Mexique
Mexique : Chiapas
Pendant 14 ans les femmes et les hommes indigènes zapatistes ont résisté à la violence de l’Etat mexicain. Après le soulèvement initial du 1er janvier 1994 – au moment où le EZLN assumait le contrôle d’une grande partie de l’état du Chiapas dans le sud-est mexicain – la population civile s’est vue la cible de bombardements, massacres, tortures et de disparitions, crimes perpétrés par l’armée mexicaine. Cette violence extrême ne s’est atténuée que grâce à d’énormes manifestations et à la solidarité mondiale, exerçant une forte pression sur le gouvernement.
Depuis lors, les Zapatistes ont tenté de se retirer et trouver une solution pacifique qui garantisse leurs droits et la protection des populations indigènes. Mais, à tout moment, le Gouvernement fédéral les a trahis, poursuivant une guerre de faible intensité contre la population du Chiapas. Avec l’intention de détruire l’organisation communautaire des peuples autochtones et réduire l’appui du EZLN, l’armée mexicaine a également entraîné et financé des groupes paramilitaires de travailleurs ruraux, les contraignant à envahir les terres zapatistes. A travers les menaces et le déclenchement d’un cycle de violence, ayant recours aux persécutions et à la torture, l’armée mexicaine a bafoué les les droits de l’homme fondamentaux.
La situation actuelle dans le Chiapas est critique. En même temps que la politique du nouveau président, Felipe Calderón - élu frauduleusement - exerce une répression brutale notamment concernant les manifestations de la société civile à travers tout le pays (Atenco, Oaxaca…), dans le Chiapas les effectifs de l’armée fédérale ont été doublés et les groupes paramilitaires sont plus nombreux et violents que jamais, agissant en toute impunité. Les travailleurs indigènes ruraux sont chassés de leurs terres et les autorités autonomes sont menacées. De même que le gouvernement utilise tous les moyens possibles pour diviser les communautés indigènes et pour créer un conflit ethnique, notamment en donnant des Certificats de propriété de la terre communautaire indigène aux ennemis des Zapatistes et en mettant à la disposition des familles et des communautés qui se déclarent contre le EZLN de grandes quantités d’argent (pour construire des écoles, etc.).
MEXIQUE : ATENCO
Le 3 mai 2007, la ville de San Salvador Atenco (dans les environs de Mexico) a été la scène de violentes confrontations entre la police et les paysans locaux qui s’opposaient à l’expropriation de leurs terres, soit 4.000 ha destinés à la construction d’un nouvel aéroport. Les paysans ont affirmé qu’ils préféraient mourir plutôt que d’abandonner leurs terres et aller grossir le nombre des pauvres des quartiers de banlieue de la capitale. Ils ont alors décidé de prendre des otages et se sont réfugiés dans leur village derrière des barricades de feux [1].
Le jour suivant, trois mille policiers entrèrent dans le village et écrasèrent la rébellion. Un mineur a été assassiné, un autre jeune est tombé dans le coma, 217 hommes et femmes ont été emprisonnés et torturés et 23 femmes ont subi des violences sexuelles. Parmi elles les Espagnoles Cristina Valls et María Sostres Tarrida, l’Allemande Samantha Ariane Marei et la Chilienne Valentina Larissa Palma [2].
MEXIQUE : CUIDAD JUÁREZ, LA PARTIE VISIBLE DE L’ICEBERG
La ville de Ciudad Juárez est devenue funestement la plus connue concernant le féminicide répertoriant entre 1993 et 2006, 464 assassinats qualifiés selon les experts de « féminicide sexuel systématique ». En 14 ans, la Ciudad est devenu l’exemple de la violence féminicide, la partie visible de l’iceberg d’un phénomène qui touche toute la République fédérale du Mexique, selon le document intitulé « Commission spéciale de féminicide de la LIXe Législature de la Chambre des députés », première radiographie de la violence féminicide dans le pays. Cette investigation, réalisée dans les 32 états fédéraux, signale qu’à travers tout le pays, 1205 fillettes, jeunes filles et femmes ont été assassinées en 2004 : chaque jour meurent ainsi 4 fillettes, jeunes filles ou femmes et plus de 6000 fillettes, jeunes filles ou femmes ont été tuées entre 1999 et 2005.
La fréquence de ces crimes et les viols envers les femmes s’insèrent dans le contexte du Traité de libre-échange entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada, détruisant les moindres chances de survie de la majeure partie de la population à travers la transformation des droits humains en marchandise et créant un climat de répression vis-à-vis de la résistance populaire. De plus, les risques d’une plus grande militarisation avec l’entrée en vigueur de l’ASPAN (Alliance pour la sécurité et la prospérité de l’Amérique du Nord) sont lourds de conséquences en particulier pour les femmes, surtout si l’on considère le degré d’impunité dont bénéficient les militaires pour les crimes perpétrés.
Parmi les cas les plus récents de viols et d’assassinats, en plus de ceux de Ciudad Juárez, on citera celui d’une femme indigène, Ernestina Ascención à Zongolica, Veracruz. Concernant les agressions sexuelles, on évoquera celles commises contre treize femmes à Castaños Coahuila et les jeunes victimes de Carácuaro et Nocupétaro, de Michoacán. On parlera aussi des abus sexuels perpétrés contre des femmes de Atenco et Oaxaca qui, avec la complicité des autorités supposées responsables de la justice, ont été injustement emprisonnées, voyant leurs droits violés. Nous pouvons affirmer que le gouvernement actuel essaie d’utiliser la violence sexuelle comme un moyen d’intimidation envers les femmes organisées.
Au Mexique, ces faits sont dissimulés par la totale impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes. Mais le pire et le plus révoltant, c’est que les autorités chargées de garantir les droits des femmes sont celles qui disculpent les responsables des violences, démontrant ainsi la prééminence d’un contexte de violence d’Etat [3].
Sources:
[1] http://www.guardian.co.uk/international/story/0,,768471,00.html
[2] Retrato Radical, Interview with Sub-commander Marcos, December 2007
3] Concha, L.A. (2007) La violencia feminicida en México
Last modified 2008-01-25 07:55 PM
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