Objectifs de la Marche mondiale
La Marche mondiale des femmes (MMF) est un mouvement mondial d’actions féministes rassemblant des groupes et organisations de la base oeuvrant pour éliminer les causes qui sont à l’origine de la pauvreté et de la violence envers les femmes. Nous luttons contre toutes les formes d’inégalités et de discriminations vécues par les femmes. Ses valeurs et ses actions visent un changement social, politique et économique. Elles s’articulent autour de la mondialisation des solidarités, de l’égalité entre les hommes et les femmes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, le respect et la reconnaissance de la diversité entre les femmes, la multiplicité de nos stratégies, la valorisation du leadership des femmes et la force des alliances entre les femmes et avec les autres mouvements sociaux progressistes.
Née du désir de rassembler les femmes du monde autour d’un projet commun, la Marche s’est rapidement imposée comme un formidable mouvement mondial après l’organisation de la Marche des femmes en l’an 2000 où elle a donné au mouvement des femmes l'occasion de se manifester, de se faire entendre dans des sphères où il navigue rarement.
Nous avons réussi, en l'an 2000, à faire résonner nos pas et
nos voix comme il a été peu donné au mouvement des femmes de le faire,
indique la Marche. Pour y arriver, une recette toute simple, déjà
éprouvée, qui consiste à créer une occasion pour que les femmes
puissent se parler, se raconter, trouver le fil conducteur et agir
ensemble. C'est une démarche que chacune d'entre nous a faite au cours
des dernières années. Avec la Marche mondiale des femmes, nous venons
d'élargir notre réseau d'influence les unes envers les autres mais
aussi vis-à-vis les décideurs le plus près de chez nous ou ceux bien à
l'abri de nos regards dans des institutions comme l'ONU, la Banque
mondiale ou le Fonds monétaire international.
Voilà en effet quelle était notre ultime raison de marcher :
accroître l'impact de l'analyse que nous portons. Cette analyse qui
nous mène à vouloir redéfinir les règles politiques, sociales, et
économiques qui nous gèrent. Le féminisme est une pensée, un projet de
société, une alternative, une autre façon de voir le monde. Le
féminisme déborde des simples constats d'inégalités et dépasse le
besoin d'accès au pouvoir. Défaire les systèmes qui perpétuent la peur
de la différence, entretiennent la haine de la différence et justifient
la violence ; dénoncer les systèmes qui engendrent l'exclusion et
accroissent la domination, voilà ce qui nous anime. »
La Marche a pour objectifs de :
Objectif # 1
Renforcer
et maintenir un vaste mouvement de solidarité entre toutes les femmes et les
organisations de la base de façon à ce que la Marche constitue un geste
d’affirmation des femmes du monde.
Objectif # 2
Promouvoir
l’égalité et la justice entre les femmes et les hommes, entre les femmes
elles-mêmes et entre tous les peuples.
Objectif # 3
Continuer
à construire et à renforcer un vaste processus d’éducation populaire où toutes
les femmes peuvent analyser par elles-mêmes et pour elles-mêmes les causes de
leur oppression, de leur discrimination, ainsi que des alternatives possibles.
Objectif # 4
Mettre
de l’avant les revendications et les alternatives communes aux mouvements des
femmes du monde, sur les plans local, national, régional et international,
autour des thèmes de la pauvreté et de la violence envers les femmes.
Objectif # 5 A
Exercer des
pressions politiques sur les gouvernements et les institutions politiques
multilatérales (par exemple, l’ONU) pour qu’ils effectuent les changements qui s’imposent
pour améliorer les conditions et la qualité de vie des femmes du monde,
incluant une politique de désarmement et de résolution pacifique des conflits,
la fin de toutes les impunités et de la corruption, de l’utilisation du viol
comme arme de guerre, des occupations et de la présence militaires étrangères,
ainsi que l’imposition de blocus politiques et économiques.
Objectif # 5 B
Remettre
en cause et dénoncer les institutions internationales financières, économiques
et militaires (FMI, OTAN, OMC, BM, corporations transnationales, agences de
coopération qui imposent des conditions aux luttes des femmes) qui
appauvrissent, marginalisent les femmes et accroissent la violence à leur
égard, et travailler à des propositions institutionnelles alternatives.
