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BULLETIN DE LA MARCHE MONDIALE
DES FEMMES
VOL.11 NUMÉRO 2 - JUIN 2008
Sommaire
Article |
Page |
Éditorial |
01 |
VII Rencontre
International |
02 |
Réunion du CI a
São Paulo |
04 |
Action Globale 2010 |
05 |
Changements
Climatiques |
07 |
VIIe
Rencontre hémisphérique de lutte contre les TLE |
10 |
Réunion
Coordination Européenne |
11 |
Sommet des
peuples – IIIe « Enlazando alternativas »
|
12 |
Couvre en la
Région du Grands Lacs |
13 |
FSM - CI Abuja |
14 |
Calendrier des
événements |
17 |
Prochain numéro
/ Contacts |
17 |
1)
Editorial
Chères camarades,
Comme vous pourrez le lire dans cette édition de juin de notre Bulletin
international, la Marche Mondiale des Femmes (MMF) – en particulier son
Secrétariat international qui siège à São Paulo et la CN de Galice – a déjà
commencé les préparatifs de deux événements très importants : la VIIe
Rencontre internationale qui aura lieu en Galice en octobre de cette année et
la 3e Action planétaire de 2010. Les deux événements définissent qui
nous sommes en tant que mouvement, nous obligeant à nous arrêter pour penser à
nos positions, à nos souhaits et à la nécessité pressante de renforcer notre
lutte, dans ces moments de partage que sont les manifestations, les débats
politiques, les formations et les échanges d´expériences.
L´appel à mobilisation pour la Rencontre internationale - avec la diffusion
du programme de la rencontre, des informations, des idées de financement et des
formulaires d'inscription - a déjà été lancé et envoyé dans le courant du mois
de mai aux CN. Maintenant, il convient à chaque CN d´étudier les idées de
récolte de fonds, de discuter du programme et de son contenu, et de choisir les
déléguées ( informations développées plus bas). Évidemment, nos alliées et
observatrices sont également invitées à la rencontre afin qu’elles puissent
contribuer, connaître et approfondir leur connaissance concernant notre travail
et nos luttes.
En tant que mouvement féministe anti-capitaliste international reconnu,
nous continuons à participer et à contribuer aux manifestations importantes
altermondialistes partout dans le monde. Non seulement nous sommes toujours
membre actif du Conseil international et du Groupe de liaison du processus du
Forum social mondial (voir le dernier article du bulletin narrant en détail la
rencontre du CI à Abuja au Nigéria), mais la MMF a également participé
récemment à d´autres événements organisés par nos alliés en Amérique latine et
dans le sud-est asiatique – la VIIe Rencontre hémisphérique de lutte
contre les accords de libre-échange à Cuba, Enlazando Alternativas III au Pérou
et “Solidarity Village for a Cool Planet”, en Indonésie. Vous découvrirez plus
loin des articles sur chacun de ces trois événements exposant les débats
politiques qui s´y sont tenus. De même que nous vous donnerons des nouvelles
concernant les discussions, enjeux et décisions prises lors des réunions
internes de la MMF – celle de la Coordination européenne en avril et celle du
Comité international début mai.
Nous espérons
pouvoir te voir en Galice !
2) Retiens
ces dates dans ton agenda... la VIIe Rencontre internationale de la
Marche Mondiale des Femmes approche !
La définition de notre Action planétaire de 2010 est le principal objectif
de notre prochaine rencontre internationale, qui se réalisera en octobre, en
Galice, en Espagne.
« Tant que toutes les femmes ne soient pas libres, nous serons en
marche » sera le slogan de cette septième Rencontre internationale que
nous sommes en train d´organiser dans le nord-ouest de la Péninsule ibérique,
du 14 au 21 octobre de cette année, commémorant le 10e anniversaire
de notre 1re Rencontre internationale qui s´était réalisée à
Montréal du 16 au 18 octobre 1998. Cette rencontre, comme celle d'il y a 10
ans, cherchera à définir et à organiser la prochaine Action planétaire du
mouvement. La planification des premières actions mondiales de la Marche
Mondiale des Femmes de l'an 2000 avaient commencé en 1998 avec la participation
de 145 femmes de 65 pays, alors qu'en 2008, environ 150 participantes de près
de 45 pays sont pour préparer celle de 2010 (voir l´encadré).
En plus de la définition de la prochaine Action planétaire de 2010, la VIIe
Rencontre internationale sera une occasion pour approuver officiellement nos
principales lignes politiques, pour échanger des idées sur les enjeux
actuels dans les luttes liées aux quatre champs d’action de notre plan
stratégique, et pour définir des plans d’action régionaux. De manière plus
spécifique, les objectifs de la rencontre sont :
-
La révision
des principales questions à l´ordre du jour pour le mouvement féministe dans le
contexte actuel (augmentation de la militarisation de notre planète, avancées
du néolibéralisme et des fondamentalismes et leurs conséquences) ;
-
L’approfondissement
de nos débats et connaissances sur différents thèmes féministes, comme la marchandisation
de la vie et du corps des femmes, le mouvement féministe en Galice, l´offensive
de droite « en défense de la vie » contre l´autonomie des femmes,
etc.
-
La
discussion et la mise en place d´un suivi concernant nos quatre champs d´action
du plan stratégique 2007-2010 et la planification régionale les concernant
: bien commun de l´humanité et accès aux ressources, travail des femmes,
violences contre les femmes, paix et démilitarisation.
-
La
réalisation de notre Assemblée générale où les déléguées traiteront des
questions internes au mouvement comme l´approbation des finances et du
compte-rendu concernant la VIe Rencontre internationale (au Pérou),
l´élection de nouvelles membres du CI et des décisions relatives à la VIIIe
Rencontre...
Enthousiasme et préparation
de la Rencontre internationale en Galice
Les femmes de Galice ont réalisé une marche massive en 2004 et ont
maintenant la responsabilité – avec joie et enthousiasme – d´organiser et de
recevoir les femmes d´Europe et des quatre autres continents. Elles estiment
que la Rencontre internationale aura des retombées sur le féminisme local à
travers les échanges d´expériences, des diverses perspectives et connaissances.
Les occasions de ce type offrent la possibilité de recevoir et de refléter différentes
manières de voir et comprendre les vies des femme d'hôtesses et, en même temps,
celui d'étudiantes apprenant avec les participantes de la Rencontre.
Pendant la préparation de la Rencontre internationale, les militantes de la
coordination de Galice ont eu l´opportunité de réfléchir sur un des quatre
champs d'action - « bien commun et accès aux ressources » - avec
l'organisation de dialogues avec la population et le contact avec les
producteurs locaux d'aliments sur le thème de la souveraineté alimentaire et de
son application dans la région. À partir de maintenant et jusqu´en octobre, des
conversations, entretiens, activités de groupe des femmes et étudiantes seront
organisés dans le but d´échanger autour des objectifs de la Rencontre
internationale, en discutant les principaux thèmes qui seront débattus et en
créant un climat de mobilisation et anticipation.
