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Bulletin de liaison - Février 2001

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Bulletin de liaison, Février 2001
Volume 4, Numéro 1


  • Pas à Pas
  • Le 17 octobre, les femmes marchaient partout dans le monde
  • Interpeller les décideurs politiques et économiques : Mission accomplie….mais ?
  • Bâtir une culture de la paix
  • Washington et New York : Pari tenu
  • Des millions d'appuis
  • La Marche mondiale en chiffres
  • Capire mosamam capire, une chanson belle et rassembleuse
  • Des journaux du monde entier
  • Des revendications mondiales aux nationales… ou l'unité dans la démarche
  • À noter…


  • Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Pas à Pas

    Nous l'avons réalisé ce rêve de donner au mouvement des femmes l'occasion de se manifester, de se faire entendre dans des sphères où il navigue rarement. Nous avons réussi, en l'an 2000, à faire résonner nos pas et nos voix comme il a été peu donné au mouvement des femmes de le faire. Pour y arriver, une recette toute simple, déjà éprouvée, qui consiste à créer une occasion pour que les femmes puissent se parler, se raconter, trouver le fil conducteur et agir ensemble. C'est une démarche que chacune d'entre nous a faite au cours des dernières années. Avec la Marche mondiale des femmes, nous venons d'élargir notre réseau d'influence les unes envers les autres mais aussi vis-à-vis les décideurs le plus près de chez nous ou ceux bien à l'abri de nos regards dans des institutions comme l'ONU, la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international.

    Voilà en effet quelle était notre ultime raison de marcher : accroître l'impact de l'analyse que nous portons. Cette analyse qui nous mène à vouloir redéfinir les règles politiques, sociales, et économiques qui nous gèrent. Le féminisme est une pensée, un projet de société, une alternative, une autre façon de voir le monde. Le féminisme déborde des simples constats d'inégalités et dépasse le besoin d'accès au pouvoir. Défaire les systèmes qui perpétuent la peur de la différence, entretiennent la haine de la différence et justifient la violence ; dénoncer les systèmes qui engendrent l'exclusion et accroissent la domination, voilà ce qui nous anime.

    Nous voulons inscrire le féminisme dans la progression vers une société de justice, d'égalité et de paix. Avec le mouvement de contestation occasionné par la mondialisation, nous voilà bien situées pour redire haut et fort l'importance de cette analyse. Il y a en ce moment une petite fenêtre par laquelle nous devons nous insérer. Nous avons la possibilité, comme mouvement, de prendre une place dans cette mouvance et de créer des ponts pour redire comme d'autres avant nous que le capitalisme et le patriarcat vont de pair lorsqu'il s'agit de générer l'exclusion. Si nous voulons contrer la mondialisation, il faut parler de ces deux systèmes d'exploitation tout comme nous devons parler du racisme puisque la mondialisation n'est qu'un vecteur de plus pour produire des inégalités.

    Parmi les suivis auxquels nous nous attardons, il y a donc ces liens avec les groupes travaillant à briser cette montée de la droite qu'elle soit personnalisée par la pensée économique unique ou les règles de contrôle social accrues.

    En réalisant cette action mondiale, nous avons aussi appris à mieux nous connaître, nous apprivoiser. Plusieurs femmes ont dit avoir été frappées par le niveau de solidarité ressenti à New York. Une autre a affirmé lors de notre rencontre bilan préliminaire à New York, le 18 octobre, que c'était la première fois qu'elle ne ressentait vraiment aucune différence entre les femmes du Sud et du Nord. La Marche mondiale des femmes a été un moment de solidarité important. Nous avons maintenant la tâche ardue d'entretenir cette solidarité tout en continuant à parler de nos différences, à partager et à approfondir nos analyses de la pauvreté et de la violence faite aux femmes, à identifier à qui nous voulons nous adresser pour changer le monde.

    L'originalité de la Marche mondiale des femmes a été de lier la lutte contre la pauvreté et la violence envers les femmes. De le faire dans un contexte où nous n'avions pas à répondre à une demande de consultation ou à nous prononcer dans le cadre d'une conférence organisée par une institution internationale mais bien sur nos propres bases avec des actions définies par nous. C'est d'ailleurs cette notion d'action collective, d'éducation populaire permettant aux femmes de la base de soulever les problèmes et d'identifier des solutions, qui a fait dire aux femmes présentes le 18 octobre que nous nous devons de maintenir ce réseau de solidarité féministe d'action agissant au-delà des frontières, des différences.

    Dans un premier temps nous ferons un bilan exhaustif de la Marche tant sur les plans national que mondial. Une rencontre internationale se tiendra dans les prochains mois afin de jeter les bases des suites de notre travail. Entre temps, nous avons participé à la rencontre de Seattle +1 et au Forum social mondial de Porto Alegre. Nous nous préparons à mobiliser les femmes des Amériques lors du Sommet des Peuples. Bref, nous suivrons de près et serons présentes lors des rendez-vous permettant de démasquer la mondialisation dans ses formes les plus nocives pour les femmes et leurs communautés. De même, nous suivrons de près le travail de l'ONU dans l'application de la plate-forme de Beijing+5. La vigilance est de mise et l'action a pris une nouvelle saveur.

    La Marche mondiale des femmes a marqué l'imaginaire de plusieurs…et permis de nouer, parfois renouer, des solidarités qui font faire de grands pas.

    Diane Matte, Coordonnatrice
    Marche mondiale des femmes

    Françoise David, Présidente
    Fédération des femmes du Québec

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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Le 17 octobre, les femmes marchaient partout dans le monde

    Le 17 octobre 2000, 25 marches nationales ont eu lieu dans le monde, au nom de la Marche mondiale des femmes. Mais c'est dès la mi-septembre, et jusqu'à la mi-novembre que des manifestations se sont succédées. Petit tour d'horizon.

