Bulletin de liaison - Juillet 1998
Bulletin de liaison
Vol. 1, numéro 2, Juillet 1998
Bulletin de liaison, Juillet 1998, Volume 1, Numéro 2
Un goût pour la solidarité, la diversité et l'action Depuis fort longtemps, les femmes luttent pour changer l'ordre des choses. Dans cette dernière partie du deuxième millénaire, nous avons la possibilité de faire une action qui nous unira et rendra visible et palpable la solidarité des femmes développées au fil des années. Nous avons, évidemment, nos différences mais nous avons aussi besoin les unes des autres. Il y a urgence d'agir. C'est ce que nous ressentons lorsque les groupes nous contactent pour se joindre au projet et pour avoir de l'information. C'est ce que celles qui ont assisté au Forum des femmes de Beijing en 1995 ont ressenti.
Depuis la première rencontre internationale des femmes à Mexico en 1975, les liens se sont resserrés entre nous, nous avons pu échanger sur nos réalités respectives et nous avons négocié avec les États au sein de l'Organisation des Nations Unies ou avec nos gouvernements, la reconnaissance des droits des femmes. Des ententes balisent maintenant ces droits mais il reste beaucoup de travail à faire. Nous devons continuer d'intervenir à ce niveau. Cependant, la mondialisation des marchés et des capitaux entraîne des modifications rapides et profondes dans la vie des femmes, le pouvoir se déplace vers d'autres lieux que nos gouvernements respectifs, et cela exige la diversification de nos actions. La Marche mondiale des femmes en l'an 2000 offre la possibilité d'interpeller les décideurs et acteurs économiques et sociaux de nos sociétés respectives.
Au fil des ans, nous avons aussi appris, comme mouvement des femmes, que nous ne pouvions passer sous silence la diversité des réalités que vivent les femmes et que la solidarité entre nous ne pouvait se réaliser qu'en reconnaissant cette diversité. Le projet de la Marche doit donc être un projet flexible, qui identifie les points communs portés par les divers mouvements de femmes à travers le monde en lien avec les problématiques de la pauvreté et de la violence faite aux femmes. Le projet propose des actions communes et invite les groupes à insuffler leur diversité et à organiser des activités qui leur sont propres.
C'est à ces conditions que la Marche mondiale des femmes en l'an 2000 sera un point de départ pour la mondialisation de la solidarité des femmes. C'est ce à quoi nous nous engageons.
Bulletin de liaison, Juillet 1998, Volume 1, Numéro 2
Agir contre la pauvreté et la violence faite aux femmes La Marche mondiale des femmes en l'an 2000 se veut une action visant l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. Plus précisément, elle portera des revendications sur la double problématique de la pauvreté et de la violence faite aux femmes. Il faudra amener les gouvernements décideurs et les membres de la société civile à soutenir et à faire les changements concrets nécessaires à l'amélioration des conditions et de la qualité de vie des femmes du monde entier.
Il est proposé que les actions de la Marche se fassent à trois niveaux. D'abord, il y a l'appui massif de femmes aux revendications mondiales de la Marche, par le biais de signatures de cartes d'appui. Ensuite, dans chaque pays il y aura des actions à caractère national, prenant la forme décidée par les groupes du pays. Ces actions nationales porteront sur des revendications spécifiques, reflétant les luttes et les préoccupations du mouvement des femmes du pays. De plus, il y aura un ou des rassemblements mondiaux. L'ensemble du projet s'inscrit dans un processus d'éducation populaire. Les activités de la Marche débuteront le 8 mars de l'an 2000 et se termineront le 17 octobre avec les rassemblements mondiaux.
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La Marche mondiale se distingue des événements traditionnels en ce qu'il s'agit d'un projet centré sur l'action collective, qui permet d'unir différentes composantes du mouvement des femmes, tout en valorisant sa diversité. Cela pose aussi quelques défis comme celui de la concertation nécessaire entre les différents groupes à l'intérieur d'un pays ou d'une région du monde. Le coût énorme du transport, les grandes distances géographiques, le manque de moyens financiers pour assurer le fonctionnement et la tenue de réunions, les problèmes de circulation d'information dans certaines régions (pas de téléphone, problèmes de distribution du courrier, etc.) sont autant de facteurs qui peuvent rendre difficile la mise en place des processus de concertation. Ce qui semble évident, par contre, c'est que malgré toutes ces difficultés, les groupes participants démontrent une volonté indéniable de surmonter ces obstacles et de trouver des moyens pour travailler ensemble dans l'action!
Pour le moment, la mise en place des mécanismes de concertation/coordination varie d'un pays à l'autre. Dans certains pays il n'y a qu'un ou deux groupes qui participent au projet. La priorité est donc d'engager d'autres groupes dans la Marche afin de mieux refléter la diversité du mouvement des femmes de ces pays. Certains ont des structures de concertation/coordination qui fonctionnent déjà, alors que dans d'autres pays les groupes participants en sont encore à l'étape de l'apprivoisement mutuel. De plus, dans plusieurs pays du Sud les groupes reçoivent un soutien particulier des organismes de coopération internationale dans la mise sur pied de leur mécanisme de concertation.
