avril 2002 - Éliminer la pauvreté à tous les stades
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Apprendre, sans cesse et toujours« Par le passé, on nous croyait femmes immobiles, enchaînées pour l'éternité aux bornes de l'espace privé, pliées sur la terrine, le four ou le baquet, courbées sur le bébé à langer sous l'enfant à porter. Nous rampions aussi dans les sillons, arrachant les mauvaises herbes, trimant à longueur de journée pour subvenir aux besoins de nos familles, happées par le cercle vicieux de la maternité. Enfin, l'école est venue grandir notre enjambée. Petits pas, l'un après l'autre et puis de grandes avancées, du collège à l'université, nous courons, nous volons et nous vengeons tout ce qui nous fut refusé ». Que cette évocation lyrique, puisée dans l'introduction au cahier de revendications des femmes tunisiennes d'octobre 2000, ne fasse pas sourire. Les chiffres sont hélas là : les femmes sont, surtout dans les pays « du tiers-monde », moins instruites que les hommes. Elles vont moins souvent et moins longtemps à l'école. |
Pouvoir suivre des formations professionnelles, pour accéder à un meilleur statut (Inde) |
Des moyens financiers doivent être dégagés pour l'appliquer, moyens que pourrait générer l'annulation de la dette des pays les plus pauvres, qui permettront, notamment l'octroi de bourses aux filles désireuses de poursuivre leur scolarité (Mexique, Tchad). Il faut « une politique discriminatoire positive jusqu'en 2005 », disent les Africaines réunies à Ouagadougou en avril 2000.
Pour les femmes adultes, la revendication sera souvent d'organiser ou de poursuivre des campagnes d'alphabétisation (Bolivie, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Honduras, Maroc, Sénégal). « Une femme non éduquée est une femme qui est quantité négligeable, qui est une femme pauvre », constatait une Sénégalaise lors de la marche de New York ». Une autre marcheuse, venue du Népal révélait : « Dans mon pays, 75 % des femmes sont analphabètes; elles ne savent ni lire, ni écrire, elles ne peuvent même pas signer leur nom. Il nous faut donc en premier lieu accéder à l'égalité dans le domaine de l'éducation et des soins médicaux de base ».
« L'éducation doit favoriser l'estime de soi et la confiance en soi des filles », écrivent les Chiliennes et les Péruviennes. Les Brésiliennes, les Sénégalaises, les Ukrainiennes, les Yougoslaves, pour ne citer qu'elles, estiment que c'est au ministère de l'Éducation de faire en sorte que l'enseignement soit non sexiste, invite au respect des autres, à la tolérance. De nombreux autres pays reprennent ces exigences. En outre, la « perspective genre » n'est pas prise en compte dans les politiques d'éducation, les enseignantes et enseignants doivent être formés, disent en substance les Honduriennes, les Belges, les Ghanéennes. Plusieurs groupes réclament le droit, pour les minorités culturelles, de recevoir un enseignement dans leur langue : femmes Kurdes, autochtones d'Équateur, du Mexique, Kanaks (Nouvelle-Calédonie). Et, pour les femmes immigrantes et réfugiées, la facilitation de l'apprentissage de la langue du pays d'accueil et l'accès à une formation professionnelle (Cap Vert, France, Québec, Tunisie…). Enfin, les Marocaines demandent « des écoles à proximité des habitations, l'extension du réseau routier, l'éclairage et le transfert scolaire dans les campagnes ». Occupées à seconder leur mère dans le ménage, les petites filles manquent souvent de temps pour aller en classe ; elles ne peuvent s'absenter longtemps de la maison ni parcourir seules de longues distances. |
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