    À partir du 4 septembre, et ce jusqu'au 17 octobre, les femmes de la Nouvelle Calédonie ont organisé plusieurs marches partout sur le territoire afin de faire circuler la parole des femmes contre la pauvreté et la violence faite aux femmes. À Sao Tomé et Principe, le 19 septembre, les femmes ont, en plus d'organiser leur marche nationale, tenu des ateliers autour de la "Convention sur toutes les formes de discrimination chez les femmes".

    Sur des pièces de mousseline, les femmes du Népal, ont dépeint les violences qu'elles vivent. Cette exposition a fait partie de la manifestation organisée le 20 septembre à Katmandou où 250 personnes se sont rendues en provenance de tout le pays. Le 23 septembre, les femmes ont marché au Congo Brazzaville.

    Au Liban, le 24 septembre, les femmes ont convergé de toutes les régions du pays, du sud, du nord, de la Békaa et du Mont Liban, vers Beyrouth où elles ont remis les revendications de la Marche à la Première Dame du pays. Trois mille personnes ont participé à cette marche.

    Le 25 septembre, au Canada, se tenait le dernier rassemblement concluant "la descente du fleuve Fraser pour la justice ", descente réalisée par 16 femmes autochtones, poursuivant ainsi la lutte contre la violence menée par les générations précédentes, les grands-mères et arrière-grand-mères autochtones.

    Le 28 septembre, au Japon, quelque 300 femmes venant des 30 préfectures, se sont retrouvées au centre de Tokyo et ont marché jusqu'à la Diète (Parlement) où elles ont transmis leurs revendications.

    Les Italiennes se sont retrouvées à près de 5 000 le 30 septembre dans les rues de Rome. Sous la pluie, trois générations de femmes ont marché, chanté, dansé. Une telle unité dans l'action ne s'était plus vue depuis longtemps. Cette même journée des centaines de femmes ont marché dans les rues de Ndjaména au Tchad.

    Au Mozambique, Forum Mulher a organisé une rencontre du 2 au 4 octobre portant à la fois sur la plate-forme signée à Beijing et sur les plans régionaux et provinciaux de la Marche. La rencontre s'est terminée par une marche jusqu'à la Place de l'Indépendance, commémorant ainsi le 8ème anniversaire de la signature des Accords de paix. Une proposition de loi en vue de criminaliser la violence domestique a été présentée.

    Au Bénin, des centaines de femmes ont marché, le 4 octobre, à Cotonou. Le 5 octobre plusieurs rencontres simultanées ont eu lieu contre la pauvreté à travers la Roumanie. Les femmes ont marché au Gabon le 7 octobre, tout comme à Lisbonne (Portugal) où elles étaient 7 000. En Australie, un Festival de chanson et danse au féminin s'est traduit par des animations culturelles dans tout le pays. Les chorales de femmes ont été nombreuses !

    Le 8 octobre, le centre historique de Mexico est plein de monde …. Femmes et hommes étaient rassemblés pour écouter la chanteuse malienne Oumou Sangare venue chanter en appui à la Marche mondiale des femmes. Cette même journée les femmes turques se sont également mobilisées, lors d'une marche à Istanbul et un rassemblement public s'est déroulé au district central de Hong Kong.

    Du 8 au 13 octobre, des groupes de femmes ont marché de la frontière belge à Bruxelles pour assister au rassemblement européen. Au Québec, une semaine d'activités et de marches a eu lieu dans chacune des régions.

    En Bolivie, la Plataforma contra la Violencia Hacia la Mujer, instance de coordination de dix institutions et organisations, a poursuivi en septembre et en octobre des ateliers d'éducation populaire sur la pauvreté et la violence faite aux femmes. Le 17 octobre, plus de 1 500 personnes ont participé à la Marche Pan y Rosas à Santa Cruz. Plusieurs pays voisins étaient représentés. La presse a fait bon écho à toutes les activités.

    Le 10 octobre, au Luxembourg, les femmes ont sensibilisé les députés à leurs revendications lors de l'ouverture de la session parlementaire. Au Togo, plus de 500 femmes ont défilé dans les rues de Lomé lors de la marche nationale.

    Des marches se sont également tenues le 6 octobre au Caire, en Égypte, le 7 octobre au Gabon, le 10 octobre au Sénégal, les 10 et 12 octobre en Inde et le 12 octobre à Puerto Rico, le 14 octobre à Séoul, en Corée et au Pérou. Dans la plupart de ces pays, les femmes ont manifesté symboliquement devant les locaux du FMI et de la Banque Mondiale.

    Au Québec (Canada), plus de 30 000 personnes ont marché, le 14 octobre, dans les rues de Montréal, à l'appel de la Fédération des Femmes du Québec. Elles étaient 50 000 le lendemain à Ottawa, la capitale fédérale, en provenance de tout le Canada.

    En Belgique, les Européennes se sont retrouvées à Bruxelles le 14 octobre pour un grand et historique rassemblement continental. Plus de 35 000 personnes ont marché dans les rues avant de se retrouver pour un spectacle culturel au Cinquantenaire. Les marcheuses ont remis à la Commissaire européenne chargée de l'emploi une pétition appelant à répondre aux revendications de la Marche. Le cortège bigarré, bruyant et animé accueillait aussi des délégations de femmes philippines, iraqiennes, congolaises, indonésiennes… De plus, mettant bout à bout aiguilles et laine de couleur, des femmes ont, pour cette journée-là, tricoté une écharpe longue de ….. 5 kilomètres et demi !

    Ce même jour, en Côte d'ivoire, et malgré le contexte de violences internes, une centaine de femmes se sont rassemblées à Korhogo, pour marquer leur solidarité avec les marcheuses du monde entier. Elles ont visionné un film " Femmes péruviennes " ; les conditions de vie étant très proches de celles des femmes dans leur pays. Ensuite, elles ont fait des carrefours, en langues locales, et établi une liste de revendications tournant autour de l'autonomie socio-domestique.