Prise de conscience et
importance de la souveraineté alimentaire
Les rencontres internationales de la MMF constituent traditionnellement des
moments de mobilisation et de dénonciation. Pendant les rencontres de 2001 au
Québec et de 2003 en Inde par exemple, les États-Unis ont envahi successivement
l'Afghanistan et l'Irak. Les programmes des rencontres ont été alors
réorganisés afin que les participantes puissent sortir dans les rues et
exprimer leur indignation. Au Rwanda, en 2004, un appel à la paix a été lancé
dans la région des Grands lacs d´Afrique et dans le monde pendant une cérémonie
se déroulant au Mémorial du génocide. En 2006, à Lima, nous nous sommes
mobilisées contre l´accord de libre-échange entre les États-Unis et le Pérou,
et nous avons organisé un Forum public sur les champs d´action qui venaient
d'être définis par les déléguées.
Comme nous l'avons prévu dans le Plan stratégique 2007-2010 en 2008 lors de
la Rencontre internationale en Galice, notre mobilisation se concentrera autour
du thème de la souveraineté alimentaire comme un élément central de notre champ
d´action « biens communs ». Les 18 et 19 octobre (samedi et dimanche)
seront organisés un Forum international sur la souveraineté alimentaire, une
manifestation et un marché autour de la souveraineté alimentaire et la
consommation responsable. Ces événements auront pour objectif de promouvoir le
discours de la Marche et de favoriser le débat avec les militantes de Galice et
avec le public au sens large, aidant à forger une prise de position féministe
sur le thème. Ils serviront également à dénoncer le contrôle de la chaîne de
production d´aliments par les corporations transnationales et à montrer que
l´agriculture écologique et locale a la capacité de tous nous nourrir. Malgré
le fait que ce sont les femmes qui ont inventé l'agriculture en développant des
connaissances et des technologies appropriées, elles ne sont pas reconnues, d'où
l'importance pour la MMF de continuer à mobiliser des femmes aussi bien du
milieu rural qu'urbain, et de promouvoir un travail de coopération entre elles.
En Galice, nous voulons aller bien au-delà de la solidarité et du discours et
relever le défi de changer nos propres pratiques quotidiennes en vue de
renforcer les alternatives au libre-échange.
Les représentantes de ta CN
peuvent également participer...
Pour assurer une représentation équitable des continents et pays lors de la
VIIe Rencontre internationale, chaque CN peut inviter un maximum de
3 déléguées. De plus, il est important qu'au moins l'une d'entre elles ait
moins de 30 ans afin que les jeunes femmes puissent être immergées dans les
valeurs de la MMF et s'engagent dans les processus de prise de décision. Cette
démarche vise également à garantir l'échange d'expériences et de connaissances
entre les générations.
Le 13 mai, le premier message d´information a été envoyé à toutes les CN
par le biais de la nouvelle adresse de la Rencontre internationale (vigo2008@marchemondiale.org) avec
le programme de la rencontre, des idées de financement et un formulaire de
pré-inscription. Nous vous prions de nous informer si vous n´avez pas reçu
l´ensemble de ces documents, en envoyant un message à Célia à l´adresse notée
au-dessus.
Maintenant, ça dépend de toi
!
Nous te suggérons d´organiser une rencontre avec les militantes et membres
de ta CN afin de discuter sur les contenus de la lettre et le programme de la
rencontre, et de choisir les représentantes. Malgré le fait que la majorité
d´entre vous n´ait sans doute pas encore réussi à obtenir les fonds pour
participer à la rencontre, nous vous demandons, s´il vous plaît, de retourner
le formulaire de pré-inscription avec les 3 noms de vos représentantes à Nuria
Pahino (membre du Comité d´organisation chargée du registre) jusqu´au 8 juin
pour que nous puissions commencer nos négociations avec les autorités
espagnoles sur les visas.
Ta CN aura également besoin de discuter sur les possibilités d´obtention de
fonds (voir le document « Idées pour le financement ») pour payer les
billets jusqu´à Vigo en Galice et l´inscription d´une valeur de 120 euros par
déléguée. Comme nous l´avons mentionné dans la lettre envoyée le 13, n´hésite
pas à nous contacter (en répondant à notre mail) si toutefois une lettre de
recommandation ou d´appui est nécessaire, ou pour que nous puissions t´aider
dans tes efforts de collecte de fonds.
3) Récente rencontre du Comité international de la
MMF à São Paulo
Le Secrétariat international (SI) a été très heureux de recevoir sept des
neuf membres du Comité international (CI) à São Paulo, les 4 premiers jours de
ma,i pour la première de ses rencontres bi-annuelles. Comme toujours, le programme
était prêt et le CI a discuté de manière très élargie sur les questions
suivantes :
-
Proposition
pour l´Action planétaire de 2010 – Quel type d´action ? Quand ?
Comment ? Revendications prioritaires ?
-
La VIIe
Rencontre internationale en Galice en octobre prochain – Programme,
financement, etc. (voir l´article de ce bulletin) ;
-
Les quatre
champs d´action du plan stratégique de la MMF pour 2007-2010 – Quelles
activités comprend le plan stratégique concernant chaque champ d´action ?
Quelles activités ont déjà été réalisées et quelles sont celles qui devront
l´être ? Comment allons-nous continuer ?
-
Participation
du CI et SI aux activités internationales ;
-
Finances et
comptabilité du SI et du CI ;
-
Relation MMF
et FSM (Forum Social Mondial) – Comment pouvons-nous mieux appuyer le travail
des militantes qui accompagnemt le processus du FSM (Conseil international,
Groupes de travail, etc.) ?
-
Nouvelles et
défis régionaux.
Afrique
-
Il existe
beaucoup de CN dans la région, mais beaucoup d´entre elles ne sont pas actives.
-
Il est
difficile de travailler en trois langues et les voyages à l'intérieur sont très
chers et recquièrent des visas.
-
L´organisation
d´une rencontre africaine de la MMF pour 2009 (tâches préliminaires, budget,
élaboration du projet, proposition, etc.).
-
Garantir la
présence des déléguées de plusieurs pays africains en Galice.
Amériques
-
Renforcer ou
mettre en place la MMF dans des pays clés en fonction de la situation politique
actuelle des Amériques (Bolivie, Paraguay, USA, Venezuela...).
-
Maintenir
notre présence et renforcer la présence de la MMF dans les manifestations des
mouvements sociaux de la région.
-
Organiser la
MMF dans les Caraïbes, en commençant par Haïti et Cuba.
-
Coordination
de la présence de la MMF dans le processus du Forum social des Amériques avec
celle des autres alliés.
-
Contact avec
les femmes des peuples autochtones et plus grande participation de celles-ci.
Asie
-
Étudier le
processus d´expansion dans le Sud de l´Asie : éditer un guide donnant des indications pour la mise en place
pas à pas de nouvelles CN, en s´appuyant sur les récentes expériences dans
la région, comme celles du Népal et du Bangladesh.
-
Organisation
et financement pour une rencontre sous-régionale dans le Sud de l´Asie.
