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World March of Women

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LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES DIT « NON À LA GUERRE »

Les bombardements de l’Afghanistan doivent cesser …maintenant !, 23 octobre 2001, Montréal
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LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES DIT « NON À LA GUERRE »

Les bombardements de l'Afghanistan doivent cesser …maintenant !

Les femmes de la planète ne veulent plus mettre au monde des enfants pour la guerre. Les femmes veulent être entendues

Nous en sommes au 16e jour de bombardement de l'Afghanistan. Les bombes et les missiles pleuvent sur cette population déjà dévastée, sur ce territoire déjà spolié et désolé. Les pilotes nous dit-on ne visent que des cibles militaires…mais si au passage on rase un village, un entrepôt de la Croix-Rouge, un hôpital, boff…!!! ce ne sont que des « dommages collatéraux ».

Et Ben Laden demeure toujours introuvable. Cette guerre est non seulement inhumaine mais inefficace pour régler la crise du terrorisme. C'est le message de la Marche mondiale des femmes.

En effet, du 2 au 6 octobre dernier, avait lieu à Montréal la 3e Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes. Cette marche qui a mobilisé des milliers de femmes à travers le monde; qui a permis à des centaines de communautés d'appuyer la lutte contre la pauvreté et la violence envers les femmes; cette marche continue et demeure un des espoirs les plus tangibles de voir advenir un monde égalitaire, solidaire, démocratique et pacifique. Ci-dessous, vous trouverez un extrait de l'appel à la paix que nous avons adopté lors de cette rencontre.

Nous clamons bien haut l'urgence que les femmes soient partie prenante de la résolution de la crise actuelle. Nous demandons que l'ONU, nouveau récipiendaire du Prix Nobel de la paix avec son Secrétaire général, Monsieur Kofi Annan, joue un rôle pro actif dans la résolution de la crise actuelle et mette toutes ses énergies pour faire appliquer l'article 15 de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité dans lequel le Conseil reconnaît son intention de prendre en considération les droits des femmes et l'avis des groupes de femmes au niveau local et international lors de ses missions.

À l'instar de plusieurs groupes, nous demandons au gouvernement canadien et à tous les députés qui ont appuyé le bombardement de l'Afghanistan, et tout particulièrement aux députés du Québec, de changer de cap et de faire cesser cette folie meurtrière, d'oser s'élever contre la logique guerrière qu'on nous présente comme une fatalité, comme seule et unique solution, et de proposer courageusement les chemins de la paix déjà indiqués par les femmes de la Marche mondiale.

Diane Matte, coordonnatrice

Pour la Marche mondiale des femmes

Extraits de l'appel de la Marche mondiale des femmes pour construire un monde égalitaire, solidaire, démocratique et pacifique

(…) Nous, les femmes de la Marche mondiale, nous nous sommes présentées devant l'ONU il y a exactement un an pour dénoncer vigoureusement les multiples guerres sales qui ravagent les peuples. Nous avons identifié clairement les acteurs qui mènent le jeu et dont les intérêts se renforcent mutuellement : grandes puissances, industrie de l'armement, compagnies transnationales, gouvernements corrompus, dictateurs, intégristes religieux, crime organisé, marchands de drogues. Nous nous sommes présentées comme les témoins vivants des violences et des injustices subies par des milliers de femmes en raison de conflits armés. Une femme afghane a même solennellement enlevé sa burka devant l'assemblée en un geste héroïque de défi à tous les intégrismes. Nous avons crié : Les femmes de la planète ne veulent plus mettre au monde des enfants pour la guerre. Nous avons réclamé le respect des droits humains, l'application de toutes les Conventions de l'ONU, le règlement politique négocié de ces conflits. Nous n'avons pas été entendues.

Aujourd'hui, alors que nous assistons au retour en force des guerriers de tout genre, notre voix s'élève plus forte encore, pour rappeler :

  • la poudrière que constituent l'occupation par Israël des territoires palestiniens, leur utilisation des événements du 11 septembre pour légitimer et accentuer les agressions contre le peuple palestinien, leur refus de travailler à une solution politique négociée du conflit selon les résolutions de l'ONU;

  • la durée, l'ampleur, l'intensité des tragédies du Rwanda, de l'Angola, du Burundi, de la Sierra Leone, de la République démocratique du Congo, du Libéria, du Soudan, de l'Étiopie, de l'Érythrée, du Sri Lanka;

  • les massacres en Algérie; les horreurs vécues au Timor oriental; la situation au Mexique et en Indonésie (Mollukken)

  • le sort des prisonnierÈs politiques qui agonisent dans les prisons turques, marocaines et dans tant d'autres prisons à travers le monde;

  • l'impact sur les populations civiles des conflits dans les Balkans, au Kurdistan, en Géorgie, en Tchéchénie et dans tant d'autres pays.