    Le 15 octobre, le bus virtuel qui, au nom du Queensland Domestic Violence Services Network, sillonnait l'Australie par Internet interposé est arrivé à Brisbane.

    Quant au 17 octobre, il a été un point d'orgue pour une multitude de pays.

    Ainsi, aux îles Rodriguez (Maurice), une marche à plusieurs stations stratégiques s'est déroulée dans la capitale, précédée par une tournée en autobus à travers l'île, le 15 octobre. A Saint-Denis de la Réunion, le cortège s'est notamment arrêté à la dalle en hommage aux victimes de la misère, devant le théâtre du Champ Fleuri. Témoignages et manifestations culturelles ont marqué la journée. A Cuba, sur les lieux de travail, les femmes devaient lire l'appel de la Marche. La violence envers les femmes et les enfants a été l'objet de nombreux ateliers et de publications. Les Suédoises ont défilé dans les rues de Gothenburg. Plusieurs activités et actions se sont déroulées aux Philippines. En Colombie, où, depuis le mois de mai, poussent, autour de Medellin, des arbres nommés Marche mondiale des femmes 2000, et où les femmes ont activement participé au processus de Paix, les femmes ont formé une chaîne humaine autour de l'édifice des Nations Unies. Dans l'État de Gujarat, en Inde, les actions se sont concentrées sur les questions de violence. Une enquête révèle que, dans cet État, les problèmes de pauvreté, d'alcoolisme engendrent plus de 17 morts de femmes chaque jour. En Nouvelle Zélande, les femmes ont présenté au Premier ministre des revendications axées sur l'égalité salariale, les effets négatifs des programmes de restructuration économique et la situation des femmes Maori. La coordination s'est investie dans un projet de développement sur la côte Pacifique, " Water to Learn " qui doit aider une école rurale à disposer de l'eau courante.

    Au Brésil, il y a eu des manifestations dans tous les États, particulièrement devant les lieux symbolisant le pouvoir capitaliste (Bourse, bâtiments du FMI, de la Banque Mondiale….). Venus de différents horizons géographiques et sociaux, 5 000 femmes et hommes ont marché à Sao Paolo, 500 à Belo Horizonte, 400 à Campinas, 2000 à Mossoró, etc.

    Tout ceci ne rend pas compte des milliers de petites actions qui se sont déroulées le 17 octobre en soutien à la Marche, depuis les enfants des écoles invités à " faire du bruit " au Québec, les postiers et postières de la Martinique qui ont porté les couleurs de la Marche en livrant le courrier, les Australiennes qui ont organisé des rencontres sur les lieux de travail, dans les écoles, les centres communautaires, etc….

    Enfin, les actions ne sont pas finies. La collecte des signatures continue jusqu'au mois de mars 2001 (voir l'article " Des millions d'appuis "). Plusieurs groupes ont identifié différentes occasions pour mettre l'accent sur la violence faite aux femmes et la pauvreté et pour continuer les activités d'éducation populaire et de signatures. Par exemple, la coordination jordanienne a profité de la Journée de solidarité avec les Palestinien-ne-s, le 29 novembre 2000, pour intensifier sa campagne de signatures et le 24 octobre une marche a été organisée sous la bannière de la Marche mondiale pour souligner le 25 ième anniversaire de la grève des femmes en Islande.

    La liste complète des actions qui nous ont été annoncées pour la période septembre-octobre et, de façon plus large, du 8 mars au 17 octobre, se trouve sur le site web de la Marche Mondiale (page : http://www.marchemondiale.org/fr/actions.html).
    La plupart des actions ont été recensées dans les Bulletins de liaison. Les autres articles de ce Bulletin font également référence à des actions nationales et aux nombreuses activités d'éducation populaire qui se sont déroulées partout dans le monde. Nous n'avons pas eu écho de toutes vos activités et ne pouvons, ici, en rendre compte. Nous savons toutefois que, dans de nombreuses communautés, vous avez agi pour et au nom de la Marche. C'est votre travail continu et de fond qui a permis cette Marche. Merci à toutes !

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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Interpeller les décideurs politiques et économiques :
    Mission accomplie….mais ?

    Un des objectifs de la Marche mondiale des femmes était d'interpeller les décideurs politiques et économiques quant à la situation des femmes. Nous pouvons affirmer que cet objectif a été atteint avec les rencontres de Washington (le 16 octobre 2000) et de New York (le 17 octobre 2000) : il est désormais impossible de faire comme si…le mouvement des femmes n'existait pas ! Comme si toutes les revendications historiques des femmes quant à la pauvreté et aux violences pouvaient être périodiquement remisées sur les tablettes et sorties des boules à mites à chaque cinq ou dix ans au rythme des grandes conférences onusiennes sur les femmes ! Les porte-parole de la Marche mondiale ont rencontré les dirigeant-e-s économiques et politiques dans un face à face qui n'a pas été de tout repos…pour eux !

    Les dirigeants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international…sur la sellette

    Commencée par un appel au " dialogue constructif ", la rencontre avec la Banque mondiale (BM) s'est terminée par un constat de divergences fondamentales entre les déléguées de la Marche mondiale et le président, M. Wolfensohn visiblement " déçu " et " agacé " que nous ne puissions considérer la Banque mondiale comme notre " principale alliée " dans la lutte à la pauvreté des femmes ! Il a sorti les violons sur son engagement personnel et celui de sa femme auprès des pauvres, répété que notre lettre ne tenait pas assez compte de ce que la Banque a fait pour aider les populations les plus démunies de la terre et rappelé combien la Banque pratique la transparence et l'ouverture à la participation des femmes.

