale des femmes et faire un crescendo jusqu'en 2005.

Nous pourrions aussi identifier différentes campagnes mondiales à porter à court terme en lien avec nos revendications comme par exemple la dette, la taxation des transactions financières, la Cour criminelle internationale, etc. Ces campagnes pourraient nous amener à développer des outils d'éducation ou à proposer des actions spécifiques.

QUESTIONS
Êtes-vous d'accord avec l'idée de se donner un plan d'actions qui comprendra des actions nationales et mondiales ? Avez-vous des suggestions pour mieux lier les actions locales ou nationales aux revendications mondiales ? Quels sont les meilleurs moyens pour faire progresser nos revendications mondiales ? Quelles stratégies privilégiez-vous ? Êtes-vous d'accord avec une action à échéancier comme celle de 2015 ? Expliquez. Êtes-vous d'accord avec les campagnes annuelles mondiales ? Lesquelles proposez-vous ? Croyez-vous que nous devons développer l'idée de stratégie d'actions régionales pour répondre à des revendications régionales ? Que pensez-vous de l'idée de refaire des actions mondiales en octobre pour rappeler et consolider l'action de la Marche mondiale des femmes ? Quelle devrait être la fréquence ?

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LES MÉDIAS

L'évaluation de la couverture médiatique des actions de la MMF démontre une grande variation d'un pays à l'autre. Dans quelques-uns, les actions plus importantes ont été couvertes, principalement par la presse écrite mais la couverture n'était pas toujours fidèle au contenu que nous souhaitions transmettre au public.

Pour la deuxième phase, la Marche mondiale des femmes doit se doter d'une stratégie médias afin de faire connaître notre existence et de faire avancer nos revendications. Évidemment, le premier travail avec les médias se fait et doit continuer à se faire par chaque coordination nationale. Cependant, comme les médias sont de plus en plus régis par des conglomérats des États-Unis et d'Europe, qui distribuent les images et les nouvelles pour la plupart des pays, il serait important d'arriver à rejoindre ces agences.

Pendant l'année 2000 la coordination de la MMF a produit des communiqués pour les médias qui ont été envoyés aux coordinations nationales et nous avions une responsable des relations de presse pour les actions mondiales. Nos ressources ayant diminué, il faudrait voir comment nous pourrions assurer un travail auprès des médias sur la scène internationale.

Nous avons besoin d'un plan de communication qui comprend le renforcement de nos rapports avec les femmes journalistes et de nos liens avec les médias alternatifs et traditionnels. Nous pourrions, entre autres, faire connaître les journalistes qui couvrent bien nos événements. Il faut développer une stratégie média associée aux actions mondiales que nous adopterons.

Notre première action média sera autour de la rencontre internationale et des activités de la semaine du 17 octobre 2001. Veuillez d'ailleurs nous aviser si vous comptez faire une activité cette année et laquelle. Nous proposons d'envoyer aux coordinations nationales un communiqué de presse deux semaines avant la rencontre et nous vous demandons de tenir une conférence de presse pour annoncer la tenue de la rencontre et annoncer votre activité s'il y a lieu. Les journalistes seraient invité-e-s à assister à certaines parties de la rencontre. Le 6 octobre, à la fin de la rencontre, nous rédigerons un communiqué que vous pourrez rapporter dans votre pays et diffuser. Nous tiendrons aussi une conférence de presse pour annoncer nos principales décisions même si cette conférence de presse aura possiblement un plus grand impact au Québec et au Canada.

QUESTIONS
Est-ce que les communiqués produits par l'équipe internationale ont été utilisés ? Comment peut-on avoir plus d'impact médiatiquement au niveau international ? Êtes-vous d'accord avec les activités médias proposées autour de la rencontre d'octobre ? Avez-vous des propositions concernant un plan de communications à plus long terme ? Prévoyez-vous faire une activité dans le semaine du 17 octobre 2001 ? Laquelle?