  • les fragilités et les ratés du processus de paix en Irlande du Nord.

Nous ressentons dans notre chair les violations sans nom que les Talibans imposent aux femmes afghanes depuis déjà une décennie, en toute impunité et forts de l'inaction complice de la communauté internationale. Les femmes de Birmanie, d'Iran, d'Irak, du Pakistan ne connaissent pas un meilleur sort. Nous savons les conséquences sur les populations latino-américaines du Plan Colombie orchestré et financé par les États-Unis. Nous redisons notre indignation face à la situation d'oppression vécue par les peuples autochtones partout à travers le monde. Nous portons en nous tous les conflits du monde. Nous ne voulons plus de guerre.

Nous, femmes de la Marche mondiale, manifestons donc notre totale opposition au bombardement de l'Afghanistan ou de tout autre pays pour résoudre la crise engendrée par les événements du 11 septembre  parce que :

  • cette intervention créera davantage de souffrances et de destructions sans résoudre aucunement les problèmes qui en sont à la source; au contraire elle aggravera la pauvreté et l'humiliation des populations affectées;

  • nous le savons d'expérience, les femmes et les enfants sont toujours les premières victimes des conflits armés avec les populations les plus défavorisées. Déjà les bombardements ont jeté sur les routes des milliers de citoyennEs afghanEs déjà dramatiquement appauvriEs. L'UNICEF vient d'annoncer que plus de 100,000 enfants afghans mourront de froid dans quelques semaines;

  • le gouvernement des États-Unis, appuyés par des alliés inconditionnels, renforcera sa position hégémonique de gendarme du monde, continuera d'imposer son « nouvel ordre mondial » et de s'opposer à ces instruments internationaux indispensables à la paix, au développement durable et au respect des femmes que sont entre autres la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, le protocole de Kyoto, le Traité instituant la Cour pénale internationale, la Convention sur les mines anti-personnel;

  • l'industrie des armes et les budgets militaires vont croître au détriment des programmes de santé, d'éducation, de sécurité sociale, de protection de l'environnement;

  • nombre de gouvernements en profiteront pour alimenter la xénophobie, pour resserrer encore plus leurs frontières s'érigeant ainsi en forteresse contre les immigrantEs et les réfugiéEs, pour mettre en péril et même supprimer les droits civils et les libertés fondamentales en particulier celles des femmes, pour criminaliser tout mouvement d'opposition à la mondialisation néo-libérale et sexiste actuelle. Le Canada a déjà commencé avec sa loi anti-terroriste.

  • elle provoquera le renforcement des dictatures et des intégrismes religieux de tout acabit.

Nous, de la Marche mondiale des femmes:

  • exigeons que les coupables des attentats soient identifiés clairement et traduits en justice. Le droit doit prévaloir sur l'esprit de vengeance et sur les justiciers;

  • appuyons les voix de plus en plus nombreuses de citoyennEs et de groupes qui, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, réclament un changement de cap radical de la politique extérieure américaine;

  • demandons que l'ONU joue un rôle beaucoup plus actif pour stopper l'intervention américaine et intervenir de manière à créer les conditions de constitution d'un gouvernement démocratique d'unité nationale dans lequel les femmes auront un rôle prépondérant;

  • exigeons que tous les pays ratifient et applique la Convention sur les mines anti-personnel;

  • affirmons l'urgence de règlements politiques négociés de tous les conflits et dans lesquels les femmes doivent être partie prenante;

  • exigeons la levée immédiate de l'embargo contre l'Irak et le blocus contre Cuba qui affectent principalement les femmes et les enfants;

  • exigeons l'interdiction totale de la production et de la vente d'armes et exigeons des États de mettre en œuvre des politiques de désarmement en ce qui a trait autant aux armes classiques qu'aux armes nucléaires et biologiques.

Nous, femmes de la Marche mondiale des femmes, proposons la construction longue, patiente et inlassable de la paix, de la justice, de la démocratie et de l'égalité entre les femmes et les hommes comme alternatives aux actes terroristes et aux interventions armées. Nous réitérons notre volonté de vivre dans un monde davantage préoccupé de la sécurité des personnes que de la sécurité des nations et où chaque être humain jouit des mêmes droits et des mêmes libertés quels que soient le sexe, l'origine ethnique, la nationalité, la religion, l'orientation sexuelle. Nous, les femmes de la Marche mondiale nous associons solidairement à toutes ces forces qui, partout sur la planète, sont à l'œuvre pour affirmer « qu'un autre monde est possible » et pour le réaliser…maintenant !

Montréal, 23 octobre 2001

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Last modified 2006-05-30 01:08 PM