-
Expansion de
la MMF dans la région du sud- est asiatique.
Europe
-
Absence de
la MMF en Europe du Nord et faiblesse en Europe de l´Est.
-
Proposition
d'une mobilisation européenne à Rome au cours du premier semestre de 2009 pour
l´autonomie, le droit à l´avortement, l´autodétermination (etc.). Nécessité de
s'unir à d'autres groupes féministes pour que cet événement soit un succès (la MMF est fragile en
Italie).
-
Garantir la
présence de la MMF dans le Forum Social Européen et évaluer la MMF dans le
processus du FSE.
-
Rencontres
régionales avec la présence de membres de toutes les CN européennes.
4) Action Globale 2010
Comme nous
l’avons mentionné plus haut, le principal objectif de la Rencontre
internationale de Galice est la construction de la 3e Action
planétaire de la Marche mondiale. L’action fait partie intégrante de l'identité
de la Marche. Les actions mondiales, tous les 5 ans, sont vécues comme des
moments forts de notre solidarité internationale. Sans conteste, elles sont la
marque de notre capacité à trouver des points communs entre nos expériences en
tant que femmes à travers le monde déterminées à bouleverser un cadre qui nous
est défavorable. Cette démarche est inspirée par l’assiduité des femmes :
par la résistance quotidienne des femmes de la base contre la pauvreté et la
violence et par l’histoire de la lutte des féministes qui nous ont précédées.
L’Action de 2010 nous encourage à aller plus loin dans l’élaboration des
revendications communes et dans la manière de les matérialiser.
Quelles revendications?
Beaucoup de
militantes ont émis le besoin de s’appuyer sur des revendications concrètes.
Elles considèrent qu’un mouvement se nourrit d’acquis. La mobilisation initiale
d’un grand nombre d’entre elles est nécessaire, pour qu’elles aient confiance
en l’action collective, pour les aider à dépasser les limites et obstacles à
leur bien-être et à leur croissance. Nous savons que, pour que les femmes,
toutes les femmes, aient des conditions de vie favorables, il existe des
restrictions depuis le niveau local jusqu’à l’international. Le contrôle auquel
les femmes sont soumises par la famille ou les règles communautaires
patriarcales sont des exemples locaux. Les politiques de la Banque mondiale,
les accords commerciaux fondés sur le néolibéralisme ou les interventions
militaires sont des exemples internationaux.
Le local et le global ne se distinguent par leurs effets que d’un point de
vue descriptif ; dans le vie des femmes, ils se nourrissent l'un l'autre
et sont liés l’un à l’autre. L’élaboration de revendications coïncidant
précisément avec la zone de rencontre entre ces deux dimensions est un défi
permanent. Une autre question se pose : est-il possible d'obtenir des acquis au
niveau international se traduisant par des changements dans la vie des
personnes ? Certains exemples prouvent que oui comme dans les cas de solidarité
internationale pour les conflits armés ou de dénonciation de criminalisation
des mouvements sociaux. Mais, dans d'autres cas, on peut observer un étiolement
de ces acquis comme pour la signature de traités de droits internationaux qui,
très souvent, deviennent des lois nationales qui ne sont pas appliquées. Il
existe aussi des causes qui ont besoin d'être défendues plus fermement, comme
celles des pays considérés comme endettés et qui sont en réalité créanciers de
dettes écologiques et sociales.
Mais il est
évident qu'on ne peut changer les forces sur la scène internationale sans les
changer au niveau national. Telle a été la dynamique adoptée par la Marche lors
de l’appel à la mobilisation de l’Action planétaire de 2000, en organisant les
Coordinations nationales et en définissant les plates-formes nationales. Malgré
l’absence d’évaluation détaillée, on peut dire que la Marche a contribué à
diverses conquêtes, comme le Code de la famille au Maroc, la loi sur la
violence au Mozambique, ou l'augmentation du salaire minimum au Brésil.
Concernant 2010, le besoin est d’être plus précises en établissant des
revendications prioritaires par champ d´action. Mais les revendications doivent
être suffisamment englobantes pour répondre à différentes réalités nationales
et régionales. La revendication concernant, par exemple, l’autonomie économique
des femmes au Québec se traduit par une augmentation de salaire et des
améliorations dans les services d’aide sociale. Dans un autre pays, elle peut
signifier un emploi avec des droits et le renforcement de l’économie solidaire.
Quelle action?
Pour 2010, nous cherchons une forme d'action en accord avec notre identité
et notre nom : une marche. La proposition qui doit être débattue en Galice est
la suivante : ouverture de notre période de mobilisation par une marche de 10
jours entre les 8 et 18 mars ; réalisation d’activités variées au cours de
l'année et conclusion de l’action autour du 17 octobre avec une ou plusieurs
missions de solidarité dans les pays en conflit. La réalisation d’une marche
implique une capacité d'organisation et de mobilisation significative des
Coordinations nationales. Si nous nous mettons au travail juste après la
proposition élaborée lors de la Rencontre, nous aurons un an et demi, un temps
suffisant pour consolider nos forces au niveau national et apprendre les unes
des autres. La question est de savoir maintenant si les Coordinations
nationales s'engageront dans ce sens.
Cette question est aussi très liée aux revendications que nous réussirons à
proposer. Il est très difficile de mobiliser des femmes, des énergies, des
ressources, en espérant seulement le renforcement du mouvement. Il est vrai
qu'une concentration des ardeurs est toujours formidable en elle-même. Mais
nous croyons qu'un pas supplémentaire est possible. Si nous ne parvenons pas à
obtenir des acquis concrets dans les pays, nous devons au moins réussir à
déployer des forces préparant des victoires futures.
Les régions : un intermédiaire entre le local et le global
Ce type d’action – la marche traversant un territoire donné - nous oblige à observer attentivement le contexte national. Cependant, nous ne pouvons pas déconsidérer la grande force de 2005 qui avait été de favoriser l’action conjointe de pays voisins, sous-régions et régions. Les régions favorisent les connexions entre les luttes locales et internationales. Cette dynamique peut s’exprimer par la traduction de documents dans des langues régionales importantes comme l'arabe au Moyen Orient ; ou le dépassement des frontières et des tensions à travers des luttes communes pour Chypre, la Grèce et la Turquie. En outre, la lutte à portée régionale est la plus adaptée pour exiger la valorisation du salaire minimum ou la punition du harcèlement sexuel là où les maquillas sont de grandes employeuses de femmes et changent de pays avec la plus grande facilité. Le renforcement de notre capacité d’organisation au niveau régional doit constituer une priorité pour notre agenda de 2009.
Dans le programme de la Rencontre internationale, les groupes de travail par région bénéficieront d'un temps important pour préparer l’action de 2010. Cependant, cela ne signifie pas que les groupes par région soient considérés comme homogènes, incarnant des positions qui puissent coïncider avec des groupes de pression. En réalité, il existe dans la Marche une diversité interne dans les régions, et nous sommes actuellement en train de travailler pour que cette diversité s'exprime lors de la Rencontre. Nous espérons que le développement de la Marche ces dernières années se reflètera lors de la Rencontre et servira de base pour le cheminement de l'Action de 2010.