    La rencontre avec le Fonds monétaire international (FMI) a débuté quant à elle sur un long monologue " guerrier " de la part de M. Köhler, le directeur général en place depuis six mois à peine mais défendant le néolibéralisme avec la foi d'un néophyte ! Celui-ci en effet n'a pas donné dans le paternalisme mais dans le discours politique musclé affirmant la fin des idéologies (mortes selon lui avec la chute du mur de Berlin et du communisme) et l'importance de l'ouverture des frontières au libre commerce ; il a fustigé la corruption des dirigeants des pays du Sud, cause principale du sous-développement selon lui ; et même si le FMI a fait des erreurs dans le passé, son institution n'a aucune responsabilité dans l'appauvrissement de larges secteurs de l'humanité ! Sic ! Le FMI suit fidèlement les orientations de ses États-membres qui décident de tout. Il ne partage donc pas notre analyse politique…constate l'ampleur de nos désaccords et regrette que nous soyons venues avec des préjugés sur le FMI !

    M. Wolfensohn et M. Köhler ont dû affronter les interventions bien ciblées et articulées de nos porte-parole :

    - de Françoise David sur les fondements capitalistes, néolibéraux et sexistes de leurs politiques récusées par la Marche mondiale des femmes ;
    - de Leonor Concha du Mexique et Marie-Frantz Joachim d'Haïti sur la faiblesse des politiques macro et micro économiques de ces institutions quant à l'analyse différenciée selon les sexes et qui n'ont pas réussi à extraire les femmes de la pauvreté ;
    - de Suzy Rojtman de la France sur les violences faites aux femmes qui, même préexistantes à la mondialisation actuelle, sont aggravées par la globalisation que soutiennent allègrement les dirigeants de la BM ;
    - de Sylvia Estrada Claudio des Philippines sur les effets des programmes d'ajustement structurel sur les femmes, à partir de l'exemple des Philippines ; Myriam Nobre du Brésil a fait de même au FMI à partir de l'exemple brésilien et Young-Hee Shim à partir de celui de la Corée ;
    - de Awa Ouedraogo du Burkina Faso et Judith Odunga de la Tanzanie qui ont démontré les effets catastrophiques de la dette sur les femmes africaines.

    Lors de ces deux rencontres les porte-parole ont présenté les cinq grandes revendications portées par la Marche qui concernaient plus spécifiquement la BM et le FMI : transparence et imputabilité de ces institutions ; intégration de l'analyse différenciée selon les sexes dans leurs politiques et programmes ; augmentation des ressources financières pour les femmes ; annulation de la dette des pays en développement ; fin des programmes d'ajustement structurel et de leurs clones.

    L'ONU…envahie par les 4,7 millions de signatures d'appui aux revendications de la Marche

    La rencontre à l'ONU a été forte en symboles et en émotion. Seule rencontre où l'ensemble du Comité de liaison international et des représentantes des coordinations nationales de la Marche étaient présentes, les 120 représentantes de la Marche ont officiellement remis aux autorités politiques les 4,7 millions de signatures venues des quatre coins du monde.

    Invités par le gouvernement canadien, des diplomates de plus de 50 pays, de même que des représentant-e-s de quelques agences de l'ONU, ont assisté à la rencontre, présidée par Françoise David, et qui a duré près de deux heures. Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, empêché d'assister à la rencontre par la crise du Moyen Orient, avait délégué Louise Fréchette, Vice-Secrétaire Générale pour le représenter.

    Terri Brown du Canada, Tourya Lahrech du Maroc, Shashi Sail de l'Inde, Latifa Ibraimo du Mozambique et Rosa Guillen du Pérou ont présenté en les illustrant l'ensemble des revendications et demandé une loi-cadre contre la pauvreté, l'annulation de la dette des pays les plus pauvres de la planète, la fin des ajustements structurels. Elles ont dénoncé le patriarcat, ses marques d'intolérance et les violences faites aux femmes qui en découlent. Elles ont demandé le respect et la ratification par les États des grandes conventions internationales.

    Madame Fréchette a fait une courte intervention pour féliciter les organisatrices pour leur sens de l'organisation, mais a grandement déçu l'assemblée en indiquant sur un ton catégorique que la mondialisation était là pour rester…

    Des femmes en situation de conflits armés ont ensuite pris la parole suscitant l'émotion de toute la salle à l'évocation de situations intolérables et du courage immense des femmes qui y font face. Quand la représentante afghane, dans un geste symbolique très puissant, a enlevé son voile, toute la salle s'est levée pour l'applaudir longuement.

    Angela King, Conseillère spéciale auprès du Secrétaire Général sur les questions des femmes a reconnu : " La pauvreté a un sexe, et il est féminin ". Elle s'est réjouie de voir émerger " une nouvelle génération de féministes plus vigilantes que les précédentes ". Elle a d'ailleurs rappelé que l'ONU n'est que la somme de ses États membres…sorte d'aveu d'impuissance de l'ONU, renvoyant ainsi les déléguées à leurs propres gouvernements.

    Du pain sur la planche…

    Nous avons interpellé les dirigeants politiques et économiques mais nous n'avons obtenu aucune réponse satisfaisante. Nos revendications demeurent. Il nous reste à poursuivre dans l'action et avec tous les mouvements anti-mondialisation néo-libérale et sexiste le combat pour que les institutions financières internationales (BM et FMI) changent radicalement de cap, pour que l'ONU assume un véritable leadership politique dans l'intérêt des peuples …et des femmes. Il nous reste aussi à trouver des lieux et des moyens pour continuer nos actions pour éliminer les violences faites aux femmes. Bref, encore beaucoup de pain sur la planche !

