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LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT AU CRIBLE DE LA CHARTE MONDIALE DES FEMMES POUR L’HUMANITÉ
Ce document s’adresse aux groupes de femmes membres des Coordinations nationales de la Marche mondiale des femmes. Il s’agit d’un document informatif et critique sur les Objectifs du millénaire pour le développement (ODM) (2000 – 2015 ) des Nations Unies.
Ces Objectifs seront au cœur de la session d’évaluation organisée à l’ONU, du 14 au 16 septembre 2005, à laquelle participeront les chefs d’État des pays membres (les ONG ne sont pas admises. Elles ont été invitées à émettre leur point de vue en juin 2005), et la session de l’Organisation mondiale du commerce, en décembre à Hong Kong.
Dans la première partie du document, nous faisons une brève présentation des 8 Objectifs du millénaire pour le développement (ODM).
Dans la deuxième partie, nous faisons une lecture critique des ODM en général Nous présentons les critiques émises par le mouvement des femmes, puis celles de la Marche mondiale des femmes.
Dans une troisième partie nous présentons chaque objectif en particulier avec les cibles pour les atteindre et les indicateurs qui seront utilisés par l’ONU, suivis de notre analyse critique
Nous le faisons en nous basant sur les valeurs défendues dans la Charte mondiale des femmes pour l’humanité et les documents qui l’accompagnent, ainsi que sur d’autres documents produits par la Marche. En tant que féministes, nous estimons que ces Objectifs ne répondent pas à toutes nos préoccupations. Ils sont même très en retrait sur la plate-forme de Beijing et, encore plus, sur les 17 revendications de la Marche et sur la Charte mondiale des femmes pour l’humanité.
Enfin, nous suggérons des actions à réaliser pour faire connaître nos critiques des ODM.
PREMIÈRE PARTIE :
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE
En septembre 2000, les chefs d’État de 191 pays ont approuvé la Déclaration du Millénaire. Dans cette Déclaration, ils affirmaient l’importance de respecter la liberté, la paix, la sécurité, l’égalité, la tolérance, le respect de la nature, le partage des responsabilités; d’assurer le développement et d’éliminer la pauvreté dans le monde; de garantir la démocratie et une bonne gouvernance.
Ils ont traduit ces engagements en 8 objectifs concrets à réaliser d’ici 2015. Ce sont les Objectifs de développement du millénaire (ODM):
Objectif 1. Réduction de l'extrême pauvreté et de la faim
Objectif 2. Assurer l'éducation primaire pour tous
Objectif 3. Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes
Objectif 4. Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans
Objectif 5. Améliorer la santé maternelle
Objectif 6. Combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies
Objectif 7. Assurer un environnement durable
Objectif 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement
Pour chacun de ces objectifs, des cibles et des indicateurs d’évaluation ont été établis par les organisations internationales (Unicef, Organisation mondiale de la santé, Organisation internationale du travail, Banque mondiale, Fonds monétaire international). Il y a 18 cibles et 48 indicateurs.
Des équipes de travail, mandatées par l’ONU et composées d’experts, ont proposé des améliorations considérables aux ODM. Celles concernant l’ODM 3 ( égalité et autonomisation des femmes) sont très intéressantes.
En septembre 2005, à New York, les États feront une première évaluation de la réalisation des Objectifs du millénaire. Le projet de document final de cette rencontre, adopté le 22 juillet 2005, est en net progrès sur les ODM eux-mêmes. Il rappelle les engagements précédents pour diminuer la pauvreté, assurer le développement durable, la prévention et la résolution des conflits, entre autres, et pour les femmes, « qu’il est essentiel d’appliquer effectivement et intégralement la Déclaration et le Programme d’action de Beijing. » Il souhaite une prise en compte de la situation des femmes dans toutes les politiques de l’Onu et leur participation effective à la vie politique, économique, à la résolution des conflits. Si ce texte est appliqué ce sera un net progrès dans la mise en œuvre des ODM. Mais de nombreuses critiques restent d’actualité.
Nous partageons les inquiétudes plus générales de plusieurs groupes et mouvements sociaux face à l’impact négatif des ODM sur l’engagement des pays à signer et appliquer les diverses conventions, traités, plate-forme d’actions développés au fil des années 90 à partir des grandes conférences de l’ONU au cours desquelles la participation citoyenne étaient assurée dans les forums parallèles. Les ODM représentant le plus petit dénominateur commun plutôt que la somme de ces engagements, il est essentiel de réclamer clairement et irrévocablement que l’ONU et les institutions internationales de Bretton Woods doivent changer de cap. Le néolibéralisme est source de pauvreté et d’exclusion et il est insensé de croire que ce système économique peut sauver l’humanité de l’état pitoyable dans lequel il nous a plongé. Tout comme on ne peut, dans le contexte actuel, s’attaquer à la pauvreté sans mettre en place de façon urgente des plans pour stopper la militarisation et garantir la pleine jouissance des droits des femmes dans chaque pays.