5)
Changements climatiques et les vies des femmes
Le climat de notre planète est en train de changer de manière rapide et
visible. L’augmentation de la température de la Terre, liée à l´accroissement
de la fréquence des inondations et à
l'intensification des sécheresses, les cyclones de plus en plus violents
et autres catastrophes météorologiques ont déjà causé de nombreux désastres
dans beaucoup de communautés. Pour beaucoup de personnes, la situation est
irréversible. De manière naturelle, ces transformations n´auraient certainement
pas eu lieu mais sont plutôt associées à l´intervention humaine et au modèle de
production et consommation capitalistes en usage depuis la Révolution
industrielle qui n´a cessé de s’intensifier.
Nos valeurs et actions, en tant que militantes de la Marche Mondiale des
Femmes sont destinées à réaliser des changements politiques, économiques et sociaux.
De même que nous cherchons à développer et implanter nos actions et
propositions féministes afin de dénoncer les institutions économiques et
financières qui encouragent l'exploitation et la dégradation de nos ressources,
le changement climatique et la perte de notre biodiversité. Nous luttons
également pour l´auto-gestion de nos ressources naturelles basée sur un modèle
qui respecte les besoins élémentaires des générations présentes et futures.
Du 3 au 15 décembre 2007, la XIIIe Conférence des parties à la
convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC ou
UNFCCC en anglais) s´est tenue à Bali, en Indonésie. Plus de 190 pays y ont
participé. La Marche Mondiale des Femmes a été présente à l´événement parallèle
“Solidarity Village for a Cool Planet” (Village de solidarité pour une
planète fraîche) organisé par Via campesina et divers mouvements et
organisations sociales. À cette occasion, nous avons présenté notre position
dénonçant le fait que, similairement à d´autres grands problèmes auxquels
l´humanité est confrontée, celui du changement climatique n´est pas neutre en
termes de genre.
Selon l’Agence de protection de l´environnement des États-Unis, Environmental Protection Agency (EPA), six domaines seront
affectés par les impacts du changement climatique : la santé,
l’agriculture, les forêts, l’eau, les zones côtières, les espèces et les
réserves naturelles.
Ces impacts auront des conséquences spécifiques sur les communautés et
régions pauvres et, en particulier, sur la vie des femmes. Les femmes pauvres
en milieu rural ainsi que les femmes des peuples autochtones, très dépendantes
des ressources naturelles pour leur survie, se trouvent menacées par le
changement climatique. Dans certaines régions, comme en Afrique sub-saharienne
ou en Asie, les femmes sont généralement responsables de la production des
aliments pour subsister. Avec les changements climatiques, les sources
d’alimentation traditionnelles deviennent plus imprévisibles et rares, rendant
les femmes plus vulnérables concernant la perte de leurs récoltes, souvent
leur unique source d´alimentation et de revenus. Les femmes, dans beaucoup de
zones rurales et dans de nombreuses communautés sont responsables de
l´approvisionnement en eau et en bois, de la culture des légumes et de
l´élevage de petits animaux. Quand les barrages débordent ou s´assèchent, elles
doivent marcher des heures pour obtenir de l´eau. Dans les villes, après les
inondations, généralement, ce sont les femmes qui doivent abandonner leur
travail pour supporter les conditions de vie précaires des refuges improvisés.
Parmi les facteurs influençant une plus grande vulnérabilité des femmes face
aux catastrophes naturelles, se trouve le manque de moyens et de biens pour
assurer leur propre sécurité en cas d´inondation, de tremblement de terre ou de
tempête. Une autre conséquence du changement climatique, qui touche directement
la vie des femmes, est l'augmentation de la violence sexuelle et domestique
après une catastrophe écologique. Le modèle de production et de reproduction
que les femmes revendiquent ne s'appuie pas sur l´exploitation des
personnes mais est fondé sur le
bien-être d´une majorité.
Le marché néolibéral a déjà présenté sa stratégie concernant le changement
climatique suivant trois lignes. La première consiste à nier le caractère
décisif de l’action humaine sur les changements climatiques et ses
conséquences, dispensant ainsi les entreprises de répondre de leurs actions
destructives. La seconde concerne le développement des “technologies propres”
qui substituent les combustibles fossiles, qui dépendent d´institutions
internationales comme la Banque mondiale et qui sont appelées à devenir une
nouvelle source d´accumulation de ressources. Un bon exemple est le
développement des biocarburants qui sont renouvelables, s’appuyant sur un
système où les travailleurs sont hautement exploités. Et, pour générer ces
grandes monocultures, les plantations locales sont détruites, entraînant, entre
autres dévastations, une aggravation du manque d´eau et la désertification des
zones de production. Autrement dit, la production de biocarburants représente
une menace réelle pour les populations locales, elle engendre des bénéfices se
chiffrant en millions pour les grandes entreprises et, qui plus est, elle vend une
fausse image de responsabilité écologique.
La
privatisation de l’atmosphère, à travers le marché des crédits de carbone, est
la troisième réponse que le marché néolibéral propose pour résoudre le problème
du réchauffement global. Cela se produit de deux manières. La première est la
négociation entre les émissions des compagnies. Selon le protocole de Kyoto,
chaque compagnie peut émettre une certaine quantité de CO2. Avec la vente des
émissions, celles qui émettent moins que la quantité permise vendent ce qui
leur reste à celles qui contaminent davantage. Ce mécanisme transforme
l’émission de CO2 en un marché lucratif. La grande perdante, dans ce système,
est la planète parce qu’il n’y a pas de réduction réelle des émissions. Le
deuxième type de commercialisation de carbone consiste à vendre des crédits.
Les crédits de carbone ont été créés en
1997, à travers l’établissement d´une limite totale des émissions annuelles, et en permettant que le marché leur assigne une valeur monétaire par
le biais du commerce. Les crédits peuvent être échangés entre les entreprises
ou achetés et vendus sur les marchés internationaux au prix du marché. Ces
crédits de marché peuvent être obtenus à travers l’utilisation de “technologies
propres”, par le biais de l’utilisation de biocarburants et du reboisement.
Rien ne prouve que la vente de crédits de carbone sera efficace pour arrêter le
réchauffement global. Au contraire, la majorité des projets approuvés sont ceux
qui encouragent la plantation d'eucalyptus. Or, a monoculture d'eucalyptus à
grande échelle transforme les paysages en “déserts verts” parce que les arbres
ont besoin d’une grande quantité d’eau pour se développer. De plus, cette
culture compromet le sol, réduit la possibilité de croissance de la végétation
qui sert d’alimentation pour les animaux, détruit l’agriculture de subsistance
des communautés et augmente la concentration de la propriété de la terre.
Pour toutes ces raisons, nous voulons débattre sur la question du
réchauffement global . Nous souhaitons la durabilité de la vie humaine et non
que le marché devienne le centre de l´organisation économique et politique.
