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Novembre-Décembre 2005, Volume 8, Numéro 6

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SOMMAIRE
  • Le Relais mondial traverse l'Afrique
  • Chaîne d'actions de solidarité le 17 octobre
  • Pot pourri de réflexions sur nos actions mondiales de 2005
  • Un temps pour réfléchir et planifier
  • Mar del Plata
  • Collaboratrices
  •  
    LE RELAIS MONDIAL TRAVERSE L'AFRIQUE

    République démocratique du Congo
    Un millier de Congolaises mobilisées

    En République démocratique du Congo, un millier de femmes de toutes les provinces se sont mobilisées à Goma où elles ont marché en présence de la ministre de la Condition féminine et de la Famille. Elles ont ensuite partagé leurs vues sur la Charte, la courtepointe et le relais, de même que sur le rôle des femmes congolaises dans le processus électoral. Des discours officiels et un cocktail en l'honneur du relais ont clôturé l'événement qui a été suivi par la presse locale.

    Le 13 septembre, les Congolaises se sont à nouveau réunies à la frontière de Gisenyi pour remettre le relais aux Rwandaises. Elles avaient revêtu leur joli pagne aux symboles de la Marche mondiale. Elles ont aussi exprimé leur joie en chantant des hymnes de paix et en dansant avec leurs sœurs rwandaises.



    Rwanda
    La Charte traverse le Rwanda, d'une frontière à l'autre

    Ce matin du 13 septembre, les Rwandaises étaient donc fortement mobilisées à la frontière pour accueillir les Congolaises venues leur transmettre le relais. Des danseuses et des tambourineurs ont animé l'événement et accompagné les femmes tout au long de leur marche d'environ 1km, chantant aussi des chansons en Swahili et en Kinyarwanda.

    Arrivées à Gisenyi, les Congolaises et les Rwandaises ont assisté à la cérémonie officielle de remise de la courtepointe et écouté les discours des officiels. La COCAFEM a reçu de chaleureuses félicitations et des encouragements à tenir d'autres actions de solidarité qui réunissent les femmes des Grands Lacs. Après un cocktail d'honneur, les Rwandaises ont raccompagné les Congolaises jusqu'à la traversée de la frontière. D'autres manifestations de vulgarisation de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité ont aussi eu lieu au Rwanda avant que le relais ne soit transmis au Burundi.



    Burundi
    Le Burundi prône la paix, la solidarité et le leadership féminin !

    La Charte et la courtepointe ont fait leur entrée au Burundi par la frontière de Kanyaru. Les Rwandaises et les Burundaises se sont ensuite dirigées vers Kayanza. Réunies en deux rangées à l'entrée de la salle de conférence, les femmes ont échangé des chansons de paix et de solidarité en Kinyarwanda et en Kirundi, deux langues voisines. Elles ont ensuite procédé à la remise officielle du relais entre leurs pays et le carré de tissu du Burundi a immédiatement été ajouté à la courtepointe. Des discours ont restitué le message de paix des Congolaises - une valeur centrale de la Charte représentée sur les trois courtepointes de la région - et l'appel à la solidarité des Rwandaises pour que soient unies les femmes de la sous-région et du monde entier.


    Les activités se sont ensuite poursuivies à Bujumbura le 16 septembre. La courtepointe et la Charte ont été présentées à près de 160 femmes de toutes les communes du Burundi réunies pour constituer un réseau des femmes pour la bonne gouvernance. Un atelier a aussi été tenu par la CAFOB en après-midi. Il y a notamment été question de leadership féminin.


    Afrique du Sud
    Une célébration de femmes à Cape Town

    Une « Célébration de femmes » a eu lieu le 23 septembre à Cape Town pour accueillir la Charte et la courtepointe. Plus de vingt organisations ont participé à la célébration. La nervosité et l'excitation étaient à leur comble lorsque le colis (avec la Charte et la courtepointe) est enfin arrivé une demi-heure avant le début de la célébration. Les femmes du secteur informel, qui ont activement participé à la confection du carré de courtepointe de l'Afrique du Sud, vêtues de robes Xhosa traditionnelles, ont précédé le défilé des invitées et de la Charte en chantant et dansant à la manière traditionnelle sud africaine.


    Des personnes du consulat accompagnées de deux soeurs du Mozambique qui ont présenté le carré de courtepointe de leur pays pour l'ajouter à la Courtepointe de solidarité. Les femmes ont également été honorées de la présence d'Awa du Burkina Faso qui était chargée d'accompagner personnellement le précieux colis au Cameroun et dans les autres pays de l'Afrique de l'Ouest. Les femmes ont rempli la soirée de chansons et de poèmes parlant des préoccupations des femmes.

    Toutes les personnes présentes ont participé à une lecture à haute voix de la Charte en s'engageant envers les cinq valeurs contenues dans la Charte. La Charte a été adoptée et remise à la Commissaire sud-africaine pour l'égalité des sexes qui l'a reçue au nom du gouvernement sud-africain. La Commissaire s'est engagée au nom de son ministère à soutenir les actions de la Marche mondiale des femmes. C'était une soirée extrêmement émouvante où nos soeurs du Mozambique ont partagé leurs expériences avec les femmes sud-africaines. L'Afrique du Sud et la Mozambique ont promis de collaborer étroitement à l'élaboration d'un mouvement de la Marche mondiale des femmes en Afrique du Sud. Une soirée mémorable pour toutes les femmes présentes qui provenaient de l'Afrique francophone, lusophone et anglophone.


    Cameroun
    Les activités se déroulent au rythme des tambours à Yaoundé

    En provenance de Capetown en Afrique du Sud, l'arrivée de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité et la Courtepointe de solidarité a eu lieu à Douala (Capitale économique du Cameroun), le 24 septembre. Une délégation a assuré le lendemain 25 septembre 2005, le convoi à destination de Yaoundé (Capitale politique) où étaient prévues les manifestations.

    Le 26 septembre ont eu lieu des visites de deux unités de lutte contre la pauvreté en milieu urbain, structures créées par des femmes (visite de COFERBA, une ferme avicole initiée par un collectif de femmes et la Fondation Mvomindaf et une école primaire et maternelle dans la banlieue et quartier urbain de Yaoundé).

    L'accueil et la découverte de la Charte et de la Courtepointe ont eu lieu le 27 septembre. Ces activités ont été suivies d'une conférence-débats sur la Charte. Près de cent personnes ont assisté à l'événement. La Charte et la Courtepointe se sont déroulés au rythme des tambours, des pas de danses et des « youyous », sous le zoom des caméras des médias. Ce symbole hautement africain annonçait le mini-défilé avec la Charte et la Courtepointe, puis avant d'entrer dans le vif de la Conférence débats, ont eu lieu la lecture intégrale de la Charte par les participantes et ensuite la couture solennelle de la Courtepointe camerounaise à l'ensemble mondial.