La structure de la Marche
Née d'une initiative de la Fédération des femmes du Québec en 1996, la Marche mondiale des femmes en l'an 2000 s'est rapidement internationalisée. Elle appartient désormais aux milliers de femmes à travers le monde rassemblées dans les 6000 groupes participants et appartenant pour la plupart aux 112 coordinations nationales.

Le bilan de cette action historique révèle une volonté unanime de maintenir, de consolider et de relancer la Marche mondiale des femmes comme mouvement d'actions féministe mondial. Le contexte socio-politique marqué par une mondialisation néolibérale, capitaliste, sexiste, raciste et destructrice de l'environnement, l'ampleur des défis auxquels les femmes sont confrontées, en particulier face à la pauvreté et aux violences envers les femmes et l'expérience de mobilisation acquise durant les quatre dernières années justifient politiquement la poursuite de la Marche mondiale des femmes.

La rencontre internationale d'octobre 1998 à Montréal avait doté la Marche mondiale naissante d'une structure décisionnelle répondant alors aux exigences d'un fonctionnement démocratique et efficace. Cette structure reposait sur trois éléments :

- Le Conseil d'administration de la Fédération des femmes du Québec qui assumait la responsabilité administrative et financière de la Marche mondiale (celle-ci étant depuis le début un projet de la FFQ et n'ayant pas de statut juridique autonome). C'est la FFQ qui a mis en place le secrétariat de la Marche mondiale qui assume la coordination. Ce secrétariat avait au cours des dernières années une dizaine de travailleuses. Présentement, elles sont trois travailleuses à temps plein.

- Le Comité de coordination de la Marche mondiale composé exclusivement de représentantes québécoises et chargé de réaliser la Marche. Le secrétariat et les différents comités de travail (stratégie, mobilisation, médias, financement, etc.) relevaient de ce Comité de coordination;

- Le Comité de liaison international composé de 44 membres (incluant des représentantes régionales et deux réseaux) choisies lors de la réunion d'octobre 1998 est chargé d'être une courroie de transmission d'information sur la Marche dans les régions, un mécanisme de consultation et une façon de stimuler les actions dans les diverses régions.

Le bilan indique un certain nombre de faiblesses ou de difficultés de fonctionnement de ces structures qu'il importe de prendre en compte. De plus, le contexte ayant changé et la Marche mondiale appartenant désormais à l'ensemble des participantes il convient de proposer de nouvelles structures susceptibles de répondre de plus en plus aux exigences de démocratie participative, de souplesse, de transparence et d'efficacité.

Un premier pas dans cette direction a été réalisé lors de l'assemblée générale de la FFQ les 2 et 3 juin dernier qui a voté à l'unanimité de soutenir la création d'une entité distincte et autonome de la FFQ tout en s'engageant à assumer une transition pour la prochaine année. Le souhait est de permettre à la Marche de devenir une organisation ayant sa propre structure. La FFQ en sera activement membre mais n'en assumera plus la responsabilité.

Un deuxième pas a été franchi lors de la réunion des 13, 14 et l5 juin dernier où des femmes venant de l'extérieur du Québec et composant un comité chargé de préparer la rencontre internationale d'octobre 2001 se sont rencontrées. La proposition qui suit s'inspire des travaux d'une première réflexion réalisée dans le cadre de cette rencontre.

Nous mettons en débat l'hypothèse ci-jointe et ce, sans avoir la prétention de résoudre tous les problèmes ou travaux à réaliser afin de transformer la Marche mondiale des femmes en une structure mondiale autonome.

Nous parlons donc de structure avec un regard neuf propulsant la Marche vers des changements importants. Nous vous rappelons que lors de la rencontre d'octobre dernier, nous avions émis le besoin d'avoir une structure flexible, démontrant un esprit d'ouverture, de création et de souplesse.

