COLLECTIF PAIX
- APPEL DES FEMMES POUR LA PAIX
- SÉMINAIRE et CAMPAGNE SUR LES VIOLENCES SEXUELLES
- DÉCLARATION
- LE COLLECTIF PAIX et DÉMILITARISATION
- EN SAVOIR PLUS
Nous, femmes de la Marche Mondiale des Femmes, réunies à l’occasion de la Cinquième Rencontre Internationale à Kigali, Rwanda du 4 au 12 Décembre, 2004, lançons un appel pour la paix dans la Région des Grands Lacs Africains et dans le monde entier ;
Profondément préoccupées par le regain des guerres et les conflits armés persistants dans la Région des Grands Lacs ;
Femmes rédigeant l'Appel pour la paix, Kigali, Deéembre, 2004.
Constatons avec amertume :
- que les femmes et les enfants sont particulièrement affectés par ces mêmes conflits, entraînant des conséquences graves sur eux entre autres, les tueries, les violences sexuelles surtout le viol utilisé comme arme de guerres, toutes autres formes de violences, les enlèvements, le trafic sexuel, les déplacements massifs et forcés de la population civile, l’accroissement de la pauvreté, la propagation du VIH/ SIDA ;
- que la cause profonde de la violence envers les femmes est le système patriarcal fermement enraciné dans lequel les femmes sont marginalisées et leurs besoins et droits niés en raison de leur genre ;
- la non-application de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU ;
- que les casques bleus présents dans la sous-région n ‘améliorent pas la situation contrairement aux mandats qui leur sont assignés, certains commettent aussi des actes de violences sexuelles ce qui aggrave le conflit;
- que le système international de gestion des conflits tel que les mécanismes de l’ONU ne sont pas efficaces;
- que la fabrication, la vente et la circulation incontrôlées des armes contribuent à la persistance de l’insécurité et la déstabilisation de la
sous-région et aussi du monde entier ;
- que la culture de l’impunité a élu domicile dans la sous-région et dans le monde entier;
- que la guerre est le résultat d’un système d’injustice et le patriarcat dans la répartition et l’accès aux richesses du monde ;
- que les groupes rebelles et les différentes forces négatives avec leurs idéologies génocidaires continuent d’opérer dans la région des Grands Lacs Africains ;
- que les puissances politiques et économiques entretiennent cette situation afin d’assouvir leurs intérêts économiques égoïstes ;
Dénonçons :
- les groupes rebelles et les forces négatives toujours présents dans la sous-région qui continuent de causer de l’instabilité et de violer les femmes, les petites filles et même les hommes, mettant ainsi en péril la paix ;
- le rôle négatif des médias nationaux et internationaux dont les messages attisent les conflits en déformant la réalité ;
Demandons :
- à la Communauté Internationale de faire pression et de rendre responsable les gouvernements de la sous-région signataires des accords qui n’ont pas respecté les engagements convenus ;
- aux Nations Unies d’adapter leur mandat à la situation des pays dans les Grands Lacs et désarmer immédiatement les groupes rebelles et les forces négatives dans la sous-région ;
- aux Nations Unies de sanctionner les casques bleus qui se rendent responsables des actes de violence sexuelle envers les femmes et les petites filles ;
- aux agences d’aide humanitaire de protéger la population civile, de dénoncer les actes de violences sexuelles envers les femmes et les petites filles et d’assurer une prise en charge appropriée aux victimes des viols;
- aux gouvernements des pays des Grands Lacs de résoudre les conflits par le dialogue sincère en associant les femmes conformément à la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies ;
Exigeons :
- que les femmes soient reconnues comme actrices et négociatrices de la paix et qu’elles participent dans tous les processus de prévention, gestion et résolution pacifique des conflits ainsi que la reconstruction de leurs pays respectifs ;
- que l’Union Africaine prenne ses responsabilités en s‘impliquant effectivement dans la résolution des conflits entre les pays africains ;
Interpellons :
- les différents gouvernements de la sous-région à respecter les engagements pris par la signature des différents accords de paix, de cessez- le- feu, de désarmer les forces négatives et d’appliquer les pactes de non-agression;
Appelons :
- la population civile des pays en conflits de dénoncer tous les actes de violations de droits humains particulièrement les violences faites aux femmes et aux enfants ainsi que la persistance de l’état de guerre ;
Déclarons :
- notre solidarité avec les femmes qui souffrent des conflits et des guerres à travers le monde entier.