    Bénin
    Marche et réjouissance populaire au Bénin

    Après le Cameroun c'est au Bénin que le relais s'est arrêté du 29 septembre au 3 octobre. Une petite fête d'accueil et de réjouissance populaire s'est déroulée avec le déballage du colis. Le 1er octobre la Charte a été amenée dans la commune de Porto-Novo pour une réception dynamique des femmes de cette ville et la délégation a eu droit à des sketchs, des chants et des danses. La délégation s'est dirigée ensuite dans une commune rurale de So-Ava où la population vit sur l'eau dans une pauvreté sans pareil. Une marche pacifique s'est déroulée le 3 octobre pour amener la Charte et la courtepointe au Ministère de la Famille de la Protection Sociale et de la Solidarité la Ministre elle même a promis d'aider la MMF pour que la Charte soit connue dans tout le Bénin entier.



    Guinée
    Cérémonie et réunions de sensibilisation à Conakry

    En provenance du Bénin, la déléguée de la coordination nationale de la MMF du Bénin, porteuse de la valise du Relais mondial et de la courtepointe, a été accueillie par les Femmes de Guinée le 4 octobre. Le Relais et la courtepointe ont été présentés à M. le Gouverneur de la ville de Conakry, parrain de l'événement. Un tour d'honneur de présentations aux différents Ministères a suivi, avec entre autre une présentation de la Présidente de la CONAG-DCF au nom des membres de la coordination nationale guinéenne (composée d'ONG féminines, de syndicats, etc.). La Coordinatrice nationale de Guinée a entre autre plaidé pour que soit relevé le défi d'une plus grande présence des guinéennes aux actions de la Marche, car elles sont souvent les grandes absentes aux actions régionales, sous-régionales et internationales, malgré leur engagement et leur éveil.

    Lors de cette cérémonie les femmes se sont réjouies de l'ampleur donnée à l'évènement par les guinéennes, ce qui témoigne avec éloquence du degré de leur participation aux initiatives féministes. La Marche a toujours dénoncé les violences faites aux femmes, dont une des plus redoutables reste encore l'excision qui continue a se pratiquer dans la société guinéenne malgré les efforts énormes déployé par le gouvernement et la société civile dans ce domaine.


    Toujours dans le cadre du Plaidoyer, des réunions de sensibilisation, d'information et d'éducation civique ont été effectuées du 5 au 7 octobre 2005. Citons en exemple la conférence-débat qui a eu lieu au Palais du Peuple où les participantes ont eu droit à une présentation théâtrale du groupe « Taïbou » sur les valeurs de la Charte qui a su captiver tout l'auditoire. D'autres activités ont eu lieu, telles une marche à relais, des manifestations folkloriques et des visites d'activités de groupes de femmes.


    Sénégal
    Les Sénégalaises félicitent les femmes du monde

    Les Sénégalaises confirment que le passage du relais chez elles a été un grand succès. Le Président et le Premier ministre du pays étaient d'ailleurs personnellement présents pour accueillir la Charte et la courtepointe, les symboles du relais 2005. Ils étaient accompagnés des Ministres de la Femme et des Relations avec les institutions. Comme les Sénégalaises l'ont elles-mêmes scandé : « Toutes nos félicitations aux femmes du Sénégal et du monde entier ! »



    Mali
    Les Maliennes célèbrent la Charte, malgré le carême

    C'est sur l'esplanade du Palais de la Culture à Bamako que s'est déroulée la cérémonie de remise du relais entre la déléguée sénégalaise venue représenter Siggil Jigeen et les femmes de la CAFO. La cérémonie a été présidée par la Première Dame de l'État malien, en présence de femmes ministres et d'autres notables de la capitale.

    Après le discours d'accueil du maire de la cinquième commune de Bamako, des enfants d'un orphelinat ont remis des diplômes à cinq mamans pour souligner l'importance de leur travail. Un montage poétique a aussi souligné la place de la femme dans la société avant que ne soit cousu l'avant-dernier carré à la courtepointe de la solidarité. Toutes ces actions ont suivi le rythme de l'Hymne de la femme, interprété par l'ensemble instrumental du Mali.



    Des activités pour le relais se sont aussi déroulées en Soudan et au Mozambique.



         



     
    CHAÎNE D'ACTIONS DE SOLIDARITÉ LE 17 OCTOBRE

    L'apothéose à Ouagadougou, Burkina Faso

    La Charte mondiale des femmes pour l'humanité après un périple mondial, a terminé sa course à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, le lundi 17 octobre 2005. L'ancrage final de la Marche à relais, placée sous le thème de la solidarité féministe, a connu la présence de près de cinq mille déléguées membres de la Marche mondiale des femmes. Des milliers de femmes venues de 25 pays étrangers et des 45 provinces du Burkina Faso ont donc célébré la fin de la Marche à relais à travers une marche pour la Paix, des baptêmes de places, un appel à la paix, une action de solidarité féministe…

    C'est en effet devant le siège la Marche mondiale des femmes/Action nationale du Burkina Faso (MMF/ANBF) sis à Wemtenga, que le cortège dédié à la paix s'est peu à peu formé. Les femmes déterminées et armées de volonté, ont bravé un soleil de plomb pour exprimer leur désir d'un monde plus juste et paisible. Elles ont marché en direction du nouveau rond point de l'ex Boinsse-yaar dans une ambiance festive au son de la fanfare municipale, des tamtams et de slogans. Ce rond point s'appelle désormais, « Place de la Femme pour la Paix ».



    Au cours de la cérémonie officielle haute en couleurs, organisée à l'occasion, les marcheuses présentes à Ouagadougou ont à l'instar de leurs sœurs du monde marqué l'heure de solidarité. A midi, elles ont lancé un appel à la paix dans le monde dans plusieurs langues. Quant à l'action de solidarité féministe, elle s'est concrétisée à travers l'attribution d'une bourse d'études à une étudiante burkinabè en Communication.

    Présente à cette cérémonie solennelle, Ministre de la Promotion de la Femme du Burkina Faso a reçu des mains d'une fillette, la Charte mondiale des femmes pour l'humanité. La fillette a, au nom de tous les enfants, souhaité que les valeurs défendues par la Charte soient prises en compte dans leur éducation et dans leur instruction. La manifestation, ponctuée de discours et d'animations, a pris fin par un lâcher de colombes.

