The impact of the WMW on women's movement in Québec

« Nous avons d’abord évalué l’impact de la Marche sur les conditions de vie et de travail des femmes. C’est très clair : la Marche a permis de faire des gains. D’abord en impact direct sur les lois, sur des programmes, sur des politiques. Par exemple, en 2000, nous avons obtenu une hausse du salaire minimum. Elle était trop petite, mais d’avoir marché ensemble comme mouvement féministe a permis au groupe qui travaillait depuis des années sur cette question d’avoir un relais. D’autres luttes ont eu de la visibilité parce qu’elles n’étaient plus portées par un seul groupe mais par l’ensemble du mouvement des femmes du Québec en 2000 et en 2005.

Cela nous a aussi permis de connaître des réalités que nous connaissions peu, comme la situation des travailleuses domestiques. Au Québec, certaines d’entre elles vivent dans des conditions d’esclavage. Leur association était membre active de la Marche. En 2005, nous avions une revendication qui a permis d’aider les femmes victimes de trafic qui sont au Québec. Cette association se dit plus forte maintenant grâce à la Marche mondiale des femmes. Sans la Marche, ces gains, nous ne les aurions pas eus.

Nous avons aussi empêché des reculs parce que nous étions ensemble. Mais, malgré la force de notre mouvement qui compte des groupes de femmes, des organisations syndicales, des groupes sociaux, nous avons peu obtenu. Comme partout dans le monde, nous faisons face à des gouvernements néo-libéraux, anti-syndicaux qui veulent réduire les responsabilités de l’État, les programmes sociaux, les conditions de travail. La Marche nous a permis de faire face à ces attaques et aussi au ressac anti-féministes. Car il y a aussi une tendance de droite à faire que les féministes sont la cible de groupes haineux. Il y a une montée des intégrismes religieux. Grâce au réseau de la Marche, nous sommes visibles comme féministes parce que nous agissons ensemble.

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La Marche a aussi eu un impact important sur l’organisation du mouvement des femmes. Nous en sommes sorties avec une image plus forte de solidarité et une plus grande facilité à mobiliser les femmes. Nous sommes devenues un mouvement irréversible. Cette force nous aide à faire avancer les droits des femmes malgré la conjoncture difficile. Nous avons pu travailler sur les préjugés face aux femmes mais aussi les préjugés que nous avons entre nous, notamment sur les problèmes des femmes vivant plusieurs discriminations. Par exemple, les droits des travailleuses migrantes, des lesbiennes, etc. Les alliances avec différents mouvements au Québec, avec les comités femmes de groupes sociaux ont été un point fort de la Marche mondiale des femmes.

Un autre point majeur est la prise de conscience de la solidarité internationale autrement. Ce qui arrive aux femmes du monde entier fait partie de notre action quotidienne car nous comprenons que cela a un impact sur les conditions de vie des femmes chez nous. En Gaspésie, région éloignée du centre du Québec, il y a eu beaucoup de pertes d’emploi récemment et les femmes de Gaspésie, grâce aux outils que nous avions développés, en comprennent mieux la raison.

Ce qui distingue la Marche est que nous formons un réseau de groupes de base. Enfin, je ne peux pas terminer sans évoquer l’importance d’avoir eu le Secrétariat international au Québec. Quand nous avons lancé ce projet comme une bouteille à la mer, nous avions dit que si 15 groupes de femmes trouvaient que l’idée de faire une Marche en 2000 était bonne, nous la ferions. La vague nous a amené 164 pays. Nous avons été submergées par cette vague. Avoir eu le Secrétariat au Québec nous a rendues plus fortes. Je ne peux pas mesurer tout ce qu’on a appris, la richesse immense que nous avons vécue au Québec. Nous sommes nombreuses ici au Pérou et c’est pour vous dire que nous serons toujours présentes dans la Marche mondiale des femmes parce que c’est un mouvement irréversible. Au nom de centaines, de milliers de Québécoises, je vous dis merci de nous avoir fait confiance et permis de vivre cette expérience ensemble . Oui on a changé le monde, et on va continuer de le changer ! » 

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