Voici quelques exemples du type de mécanismes de concertation/coordination déjà en place. Au Burkina Faso un comité provisoire de coordination a été mis sur pied, des ateliers de sensibilisation sont prévus pour le mois de septembre prochain et on prévoit mettre en place des comités provinciaux. Au Guatemala quelques rencontres préliminaires ont eu lieu. Les groupes de femmes ont examiné les avantages, les opportunités et les obstacles à l'organisation d'une Marche dans leur pays et un comité coordonnateur a été formé pour répondre à ces défis. En France, le Collectif national pour les droits des femmes a convoqué des rencontres pour organiser la concertation des groupes intéressés à la Marche et se prépare à lancer prochainement une initiative publique sur le plan national et au niveau européen.
Visitez notre site web ou contactez-nous pour discuter de solutions aux difficultés de concertation. N'oubliez pas de nous informer si vous créez un comité dans votre pays.
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Qui sont ces groupes engagés dans la Marche?
Le nombre de groupes qui adhérent au projet de la Marche mondiale des femmes en l'an 2000 augmente à un vitesse fulgurante à mesure que l'information circule. En date du 3 juillet 1998, 617 groupes répartis dans 86 pays se sont joints à ce projet.
Une proportion de ces groupes, c'est-à-dire 152 sur 617, nous ont retourné le document "portrait de votre organisme". La compilation des résultats nous indique la mission et le type de membership de ces 152 groupes.
La majorité des groupes, 53%, ont un membership uniquement féminin tandis que les 47% qui restent sont des groupes mixtes mais où les femmes détiennent le leadership du projet de la Marche.
En ce qui concerne le ou les lieux d'intervention des groupes, la majorité d'entre eux travaillent au plan local (quartier, village, ville ou une région d'un pays) ainsi qu'au niveau national. D'autres, à savoir 16% des groupes ont une vocation régionale (dans plusieurs pays d'un même continent) et 16% mènent leur action au plan international.
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Dossiers de travail prioritaires
Les 152 groupes ayant complété le questionnaire ont des mandats variés et travaillent sur divers dossiers à la fois.
Ils interviennent à:
72% condition féminine
72% violence faite aux femmes
66% lutte à la pauvreté
59% développement
59% défense de droits
43% santé
39% environnement
30% travail
28% paix
22% droits des jeunes
10% revendications autochtones
Voilà la photographie des groupes qui nous ont répondu et nous en profitons pour vous rappeler de nous retourner le document "portrait de votre organisme" le plus tôt possible. Nous pourrons mieux évaluer l'impact potentiel des actions de la Marche dans la mesure où nous vous connaîtrons bien.
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La Marche mondiale des femmes en l'an 2000 n'est pas une association ou un organisme (avec un statut légal, une charte, etc.) duquel on devient membre. Il s'agit plutôt d'un projet d'actions concrètes auquel on participe. Nous avons donc invité les groupes désirant s'engager dans ces actions à nous signifier leur intérêt en envoyant un coupon d'adhésion. Ils deviennent ainsi un groupe participant au projet.
Adhérer au projet de la Marche mondiale de l'an 2000 ça veut dire :
Qui peut adhérer à la Marche ?
Il importe de noter que nous n'acceptons pour le moment que l'adhésion des groupes. Il n'est donc pas possible pour une femme d'adhérer à la Marche à titre individuel. Nous suggérons fortement à celles qui désirent être tenues au courant de l'évolution du projet de visiter régulièrement notre site web (si elles y ont accès) ou de s'adresser à un groupe participant de leur pays.
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Nous avons besoin de votre aide
Si vous connaissez d'autres groupes dans votre pays qui pourraient être intéressés à s'engager dans la Marche, nous comptons sur vous pour entrer en contact avec eux. Comme vous pouvez l'imaginer, même si nous tentons d'identifier les réseaux de groupes de femmes à travers le monde, il nous est impossible de les contacter tous. Nous vous encourageons donc à diffuser largement l'information concernant la Marche. De plus, si votre groupe a un site web nous vous invitons à faire des hyperliens entre votre site et le nôtre. Merci de votre collaboration. C'est ensemble que nous construirons ce vaste réseau de solidarité et d'action en vue de l‘arrivée du millénaire!
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Nous avons demandé aux groupes participants de nous dire pourquoi le projet de la Marche mondiale suscitait leur adhésion. Voici des extraits de leurs réponses.
"Parce que nos croyons que les femmes du monde entier unies peuvent faire savoir aux gouvernements que l'égalité entre les femmes et les hommes est la seule façon d'obtenir le développement et la paix" (Pérou)
"Nous marchons pour que le cri des femmes soit entendu, pour que le cri de la violence se taise à jamais." (Québec)
"La force des femmes qui agissent collectivement peut
provoquer des changements de société." (Canada)
"Ce projet rejoint nos objectifs de travail et incitera les femmes à s‘engager dans l‘action collective" (Bangladesh)
"Parce que les femmes qu'elles soient du Sud ou du Nord, rencontrent les mêmes problèmes d'Est en Ouest. Alors nous devons œuvrer la main dans la main"
(Burkina Faso)
"Nous voulons participer à un mouvement de solidarité au niveau mondial aidant les femmes à améliorer leurs conditions de vie" (France)
"Solidarité entre toutes les femmes du monde entier pour un développement humain durable afin de vaincre la pauvreté" (Madagascar)
"Parce que c'est un moment pour manifester la force, l'union, la solidarité et la lutte des femmes" (Brésil)
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Last modified 2006-03-23 03:08 PM
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