« Je suis une survivante de la violence conjugale. En 1995, j'ai été agressée durement par mon ex-conjoint. Depuis, je me bats contre ce problème et j'essaie d'en parler dans ma communauté, pour donner aux femmes la chance de se défendre, de s'assumer et de cesser de s'enfouir la tête dans le sable. C'est un geste radical parce que dans notre communauté, tout le monde a des liens de parenté et personne ne veut en parler. Malgré cela, je veux défendre la cause de mes sœurs, de mes nièces, de ma belle-fille, et me tenir debout pour ma fille ».
Venue marcher à New York, cette femme autochtone du Canada évoque une préoccupation qu'ont aussi relayée les seize femmes autochtones qui ont effectué, en septembre 2000, la descente du fleuve Fraser (Canada) en canot.
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Issues de différentes nations, ces femmes ont voyagé dix-sept jours. Le long du trajet, elles ont évoqué, dans les communautés, les problèmes liés à la pauvreté et à la violence. À la dernière étape, elles ont organisé un symposium sur les lois en vigueur dans les communautés de l'ouest du Canada. Les femmes remettent en cause les « programmes de justice réparatrice » qui permettent aux agresseurs de ne pas aller en prison et de rester dans les communautés.
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« Certaines femmes n'ont pas d'autre choix que de quitter la communauté pour échapper à l'homme qui les a attaquées », dit une autre marcheuse. Le Comité canadien de la Marche cite le cas d'une femme autochtone de Winnipeg qui, menacée par son ex-conjoint, a appelé la police en vain. Celle-ci est arrivée au bout de sept heures pour trouver la jeune femme poignardée à mort.
Six revendications de la plate-forme canadienne exigent du gouvernement fédéral de soutenir « les droits humains des femmes autochtones » , de répondre à leurs besoins en logement, santé, éducation, justice, d'intégrer l'analyse de l'égalité des sexes dans tous les programmes et dans les politiques concernant les Autochtones, de prendre les mesures législatives pour « restaurer les droits traditionnellement accordés aux femmes visant à transmettre le patrimoine autochtone ».
Réunies à Panama le 8 mars 2000, les femmes du Réseau continental des femmes autochtones des Amériques ont exigé, dans une plate-forme commune, « la reconnaissance pleine et entière de nos droits à l'autodétermination et à l'autonomie, et de nos droits territoriaux, sociaux, économiques et politiques ». Elles réclament aussi d'être « consultées puis pleinement associées à l'élaboration des politiques publiques concernant les peuples et les femmes autochtones dans les soi-disant plans de développement ».