3e Rencontre internationale - Jour 1
du 2 au 6 octobre 2001
Montréal, Québec Canada
Résumé du 2 octobre 2001
par Elsa Galerand
Il est impossible de résumer en quelques lignes le contenu de cette première journée de plénière de la troisième rencontre internationale de la Marche Mondiale des Femmes. Il n’est donc question ici que d’un bref aperçu du déroulement de la journée.
Qui était là?
- les participantes internationales, environ 45 femmes de 35 pays/territoires : (3 pays d’Afrique australe, 2 pays d’Afrique centrale, 3 pays d’Afrique de l’ouest, 2 pays de l’Amérique centrale-Mexique, 3 pays de l’Amérique du sud, 3 de l’Asie du Sud Est, 2 pays de l’Asie du Sud, 2 pays des Caraïbes, 8 pays/territoires d’Europe, 3 pays du Moyen Orient/Monde Arabe, 1 pays de l’Océanie, 3 pays/territoires de l’Amérique du Nord et 1 femme du Réseau continental des femmes autochtones.
- les femmes du Comité de coordination de la Marche Mondiale
- les membres du Conseil d’Administration de la Fédération des Femmes du Québec.
La réunion a commencé avec une analyse de la conjoncture mondiale marquée par les attentats terroristes du 11 septembre dernier et la riposte guerrière annoncée par les États-Unis. Trois intervenantes ont présenté leur point de vue sur l’action de la Marche Mondiale dans cette conjoncture :
Tahira Khan de la Marche au Pakistan a notamment soulevé le problème de la polarisation socio-politique au Pakistan : pro-talibans versus pro-États-Unis, et des dilemmes devant lesquels se trouvent les femmes pakistanaises dans ce contexte tout à fait explosif. Elle a présenté la situation des réfugié-e-s refoulé-e-s aux frontières et plus particulièrement celle des femmes afghanes. Karen Johnson (Vice-présidente de NOW aux États-Unis) est revenue sur l’enjeu de la définition du terrorisme en s’appuyant sur l’exemple des actes de violence dans les cliniques d’avortement. Aux États-Unis, la droite religieuse commence à pointer du doigt les mouvements progressistes dont le mouvement des femmes, on observe également une montée du racisme. Affirmant que les États-Unis ne sont pas au-dessus du monde mais un participant interdépendant du reste du monde, elle a soutenu que la politique étrangère des États-Unis, à laquelle les femmes n’ont jamais participé, devait être entièrement revue. Bruna Nota, ex-présidente de WILPF (la Ligue internationale des femmes pour la Paix et la Liberté) est intervenue sur la notion de guerre (versus celle de crime plus appropriée selon elle dans les circonstances) utilisée par les dirigeants pour justifier les représailles et les mesures drastiques envisagées. Son exposé a invité le mouvement des femmes à intervenir de façon plus pro-active dans la construction d’une culture de paix et de justice.
Plusieurs interventions de la salle ont souligné combien la politique étrangère des États-Unis était responsable de nombreuses morts (blocus, interventions militaires, etc.) pour insister sur le fait que ces horreurs n’étaient pas nées le 11 septembre. À l’issue de la discussion, il a été décidé qu’une déclaration commune du mouvement autonome des femmes de la Marche Mondiale des Femmes serait adoptée d’ici la fin de la rencontre. Plusieurs des impacts politiques et économiques de la conjoncture de crise ont déjà été repérés dans le monde, pensons notamment aux négociations pour la paix différées au Moyen Orient, et imposent une réaction rapide.
L’après-midi s’est déroulée en deux temps, un premier sur la question des violences et un second sur celle de la pauvreté.
Ariane Brunet de Droit et Démocratie a présenté la résolution 1373 contre le terrorisme qui a été votée au conseil de Sécurité de l’ONU vendredi passé. Aucune définition du terrorisme n’apparaît dans cette résolution qui remet en cause les conventions acquises concernant les droits et libertés civiles.
Plusieurs discussions ont été amorcées. Voici quelques-unes des questions qui ont été abordées:
Comment lutter plus concrètement contre les violences au niveau international?
Quelles stratégies privilégier?
Que faire face à la dynamique actuelle de répression et de criminalisation des mouvements sociaux?
Ana-Maria D’Urbano et Lorraine Guay sont respectivement intervenues sur les structures, les acteurs (multinationales, FMI, BM, OMC, OTAN, etc.,) et impacts de la mondialisation sur les femmes et sur une remise en cause féministe de l’économie dominante et de son ordre patriarcal.
Il ressort des présentations que de nombreuses questions d’importance restent à discuter :
Le capitalisme peut-il avoir un visage humain selon nous, les féministes?
Quelles alternatives féministes peut-on proposer face à l’économie dominante?
Il est clair que les impacts de la mondialisation sur les femmes doivent continuer d’être nommés et dénoncés, mais une nouvelle
stratégie semble également nécessaire, celle de développer des alternatives féministes et écologistes à l’économie dominante.
Selon Michèle Asselin qui présentait une synthèse de la journée en ce matin du 3 octobre, si les enjeux de la conjoncture actuelle ont bien été identifiés, la discussion est à peine amorcée sur la question des alternatives. Pour elle, il faut multiplier les stratégies et fixer les priorités selon chaque région.
Elsa Galerand, Québec
Last modified 2006-03-23 03:07 PM
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