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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Bâtir une culture de la paix

    " Nous, les femmes venant des quatre coins du monde, sommes ici comme témoins vivantes de milliers de femmes qui souffrent des violences et injustices causées par les conflits armés. "
    Mathilde Kayitesi, Rwanda

    " Seul l'établissement d'une juste paix permettra aux deux peuples en cause, palestinien et israélien, ainsi qu'à tous les peuples du Moyen Orient, de vivre et de prospérer. "
    Mayada Abassi, Palestine

    " Je suis une femme kurde qui vient vous livrer un message provenant de millions de femmes privées de leurs droits humains les plus fondamentaux dans toutes les régions du Kurdistan, et qui résistent et luttent pour instaurer un monde meilleur. "
    Nazand Begikhani, Kurdistan

    " Toute personne qui prétend défendre la justice, la paix, l'égalité et le développement doit apporter son soutien à la lutte mondiale des femmes contre les extrémistes de toutes religions. "
    Fahima Vorgatts, Afghanistan

    " Je parle au nom de toutes ces femmes du monde qui, sans perdre espoir et en faisant preuve d'un engagement indéfectible, s'opposent à la répression et combattent la pauvreté. "
    Erika Papp, République fédérale de Yougoslavie

    " Nous ne voulons plus que nos filles et nos fils veuillent d'une arme pour leurs jeux d'enfants, nous voulons que garçons et filles préfèrent tenir une flûte, une pioche ou un télescope pour donner libre cours à leur imagination et créativité pour rêver d'un monde libre où il leur soit possible d'imaginer et de construire notre propre dimension de coexistence pacifique. "
    Marta Buritica, Colombie

    Voici les paroles prononcées par un groupe de six femmes vivant en zones de conflits, dans une déclaration conjointe1 qu'elles ont faite à l'occasion de la session tenue aux Nations Unies dans le cadre de la Marche mondiale des femmes, le 17 octobre, à New York. Elles venaient des Grands Lacs en Afrique, de la Palestine, du Kurdistan, de l'Afghanistan, de la Yougoslavie et de la Colombie. Chacune a émis des demandes qui avaient trait à son pays ou sa région, mais par le biais de chaque spécificité, une déclaration universelle claire portant sur les liens entre la pauvreté, la violence, la mondialisation de l'économie et l'industrie de la guerre a été prononcée.2 Ces liens ont aussi été mis en lumière lors du spectacle de clôture tenue au Union Square, à New York. À ces deux occasions, ces femmes ont profondément touché la foule et suscité d'énormes applaudissements.

    Des femmes qui travaillent pour la paix. Des femmes qui demandent qu'on les inclut dans toutes les sphères liées à la sécurité des personnes. Des femmes qui exigent une place à la table de négociation. Des femmes qui prennent cette place. Voici les demandes des femmes du monde. Ceci constitue la seule façon de transformer les populations de la planète et de les amener à passer d'un culte de militarisme et de violence à une culture de paix et d'égalité.

    Au cours de l'histoire, des femmes " ennemies " ont traversé des frontières géographiques, culturelles et idéologiques à la recherche de la paix. Un groupe d'Israéliennes du nom de " Nouveau Profil " ont lancé dernièrement ce message : " Laissez les femmes parler ! Nous savons que deux peuples PEUVENT vivre sur cette terre… Ce sont les femmes qui sont intervenues pour mettre fin, au Liban, à une terrible guerre dénudée de sens. Nous les femmes pouvons mettre un terme aussi à ce terrible cycle de violence. Laissez parler les femmes… Nous voulons que chaque personne ait des droits, le droit d'être entendue, de choisir comment vivre sa vie pour évoluer dans la paix et la dignité. "

    L'ébauche d'une reconnaissance d'un tel droit a été exprimée par le Conseil de sécurité de l'ONU (CS) en octobre dernier, lorsque les membres ont voté à l'unanimité la résolution 1325 (2000) en réponse à la demande des femmes. Une coalition3 de cinq organismes, la LIFPL (Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté), International Alert, Amnistie Internationale, Women's Commission for Women Refugees and Girls, le groupe Hague Appeal for Peace et UNIFEM ont élaboré une ébauche de résolution faisant appel à l'adoption de pratiques tenant compte des écarts liés à l'appartenance sexuelle, et ce à tous les niveaux et dans le cadre de toutes les missions de l'ONU. Dans cette résolution, le CS a demandé à tous et toutes les intervenant-e-s participant à la négociation et à la mise en place des accords de paix d'adopter une perspective tenant compte de l'appartenance sexuelle, laquelle inclurait les besoins particuliers des femmes et des filles en processus de rapatriement et de réinstallation, de réhabilitation, de réintégration et en situation de reconstruction post-conflit. Une telle démarche inclurait des consultations auprès de groupes de femmes œuvrant à l'échelle régionale et internationale. Pour les femmes de partout dans le monde, cela constitue une victoire historique. Nous devons maintenant veiller à ce que nos gouvernements respectent et tiennent ces engagements, étant donné que les Nations Unies et le Conseil de sécurité sont aussi forts et aussi progressistes que les nations qui les constituent.


    1. Le texte de cette présentation conjointe est affiché sur le site Web de la Marche mondiale :
      http://www.marchemondiale.org/fr/special-onu-02.html

    2. Ces femmes ont travaillé ensemble pendant plusieurs jours dans un processus collectif pour élaborer cette déclaration conjointe. Bruna Nota, présidente internationale bénévole à temps plein pour la LIFPL (Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté) a généreusement consenti à participer à la coordination du travail effectué par ce groupe.

    3. Pour plus d'information sur le débat public du Conseil de sécurité de l'ONU sur les femmes et la sécurité et sur la déclaration et la coalition des ONG, visitez le site :
      http://www.unifem.undp.org/unseccouncil/
      ou http://www.wilpf.org/
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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Washington et New York : Pari tenu

    Si la grand-mère de Rebecca, avait pu se déplacer à New York, elle aurait dit, en voyant la pluie, que sûrement le Bon Dieu est un homme et en tant que tel, il punit les femmes de se rassembler. Mais la pluie n'a pas duré, les femmes ont gagné leur pari : faire entendre leur voix dans et hors l'ONU.