    Habi Ouattara, Marche mondiale des femmes - Burkina Faso

     
    24 heures d'actions féministes

    De Amman à Ankara, de Brisbane à Bamako, de Bogota à Bruxelles, de Marseille à Mexico, de Montréal à Manille, de Rabat à Rio de Janeiro, en passant par Dhaka, Tehran, Cotonou, Quito, Hyderabad… les voix des femmes du monde ont résonné à midi le 17 octobre 2005. Les mobilisations ne se sont pas du tout limitées aux capitales et aux grandes villes, les femmes ont pris les rues et organisé des actions à Tambogrande (Pérou), Chelyabinsk (Russie), Kirundo et Busoni (Burundi), Guayaquil (Équateur), Oakville (Canada), Korogocho (Kenya), Tenerife (les Iles Canaries), Tarija (Bolivie), Quiaca (Argentine), Gaspé (Québec) et la liste pourrait continuer et continuer…

    Nous avons marché, organisé des conférences, des campements et des vigiles, fait des émissions de radio et de télévision… nous nous sommes rendues visibles en faisant de l'affichage dans les rues, en mettant des vêtements colorés, en distribuant des dépliants dans les rues… nous nous sommes fait entendre en scandant des slogans, en sonnant des cloches… Nous avons quitté nos cuisines et nos usines pour nous unir en solidarité et crier haut et fort notre indignation contre le patriarcat, la guerre, les traités de libre échange, l'appauvrissement des femmes, le viol et l'inceste, le trafic sexuel… et pour manifester en toute créativité pour la construction d'un monde de paix, de justice, d'égalité, de liberté et de solidarité.

    Nous vous invitons aussi fortement à consulter la section spéciale de notre site web sur les 24 heures de solidarité pour voir des photos et un portrait des actions qui se sont déroulées le 17 octobre dans les quatre coins de la planète.

    Nancy Burrows, Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes

     
    L'expression de la solidarité d'un bout de la planète à l'autre

    Du 15 au 18 octobre un « carnet de solidarité » sur le site web de la Marche mondiale des femmes a permis aux femmes d'écrire en direct leurs mots de solidarité aux femmes du monde. En voici quelques extraits.

    « La vie nouvelle nous la créons ensemble, en marchant, en construisant, en allant encore plus loin, en tissant de nouvelles avenues et en ouvrant de nouvelles portes de rencontre. » (Galicie)

    « Oui! Un autre monde est possible ! Un monde rempli d'espoir, d'amour et de vie où il fait bon vivre pour tous et pour toutes. » (Québec)

    « Salutations et amour à mes soeurs et amies africaines. Avant la MMF, nous ne pouvions partager que nos peines, mais désormais, nous pouvons également partager nos rêves pour un autre monde que nous voulons construire. Depuis tellement longtemps, les femmes ont vécu la subordination, la soumission et toutes sortes de phobies et d'imitations de la violence masculine. Aujourd'hui, il est temps de vivre la persévérance dans la solidarité. Tôt ou tard, nous vaincrons. » (Iran)

    « Notre solidarité toute spéciale avec les femmes africaines, dont leur terre est aujourd'hui lieu de rendez-vous des femmes de toute la planète. Nous parlons, en ce jour, avec leur voix et nous manifestons notre refus de ce monde que nous sommes décidées de changer. » (Espagne)

    « Notre message en ces 24 heures de solidarité féministe, est celui de compassion et d'espoir. Car, quelle que soit la longueur de la nuit le soleil apparaîtra, le monde changera et la vie des femmes aussi. » (République démocratique du Congo)

    « Nous espérons beaucoup que la charte et ses principes contribueront à renforcer la solidarité féministe avec les lesbiennes et les autres groupes discriminés à cause de leur orientation sexuelle et les luttes pour les droits à une citoyenneté pleine et entière. » (Le groupe Dialogue sud-sud LGBT)

    « Du Sud au Nord, dans les villes et les campagnes, nous, femmes autochtones, métisses, afros, jeunes, adultes, sommes dans les rues, dans les places publiques avec notre message féministe de transformation du monde, unies à vous toutes dans cette énergie solidaire. » (Équateur)

    « La femme est née militante créatrice innovatrice, elle fait tout pour acquérir la place qu'elle mérite dans la société, malgré le manque de démocratie, d'équité et de justice…Solidarité mes soeurs solidarité à jamais, car l'union fait la force. » (Tunisie)

    « Je rêve du jour où le patriarcat sera un mot du lexique de la Préhistoire. Nous savons avec certitude que le rêve d'aujourd'hui est la réalité de demain. Alors rêvons sans jamais nous impatienter. »

    « La créativité, l'espoir et la beauté de l'œuvre sont à l'image du magnifique travail accompli par nos sœurs de tous les pays. » (Guinée)

    « Les actions féministes font un monde meilleur. Courage et force pour continuer de défendre les revendications qui nous rendront libres. » (Espagne)

    « Il faut des actions communes pour faire échec aux injustices, aux abus dont les femmes subissent dans le monde, en favorisant leur intégration sociale... Nous disons aux femmes du monde entier, la voie du succès réclame du sacrifice, alors les femmes doivent conjuguer leurs efforts constamment pour vaincre la violence, la marginalisation, l'injustice et les abus de toutes sortes. » (Haïti)

    « Avec toute l'affection d'un homme conscient, qui sait que sans l'avancement des femmes RIEN ne pourra changer pour vrai, je vous transmets l'expression de ma plus chaleureuse solidarité. »

    « Nous félicitons la MMF pour avoir réussi à compléter le Relais de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité au Burkina Faso… Malgré le fait que nous traversons une période très éprouvante suite au tremblement de terre au Pakistan et que nous sommes occupées par les travaux de secours, nous participons à la journée des 24 heures de solidarité féministe et nous croyons qu'à l'heure de l'activité nous ne serons pas oubliées et qu'on sentira notre présence au Burkina Faso. » (Pakistan)

    « Notre solidarité va à toutes celles qui au long et au large de l'univers, ont donné corps à la lutte pour la justice. Seul chemin vers la lumière, la défense de tous les droits pour tous et toutes, mènera à un futur de bonheur pour tous les peuples. » (Les grands-mères de la Plaza de Mayo, Argentine)

    « Chaleureuses salutations en solidarité à toutes celles d'entre vous qui luttez pour construire un monde meilleur et plus juste, un monde de libération de tout notre potentiel et de nos capacités à créer des communautés pacifiques et prospères sur toute la planète. » (ancienne Yougoslavie)

    « Le fait de culminer avec succès cette étape du programme de la MMF nous confirme que les distances nous unissent y que rien n'est impossible lorsque l'on construit en commun. La réalisation des 24 heures de solidarité féministe est donc la ratification de notre engagement en tant que militantes féministes, en tant que sujets politiques qui n'allons pas baisser les bras dans notre lutte. » (Colombie)

     
    Allié-e-s et témoins de notre engagement à changer le monde

    Le 17 octobre dernier, nous avons remis la Charte mondiale des femmes pour l'humanité à 5 dépositaires provenant de diverses régions du monde et représentant des mouvements et forces vives dans la construction d'un monde basé sur l'égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix.

    Ainsi, le Réseau des femmes en noir pour la valeur de la paix, Via Campesina pour celle de la solidarité, les Grands-mères de la Place de Mai pour la justice, Nawal El Saadawi, écrivaine et féministe égyptienne pour l'égalité et Aung Saan Su Kyi, combattante birmane contre la dictature pour la liberté ont respectivement été reconnus comme des groupes et des individues alliées dans notre lutte pour un autre monde

    Au terme du Relais de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité, à Ouagadougou, Burkina Faso, nous avons pu remettre la Charte à des représentantes de Via Campesina et du Réseau des femmes en noir qui étaient sur place. Les autres dépositaires recevront la Charte au cours de l'année qui vient.