Objectif # 6
Amener la population en général, les autres
secteurs de la société et les mouvements sociaux à soutenir et à effectuer les
changements qui s’imposent pour améliorer le statut, les conditions et la
qualité de vie des femmes du monde entier.
Objectif # 7
Développer
et mettre en œuvre des actions et des propositions féministes dénonçant les
institutions économiques et financières qui favorisent l’exploitation et la
dégradation de nos ressources, les changements climatiques et les pertes de
biodiversité. Mener la lutte pour une autogestion de nos ressources
environnementales vers un modèle de développement qui soutienne les besoins
fondamentaux des générations présentes et à venir.
Objectifs revus lors de la 6è rencontre internationale de la MMF à Lima, juillet 2006.
Les valeurs qui guident le projet
Valeur # 1
Le
leadership de l’organisation est entre les mains des femmes.
Valeur # 2
Toutes
les régions du monde assument l’organisation de l’action.
Valeur # 3
Les
groupes participants actifs doivent adhérer aux buts et valeurs, aux objectifs
et au plan d’action global de la Marche, mais sont autonomes en ce qui a trait
à l’organisation des actions dans leurs pays.
Valeur # 4
Nous
reconnaissons, respectons et valorisons la diversité (des réalités des femmes,
des pays, des approches politiques ou des stratégies d’actions) des mouvements
des femmes.
Valeur # 5
La
Marche mondiale organise des actions de masse et de mobilisation, des activités
d’éducation populaire, des actions de résistance, des mobilisations aux niveaux
national, régional ou mondial. Nous sommes en faveur de la non-violence tout en
reconnaissant le droit à la légitime défense.
Valeurs revues lors de la 6è rencontre internationale de la MMF à Lima, juillet 2006.
D'où vient l'idée d'une marche mondiale des femmes ?
L'idée
de tenir une marche mondiale des femmes en l'an 2000 est née suite à la
Marche des femmes contre la pauvreté qui a eu lieu en 1995 au Québec.
Cette marche, initiée par la Fédération des femmes du Québec, a connu
un énorme succès. Huit cent cinquante femmes, qui ont marché pour la
plupart durant 10 jours pour 9 revendications à caractère économique,
ont été accueillies par 15 000 personnes à l'issue de la Marche. La
Marche a mobilisé l'ensemble du mouvement féministe et s'est gagné
l'appui de plusieurs secteurs de la population.
Lors
de la Marche de 1995 la présence d'une vingtaine de femmes provenant de
pays du sud nous a rappelé qu'il est essentiel de mondialiser nos
solidarités. En ce sens le Forum mondial de Beijing a confirmé que
partout dans le monde les femmes sont plus que jamais déterminées à
lutter pour l'égalité, le développement et la paix. C'est lors de ce
forum que nous avons lancé modestement l'idée d'une Marche
mondiale.
La
constitution du réseau s’est faite à partir
de 1997. En octobre 1998, quelque 140 représentantes issues de 65 pays se sont
rencontrées à Montréal, à l'invite du Comité de coordination de la Marche,
composé de Québécoises. Les deux thèmes de la Marche ont été adoptés :
élimination de la pauvreté dans le monde ; élimination de la violence envers les
femmes. Ils sont déclinés en 17 revendications mondiales. La Marche débutera le
8 mars 2000 et se terminera le 17 octobre 2000, Journée internationale pour
l'élimination de la pauvreté. En 1998, est également constitué un Comité de
liaison international (CLI), composé de 44 femmes chargé de suivre la
préparation des actions mondiales. Il se rencontrera à nouveau en 1999.
La Marche
mondiale des femmes a été officiellement lancée le 8 mars 2000, au niveau
international lors d'une conférence de presse qui s’est tenue à Montréal, en
liaison avec des femmes présentes à New York et à Genève.
Last modified 2006-09-20 12:25 PM
This item is available in
Français, English, Español