2. SÉMINAIRE et CAMPAGNE SUR LES VIOLENCES SEXUELLES
À l'issue du Séminaire international de la Marche mondiale des femmes (MMF) qui s’est tenu du 26 au 30 septembre 2004 à Goma, en République démocratique du Congo,
le Colectif Paix et démilitarisation de la Marche mondiale des femmes a décidé de lancer une campagne mondiale sur les violences sexuelles
envers les femmes dans les situations de conflits et dans les zones militarisées. La campagne débutera le 25 novembre 2004 et durera un an.
« La « guerre contre le terrorisme » a servi de prétexte à un accroissement démesuré de la militarisation. Cette montée du militarisme a de nombreux impacts sur les femmes, tels le viol, la torture, les mutilations, les enlèvements, les assassinats extrajudiciaires, la prostitution et le trafic sexuel des femmes sans compter la destruction des milieux de vie comme la démolition des maisons et les dommages matériels. La militarisation accroît également la pauvreté. Les ressources économiques et la richesse sont investies dans la fabrication et le commerce des armes au lieu d’aller à des programmes sociaux et d’éducation qui profiteraient à l’ensemble de la société. »
Ce paragraphe est issu de la Déclaration émise par les participantes au Séminaire international de la Marche mondiale des femmes (MMF) sur la paix et la militarisation qui s’est tenu du 26 au 30 septembre 2004 à Goma, en République démocratique du Congo. Un séminaire qui a mené aussi à la décision de lancer une campagne mondiale sur les violences sexuelles envers les femmes dans les situations de conflits et dans les zones militarisées
Séminaire en zone de conflit
Une quarantaine de femmes ont participé à ce séminaire. Elles venaient de pays du monde où les guerres et les conflits armés sévissent ou ont sévi durement : Birmanie, Israël, Ouganda, Philippines, Salvador, Soudan, et de groupes qui travaillent sur la question de la violence envers les femmes (Suède, Suisse). Ceci sans parler des femmes de la région : Burundi, Rwanda et République démocratique du Congo (Sud et Nord Kivu), qui composaient la moitié de l’assemblée. Des réseaux internationaux agissant en faveur de la paix avaient envoyé des représentantes ou apporté un appui sur le plan de l’analyse et de la documentation : Femmes en noir (Belgrade), Women’s International League for Peace and Freedom (Burundi)
Durant cinq jours, ces femmes ont raconté leurs expériences. Elles ont défini le rôle que, selon elles, les femmes doivent jouer dans la prévention et la résolution de conflits et la promotion de la paix. Elles ont analysé les impacts que les conflits ont sur les femmes et qui sont intrinsèquement reliés à la sécurité, à la violence envers les femmes, à la pauvreté, aux injustices et aux inégalités dues à leur participation dans la prise de décisions. Les participantes ont également décidé d’appuyer la mise en œuvre de la proposition 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU (cette résolution demande la prise en compte de la perspective du genre et la participation des femmes à tous les niveaux du traitement des conflits et du développement de la paix).
Plusieurs organismes représentés ont déjà élaboré des modes d'intervention et des outils de réflexion sur ce sujet. Enfin, il a été question des actions que la Marche mondiale des femmes planifie en 2005, particulièrement les actions autour de la Charte Mondiale des femmes pour l’humanité. La Charte mondiale des femmes pour l’humanité sera adoptée par les déléguées de la Marche mondiale des femmes lors de la cinquième Rencontre internationale de la MMF qui aura lieu à Kigali, au Rwanda, du 4 au 12 décembre 2004. Cette Charte décrit le monde que les femmes veulent bâtir. Une des valeurs de base est la paix.
Campagne sur un an
Le Collectif sur la paix et la démilitarisation a décidé de lancer une campagne mondiale sur les violences sexuelles envers les femmes dans les situations de conflits et dans les zones militarisées
La campagne débutera le 25 novembre 2004. Elle s’étalera sur un an. Dans un premier temps, du 25 novembre 2004 au 24 mai 2005, les organisations travaillant avec des femmes victimes de violences sexuelles répertorieront les cas de violences sexuelles envers les femmes dans les zones de confits armés ou zones militarisées. Elles analyseront l’action entreprise par le gouvernement en place pour rendre justice à ces femmes et prévenir l’occurrence de ce phénomène et mèneront des campagnes de plaidoyer et de sensibilisation du public sur ces cas.