    Nous avons décidé de remettre la Charte mondiale des femmes pour l'humanité à des dépositaires car nous croyons que c'est avec des actions comme celles portées par ces personnes ou mouvements et leur engagement concret à changer le monde que nous avançons. Au moment où la communauté internationale et ses institutions ne réussissent pas à trouver le courage d'agir, comme cela est malheureusement le cas présentement, il est urgent de miser sur le changement du bas vers le haut.

    La Charte mondiale des femmes pour l'humanité est un outil politique. Elle émane d'une démarche qui a amené des femmes de la base à identifier les valeurs auxquelles nous croyons et celles qui orientent nos actions. C'est aussi un outil rappelant que l'analyse féministe et le mouvement des femmes qui en découle sont des outils de transformations sociales qui interpellent l'ensemble de la société. La Charte mondiale des femmes pour l'humanité est une invitation à renforcer nos alliances avec les actrices et les acteurs de ces changements. Les dépositaires sont et seront des allié-e-s et des témoins de cet engagement de notre part.

    Diane Matte, Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes

     
    POT POURRI DE RÉFLEXIONS SUR NOS ACTIONS MONDIALES DE 2005

    Mobilisation mondiale des femmes de la base

    Le lancement du Relais mondial de la MMF au Brésil, le 8 mars, a tout de suite donné l'élan nécessaire pour que cette initiative se poursuive dans l'ensemble des points focaux prévus dans notre tableau de marche. Le ton a été donné par trente mille femmes dans les rues de Sao Paolo, convoquées par la Marche mondiale des femmes, autour des thèmes de la Charte mondiale, conjugués avec les revendications de tous les secteurs actifs du mouvement des femmes brésiliennes. Le relais s'est ensuite déroulé dans les Amériques, regroupant des femmes dans les gros centres urbains et les villages de frontière. Encore une fois la Marche s'est démontrée capable de parler au coeur des femmes, en inventant une forme d'action qui permet de se sentir en lien de solidarité dans un mouvement féministe global à travers le monde.

    Le relais a poursuivi son parcours en Europe, où dans plusieurs pays le relais a fourni l'occasion de renouer les rapports entre différentes parties du mouvement des femmes pour reproduire des actions de masse comme en Belgique ou des actions de fort impact symbolique et politique comme celles menées en commun entre les femmes grecques, turques et bulgares.

    Le voyage du relais en Océanie et en Asie a été l'occasion pour plusieurs pays de travailler ensemble et de renforcer les liens entre les féministes de divers milieux. Citons par exemple l'importance de la participation d'une déléguée des Philippines lors des actions en Corée du Sud et les émotions fortes qu'a vécu la délégation indienne en traversant à pied la frontière avec le Pakistan pour participer avec leurs sœurs de ce pays dans des activités soulignant l'importance de la paix dans cette région du monde. Le thème de la paix a également été une pierre angulaire des actions des groupes du Moyen orient lors du passage du relais.

    Les mobilisations en Afrique ont aussi permis aux femmes de ce continent de souligner leur solidarité avec les femmes des pays voisins et de mettre de l'avant les préoccupations des femmes de ce continent le plus pauvre du monde et tant déchiré par des guerres. Adopter la Charte mondiale des femmes dans la région des Grands lacs africains et terminer nos actions mondiales dans ce continent démontrent concrètement la solidarité des féministes du monde avec les femmes de l'Afrique.

    Bien sûr, la capacité de mobilisation dépend aussi du contexte politique et des possibilités d'expression du mouvement des femmes dans chaque pays. C'est pour cela que la présence de trois femmes iraniennes au relais de la marche en Inde a eu une importance toute particulière. Pour la première fois en 27 ans une délégation représentant 40 organisations iraniennes a pu participer à un mouvement mondial des femmes, en rompant les barrières imposées par le régime théocrate.

    Le site web international de la MMF a aussi contribué à notre capacité de mobilisation et s'est démontré un outil puissant qui a aidé à non seulement mobiliser et soulever l'enthousiasme des militantes mais aussi à suivre, pas à pas, le voyage du relais et la construction de la courtepointe.

    La capitale du Burkina Faso qui a accueilli l'étape finale de la marche à relais s'est enfin remplie d'un « melting pot » de délégations de toutes les couleurs, provenant tout d'abord des pays africains limitrophes mais aussi d'Europe, d'Asie et des Amériques, qui se sont ajoutées aux nombreux groupes de femmes rurales et urbaines de toutes les régions du Burkina en témoignant la capacité de la Marche dans ce pays de s'ancrer aux besoins et aux espoirs des femmes de la base, celles qui souffrent et combattent toutes formes de violence et de pauvreté, les pieds fermement posés dans leurs villages et le regard orienté vers le monde.

    Nadia De Mond, Marche mondiale des femmes - Italie

     
    Dénonciation de la pauvreté et de toutes formes de violence à l'égard des femmes

    La dénonciation de la pauvreté et de toutes les formes de violences à l'égard des femmes, objectifs centraux de la Marche mondiale des femmes, a été au coeur du relais de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité qui s'est déroulé entre le 8 mars et le 17 octobre 2005 dans quelque 50 pays.

    Contre le néolibéralisme et toute forme de discrimination sociale

    Les femmes qui, en Amérique du sud et centrale, ont répondu à l'appel de la Marche mondiale, ont dénoncé unanimement les effets des politiques néolibérales sur les femmes. Au Pérou, en Équateur, en Colombie, en Bolivie, où se discutent les termes d'un Traité de libre commerce avec les États-Unis, elles ont rejeté toute mainmise étrangère sur leurs ressources naturelles. Les femmes salvadoriennes ont mis l'accent sur les migrations que causent ces traités, obligeant les femmes et les hommes appauvris à se rendre dans des pays étrangers pour y trouver du travail, dans des conditions très difficiles. Au Mexique, où la participation du pays à une zone de libre-échange avec ses voisins du Nord dure depuis déjà dix ans, l'écoféministe Ursula Oswald a rappelé que le Traité de libre commerce de l'Amérique du Nord « a coûté, en dix ans, un centimètre de moyenne dans la taille des enfants. »

    Quant aux Portugaises, elles ont demandé « aux partis politiques de prendre des mesures pour se battre contre la pauvreté, le chômage et l'emploi précaire, des phénomènes qui affectent surtout des femmes; de respecter et mettre en application l'interdiction constitutionnelle de discrimination sur la base du genre, de l'orientation sexuelle, de l'appartenance ethnique, de l'origine. »

    En Thaïlande et en Birmanie, les femmes ont réclamé « l'élimination de la pauvreté et l'assurance d'une distribution équitable des richesses de la planète entre les riches et les pauvres et entre les femmes et les hommes. » Les Mozambicaines se sont élevées « contre la féminisation de la pauvreté et contre le Sida. »

    Dénonciation de la violence

    Le relais a aussi été l'occasion pour de nombreux groupes de femmes de rappeler que les femmes vivent la violence de manière multiforme : viols, violence conjugale, sexuelle, discriminations dans la société, sur les lieux de travail et même dans le sport, comme l'ont dénoncé les rameuses de Galice.

