Manifeste des fédérations nationales de la Marche Mondiale des Femmes de Catalogne, Euskadi et Galice contre le projet de loi de l’avortement du ministre de la Justice espagnol Alberto Ruiz Gallardón
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Décembre dernier, le Conseil des Ministres de l’État Espagnol a adopté le projet de reforme de la loi sur l’Avortement, présenté par le ministre de la Justice, Alberto Ruiz Gallardón, intitulé : « Loi organique de protection de la vie du conçu et des droits de la femme enceinte ». Avec cette reforme, le Partido Popular (Parti populaire) cède aux pressions de la hiérarchie catholique et des groupes ultraconservateurs, intégristes et fondamentalistes, qui cherchent à freiner les changements des femmes pour que nous ne nous écartions pas du profil maternité-domesticité. Des soignantes au service des autres.
La norme vise à abolir la « Loi de santé sexuelle et reproductive, et de l’interruption volontaire de la grossesse », qui est en vigueur, et, en cas d’être adoptée, elle supprimerait no seulement l’actuel système de délais, qui permet à la femme d’avorter sans devoir alléguer aucune raison pendant les quatorze premières semaines, mais en plus les hypothèses pour pouvoir avorter légalement seraient restreintes. Il ne resterait que deux : le viol et le danger grave pour la vie ou la santé physique ou psychique de la femme. Le personnel médical serait le responsable de décider si ce danger existe, avec des conditions plus strictes qu’en 1985, et un procédé plus long. Selon cette proposition de loi, pas toutes les malformations foetales seront prises en compte pour pouvoir avorter, mais l’effet psychologique que la malformation puisse avoir pour la femme serait pris en compte, avec le préjugé qui en résulte pour la femme dans son dossier médical, qui, à l’avenir, pourrait être utilisé contre elle pour alléguer incapacité en cas de, par exemple, une demande pour la garde des enfants, ou lors de la recherche d’un emploi, etc.
Par conséquent, nous croyons que cette loi représenterait :
- Une vulnération des droits des femmes et une régression de plus de 30 ans dans la lutte pour le droit des femmes de décider de leur maternité, sans intromissions.
- Une réduction des libertés des femmes et une perte de droits qui peut conduire certaines femmes à risquer leur propre vie.
- Un danger pour la santé et pour tous les droits humains des femmes, basé sur des arguments d’une morale particulière et sur des interprétations religieuses fondamentalistes et intégristes.
- Une ingérence illégitime de la morale particulière de certains groupes dans les politiques publiques et dans les lois, qui sont responsabilité et obligation des états.
- Une alliance état/église qui viole le principe d’état laïque et les droits humains, en consolidant des pratiques discriminatoires et injustes, en matérialisant la violation de la dignité humaine et de la conscience individuelle.
- Une vulneration du droit à l’intimité.
Et qui se matérialiserait en :
- Augmentation des avortements clandestins et de risque. Avec cette loi, l’état espagnol se joindrait à la liste des pays où l’avortement est restreint ou pénalisé par la loi, et où se produisent la plupart des avortements clandestins, en obligeant aux femmes à faible revenu et/ou jeunes femmes à interrompre leur grossesse dangereusement.
- Un retour à la minorité d’âge des femmes, qui auraient besoin de plusieurs rapports psychiatriques pour pouvoir avorter.
- Une discrimination pour les femmes ayant peu de ressources – économiques ou informatives- car certaines pourraient avorter à l’étrangère et des autres auraient à le faire dans la précarité, mettant en danger leur santé.
- Une prolongation de la souffrance des femmes qui veulent avorter, qui seraient obligées de chercher des rapports médicaux qui « approuvent » et permettent leur décision d’avorter.
- L’insécurité juridique des personnes qui doivent « informer » sur la santé psychique de la femme qui veut avorter et de toutes celles qui peuvent être jugés pour pratiquer des avortements.
- La vulneration du droit a l’intimité, car la décision des femmes peut être l’objet d’investigation et remisse en question.
En définitive, cette loi provoquera que la liberté des femmes pour décider de leur propre corps et de leur vie soit limité par le même gouvernement qui promeut des réductions qui précarisent nos vies jusqu’à des extrémités insoupçonnables ; un gouvernement qui centre toutes ses efforts sur un foetus, pendant qu’il n’a pas aucun scrupule à laisser sans abri, sans éducation, sans nourriture, sans assistance sanitaire, etc. à des enfants nés ; le même gouvernement qui condamne à mort des milliers de vies au cours clôtures-frontière, pour garantir l’invulnérabilité de l’Europe, une Europe que ne parle de fondamentalisme que quand il s’agit de l’islamique, et qui occulte le catholique, avec une connivence qui lui permet de laisser sans droits à leurs citoyennes, en négligeant le respect des droits humains, pendant qu’il n’hésite pas à appliquer le plus rapidement possible une grand quantité « d’ajustements » économiques, en nous démontrons encore une fois ce que nous connaissons déjà, le capitalisme globalisé c’est la quintessence du patriarcat.
Pour toutes ces raisons, les femmes de la Marche Mondiale des Femmes de Catalogne, Euskadi et Galice
Exigeons :
- que le droit fondamental des femmes à prendre leurs propres décisions soit reconnu.
- que la souveraineté des femmes sur leurs propres corps et vies soit garantie.
- la couverture de l’interruption de la grossesse dans le réseau hospitalier et extrahospitalier publique et sa normalisation comme prestation sanitaire afin de garantir le caractère universel de ce droit, sans discrimination géographique dans l’accès de toutes les femmes a ce droit dans les services publics.
- la régularisation de l’objection de conscience qui précise les limites, en assurant que tous les centres publics disposent de l’équipement professionnel nécessaire pour répondre à la demande d’avortement des femmes.
- que les droits des femmes qui utilisent ces services soient toujours respectés et protégés.
- que des politiques et des mesures intégrales nécessaires en santé sexuel et reproductive soient adoptés, basées dans la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs.
- que l’éducation affective, émotionnelle et sexuelle avec une perspective de genre soit incluse dans le curriculum scolaire.
Nous voulons rappeler au gouvernement qu’il a l’obligation de garantir le pluralisme, la liberté de conscience, le droit à la santé reproductive et sexuelle et le droit de décider. En ce sens, les arguments religieux ne peuvent pas devenir politiques publiques ni lois qui vont à l’encontre des droits humains de toutes les femmes.
Nous lançons un appel à la mobilisation :
Rejoignez-nous dans les concentrations, diffusez les appels, parlez avec vos copines, amies, voisines ; offrez votre collaboration aux groupes qui engagent des actions pour s’opposer à cette loi.
Exigez : a vos représentants politiques et dans toutes les organisations où les femmes sommes présentes, qu’ils prennent la défense, qu’ils s’opposent a la nouvelle loi, qu’ils défendent nos droits et qu’ils luttent pour garantir la liberté des femmes pour décider.
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