Les renseignements obtenus seront dévoilés le 24 mai 2005 (journée internationale des femmes pour la paix et le désarmement). Ils feront l’objet d’une publication qui sera diffusée auprès des groupes participants de la Marche et servira d’outil pour les plaidoyers nationaux. Ils seront utilisés lors d’événements particuliers telle la journée internationale de la paix le 21 septembre.
Volonté de réconciliation
La rencontre qui s’est tenue en République démocratique du Congo n’aurait pas été possible sans la volonté très forte des femmes de la région dont les États ont été en conflit et où les communautés sont meurtries, d’œuvrer en faveur de la paix et de la réconciliation au delà des barrières frontalières, ethniques ou tribales. La Coordination de la Marche dans la région, COCAFEM/GL (Concertation des collectifs oeuvrant pour la promotion de la femme dans la région des Grands Lacs), créée en 2000 par des femmes du Burundi, de la République démocratique du Congo et du Rwanda promeut aussi la position de la femme dans la sous-région des Grands lacs africains.
COCAFEM-GL est responsable du Collectif sur la paix et la démilitarisation de la Marche mondiale des femmes.
3. DÉCLARATION
Séminaire international sur la paix et la militarisation du 26 au 30 septembre 2004, Nous, femmes du Collectif international sur la paix et la démilitarisation de la Marche mondiale des femmes, affirmons que les violences sexuelles et physiques contre les femmes prolifèrent dans le monde entier. La violence sexuelle est particulièrement répandue dans les zones de conflits et dans les territoires ou pays occupés, où les femmes sont même utilisées comme des objets par les camps opposés.
Nous déclarons que la cause profonde de la violence envers les femmes est le système patriarcal fermement enraciné dans lequel les femmes sont marginalisées et leurs besoins et droits niés en raison de leur genre.
La « guerre contre le terrorisme » a servi de prétexte à un accroissement démesuré de la militarisation. Cette montée du militarisme a de nombreux impacts sur les femmes, tels le viol, la torture, les mutilations, les enlèvements, les assassinats extrajudiciaires, la prostitution et le trafic sexuel des femmes sans compter la destruction des milieux de vie comme la démolition des maisons et les dommages matériels. La militarisation accroît également la pauvreté. Les ressources économiques et la richesse sont investies dans la fabrication et le commerce des armes au lieu d’aller à des programmes sociaux et d’éducation qui profiteraient à l’ensemble de la société.
Nous dénonçons toutes les formes de violence, sexuelle, physique ou psychologique, infligées aux femmes pendant les conflits, les occupations dans les zones militarisées et dans leurs vies quotidiennes.
Nous dénonçons le patriarcat, l’intégrisme et le racisme, qui créent des sociétés militarisées et engendrent la féminisation de la pauvreté.
Nous dénonçons la propagation de la haine et les divisions délibérément créées dans les sociétés pour stimuler des conditions de génocide et de nettoyage ethnique.
Nous dénonçons l’impunité qui permet de perpétuer le cycle vicieux des violences contre les femmes et qui prive de toute justice les survivantes et les communautés affectées.
Nous sommes solidaires avec:
Nous demandons au Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, de faire tous les efforts pour inciter les États membres à appliquer la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Nous demandons à la communauté internationale de tenir tête avec nous à la violence sexuelle et d’adopter des mesures pour prévenir la perpétuation de cette violence.
Nous demandons aux gouvernements de rendre imputables les auteurs de violences sexuelles et de les traduire en justice.
Nous considérons comme cruciale la participation des femmes à la lutte pour créer une culture de paix. En intégrant pleinement la perspective de genre à la prévention des conflits, la gestion des crises et la consolidation de la paix après les conflits, nous assurerons aux femmes un rôle de premier plan dans l’édification de la paix et garantirons le respect de leurs droits.
4. LE COLLECTIF PAIX et DÉMILITARISATION
Le Collectif coordonne les analyses et interventions de la Marche mondiale des femmes en matière de paix et démilitarisation et cherche à assurer la participation des femmes dans les processus de paix au niveau local et sur la scène internationale. L’organisme rassemble des femmes de quatre groupes : PRO-FEMMES du Rwanda, CAFOB du Burundi, CAFED Nord Kivu et COFAS Sud Kivu de la République démocratique du Congo.
Références de sites Internet abordant la question de la paix et de la militarisation :
Photo Bianca Miglioretto
Goma, République démocratique du Congo
Photo Bianca Miglioretto
Last modified 2006-03-23 03:08 PM
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