    Au Québec, la coordination a réclamé - et elle le fait depuis longtemps -, une campagne d'information et de sensibilisation de 10 ans sur la violence envers les femmes. En Turquie, elles avaient, avant le relais, présenté une liste de revendications à l'Assemblée nationale. Parmi celles-ci, la demande de mettre en place un plan d'action national et des mesures spéciales pour lutter contre les violations de leurs droits humains comme les « crimes d'honneur » dans le pays.

    En Grèce, l'accent a été mis sur les femmes victimes du trafic sexuel. Dans le port de Patras, lieu de passage de nombreux trafics maritimes entre la Grèce et l'Italie, « il y a eu beaucoup de solidarité avec une femme ukrainienne victime de trafic qui a osé dénoncer les pratiques des trafiquants », explique Sonia Mitralias.

    Les séminaires organisés au Pakistan et en Inde ont notamment tourné autour de la question de la violence à l'égard des femmes. Les Portugaises ont pour leur part demandé aux représentantEs des partis politiques qu'elles ont rencontréEs, « de mettre en place des mécanismes pour protéger les femmes qui subissent la violence familiale. »

    En Haïti, la Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes (CONAP) a rappelé « son engagement dans la lutte en faveur les droits des femmes haïtiennes à vivre une vie sans violence, dans la dignité, et dans un pays indépendant et souverain. »

    La paix, une valeur particulièrement mise en évidence

    La paix a aussi été une valeur très importante.

    Ainsi, lors du passage de la Charte en Colombie, les leaders équatoriennes Doris Trujillo y Blanca Chancoso ont exprimé leur profonde préoccupation face à militarisation et l'autoritarisme que vivent les peuples de leur pays.

    Angela de Pérez, l'épouse d'un sénateur qui a été enlevée il y a 3 ans, a, quant à elle, affirmé que la mobilisation aide à conscientiser le gouvernement que le conflit armé en Colombie ne se résoudra que lorsque toutes les parties gouvernement, groupes en marge de la loi, société civile, s'assoiront ensemble pour dialoguer.

    À Chypre, chypriotes turques et grecques de la Marche ont mené ensemble une action commune et confectionné chacune un morceau de courtepointe. L'événement a été qualifié par la presse d'importance internationale !

    En Suisse, les femmes ont organisé un débat autour des femmes soldates. En Italie elles ont débattu du rôle des femmes dans la construction de la paix.

    Au Japon, les femmes ont exprimé leur opposition à une remilitarisation du pays, dénonçant une révision de l'article 9 de la Constitution. Quant aux Coréennes, le signe qui apparaît sur leur carré de courtepointe signifie la paix. C'est dire l'importance qu'elles accordent à cette valeur.

    Entre l'Inde et le Pakistan aussi, les femmes se sont unies, puisqu'une délégation de femmes indiennes s'est rendue au Pakistan en faisant « un événement en faveur de la paix et de l'espoir », comme l'a déclaré Shashi Sail, coordinatrice de la Marche en Inde.

    Les femmes arabes ont également lancé un appel à la paix dans leur région, durant le relais de la Charte, que ce soit au Liban, en Tunisie, ou en Jordanie. Lors de la conférence des Femmes en noir, qui se tenait à Jérusalem fin août, une délégation de participantes s'est rendue à Ramallah rencontrer les femmes palestiniennes.

    « La Charte est une déclaration en faveur de toutes les femmes du monde, pour demander égalité, justice et liberté », a dit Salwa Abu Khadra, Secrétaire Générale de l'Union des femmes palestiniennes.

    Après Jérusalem, le relais est passé au Soudan et dans la région des Grands lacs africains où les femmes du Burundi, du Congo et du Rwanda, collaborent depuis plusieurs années pour construire une société sans conflits et sans guerres.

    Le relais est maintenant terminé mais pas la mobilisation. De nombreuses femmes ont décidé de se revoir, de mener des actions communes et de maintenir les ponts ainsi construits. « La rencontre européenne de Marseille a permis à nombre de femmes de la région et d'autres pays proches (Mahgreb surtout), de rejoindre la rencontre. Ceci a été possible parce que la Marche mondiale des femmes est un mouvement qui fait passer avant tout la solidarité avec les femmes du monde entier, en donnant la priorité à celles qui souffrent le plus », ont noté les Européennes.

    Brigitte Verdière, Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes

     
    Des femmes en alliance changent le monde

    La Marche mondiale des femmes agit sur le plan national, régional et international en alliance avec des mouvements sociaux comme Via Campesina, ATTAC et d'autres réseaux féministes comme Femmes en noir. Nous avons conçu la Charte mondiale des femmes pour l'humanité comme un instrument de débat et pour appeler ces autres mouvements à agir avec nous en 2005. En janvier 2005, durant le Forum social mondial à Porto Alegre (Brésil), nous avons présenté la Charte et nos actions mondiales durant les Assemblées des mouvements sociaux. Notre Relais mondial de la Charte a ainsi été inscrit dans le calendrier des mouvements sociaux tout comme l'action des 24 heures de solidarité féministe du 17 octobre, qui concluait une semaine d'actions des mouvements sociaux qui incluait les actions du réseau du Cris des exclus latino américain du 12 octobre et la Journée des femmes rurales du 16 octobre. Le relais de la Charte et de la courtepointe nous a permis de concrétiser nos alliances par des actions qui se sont déroulées dans les pays et renforcer nos débats sur des thèmes tels la souveraineté alimentaire, la biodiversité sous le contrôle public, et la paix et la démilitarisation. Par exemple, des actions conjointes ont eu lieu avec des femmes du réseau Femmes en noir à Jérusalem et à Ramallah et des femmes de Via Campesina ont participé dans les actions du Relais notamment dans de nombreux pays d'Amérique latine et d'Europe.

    À la fin du Relais au Burkina Faso nous avons symboliquement donné la Charte a une représentante du réseau Femmes en noir, qui a affirmé notre lutte conjointe contre la militarisation du monde et à une femme de Via Campesina qui a souligné notre lutte pour la souveraineté alimentaire. Elle a affirmé l'importance que les pays africains producteurs agricoles, comme le Burkina Faso, résistent aux négociations de l'Organisation mondiale de Commerce (OMC). Nous continuerons à renforcer nos alliances avec d'autres mouvements et réseaux dans le cadre de la rencontre de l'OMC qui aura lieu à Hong Kong en décembre et lors des Forums sociaux polycentriques qui se dérouleront en janvier 2006 à Bamako (Mali), Caracas (Venezuela), et plus tard dans l'année à Karachi (Pakistan).

