République Démocratique du Congo
“En ce moment, un véritable féminicide a lieu en République démocratique du Congo (...) il n’existe rien de similaire ailleurs dans le monde » (Stephen Lewis, envoyé spécial de l’ONU sur le HIV/SIDA en Afrique) [1]. Nous assistons à une barbarie indescriptible qui se déroule sous les yeux du monde, mais face à laquelle personne n’intervient. Ce qui se passe dans l’Est du Congo est la suite du génocide du Rwanda. L’épidémie de viols « a pour objectif de détruire les femmes » (un médecin travaillant dans l’épicentre de l’épidémie) [2] et les autorités locales font peu ou rien pour y mettre fin et pour poursuivre les responsables. Le féminicide est perpétré en toute impunité et immunité.
Les viols et les brutalités contre les femmes, adolescentes et fillettes « prolifèrent et sont commis par des groupes armés para-étatiques, par les Forces armées de la RDC, par la Police nationale congolaise et toujours par de plus en plus de civils », selon une avocate turque Yakin Ertuk, rapporteuse spéciale pour le Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la violence contre les femmes. La situation dans la province de Kivu Sur, où agissent les rebelles du pays voisin, le Rwanda, est la pire qu’elle ait jamais vue [3]. Selon les Nations unies, 27.000 agressions sexuelles ont été relatées en 2006 pour la seule province de Kivu Sur et ce n’est qu’une partie des crimes soufferts dans tout le pays.
Les atrocités perpétrées dans cette zone par les groupes armés - dont certains semblent avoir été impliqués dans les massacres du Rwanda de 1994 où 800.000 personnes avaient été assassinées - « sont d’une brutalité inimaginable qui va bien au-delà des viols », selon certaines affirmations.
« Les femmes sont violées en bande, parfois devant leurs familles et communautés. Dans plusieurs cas, les hommes de la famille sont obligés de violer leurs propres filles, mères, soeurs » sous la menace d’un pistolet, déclare-t-on [4]. Après le viol, les victimes reçoivent des tirs ou des coups de poings au niveau de l’appareil génital – détruisant leur vagin – et les adolescentes sont kidnappées pour être mises enceinte. Les survivantes racontent que lorsqu’elles étaient maintenues prisonnières comme esclaves sexuelles par les bandes en question, elles étaient obligées de manger des excréments ou la viande des membres de leur famille morts. Des centaines d’entre elles, des femmes qui après la violence soufferte sont rejetées par leur entourage, se retrouvent à l’hôpital de Panzi, à Bukavu. Leur utérus détruit, elles ne parviennent pas à retenir l’urine et dans l’attente d’une opération, elles circulent avec un sac plastique sous leur jupe [5]…
Mélanie : « Tes jambes ne te servent à rien, je vais te les brûler ». C’est ce que lui a dit son mari lorsqu’elle est revenue à la maison et lui a raconté qu’elle avait été violée dans les champs où elle travaille. Furieux, au lieu de la consoler, son mari l’a accusée de ne pas s’être enfuie. Il l’a couverte de combustible et l’a incendiée.
Marie a été violée avec sa fille de 8 ans.
Euralie a été violée devant ses propres enfants par huit soldats qui venaient de tuer son mari.
Noella, 18 ans, a été esclave sexuelle pendant trois ans et son fils lui a été enlevé.
Ndamosu, 70 ans, a été violée à plusieurs reprises.
Emérence, 25 ans, a été attaquée et violée plusieurs fois devant ses enfants et dans sa propre maison. Elle se souvient avoir vu trois violeurs avant de perdre conscience, couverte de sang [6]
« La violence sexuelle soufferte aujourd’hui en RDC est sans équivalent dans le monde (...) la quantité des cas, la brutalité des agressions, l’impunité qui règne... Cela fait peur (John Holmes, Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les questions humanitaires) [7]
Sources:
[1] [2] Audet, E. (27 octobre 2007) En toute impunité : Féminicide au Congo
[3] [4] Evans, R. (30 juillet 2007) Violence against women "beyond rape" in Congo
[5] Braeckman, C., envoyée spéciale à Walungu, Kaniola et Nzibira (Sud-Kivu, RDC) (25 septembre 2007)
[6] RODHECIC (décembre 2007) Bulletin d’information: Femmes Debout
[7] Documentaire de Susanne Babila (2007) Le viol, une arme de guerre au Congo
Last modified 2008-01-25 07:50 PM
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