Les grands principes soutenus par la Marche mondiale des femmes
Toute structure doit reposer sur des orientations et des principes partagés par les groupes qui y adhèrent. Nous proposons d'enraciner les nouvelles structures sur les mêmes orientations et principes qui ont guidé la Marche mondiale des femmes depuis ses origines :

- La Marche est un mouvement autonome de femmes, indépendant de tout parti ou organisme ayant un lien avec les gouvernements ;

- La Marche est composée de groupes de femmes de la base, de toutes origines, nationalités, orientations (politique, culturelle, sexuelle, etc.) et de toutes conditions.

- Les groupes mixtes peuvent adhérer mais ce doit être les femmes qui ont le leadership de l'action liée à la Marche ;

- La Marche favorise l'autonomie des groupes et coordinations membres au niveau national tout en s'assurant du respect des orientations et revendications mondiales.

La rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes
L'organisation Marche mondiale des femmes sera officiellement créée lors de la rencontre internationale d'octobre 2001, à Montréal. Cette rencontre aura pour objectif principal de créer et de consolider la Marche mondiale des femmes comme mouvement d'actions féministe, autonome, mondial. Il s'agit du premier pas permettant à la Marche mondiale des femmes d'exister comme organisation non gouvernementale (ONG) désormais autonome par rapport à la FFQ.

La structure décisionnelle
La rencontre internationale d'octobre 2001 sera la première assemblée décisionnelle regroupant les représentantes des coordinations nationales et de deux réseaux internationaux et ce, en tenant compte de l'actuelle composition du Comité de liaison international.

L'assemblée décisionnelle verra à adopter le plan de développement suivant :
- que le Comité de liaison international soit dissout et remplacé par un comité exécutif (ou une commission exécutive) composé de dix (10) représentantes ;
- que l'élection du comité exécutif ait lieu pendant la rencontre internationale du mois d'octobre en s'appuyant sur le principe de la diversité géographique et culturelle ;
- que soit mis en place un secrétariat de la Marche mondiale. Au départ ce secrétariat pourra être situé à Montréal afin de faciliter sa mise en place mais avec une perspective de rotation dans le monde et ce, dès que les conditions financières le permettront ;
- que l'on se donne une année pour obtenir une charte avec statuts et règlements en plus d'explorer les divers modèles de structure adoptés par des réseaux ou organisations similaires.

Rôle et mandat du comité exécutif et du secrétariat de la Marche
Le mandat et le rôle du comité exécutif sont de :

- s'assurer de l'exécution des orientations et décisions prises lors de l'assemblée décisionnelle en concertation avec le Conseil d'administration de la FFQ pour la prochaine année ;
- soutenir le travail du secrétariat ;
- faire preuve d'initiative pour faire avancer les revendications mondiales ;
- s'assurer d'une gestion transparente, démocratique et participative.

Le secrétariat de la Marche travaille sous la supervision du comité exécutif et voit à la réalisation des décisions et mandats qu'on lui confie.

Suivi et évaluation des actions et réalisations de la Marche
Nous proposons la tenue d'une deuxième assemblée décisionnelle de la Marche mondiale des femmes au plus tard en 2005. Elle aura comme objectif principal de :
- faire le point sur les actions mondiales; (de la période transitoire de 2001 jusqu'à 2005) ;
- faire le point sur les revendications mondiales;
- adopter un nouveau plan de développement stratégique.

L'importance des communications
L'ensemble des travaux de la Marche mondiale des femmes doit être tourné vers une préoccupation constante qui est celle des communications. Les coordinations nationales ou régionales créées dans le cadre de la Marche (112 actuellement en plus de la coordination européenne et celle des Grands Lacs Africains) souhaitent être dorénavant mieux intégré dans le processus de prise de décision. En ce sens, le comité exécutif et le secrétariat doivent poursuivre la consolidation du Forum de discussion via internet ou via tout autre moyen de communication facilitant les échanges et les consultations. Cette préoccupation doit prendre une place centrale dans le travail du Comité exécutif et du secrétariat.