    Miriam Nobre, Marche mondiale des femmes - Brésil

     
    L'impact des actions de 2005 en Afrique

    La Charte mondiale des femmes pour l'humanité a été adoptée le 10 décembre 2004 à Kigali au Rwanda, un pays qui a connu les gros méfaits du génocide et qui continue d'avoir un besoin pressant de solidarité internationale. Cette solidarité, la Marche mondiale des femmes a su la manifester, en allant s'incliner sur les dépouilles (que l'on a pu retrouver) conservés dans de gigantesques caveaux. Cela a permis aux femmes non africaines de constater de visu, un pan des problèmes que vivent les femmes de cette partie de la planète.

    Onze pays africains ont eu le bonheur d'accueillir ou de mener des activités entrant dans le cadre de l'accueil de la Marche à relais en tant que points focaux. Cela a eu l'avantage de réveiller de nombreuses coordinations, non parce qu'elles avaient les moyens de conduire ces activités, mais surtout parce qu'elles tenaient à mériter la confiance que les femmes du monde ont su placer en elles et parce qu'elles ont cru en la Marche à relais comme stratégie d'appropriation de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité. Elles n'ont pas eu tort car l'impact commence à se faire voir (par exemple, le Président du Cameroun, dans son discours aux Nations Unies, a loué la pertinence de la Charte et il a pris l'engagement d'accompagner les femmes dans leur quête d'un monde plus juste).

    Le 17 octobre, la Coordination du Burkina Faso a eu l'honneur d'accueillir l'ancrage final de la marche à relais. Au delà de la visibilité que cet évènement a donné à la MMF/ANBF, on peut certifier que ce fut aussi l'occasion de prouver aux yeux du monde que les femmes ont la capacité de conjuguer la solidarité au féminin. À Ouagadougou, cette solidarité s'est manifestée par la présence physique de plus de 400 femmes venues d'ailleurs, dont près de 300 d'Afrique, la joie perceptible sur tous les visages, malgré la dureté du climat et le geste de solidarité dans la lutte contre la pauvreté par l'octroi de la bourse d'études en journalisme à une jeune fille burkinabè. Depuis la diffusion de l'émission télévisuelle, nous recevons félicitations sur félicitations. C'est la preuve que, plus qu'une utopie, notre action est une vision largement acceptée à travers le monde.

    Du point de vue politique, on peut dire que l'action de Ouagadougou a une triple portée:

    - en associant les jeunes (remise de la Charte par un enfant ) nous prolongeons nos luttes non seulement aux enfants et à leurs parents, mais aussi aux décideurs car l'histoire les rattrapera (déjà la bourse jette le pont entre la MMF et le monde estudiantin),

    - en demandant que l'Union Africaine en soit saisie, nous caressons le voeu secret que les pays membres de cette instance se penche sur la Charte et en débattent minimalement, mais nous croyons que les politiques en seront empreintes (au Burkina Faso, plus d'un politicien a utilisé certaines affirmations de la Charte dans leurs discours pendant la campagne présidentielle de ce mois de novembre),

    - et en renforçant la détermination des femmes africaines à travailler au niveau régional.

    Enfin nous avons la certitude que les actions de 2005 serviront de tremplin à beaucoup de groupes pour re-embarquer dans le bateau de la MMF. La Marche Mondiale des Femmes est et demeurera un mouvement irréversible !!

    Awa Ouedraogo, Marche mondiale des femmes - Burkina Faso

     
    UN TEMPS POUR RÉFLÉCHIR ET PLANIFIER

    Nous venons de terminer une période d'actions intensives au niveau national et mondial. Le Relais mondial de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité a été un succès et a permis à plusieurs milliers de groupes de femmes à travers la planète de parler d'égalité, de liberté, de solidarité, de justice et de paix. Plusieurs groupes ont profité de ce momentum pour remettre à l'ordre du jour leurs revendications pour changer la vie des femmes, pour changer le monde.

    Vous avez pu voir, dans ces pages, comment nous avons relevé le défi de faire croître l'adhésion à la Charte mondiale des femmes pour l'humanité et à éveiller l'opinion publique aux enjeux de la mondialisation néolibérale, de la militarisation de notre monde, de l'exclusion et de l'intolérance. Notre action a amené de nouvelles femmes de la base à s'engager dans le mouvement des femmes venant ainsi renforcer l'impact de nos actions. La Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence envers les femmes, en mettant l'accent sur cet engagement à la base, en réaffirmant que se sont les femmes, en mouvement, qui changent le monde, trace le chemin d'une militance qui se nourrit des analyses locales et globales et agit de façon mondiale. Nous voulons plus d'actions, plus de changements concrets dans la vie des femmes et moins de discours creux ou postmodernes même à l'intérieur des rangs du féminisme.

    En ayant en tête les acquis de nos actions de 2005, nous optons maintenant pour prendre un temps de réflexion et voir quelles seront nos prochaines actions. Nous avions décidé en décembre dernier de démarrer une démarche de planification stratégique au lendemain de nos actions. Cette démarche est enclenchée et nous amènera à mieux évaluer notre impact et à revoir notre structure, nos alliances, nos dossiers prioritaires, nos stratégies, nos actions. Nous souhaitons plus que jamais consolider notre réseau mondial d'actions féministes contre la pauvreté et la violence envers les femmes.

    Pourquoi une démarche de planification stratégique?
    D'où partons-nous?

    La Marche mondiale des femmes a connu un essor fulgurant entre 1996 à 2000. L'invitation aux groupes de femmes du monde d'agir ensemble pour contrer la pauvreté et la violence envers les femmes a suscité un intérêt immédiat et une adhésion imprévue. En une période presque record nous avons réussi à rejoindre plus de 5 600 groupes répartis dans 164 pays ou territoires. La majorité de ces organisations sont des organisations de la base et proviennent de pays du Sud même si certaines régions sont sous-représentées en tenant compte de leur poids démographique. Nous attribuons ce succès au constat de plusieurs groupes de femmes : avec la mondialisation néolibérale, avec l'appauvrissement toujours grandissant des femmes et les attaques diverses concernant nos droits et notre dignité, nous sommes dans l'obligation de penser plus globalement et d'unir nos efforts. Nous proposions aux groupes de femmes de travailler avec toute la diversité et la pluralité du mouvement des femmes de leur pays pour arriver à transformer le monde en transformant la vie des femmes et vice versa.

    Après nos actions de l'an 2000, il était évident que nous ne pouvions arrêter là cet élan de solidarité, ces nouvelles alliances et cet enthousiasme pour un féminisme international en actions ayant un discours clair sur le besoin de lutter contre le patriarcat, le capitalisme et le racisme. Avec la montée aussi du mouvement anti-mondialisation auquel la Marche a participé et participe toujours activement, il nous apparaissait nécessaire de poursuivre notre propre mouvement des femmes de la Marche mondiale des femmes. C'est ainsi que nous avons consolidé le réseau/mouvement de la Marche mondiale des femmes à partir de 2001 en adoptant des objectifs politiques, des stratégies d'action, une structure et un fonctionnement qui nous permettraient de poursuivre notre travail.