Nous luttons pour que la relation entre les êtres humains et la nature soit
responsable et garantisse la souveraineté alimentaire et économique. Nous
travaillons pour une société sans oppression où la responsabilité de production
et reproduction de la vie est partagée entre les femmes et les hommes. Nous
militons pour que les femmes et les hommes puissent vivre dans la dignité, dans
un monde où la liberté et l´autonomie des femmes sont toujours présentes !
Texte
inspiré du document “Why Gender is Important in Addressing Climate Change"
de Jing Ynares, membre du Comité international, disponible uniquement en
anglais à partir du lien suivant :
http://www.marchemondialedesfemmes.org/themes/biencommun/genderandclimate/en“
et dans la publication “Changements de
climat et injustice environementale – un appel des femmes à la résistance”
élaboré par le SOF et disponible uniquement en portugais à travers le
lien :
http://www.sof.org.br/arquivos/pdf/mudancas_climaticas.pdf
6) VIIe Rencontre
hémisphérique de lutte contre les TLE : un espace pour le débat et la
réaffirmation de l´importance de l´unité et du renforcement des luttes au
niveau régional
En Amérique
latine, la réaffirmation de la résistance au modèle néolibéral demeure nécessaire
dans une période où les tentatives de contrôle des peuples et territoires se
multiplient : traités de libre-échange, accords d´association avec l´UE,
croissance de la militarisation sous le couvert de sécurité, associés à la
constante offensive du marché pour contrôler nos vies, avec un pouvoir toujours
en hausse des transnationales. En même temps, et spécialement dans ce
continent, on observe l´émergence d´alternatives d´intégration régionale
pouvant contribuer à transformer les relations de production établies depuis le
colonialisme qui ont rendu les peuples latino-américains dépendants et soumis.
Nous appuyant sur les expériences des femmes engagées dans la lutte
contre le libre-échange, nous réaffirmons que le capitalisme (ou le
néolibéralisme) se structure et se reproduit à partir de l´oppression des
femmes, en combinant division sexuelle et internationale du travail, en
ignorant la masse de travail lié aux soins des personnes dont les femmes sont
traditionnellement responsables, en augmentant la violence contre les femmes et
en les empêchant d´être autonomes et d´être en pleine possession de leurs corps
et de leurs vies. C´est pourquoi nous défendons, dans le débat sur les
alternatives, l´incorporation de la perspective féministe par l´ensemble des mouvements,
dans leur vision ou stratégie, pas seulement de manière superficielle, comme un
thème supplémentaire, mais aussi dans la structure profonde, collaborant aux
changements nécessaires au modèle.
Dans ce contexte, la Marche Mondiale des Femmes a eu un rôle important lors
de la VIIe Rencontre hémisphérique de lutte contre les TLE qui s´est
réalisée entre les 7 et 12 avril à La Havane à Cuba. Dans le cadre de la
Rencontre, se sont réalisées des réunions de réseaux et campagnes qui agissent
dans la région.
La Marche Mondiale des Femmes a non seulement participé à plusieurs
conférences et débats, mais a aussi organisé un atelier, en association avec le
REMTE (Réseau latino-américain de femmes transformant l´économie) et la FEDIM –
regionale (Fédération démocratique internationale des femmes d´Amérique latine
et des Caraïbes). Cet atelier a réuni 58 femmes de 14 pays, y compris de
nombreuses militantes engagées dans la Marche à Cuba.
À cette occasion, a été analysée la réalité des femmes de la région autour
de thèmes tels que la violence contre les femmes dans le contexte de
militarisation et criminalisation de la protestation, les attaques au droit à
l´avortement, l´excès de travail pour les femmes et les discriminations dans le
travail, mais aussi la participation des femmes aux luttes dans le continent à
partir du témoignage de nombreuses participantes. Par ailleurs, ont été
également étudiés les mécanismes d´intégration régionale comme cadre de
référence pour la proposition de politiques publiques destinées à lutter contre
les inégalités de genre.
Pour conclure, la Rencontre a lancé un appel lors d´une déclaration finale
pour que les mouvements sociaux renouent le pacte d´unité et revitalisent la
coordination de leurs luttes à l´échelle continentale. De même qu´ont été
condamnées les actions de militarisation du continent qui provoquent des
conflits dans la région, la suppression des libertés démocratiques, et les
politiques réactionnaires contre les pleins droits des femmes.
Pour accéder à la couverture de la Rencontre cliquez sur : http://movimientos.org ( site du Minga)
7) La première Rencontre de
la Coordination Européenne de 2008 réunit des militantes de la MMF de dix pays
Parmi les cinq régions où la Marche est organisée, l’Europe est la seule à
parvenir à réunir régulièrement sa Coordination régionale. Environ tous les six
ou huit mois, les représentantes des Coordinations nationales (CN) et quelques
groupes de pays sans CN se réunissent pour partager et évaluer les nouvelles
nationales, les thèmes pertinents pour la MMF, et planifier des actions et
campagnes.
La dernière
rencontre en date de la Coordination européenne s´est réalisée à Genève, en
Suisse, début avril, réunissant environ 45 militantes des CN d´Albanie, de
Belgique, de Catalogne, de France, de Galice, de Grèce, d´Italie, de Macédoine,
du Portugal et de Suisse. Elle a également accueilli des jeunes femmes de
Grèce, d´Italie et du Portugal, une membre du SI et une observatrice de
l´Initiative féministe européenne (EFI en anglais). Les militantes du Pays
basque, de Chypre et de Turquie ont été invitées mais n´ont pu participer. Le
programme, qui s'est tenu sur deux jours et demi, a abordé les questions
suivantes : l'intensification de l'offensive de la Droite contre
l'autonomie des femmes et le droit à l'avortement ; les menaces sur la sécurité
sociale (augmentation de l´âge de la retraite pour les femmes, etc.) ;
l'augmentation de la violence contre les jeunes femmes et adolescentes… Au
niveau régional, deux lignes d´action se sont détachées : 1. la promotion
d´une plus grande participation des femmes de l´Europe du Nord et de l´Est dans
la dynamique de la Marche ; 2. l´amélioration de la communication entre
les pays, de manière multilingue, à travers l´augmentation de l´utilisation des
blogs et des bulletins régionaux.