    Sur son chapeau, Maria, d'Abitibi (Québec, Canada), a écrit : " Je marche pour l'humanité ". Nous étions plus de 10 000 venues de près de 100 pays dans les rues de New York le 17 octobre dernier, dont 4 000 femmes venues de l'extérieur des États Unis et du Canada. Notons parmi les délégations, le fort contingent d'Européennes, galvanisées par le succès de la Marche des femmes européennes qui a eu lieu le 14 octobre à Bruxelles ; la présence de 250 femmes du Mexique venues en caravane à partir du Chiapas ; la cinquantaine de Japonaises qui ont insisté sur leur combat pour la paix et contre les armes nucléaires ; des délégations de dizaines de femmes de l'Inde et du Bangladesh ; le nombre important de femmes autochtones ; la présence très remarquée des Africaines avec vêtements à l'effigie de la Marche, etc. " Nous avons reçu l'appui de collègues, nous avons organisé des bingos … " Les femmes non prises en charge par un organisme ont déployé des talents d'imagination pour être là.

    Il y avait aussi une forte présence de femmes des quatre coins du monde lors du rassemblement à Washington. Cette Marche organisée par une coalition d'organismes nationaux coordonnée par l'association étasunienne NOW (National Organisation for Women) a réuni 20 000 personnes. NOW a mobilisé beaucoup de ses jeunes militantes.

    L'importance d'être là

    Car c'était important d'être là : " pour affirmer notre solidarité avec les femmes du monde ", " pour faire connaître au monde la pauvreté que vivent les femmes dans notre pays ", " pour dénoncer la guerre que nous vivons ", " pour parler des femmes afghanes, c'est une question de vie ou de mort pour la femme afghane, nous sommes en train de mourir ! ".

    C'était également important pour les représentantes de la Marche de rencontrer les chefs du FMI et de la Banque Mondiale le 16 octobre, même si leurs discours ont fortement déçu (voir l'article " Interpeller les décideurs… ") et pour les déléguées politiques de la centaine de pays représentés d'être dans l'ONU le 17 octobre pour " porter la parole de la société civile. " Kofi Annan étant retenu au Moyen Orient, la Marche mondiale des femmes a été reçue par la Vice-Secrétaire Générale, Louise Fréchette et par la Conseillère spéciale du Secrétaire Général, chargée de la condition féminine, Angela King. Un moment très émouvant a été l'intervention des femmes vivant dans des zones de conflit armé (voir article " Bâtir une culture de la paix ") Moment précédé de la non moins émouvante livraison de cartes et pétitions porteuses des signatures récoltées dans le monde entier en appui aux revendications de la Marche et amenées par bicyclettes du Bronx.

    Pendant ce temps, au Plaza Dag Hammerskjöld, le cortège des manifestantes se mettait en route. Couleurs des vêtements, des bannières… Chants révolutionnaires déclinés sur un mode féministe ; gravité avec de longs moments de silence en appui aux femmes bâillonnées du monde entier, recluses, interdites de parole… A Union Square où se déroulait le spectacle de clôture, les déléguées sont venues rendre compte de la rencontre à l'ONU. Toutes ont dit leur volonté de continuer le combat. Toutes sont reparties avec une victoire en poche, celle de la solidarité ! " Alors voilà c'est un point de départ pour moi, il faut continuer ! "


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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Des millions d'appuis

    " Nous sommes surtout venues ici pour remettre les signatures que nous avons recueillies dans le monde. Au Népal, nous avons ramassé plus de 65 000 signatures. " Pour cette assistante sociale du Népal, le voyage a un sens précis : transmettre au Secrétaire Général de l'ONU les cartes d'appui aux deux grandes revendications de la Marche, c'est les faire connaître au monde entier.

    Les cartes ont été l'objet d'un travail d'éducation populaire. Comme témoigne une Congolaise : " D'abord, nous avons mené des actions d'éducation populaire ; ensuite nous avons récolté des signatures ; puis nous avons organisé notre Marche nationale. Enfin, nous sommes venues à New York. "

    Les femmes ont, dans la confection des cartes en appui aux revendications mondiales, fait preuve d'une créativité incroyable. Nous avons déjà parlé des signatures sur des saris ou des cartons ondulés, mais personne n'avait vu, jusqu'au moment de leur arrivée à New York, la diversité des cartes, pétitions, livres et banderoles colorées que les femmes ont créées dans leur pays. Et quelle émotion de les voir, de les toucher.

    Dès l'aube, le 17 octobre, les femmes chargées de transporter un nombre symbolique de signatures à bicyclette se sont retrouvées dans le Bronx, au nord de New York, pour décorer leurs vélos et les triporteurs de fanions représentant chaque pays participant et indiquant le nombre de signatures récoltées par région du monde. Les cyclistes portaient des dossards dont certains étaient noircis d'encouragements. Parmi ceux-ci : " Femme de cœur, femme de courage, je marche avec toi ". Elles ont ensuite entamé la promenade de 20 kilomètres, qui les mènera au Plaza Dag Hammerskjöld, lieu de départ du rassemblement mondial. À leur arrivée vers 11h30, la foule était dense et a accueilli les cyclistes avec empressement. La chaîne de solidarité a ensuite commencé et les paquets de cartes passaient de main à main, glissant par-dessus la foule pour aboutir dans 14 paniers représentant les 14 régions du monde que les femmes de la délégation ont transportés jusqu'à l'ONU. S'y ajoutaient des millions de signatures récoltées par les groupes. A ce moment-là, nous avons pu avec certitude, annoncer le chiffre de 4 736 089 signatures !