    En 2003, nous avons adopté un plan d'actions pour 2005. Nous avons aussi adopté le principe que nous voulions réaliser une action mondiale à tous les cinq ans laissant ainsi l'espace aux coordinations nationales et aux groupes participants pour faire un travail plus terrain, pour organiser des actions. Nous souhaitions aussi avoir la possibilité d'approfondir nos alliances avec le mouvement anti-mondialisation, poursuivre nos réflexions et débats sur divers sujets. C'est ainsi que nous avons créé en 2003 trois groupes de travail ayant pour mandat de nourrir notre réflexion et nos actions sur les sujets suivants : les droits des lesbiennes, les alternatives économiques féministes et la violence envers les femmes et plus particulièrement la question du trafic sexuel. De plus, des collectifs ont été mis sur pied pour nous permettre d'être présentes dans divers lieux où nous jugeons que le mouvement des femmes doit être plus visible et assumer un certain leadership : collectif paix et démilitarisation et un collectif alliances/mondialisation.

    En 2004, lors de notre 5e Rencontre internationale, nous avons dû faire le constat que ces groupes de travail et collectifs n'avaient pas produit l'effet escompté et même s'il y a eu des discussions et une rencontre de notre Collectif paix et démilitarisation, le suivi n'a pas été assuré. De même pour les groupes de travail qui ont produit des documents mais ont difficilement pu en assurer le suivi.

    Le financement : toujours un défi

    Depuis le tout début, la Marche mondiale des femmes a été confrontée à un problème de financement à divers niveaux. Évidemment, les femmes au niveau national ont déjà un immense défi pour trouver le financement pour leurs propres actions. La réalité du financement des groupes est très diversifiée à travers la planète mais de façon générale, il a été et est toujours difficile pour les groupes de femmes de trouver du financement pour faire des actions comme celles de la Marche mondiale des femmes. Pour plusieurs, cela signifiait aller piger dans des sources de financement déjà restreintes pour présenter de nouveaux projets. Cela a été possible pour certaines d'intégrer les actions qu'elles souhaitaient faire au niveau national ou le travail qu'elles font au niveau international dans les demandes aux bailleurs de fonds avec qui elles avaient déjà des liens. Pour d'autres, elles ont travaillé et travaillent toujours de façon non rémunérée. L'impact de cette réalité sur le niveau international a été, et continue d'être, la difficulté voire l'impossibilité de demander aux groupes participants ou aux coordinations nationales de contribuer au financement du Secrétariat international. De plus, pour les groupes ou coordinations qui sont dans les pays du Sud, ce n'est pas évident de justifier l'envoi d'argent dans un pays du Nord.

    Au niveau du Secrétariat international, jusqu'à l'an 2000, le financement du travail réalisé par l'équipe située à Montréal, Québec, a été rendue possible grâce aux contributions des deux paliers de gouvernement (provincial et fédéral), l'engagement des organismes de coopération internationale, des syndicats, des communautés religieuses, de diverses fondations et des dons d'individuEs et de groupes. Depuis 2001, nous avons tenté de diversifier nos sources de financement et surtout de faire des demandes à l'international puisqu'il était difficile de trouver des sources de financement récurrentes auprès des bailleurs de fonds du Québec ou du Canada. Nous avons réussi à créer de nouveaux partenariats avec certaines organisations ou fondations européennes, nous avons développé des liens avec des bailleurs de fonds qui soutiennent des organisations internationales comme Montréal International mais nous n'avons toujours pas réussi à développer un partenariat sur plus d'une année qui permet d'assurer le fonctionnement. Nous devons fonctionner avec un financement par projet et ce financement demande énormément d'énergie et de travail et rend impossible la consolidation d'une équipe.

    C'est ainsi qu'au mois d'août 2004, nous avons été amenées à faire le constat que nous ne pouvions continuer de maintenir le Secrétariat international en vie de cette façon. Nous avons tenté d'ultimes démarches mais cela se faisait au même moment où nous avions une rencontre internationale à organiser et aucune n'a porté fruit. Au mois d'octobre, nous avons dû procéder à la mise à pied de l'ensemble de l'équipe de travail. Nous voulions ainsi briser le cycle de l'endettement mais aussi signifier que le problème était très profond et que même si nous avions toujours réussi à trouver du financement de dernière minute depuis 2001 cela ne pouvait plus durer.

    Grâce à l'engagement des travailleuses du Secrétariat, nous avons pu tenir la réunion de décembre au Rwanda où nous avons décidé d'entreprendre une démarche de planification stratégique et faire une ultime tentative auprès du gouvernement fédéral et provincial qui a porté fruit. Nous avons dû cependant réduire l'équipe de travail. Depuis mars 2005, nous avons réembauché trois des sept travailleuses du Secrétariat pour la période de transition.

    Transition du Secrétariat international et décentralisation

    L'année 2005-2006 est une année charnière pour le Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes. Nous avons décidé, lors de notre 4e Rencontre internationale qui s'est tenue en Inde en mars 2003, qu'après les actions de 2005, nous souhaitions déménager le Secrétariat international dans un pays du Sud. Cela permettrait de mettre en lumière le fait que la Marche soit bien implantée dans le Sud et nous espérons que cela facilitera le financement du Secrétariat. Avec les problèmes de financement que nous avons connu, cela nous oblige aussi à bien évaluer comment nous pouvons faire cette transition. La démarche de planification stratégique devrait nous mener à bien planifier le déménagement du Secrétariat international. Nous devons pouvoir bien baliser nos orientations et nos actions pour les prochaines années, revoir notre structure (incluant celle du Secrétariat international) et nos méthodes de travail au niveau international et construire des partenariats financiers préalablement à ce déménagement.

    De plus, nous avons amorcé il y a déjà deux ans un travail plus décentralisé au niveau international i.e. que des coordinations nationales assument des mandats de travail pour l'ensemble des coordinations nationales, par exemple, les collectifs avaient la responsabilité de trouver du financement et d'assurer le leadership de cette partie de notre plan de travail. Du côté des actions de 2005, des coordinations ont pris en charge le lancement de nos actions et la coordination du Relais. Nous voulons faire l'évaluation de cette décentralisation et voir les leçons à en tirer. La décentralisation doit aussi être vue comme un choix politique afin de permettre à des femmes de diverses régions d'assurer le leadership de la réflexion et de l'action au niveau mondial.

    Les objectifs de la démarche de planification stratégique

    Comme mentionné plus haut, la décision d'entreprendre une démarche de planification stratégique a été prise lors de notre rencontre de décembre 2004 au Rwanda où nous avons clairement identifié le besoin de se donner des perspectives d'actions communes mais aussi d'examiner notre impact sur le mouvement des femmes au niveau national et international, notre impact sur la transformation de la vie des femmes. La démarche nous amènera donc à faire un bilan des pas accomplis depuis 1997, à mesurer notre impact, revoir notre fonctionnement et nos alliances, consolider nos actions mondiales sans oublier la question du financement.