Durant cette rencontre, les participantes européennes ont non seulement
discuté les défis, échangé autour de leurs activités et mobilisations et évalué
ces dernières mais ont également pris une série de décisions concernant les principaux thèmes de l´agenda :
-
Continuer la
campagne du brassard et la rédaction du texte “Violences contre les femmes”;
-
Débattre sur
le thème de la violence contre les femmes lors de la prochaine Rencontre de la
Coordination européenne;
-
Écrire dans
chaque CN un texte court décrivant sa situation locale qui servira de base à un
texte plus ample d´appel à l´action pour la Mobilisation européenne du
printemps 2009 à Rome pour l´autonomie des femmes, l´autodétermination, le
droit à l´avortement, etc. ( à organiser avec les autres groupes féministes
s´ils sont d´accord);
-
Garantir la
présence de la délégation de la MMF au prochain Forum Social Européen en Suède,
en septembre 2008 : inviter les CN européennes à contribuer aux fraix des
billets d´avion des déléguées, écrire un texte sur l´avortement et un texte de
présentation de la MMF concluant sur un appel à l´Action planétaire de 2010,
collaborer aux séminaires de EFI sur les “diverses formes de violence” et “l’État
non religieux”…
Concernant la question sensible de la prostitution, un débat bien documenté
a eu lieu. Il s´est réalisé de manière pondérée, sans agressivité, donnant
ainsi la possibilité aux participantes de la rencontre de discuter des
différents points de vue sur le spectre abolitionniste – réglementariste. Les
participantes étaient divisées concernant leurs idées. De ce fait, une position
commune n´a pas été adoptée. Cependant, on a souligné la nécessité d´une
discussion plus poussée développée aux niveaux national, régional et
international pour que la MMF parvienne à élaborer une position publique
commune.
La prochaine opportunité pour les représentantes des CN de la MMF de se
réunir sera la Rencontre internationale de Galice. Un jour entier a été réservé
aux réunions des régions, afin que chacune d´entre elles puisse planifier ses
activités de 2009-2010 (rencontres régionales, expansion, actions, collecte de
fonds, etc.) et son action globale de
2010. La prochaine Rencontre de la Coordination Européenne qui se réalisera aux
alentours de février/mars 2009, sera organisée par la CN de Catalogne à
Barcelone.
8) Sommet des peuples – IIIe
« Enlazando alternativas »
Le Sommet des peuples, « Enlazando alternativas
III » (EA3) s’est réalisé à Lima au Pérou entre les 13 et 16 mai. À cette
occasion, le Tribunal permanent des peuples a tenu audience et condamné les
multinationales européennes pour violation des droits dans les pays
latino-américains, concernant notamment le droit du travail, ou encore la
destruction de l´environnement, ou même la dette sociale envers les
peuples.
Le mouvement des femmes du Pérou a coordonné le Chapiteau
des Femmes, un espace permanent où se sont déroulés plusieurs conférences et
ateliers. La Marche Mondiale des Femmes, le REMTE et les femmes de Via
campesina, de ALAI, et de la section des genres de Jubileo Sur ont organisé des
ateliers dans ce Chapiteau et aussi dans l´espace des activités autogérées du
Sommet.
L’atelier « Les femmes disent non à la tyrannie du libre-échange :
critique féministe aux accords d’association économique entre l’UE et
l’Amérique latine et les Caraïbes » a présenté les conséquences des
accords de l’UE avec le Chili et de l’UE avec le Mexique, en plus d´un panorama
général sur la politique néolibérale développée à l’intérieur de l’Union
européenne. Les femmes ont déclaré qu´elles continueront à résister au modèle
néolibéral, dans la mesure où ces accords renforcent les inégalités et
augmentent le pouvoir des multinationales. Dans ce cadre, elles ont insisté sur
le rôle phare des femmes et appelé au refus inconditionnel de ces accords à
travers la lutte et la mobilisation, sans tomber dans le piège de la
négociation de clauses supposées réduire les impacts sur les femmes.
« Le Féminisme dans la construction
d´alternatives », atelier réalisé sous le Chapiteau des femmes, a eu comme
point focal les processus de construction d’alternatives en Amérique latine.
Les participantes ont proposé que l’Intégration à partir des peuples et pour
ceux-ci soit source d’égalité entre les hommes et les femmes. Dans cette
optique, le rétablissement du sens public de l´État, la place centrale du
travail dans l´économie avec un équilibre entre production et reproduction, et
la reconnaissance de la contribution des femmes à l´économie constituent des
priorités. Dans le même espace a également été réalisé le Forum « Femme,
droits du travail et commerce : revendications des travailleuses et
travailleurs dans le secteur agroexportateur et de la confection pour un commerce
équitable », avec les organisations péruviennes. Dans ce forum, ont été
présentés des analyses de l´association entre division sexuelle et
internationale du travail, des témoignages d´expériences de travailleuses et
des plates-formes de luttes dans plusieurs secteurs.
Enfin, l’atelier
« Voici venu le temps de la souveraineté alimentaire » en alliance
avec Via Campesina, Amis de la terre y Cono sur sustentable a permis
d’actualiser les débats suscités depuis le Forum de Nyélény.
Le Sommet des peuples s’est refermé sur une grande mobilisation où les
femmes ont eu une présense remarquée, notamment avec la batucada féministe qui a mélangé les rythmes des Péruviennes,
Brésiliennes et Guatémaltèques. En outre, les femmes ont lancé des mots d´ordre
contre le néolibéralisme, contre le machisme et pour l´autonomie des femmes.
9) La Courtepointe de la MMF est accueillie dans la région
des Grands lacs d´Afrique dans l´allégresse et l´espérance
La région des Grands lacs en Afrique avait contribué à l´élaboration des
carrés qui composent la couverture en patchwork de la Marche Mondiale des
Femmes (composée de pièces de 54 pays et territoires) mais n´avait pu la
recevoir lors des Actions mondiales de 2005. C’est maintenant chose faite,
grâce à l´aide de Edwina Smith, une militante de la MMF sud-africaine de
« The New Women’s Movement » qui, début mars de cette année, a eu la
responsabilité de transporter la courtepointe de Cape Town jusqu’à Bujumbura,
capitale du Burundi, dans le cadre de la semaine consacrée à la Journée
internationale des femmes organisée par la COCAFEM/GL (la
Concertation des collectifs des associations oeuvrant pour la promotion de la
femme dans la région des Grands lacs) et la MMF.
Dans le cadre de cette semaine spéciale, le 4 mars, une marche à travers
les rues de Bujumbura a été organisée. Des femmes du Burundi, du Rwanda et de
la République démocratique du Congo ont participé à l’événement malgré les
restrictions aux frontières imposées par ce dernier pays lors des tentatives de
passage vers le Burundi. On a pu remarquer une forte présence militaire
ceinturant la marche des femmes. La
Courtepointe a été présentée aux femmes et elles ont ressenti un très grand
besoin de la toucher de leurs propres mains. Ce moment a été très émouvant et a
donné aux femmes présentes une lueur d´espérance, la sensation qu´elles
n´avaient pas été oubliées. Cet instant a représenté un symbole fort de
solidarité avec des femmes d'autres pays, les connectant avec les femmes du
reste du monde : un petit morceau de 54 pays parvenu jusqu’à elles... La
couverture de la MMF a été clairement perçue par beaucoup de femmes comme la
« Courtepointe de la solidarité ».