    Régions Nombre de signatures
    Afrique Australe 32 157
    Afrique Centrale 270 403
    Afrique de l'Est 1 384
    Afrique de l'Ouest 66 699
    Amérique Centrale et Mexique 689 851
    Amérique du Nord 406 140
    Amérique du Sud 266 552
    Asie de l'Est 301 835
    Asie du Sud 1 717 706
    Asie du Sud-Est 24 658
    Caraïbes 48 415
    Europe 834 123
    Moyen Orient 55 741
    Océanie 20 425
    Grand total 4 736 089

    Le reste des signatures non remises ce jour-là sont été entassées dans un camion pour être déposées deux jours plus tard au bureau de poste de l'ONU, moment intense où quelques femmes ont versé ces millions d'appuis de femmes, d'hommes et d'enfants du monde dans de gros contenants. Mais la campagne ne s'arrête pas là. Elle se poursuit jusqu'au 8 mars 2001, un an après son lancement officiel. Des représentantes de la Marche mondiale profiteront de la rencontre de la Commission onusienne sur le statut de la femme pour déposer les signatures et annoncer le nombre total qui aura été recueillie. Nous rappellerons aux Nations Unies et aux pays membres nos demandes : mettre un terme à la pauvreté et la violence faite aux femmes et exiger la distribution des richesses et l'égalité entre les hommes et les femmes.

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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    La Marche mondiale en chiffres

    Nous avons travaillé fort, très fort, depuis 1996 pour réaliser ce projet audacieux de créer des ponts entre les femmes du monde. Nous avons travaillé avec la forte conviction que ce faisant nous donnerions des ailes supplémentaires à l'analyse féministe et à l'action vers le changement. Nous n'avons pas encore toutes les données pour évaluer qualitativement l'atteinte de nos objectifs mais voici en quelques chiffres ce que nous avons accompli!!!

    Entre le 8 mars et le 17 octobre 2000 : Nombre de femmes regroupées dans des actions locales, nationales et régionales d'éducation et de mobilisation s'adressant aux femmes, aux communautés, aux gouvernements de chacun des pays participants : des millions de femmes et de communautés rejointes
    Nombre de signatures en appui aux revendications de la Marche mondiale des femmes (en date du 20 octobre 2000 - après une campagne de 7 mois) : 4 736 089 signatures
    Nombre de femmes et d'hommes ayant participé au Rassemblement mondial à New York le 17 octobre : plus de 10 000 personnes, dont environ 4 000 femmes venues de l'extérieur de l'Amérique du Nord, lui donnant tout son caractère mondial
    Nombre de pays et territoires représentés aux activités et événements de Washington et New York (octobre 2000) près de 100 pays
    Nombre de groupes ayant manifesté leur solidarité le 17 octobre 2000 avec les femmes du monde et celles qui étaient à New York en sortant dans la rue pour faire du bruit, pour marcher, etc. : des milliers de groupes
    Nombre de pays ayant organisé leur marche nationale entre le 15 septembre et le 17 octobre 2000 : au-delà de quarante pays
    Nombre de groupes participants de la Marche mondiale : près de 6000 groupes participants
    Nombre de pays et territoires participants : 161 pays
    Nombre de pays et territoires ayant formé une coordination ou coalition pour travailler sur la Marche sur le plan national : 110 pays
    La communauté internationale des femmes est bien vivante… le féminisme aussi, quel beau cadeau !

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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Capire mosamam capire, une chanson belle et rassembleuse

    Il y a un an déjà, une cassette audio avec le thème musical de la Marche mondiale ainsi qu'un refrain commun partait vers tous les coins de la planète pour unir les femmes du monde entier dans une même voix. Nous invitions les femmes à composer leurs paroles sur cette mélodie commune pour mettre en chanson leurs luttes et leurs espoirs. Dès lors, Capire mosamam capire allait résonner dans les cœurs et les âmes lors des marches, des rassemblements et des spectacles. Ce refrain avait réussi à réunir les femmes autour d'un symbole commun : compréhension, détermination et inspiration.

    Des femmes de 30 pays nous ont retourné leurs mots, leurs chansons composées sur le thème de la Marche et parfois sur d'autres mélodies. Dans leurs chansons les femmes disaient non aux conflits armés, à la corruption, à l'impunité, au trafic sexuel, à la violence conjugale. Non aussi aux injustices, aux modèles économiques actuels, à la faim, à la discrimination, à l'exploitation. Elles demandaient le respect de leurs droits, l'équité, l'égalité, le pouvoir de choisir, de s'exprimer et de décider. Toutes les chansons parlent de solidarité internationale et de la force de ce grand mouvement de femmes.

    Ces paroles ont été rassemblées en juillet 2000 dans une chanson internationale, colorée de 26 langues en provenance de 23 pays. Elle est belle, elle est grande, elle est rassembleuse. Merci d'y avoir contribué.

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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Des journaux du monde entier

    " Grito de mujer " (le cri des femmes). Ce titre, en gros caractères rouges, imprimé au bas d'une photo d'une femme autochtone, faisait, le 18 octobre, la Une du journal hispanophone de New York, El Diario.

    Le 17 octobre, à New York, les journalistes sont venus nombreux : correspondants des agences de presse (AFP, Associated Press, UPI, Reuters), des radios et télévisions du monde (BBC World Service, CNN, Radio de l'ONU, ) et locales (Workers World, WBAI, Dyke TV0, journaux et magazines (New York Times, O Jornal, Earth Times…). Une cinquantaine de journalistes étrangers et étrangères était également là. Depuis le Journal de Montréal, où Monelle Saindon tenait une chronique sur la Marche depuis le début octobre, en passant par La Voix des Antilopes, du Cameroun ; la Voix du Sahel, du Niger ; la Voix du Nord et l'Humanité, de France ; El Watan d'Algérie ; El Diario de los Andes du Venezuela ; le Daily Graphic du Ghana, La Chronique d'Amnesty international de Belgique ; People's Voice du Canada ; les agences de presse latino-américaines Pulsar et Cimac étaient là, pour ne donner que quelques exemples.

