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World March of Women

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Champ d'action sur la violence envers les femmes

Compte-rendu du débat qui a eu lieu sur ce thème durant la 6e rencontre internationale de la Marche.
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Le thème a été introduit par Awa Ouédraogo, de la Marche au Burkina Faso et par Jean Enriquez, directrice de la Coalition contre le trafic des femmes (CATW).

Awa a rappelé les multiples formes de violences envers les femmes qui découlent de « la non reconnaissance de leurs droits. Il y a un discours politique qui consiste en un contrôle du  corps des femmes. » Elle a cité les contraintes imposées par l’industrie de la mode et des cosmétiques. « Dans les pays pauvres, surtout en Afrique, la norme est le procréation, même au risque de la santé des femmes. » Elle a dénoncé les fanatismes religieux qui exigent totale obéissance de la femme à son époux ou à un chef de famille. « Dans les zones rurales, beaucoup de femmes n’ont pas de papiers d’identité et vivent sous le seuil de pauvreté. »

Pour sa part, Jean a parlé du trafic sexuel et de la prostitution comme « système de violence envers les femmes, car « l’acte d’acheter et le commerce des corps, réalisé en vue d’engranger des profits est une violation flagrante de l’intégrité des femmes, de leur dignité et de leur autonomie. » Les acheteurs prennent « avantage de situations ou de vulnérabilités créées par les contextes sociaux qui engendrent les inégalités économiques et sexuelles. »

Évoquant son expérience de travail avec des survivantes de la prostitution, Jean explique que « l’entrée des femmes dans la prostitution est liée à une expérience qu’elles ont eue d’inceste et/ou de viol; au cynisme de leur famille et de leur communauté quand elles font état de cette situation; aux pressions culturelles qui leur imposent d’être disponibles sexuellement pour les hommes et de considérer le fait d’abandonner leur corps à un homme comme un plus. » Le patriarcat impose une image des femmes où elles sont « des objets à l’usage des hommes ». Patriarcat et capitalisme se rejoignent, l’un nourrissant l’autre. Toutes les femmes vivent des inégalités économiques, politiques, sociales, des discriminations, l’appauvrissement atteignant une plus grande amplitude dans le Sud. Mais, « même quand aucun argent n’est mis en jeu via la prostitution, il y a le viol. »

Jean a ensuite décrit les conséquences des violences, des abus sexuels et de la prostitution sur la santé des femmes. « La prostitution, a-t-elle dit, est notoirement un lieu de violence où les femmes sont agressées, violées, battues; elles subissent des actes sadiques, du harcèlement sexuel, des insultes verbales et sont utilisées sexuellement par de nombreux hommes. » Ce climat de peur conduit nombre d’entre elles à la drogue ou à l’alcool pour oublier le traumatisme de leur vie quotidienne. »

Il faut donc refuser de considérer la prostitution comme un travail et « mettre en cause la demande de prostitution, les définitions de la masculinité et la mondialisation – l’idéologie qui fait la promotion et aggrave l’achat et la vente de femmes. »

La mondialisation néo-libérale est un autre facteur aggravant : les accords de l’OMC sur la libéralisation des services ouvrent la voie au tourisme sexuel. La mondialisation néo-libérale accroît aussi l’appauvrissement des femmes. A contrario, le trafic des êtres humains, l’industrie du sexe, de la pornographie, du cybersexe génèrent des revenus de plus en plus énormes. La militarisation entraîne également une hausse de la prostitution (prostitution accrue autour des bases militaires notamment).

Jean a terminé son intervention par un appel à lutter contre la légalisation de la prostitution, contre la formulation de prostitution forcée, contre l’idéologie « qui consiste à refuser de classer la prostitution dans le contexte du patriarcat et des inégalités structurelles, économiques et politiques » et pour faire pression sur les États pour qu’ils s’attaquent aux causes de la prostitution et du trafic sexuel.

Avant d’entamer le débat, Diane Matte a expliqué que le but de ces objectifs était « d’aller plus loin que droit humain de vivre sans violence et de définir les violences envers les femmes comme « l’outil ultime qu’utilise le patriarcat pour contrôler les femmes » et qui passe par une soumission aux institutions du mariage, de l’hétérosexualité, de la maternité. « On doit avoir un discours plus radical pour voir ce que sont les sources de cette oppression, comment le patriarcat se maintient depuis des siècles et lutter contre les violences et le patriarcat.

Débat

Durant le débat, il est ressorti que la MMF a une position abolitionniste mais que la réflexion reste en cours. Dans certaines coordinations nationales, des positions différentes s’expriment. Il faut resituer le contexte mondialisé que nous vivons où l’industrie du sexe est de plus en plus lucrative, est violente et contribue à la marchandisation du corps des femmes. La pauvreté, le néo-libéralisme économiques causent et aggravent les situations de violence et renforcent le patriarcat. Les violences exercée envers les femmes sont systémiques, elles le sont en tant que groupe social. Il faut donc maintenir la lutte contre la pauvreté des femmes et faire le lien avec le contexte politique, la militarisation. Plusieurs femmes ont évoqué les luttes menées sur le terrain contre les violences envers les femmes et sur les alliances qui sont passées ou qu’il faudrait passer pour mener cette lutte. Il faut lier les violences au manque ou aux pertes de droits que vivent les femmes, notamment de droits sexuels et reproductifs.

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Last modified 2006-09-12 12:22 PM