Pendant la marche, les femmes ont chanté doucement alors qu’elles
traversaient des rues détruites par les bombes et les conflits armés. Les
hommes ont continué à les observer, toujours avec leurs rifles. La plus triste
évidence de la guerre est cette marque assez répandu parmi la population, en
particulier chez les femmes et les enfants : la mutilation en raison des armes
à feu ou des mines antipersonnelles. Les femmes scandaient des mots de paix et
de sécurité pour la région des Grands lacs. Les rues étaient humides et
boueuses, ne pertubant cependant pas la détermination des participantes. Dans
les rues, des centaines de personnes se pressaient pendant que les femmes
s´acheminaient lentement vers le point d´arrivée de leur manifestation, un
édifice public connu comme « la Pierre blanche » où la Courtepointe a
été accrochée et des discours ont été prononcés.
La présidente du CAFOB (Collectif des
associations et ONG féminines du BURUNDI) et celle de la COCAFEM/GL ont
souhaité une chaleureuse bienvenue à toutes et ont rappelé à leur auditoire les
cinq valeurs qui régissent la Charte Mondiale des Femmes pour l'humanité :
paix, égalité, liberté, justice et solidarité. La ministre des Droits humains
et du genre, Josée Kusinka (pendant longtemps militante de la MMF pour la
région) et Edwina Smith d´Afrique du Sud se sont également exprimées. Edwina a
évoqué la joie qu´elle a ressentie en apportant la Courtepointe jusqu'à la
région des Grands lacs et a encouragé les femmes à continuer leur lutte pour
leur émancipation. Elle a raconté des expériences d´organisation et de
mobilisation en Afrique du Sud, la manière dont celles-ci ont pu aboutir à des
changements concernant la violence contre les femmes et les enfants, ainsi que
les droits et responsabilités des femmes dans les communautés. Elle a également
insisté sur l´importance du renforcement de la mobilisation des jeunes femmes
pour qu´elles continuent la lutte. Pour clore les discours, Concilie Gahungere,
coordinatrice du CAFOB, a appelé les femmes du Burundi et de la région des
Grands lacs et du monde à toujours se souvenir de ces cinq valeurs dans la
recherche et la lutte pour un monde meilleur. La journée s´est refermée vers
deux heures de l’après-midi dans un climat d´allégresse suscité par les danses
traditionnelles du Burundi.
Le jour suivant, Edwina a rencontré les femmes de la République
Démocratique du Congo qui n´avaient pu accéder à la marche ni voir la
Courtepointe. Elle a également rencontré l´ambassadeur de l´Afrique du Sud à
Bujumbura afin de solliciter l´aide de l´Ambassade pour que les femmes de la
COCAFEM/GL aient un bureau dans un édifice sûr. Elle a également communiqué les
problèmes auxquels les femmes sont confrontées, spécialement avec les
militaires (qui peuvent confisquer les meubles et ordinateurs à tout moment et
dans n’importe quel bureau, sans avis préalable). Edwina a été accueillie favorablement
et on lui a signalé que les demandes d´assistance seraient considérées, selon
sa requête. Elle s´est engagée à suivre cette question depuis Cape Town.
“Les femmes ont une tâche énorme mais elles continuent à travailler,
infatigables, grâce à l’appui mutuel. Ces femmes sont courageuses... Elles
m'ont inspirée énormément et je me souviendrai toujours des femmes de
Bujumbura » (Edwina Smith, compte-rendu de sa visite)
10) La réunion d´Abuja
approfondit le débat autour du futur du Forum Social Mondial
Entre les 31 mars et 3 avril, s’est tenue la 17e réunion du
Conseil international du Forum Social Mondial (CI-FSM) à Abuja, au Nigeria. L´agenda de la réunion a été
principalement consacré au débat sur les stratégies du FSM, c’est-à-dire, la
réalisation d´un bilan du processus du FSM après 8 ans d´existence. À cette
occasion, ont été discutées plusieurs questions, comme le sens du FSM pour
l’ensemble des organisations et mouvements qui luttent contre le
néolibéralisme, les conquêtes et difficultés de l’événement, une analyse de la
conjoncture internationale et des possibilités et défis pour le futur.
La commission Stratégie du CI-FSM
a synthétisé plus de 80 contributions pour la discussion constituées d´analyses
sur la conjoncture et la situation mondiale des mouvements sociaux, sur le rôle
du FSM et les propositions pour le futur.
Malgré le fait qu´il s’agisse
d´un premier moment de réflexion collective sur les orientations futures du
processus du FSM, il a été possible de parvenir à quelques consensus dans le
débat. Par exemple, concernant la fréquence du FSM, il a été établi qu´il
aurait lieu tous les deux ans ou plus après le FSM de 2009. De même, on a
identifié le besoin pour le CI-FSM d´adopter un ensemble de lignes directrices
servant à l’organisation d´un FSM et
l´importance de la Journée de mobilisation et d´action globale pour le
processus du FSM. Vous pouvez accéder à l’intégralité du document avec les
résultats de la discussion à Abuja ainsi qu'aux contributions pour le débat sur
la page du site du FSM consacrée au débat sur les stratégies :
Français:
http://www.forumsocialmundial.org.br/dinamic.php?pagina=strategy_debate_FR
Anglais:
http://www.forumsocialmundial.org.br/dinamic.php?pagina=strategy_debate_EN
Portugais
http://www.forumsocialmundial.org.br/dinamic.php?pagina=strategy_debate_PT
Espagnol:
http://www.forumsocialmundial.org.br/dinamic.php?pagina=strategy_debate_ES
La contribution de
la Marche
La Marche Mondiale des Femmes a été présente
à la réunion d´Abuja grâce à la participation de Wilhelmina Trout d´Afrique du
Sud, qui, depuis octobre 2007, nous représente dans le CI/FSM et participe au
Groupe de liaison du CI-FSM. Dans cette tâche, elle reçoit l´appui d´autres
militantes de la Marche qui accompagnent le processus du FSM international ou
dans leurs régions.
Pour le débat sur les stratégies, la Marche a
préparé un document “Where Change Is Needed - The
World March of Women and the debate about WSF’s future – February 2008” qui
résume une série de réflexions et suggestions qui émergent du débat interne sur
le FSM (voir cadre ci-dessus).
La Marche mondiale des femmes et le Forum Social Mondial
Dans le texte préparé pour le débat sur les
stratégies, la Marche remarque qu’une des principales contributions du FSM a
été de changer l’environnement où sont réalisés les actions et débats
politiques. À l’ère de l´hégémonie néolibérale, le FSM a facilité un
rapprochement entre des mouvements totalement différentes, allant de ceux qui
ont incorporé leur discours et manière d’agir dans des limites
institutionnelles (normes, politiques publiques, accords internationaux)
jusqu’à ceux qui ont radicalisé leurs actions.
La
MMF souligne qu’elle participe au FSM depuis ses débuts car elle croit qu´il
constitue « un espace privilégié pour mener à bien notre projet de changer
le monde et pour établir des alliances avec d´autres mouvements sociaux pour
atteindre ce but ». La Marche agit dans cet espace pour que l´ensemble des
mouvements sociaux (aujourd´hui principalement – mais pas exclusivement –
symbolisés par le FSM) place, dans leur analyse, le patriarcat au centre du
questionnement lié au néolibéralisme età l'impérialisme.