    Qui participera au processus

    La Marche mondiale des femmes a démontré l'importance des actions mises en œuvre et leur impact à divers niveaux. Selon un état des lieux fait en novembre 2004, 71 coordinations sont actives de par le monde. Une relance des groupes entraîne des adhésions continuelles au projet. Les groupes qui étaient actifs en 2000 se sentent concernés et ont participé aux actions de 2005. Nous comptons donc sur un réseau important pour enrichir cette démarche qui s'échelonnera sur une année.

    Le Comité international est responsable de cette démarche importante et les coordinations nationales seront consultées à diverses reprises d'ici juin 2006. Pour soutenir cette démarche, nous avons mis sur pied un comité d'encadrement composé d'une représentante de la coordination du Sénégal (ce sont elles qui sont à l'origine de cette proposition de démarche de planification stratégique), deux représentantes provenant de la coordination québécoise, d'une consultante et de la coordonnatrice du Secrétariat international.

    Deux étapes

    Deux étapes de travail pour le Comité d'encadrement et le Comité international ont été identifiées d'ici notre prochaine rencontre internationale de 2006. Une première session de travail a eu lieu au Sénégal tout de suite après notre action du 17 octobre, soit du 19 au 22 octobre 2005 et une deuxième session aura lieu en mars 2006.

    La première session de travail d'octobre avait comme objectif de permettre d'identifier les acquis, les lacunes, les défis de notre fonctionnement au niveau international (groupes de travail, collectifs, décentralisation, secrétariat international, alliances), le membership et le financement de la Marche au niveau international. Nous sommes ressorties de cette rencontre avec une série de propositions concernant notre fonctionnement au niveau international incluant des propositions et critères nous permettant de solliciter des coordinations nationales pour recevoir le Secrétariat international. Nous avons aussi discuté du besoin de clarifier le membership de la Marche mondiale des femmes et de consolider le travail à faire dans les diverses régions. Des propositions seront soumises aux coordinations nationales d'ici la mi-décembre.

    Pour la deuxième session, des questions seront posées dans notre envoi de décembre sur les enjeux et les perspectives d'actions de la Marche mondiale des femmes pour les prochaines années. Une réflexion sera aussi proposée pour évaluer l'impact de la Marche. Nous comptons sur vous pour alimenter nos réflexions et orienter nos discussions menant à la 6e Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes qui aura lieu au Pérou en juillet 2006.

    Diane Matte, Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes

     
    MAR DEL PLATA

    Le 1er novembre en soirée, les militantes de la Marche mondiale des femmes - réunies à l'occasion du IIIe Sommet des Peuples à Mar del Plata, Argentine - ont tenu une assemblée pour échanger sur leurs expériences et apporter des propositions sur des suivis aux actions internationales de 2005 (le relais mondial de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité et les 24 heures d'actions de solidarité féministe) qui viennent de prendre fin. Des femmes d'Argentine, du Brésil, de Cuba, du Pérou, de la République Dominicaine, du Nicaragua, du Mexique, du Québec et de l'Uruguay se trouvaient parmi les participantes à cette assemblée.

    À partir des communications des compagnes de la Marche du Brésil, du Mexique et de l'Argentine et d'une militante de Via Campesina - République Dominicaine, les femmes ont dégagé, dans un débat franc et ouvert, les principaux thèmes qui unissent leur action féministe dans tout le continent, à savoir le féminicide et l'augmentation de la violence familiale et dans les lieux de travail, la militarisation, le libre-échange, la souveraineté alimentaire, la participation politique, les inégalités et les hiérarchies de classe entre les femmes, et la croissante privatisation des ressources naturelles.

    Parmi les grands défis á relever, l'assemblée a souligné la nécessité de mettre sur pied des mécanismes de formation et d'éducation populaire en matière d'action politique qui s'adressent aux femmes et qui se centrent sur les valeurs féministes de solidarité, de paix, d'égalité, de liberté et de justice. Les coordinations de la Marche mondiale de plusieurs pays se donnent le défi de continuer le travail de construction d'alliances réelles entre les mouvements des femmes et dans les régions où existent des luttes et problèmes (comme la région de l'ALÉNA ou les zones frontalières qui vivent des situations de conflits). Les femmes ont exprimé la volonté de construire la MMF en tant que mouvement féministe de lutte permanente ayant comme but de changer les bases des relations de genre et réinventer la solidarité entre hommes et femmes. Ce mouvement ferait partie intégrante du vaste mouvement d'opposition à l'hégémonie capitaliste néo-libérale fondé sur une vision globale sur les changements urgents et nécessaires pour les Amériques et le monde.

    Un autre défi permanent est celui de dénoncer les liens entre l'oppression des femmes, dans ses aspects les plus spécifiques et quotidiens, et les relations économiques qui dominent sur tout le continent. Le feminicide, assassinat et disparition massive de femmes surtout dans les zones des " maquiladoras " en Amérique Centrale, est un enjeu qui exige une mobilisation urgente et met en lumière la relation directe qui existe entre l'intensification de la violence envers les femmes et le libre-échange qui s'accompagne d'une précarisation croissante des conditions de travail. Les femmes de la Marche dans leurs pays continuent à promouvoir des campagnes contre le libre-échange sur tous les plans, contre les ALÉ, la ZLÉA et l'Organisation Mondial du Commerce. Ceci fut le thème d'un atelier organisé en collaboration avec la REMTE - Réseau des Femmes d'Amérique Latine Transformant l'Économie et la CLOC Via Campesina. L'atelier s'est penché sur les relations existantes entre les traités de libre-échange et les croissantes pauvreté et vulnérabilité des femmes ainsi que sur l'importance d'une union des luttes des femmes de la ville et de la campagne.

    Julia Di Giovanni, Marche mondiale des femmes - Brésil

     
    COLLABORATRICES

    Merci aux collaboratrices de ce Bulletin de liaison : Élise Boyer (traductrice vers l'anglais), Michelle Briand (traductrice vers le français), Nancy Burrows (Secrétariat international), Nadia De Mond (MMF-Italie), Julia Di Giovanni (MMF-Brésil), Nicole Kennedy (traductrice vers l'anglais), Diane Matte (Secrétariat international), Miriam Nobre (MMF-Brésil), Habi Ouattara (MMF-Burkina Faso), Awa Ouedraogo (MMF-Burkina Faso), Magaly Sala-Skup (traductrice vers le français et vers l'espagnol), Martine Senécal (MMF-Burkina Faso), Alionka Skup (traductrice vers l'espagnol), Brigitte Verdière (Secrétariat international). Et un merci tout particulier à toutes les femmes de la Marche mondiale à travers le monde qui nous ont fourni des renseignements sur leurs activités dans le cadre du Relais mondial et des 24 heures de solidarité féministe!


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Last modified 2006-05-12 03:50 PM
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