    De plus, de nombreuses déléguées ont donné des entrevues à leurs journaux nationaux (Belgique, Luxembourg, Haïti, Japon, etc.…).

    Si l'on parcourt les articles et comptes-rendus d'entrevues que vous avez accordées dans vos pays, l'on se rend compte que la presse a fait bon écho à la Marche mondiale des femmes. Le lancement du 8 mars avait été largement couvert, comme en témoignent les articles qui nous sont parvenus du Yémen, du Liban, du Maroc, du Mozambique, du Sénégal, du Ghana, du Salvador, du Mexique, du Brésil, de l'Inde, de Belgique, de Suisse, de France…

    Lors de la session extraordinaire de l'ONU " Beijing+5 " en juin 2000, Diane Matte et Françoise David avaient accordé une quinzaine d'entrevues. Des liens s'étaient alors tissés avec des journalistes, qui depuis nous ont accompagnées. Notre base de données médias, que nous informions régulièrement des actions de la Marche, contient ainsi plus de 400 contacts.

    Mission accomplie ? Pas tout à fait. Briser le mur des médias n'est pas aisé, surtout dans les pays où sévit la concurrence, où l'information sensationnelle domine. Mais grâce à votre travail de fond, la Marche mondiale des femmes commence à se faire connaître. Gageons que, désormais, la Marche est une composante dont tous les acteurs de la société civile, médias y compris, devront tenir compte.

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    Bulletin de liaison, Février 2001, Vol. 4, numéro 1

    Des revendications mondiales aux nationales… ou l'unité dans la démarche

    Tout au long de l'année, les femmes ont manifesté dans le monde pour porter les revendications de la Marche mondiale, et les revendications qu'elles ont élaborées dans leur pays. Autour des deux exigences d'élimination de la pauvreté et de la violence faite aux femmes, se sont ainsi déclinées une série d'autres exigences.

    La problématique de la violence faite aux femmes se retrouve partout, dans chacun des entrevues effectuées auprès de femmes venues des quatre coins du monde, dans chaque plate-forme de revendications nationales que nous avons reçue. Il y est fait systématiquement référence.

    L'accès aux services de base est une demande très forte des pays pauvres. Il apparaît également dans plusieurs plates-formes nationales. La pauvreté des femmes n'est pas une fatalité. Elle a des raisons profondes, structurelles, qui s'appellent accès à la terre, droit de propriété. Dans beaucoup de pays, les femmes n'héritent pas de la terre, elles ne possèdent donc pas en propre leur outil de travail. Le Salvador, la Jordanie, le Tchad et le Togo sont notamment au nombre des pays qui portent cette revendication dans leur plate-forme nationale.

    Une autre revendication importante est le droit, pour les filles, d'aller à l'école. Il y a des situations extrêmes où cet accès leur a été totalement fermé. " En Afghanistan, on n'a pas le droit de sortir toute seule, sans homme, on a pas le droit à l'éducation, d'aller à l'école, de travailler " (Témoignage d'une femme Afghane). L'accès à l'éducation est aussi un enjeu fondamental pour les femmes au Maroc, en Guinée Bissau, au Burkina Faso, au Sénégal, au Cameroun, et bien d'autres encore.

    L'accès à l'emploi est plus difficile pour celles qui n'ont pas reçu d'éducation formelle. Leur salaire sera inférieur, et ceci souvent même si elles exercent le même métier qu'un homme. Plusieurs pays ont inscrit des revendications concernant l'emploi dans leurs demandes. Que ce soit en Belgique, en France, au Luxembourg, en Équateur, au Mexique ou en Turquie, l'égalité salariale reste à construire, a fortiori, l'accès aux prises de décisions administratives, économiques et politiques. Les combats se mènent donc aussi à ce niveau là. Mais on sait que même avec des chances de départ égales aux hommes, les femmes sont moins nombreuses dans les instances politiques et se voient rarement confier des postes ou portefeuilles (quand elles sont ministres) autres que les droits des femmes et des enfants, le social, l'éducation, la santé.

    " Je travaille avec une organisation féministe mexicaine qui s'occupe de violence faite aux femmes. Je participe à la Marche parce que, quand les femmes se réunissent pour exiger que cesse la violence contre nous, il faut y être ! "

    " En Algérie, nous revendiquons essentiellement la reconnaissance réelle du viol comme crime contre l'humanité; les viols commis par les terroristes sont très nombreux. Alors, en Algérie, les activités organisées autour de la Marche sont essentiellement axées sur les violences faites à l'encontre des femmes, les violences conjugales et le code de la famille qui réduit la femme à un objet, une mineure, n'ayant ni droit au divorce, ni aucune autorité parentale… "

    " Nous ne demandons pas plus de pouvoir que les hommes, seulement l'égalité. Nous ne luttons pas pour le matriarcat mais pour la justice. Dans mon pays, 75 % des femmes ne savent ni lire ni écrire, elles ne savent même pas signer leur nom ! Nous vivons la discrimination dans tous les secteurs : politique, économique, social, culturel… Tout ce que nous voulons, c'est l'accès égal à l'éducation et aux services de santé de base " indique une femme népalaise interrogée durant la manifestation.

    " Quand les femmes vont à l'hôpital, elles ne trouvent pas de soins médicaux, il y a des localités qui n'ont pas d'eau potable, il y a des localités qui n'ont surtout pas d'électricité ". (Témoignage d'une femme d'Haïti)

    Les entrevues auxquelles nous référons ici, ont été réalisées à New York par une équipe de reporters venues de Montréal avec l'Alliance de recherche IREF-Relais Femmes. Nous les remercions sincèrement pour ce travail.

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    Last modified 2006-03-23 03:08 PM
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