C’est avec cette idée en tête que la MMF a
été présente à toutes les éditions du FSM et dans beaucoup de Forums régionaux
et nationaux, par le biais des ses coordinations nationales et de son
Secrétariat international, en organisant des tables rondes, des séminaires,
actions ou Assemblées de femmes autour de thèmes variés. La MMF a joué un rôle
actif dans les camps de la jeunesse et dans la création et la continuation de
l´Assemblée des mouvements sociaux.
Notre présence au FSM a rendu visible la
lutte et la résistance des femmes et permis de créer des alliances politiques
et stratégiques avec certains mouvements sociaux qui vont bien au-delà du FSM.
Cependant, les conquêtes sont encore
insuffisantes pour dépasser le sexisme évident présent au FSM. « Nous
devons agir pour empêcher que l´analyse féministe ne soit restreinte aux
domaines conventionnels comme la santé, les droits reproductifs, la
participation politique, et faire en sorte qu´elle gagne aussi les noyaux durs
des débats sur les alternatives, comme l’économie, la guerre et la violence,
pour que notre point de vue ne soit ni périphérique ni isolé. Nous devons
également agir pour créer des conditions pour que les femmes se sentent en
sécurité durant le Forum, et particulièrement pour que les jeunes femmes puissent
camper sans craindre la violence ou les agressions. Notre défi est de
construire un FSM comme un territoire libre de sexisme, où l’on puisse
expérimenter l´autonomie, les relations égalitaires et la confiance ».
Le principal défi pour le FSM, selon la
Marche, est de développer la capacité de renforcer la résistance au modèle
néolibéral et de consolider le FSM comme un processus favorisant la synergie
entre les agendas politiques et les diverses cultures qui l´organisent, pour
construire et propulser une plate-forme de luttes.
Plusieurs des suggestions faites par la
Marche sont déjà intégrées dans la proposition de principes pour l´organisation
du FSM, document qui, suite à Abuja, apparaît comme un point à être travaillé.
« Nous continuons à dire que, pour changer la vie des femmes, le monde a
besoin de changer ; mais aussi que, pour changer le monde, la vie des
femmes a besoin de changer. Tout doit changer en même temps et maintenant ! »
Accédez
à l´intégralité de la contribution de la MMF au débat stratégique sur :
Veja a íntegra da contribuição da MMM ao debate estratégico
em:
http://www.forumsocialmundial.org.br/noticias_textos.php?cd_news=471
Journée de mobilisation
et d´action mondiale, FSM 2009 et expansion du Forum
Le Conseil international a évalué très
positivement la Journée de mobilisation mondiale qui a eu lieu le 26 janvier
dernier. On a relevé près de 1000 activités réalisées dans au moins 80 pays. La
MMF s´est engagée activement dans cette
mobilisation et a organisé des actions avec d´autres mouvements dans au moins
10 pays (voir édition de février 2008 du Bulletin).
Lors de la rencontre d´Abuja, il a été décidé
que cette journée serait réalisée toutes les années où il n´y aura pas
d´événement centralisé du FSM, dans la mesure où elle peut aider à l´expansion
du processus du FSM au monde entier, intégrant de nouveaux participants,
régions et questions..
En plus de la date de réalisation du FSM (du 27
janvier au 1er février
2009), on a également décidé de la structure générale du FSM 2009 qui se
concentrera sur la construction d´alliances, le renforcement des propositions
d´action et la formulation d´alternatives, principalement pour la région Pan-Amazonique.
La MMF de Belém est également engagée dans la préparation de ce forum qui a été
un des thèmes de discussion de la réunion du CI de la Marche, à São Paulo. Après Abuja, un vaste
processus de consultation a été lancé sur les objectifs généraux du FSM 2009.
Visitez le site www.fsm2009amazonia.org.br pour répondre à la consultation (jusqu´au 6 juin).
L’autre thème qui a émergé,
avec l´expérience de la Journée de mobilisation et d´action mondiale, est celui
de l´expansion du processus du FSM et du CI vers d´autres régions où le FSM est
encore fragile ou insignifiant. Pour cela, des sous-groupes de travail ont été
créés pour penser à des possibilités d´approfondissement du processus
d´expansion en Asie, en Russie et dans les pays arabes. L’Afrique, le Mexique
et les États-Unis sont également d´autres régions où le processus du FSM doit
être suivi.
Pour avoir des infomations plus détaillées,
voir le compte-rendu complet de la réunion du CI-FSM sur le site du
FSM : www.forumsocialmundial.org.br (mettre le lien en entier)
11)
Calendrier
des événements
Du 26 au 28 juin – Congrès féministe 2008 (UMAR + Comité organisateur),
Lisbonne, Portugal.
Du 28 juin au 5 juillet – Assemblée des peuples des Caraïbes, La Havane,
Cuba.
Du 4 au 6 juillet – Week-end de formation féministe du CADTM :
« Pas de développement sans émancipation des femmes », Bruxelles,
Belgique.
Du 14 au 16 juillet – Forum mésoaméricain des peuples, Minagua, Nicaragua.
Du 11 au 13 septembre – IIIe
Forum social des migrations, Madrid, Espagne.
Du 17 au 21 septembre – Forum social européen, Malmö, Suède.
En septembre – Réunion du Comité international du FSM (lieu et date à
confirmer)
12) Prochain
numéro
- Les préparations pour la VII Rencontre international de la MMF
continuent...
- IV Assemblée
des peuples des Caraïbes
- Congrès féministe 2008 de UMAR + Formation féministe de CADTM
-
Nouvelles du processus Fórum social mondial
Contacts
Comité
international de la MMF :
Miriam Nobre
(Secrétariat International), Nana Aicha Cissé et Wilhelmina Trout
(Afrique), Ynares Caridad et Saleha
Athar (Asie), Farida el Nakash (Moyen Orient), Rosa Guillén et Gladys Alfaro
(Amériques), Celina dos Santos et Nadia de Mond (Europe).
Secrétariat
International de la MMF :
Rua Ministro
Costa e Silva, nº 36,
Pinheiros
São Paulo
05417-080
SP
Brésil
Tel. : +55 11
3032-3243 / Fax : +55 11
3032-3239
E-mail :
info@marchemondiale.org
Site : www.marchemondialedesfemmes.org
Equipe IS et
volontaire:
Alessandra
Ceregatti, Célia Alldridge, Maria Curione, Miriam Nobre, Nathalia Capellini et
Clarisse Moreira Aló
Elaborations de
textes :
Alessandra
Ceregatti, Célia Alldridge, Miriam Nobre, Nathalia Capellini et Tica Moreno
Traduction :
Anne Kepple,
Catherine Degoulet, Maitê Llanos
Fichiers : Archives de la
Marche Mondiale des Femmes
Mise en page : Luciana Nobre
Appuis : NOVIB, Le Fonds
Mondiale pour les Femmes, Fonds pour Non-violence, Oxfam GB Amérique du Sud,
Développement et Paix, E-CHANGER.
São Paulo, juin 2008
Last modified 2008-08-01 06:55 PM
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