QUESTIONS
Êtes-vous d'accord que la rencontre d'octobre sera la rencontre de fondation de la Marche mondiale des femmes comme entité autonome ? Êtes-vous d'accord avec les grands principes d'adhésion à la Marche mondiale des femmes ? Devons-nous inviter d'autres groupes ou réseaux à participer à la Marche ? Lesquels ? Pourquoi ? Est-ce que leur adhésion se ferait via les coordinations nationales ou devrait-il y avoir une adhésion directement au niveau mondial ? Êtes-vous d'accord avec la structure décisionnelle proposée ? Êtes-vous d'accord avec le rôle et le mandat du comité exécutif et du secrétariat de la Marche ? Quand devrions-nous tenir notre prochaine rencontre ? Expliquez.


FINANCEMENT
Jusqu'à présent, la recherche de financement pour la réalisation des activités mondiales a été assumée par la Fédération des femmes du Québec. Nous sommes très fières d'avoir réussi à réaliser cette action d'envergure mondiale avec un financement, somme toute, assez minimal. Nous pouvons dire que nous avons géré avec efficacité.

Tout au cours de ces années, nous avons réussi à diversifier les sources de financement de la Marche et à respecter une certaine éthique. Pour la deuxième phase, nous croyons qu'il est important de viser à assurer une plus grande autonomie financière de la Marche tout en respectant certains principes. Nous voudrions développer pour la rencontre d'octobre un guide à utiliser dans la recherche de financement.

Lors de sa dernière assemblée générale, la Fédération des femmes du Québec s'est engagée à fournir le soutien nécessaire pour assurer une transition vers la création d'une entité légale autonome structurellement et financièrement. Dans la prochaine année, nous avons donc à identifier des sources de financement qui nous permettraient de réaliser nos objectifs et nos actions. En octobre, nous vous proposerons un plan de développement financier sur une période de quelques années.

Nous croyons que pour cette nouvelle phase, il faut aussi voir la recherche de financement comme une responsabilité collective. Cela pourrait signifier que les coordinations nationales seraient invitées à intégrer à leur budget une contribution pour le travail réalisé à l'international. Cette contribution pourrait se faire en fonction d'un pourcentage du budget de la coordination ou selon des pourcentages par région du monde. Nous pourrions aussi partager la responsabilité et les tâches de recherche de financement en fonction des actions entreprises.

Évidemment, nous devrons continuer à échanger sur nos expériences de recherche de fonds et les nouvelles sources à explorer. Certaines ont proposé d'organiser des activités publiques qui nous permettraient à la fois de faire de la sensibilisation et de ramasser des fonds et ce, même au niveau international. Chose certaine, le financement de la Marche mondiale des femmes continuera d'être un défi.

QUESTIONS
Que pensez-vous de la proposition d'une contribution des coordinations nationales pour soutenir le travail fait au niveau international ? Comment devrait-on l'appliquer ? Avez-vous d'autres suggestions pour aider au financement du secrétariat de la Marche ? Êtes-vous d'accord avec le principe que la recherche de financement est une responsabilité collective ?

CONCLUSION
Comme vous voyez, nous avons suffisamment de sujets de discussions pour bien remplir nos cinq journées de réunions. Nous vous rappelons l'importance de mettre vos propositions, vos réponses aux questions posées dans ce document, ou d'autres questionnements sur notre Forum de discussions ou de nous les faire parvenir avant la rencontre. Le Comité préparatoire s'inspirera de ces éléments dans la préparation plus pointue de la rencontre et de l'animation. Nous réitérons que toutes suggestions concernant le contenu ou la forme de la rencontre (thèmes, animation, activités parallèles, etc.) sont les bienvenues. Évidemment si vous voulez aussi prendre des tâches pour mettre en oeuvre l'une ou l'autre de vos idées, cela sera encore plus intéressant pour la continuité de notre travail.

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Last modified 2006-03-28 01:31 PM
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