ACTION MONDIALE CONTRE LA PAUVRETÉ
Alors que se déroule cette discussion sur les ODM, un collectif d’Organisations non gouvernementales (ONG) internationales, mené par Oxfam, a lancé un Appel mondial à l’Action contre la pauvreté.
Les membres de ce collectif exigent :
- l’annulation de la dette
nbsp;une augmentation significative en quantité et en qualité de l’aide au développement
des efforts à l’échelon national pour éliminer la pauvreté, efforts développés et réalisés de manière démocratique, transparente et responsable à l’égard des citoyens.
Ils suggèrent que les personnes qui adhèrent à la campagne portent un bandeau blanc les jours de mobilisation nationale :
le 1er juillet 2005, lors de la réunion du G8 en Écosse;
10 septembre 2005 à l’ouverture de la session de l’ONU d’évaluation des ODM au bout de 5 ans
10 décembre 2005, Journée internationale des droits de l’homme (sic!), trois jours avant la sixième Conférence Ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce, qui aura lieu à Hong Kong
Ce Collectif a reçu l’appui de vedettes de la chanson qui ont organisé de grands spectacles en juillet 2005 au moment de la réunion du G8 en Écosse. L’annonce de l’annulation de la dette de 18 pays parmi les plus pauvres de la planète durant ce G8 a été bien accueillie par les militants du Collectif.
La Marche mondiale des femmes ne fait pas partie du Collectif d’Action mondiale contre la pauvreté. Nous partageons plusieurs des propositions qui ont été faites et les critiques qui ont été émises sur les ODM , par exemple, celle sur l’annulation de la dette (voir plus loin Réflexions sur l’Objectif numéro 8).
Nous pensons également que les changements de société que nous proposons dans nos textes et par nos actions, particulièrement dans la Charte mondiale des femmes pour l’humanité, et le relais qui se déroule tout au long de cette année 2005, ne peuvent se faire qu’avec la participation active des femmes et des hommes provenant des pays concernés. Réseau féministe international, la Marche mondiale des femmes regroupe près de 6000 groupes de femmes issus de 164 pays et territoires dans le monde. Nous affirmons que sans la participation organisée et active des femmes de tous ces pays, ensemble, l’état actuel des choses dans le monde ne pourra pas changer.
Nous insistons également sur la nécessité d’avoir une analyse féministe des décisions et actions qui se prennent. La pauvreté, les inégalités, les injustices, les violences touchent plus les femmes que les hommes. Cette vision est malheureusement absente de l’analyse du Collectif qui a lancé l’Appel mondial à l’Action contre la pauvreté. Même si nous appuyons l’idée d’établir des étapes à franchir pour avoir un impact à court terme sur l’appauvrissement des populations (comme l’effacement de la dette) nous croyons que nous devons aussi proposer des changements de paradigmes et questionner les systèmes sociaux, économiques et politiques qui génèrent la pauvreté et l’exclusion.
DEUXIÈME PARTIE :
CRITIQUES FAITES AUX ODM EN GÉNÉRAL
Même si l’on ne peut être en désaccord avec les énoncés généraux des Objectifs du Millénaire, de nombreuses Organisations non gouvernementales critiquent l’absence d’analyse sur les causes des grandes injustices actuelles.
Les organisations féministes estiment, pour leur part, que les ODM ne prennent pas assez en compte la situation spécifique et particulière que vivent les femmes.
Voici un résumé des critiques générales :
- Les ODM sont trop généraux dans leur objet, trop techniques et la vision est trop étroite.
- Les ODM ne remettent pas en cause le système capitaliste qui est source de pauvreté, de famine, d’insécurité. Ils ne dénoncent pas les responsables (entreprises multinationales, FMI, BM, OMC) dont les mesures ont entraîné des coupes dans les budgets sociaux et qui contrôlent les infrastructures, les médias, la technologie, le commerce. Ils ne proposent pas une redistribution des richesses. Au contraire, ils suggèrent, pour diminuer la pauvreté, d’augmenter la croissance, la consommation et d’ouvrir les marchés, ce qui accroîtra encore les profits des entreprises des pays développés et les disparités entre les pays. Plusieurs indicateurs pour examiner les progrès des ODM sont établis par le FMI et la BM. Comment peut-on améliorer les systèmes d’éducation, de santé, alors qu’on défend des politiques qui les affaiblissent ?
- Il manque une dimension Droits de la personne dans les ODM (à noter qu’elle se trouve dans le Projet de document final de la session de septembre 2005) Il ne faudrait pas parler de besoins mais de droits. Il faut s’adresser à des personnes humaines et non à des publics cibles et ne pas laisser de côté les personnes marginalisées : autochtones, réfugiés, déplacés, handicapés, personnes victimes de trafic, etc.
- Les ODM ont été définis du « haut » vers « le bas » sans participation citoyenne
- Les ODM concernent surtout les pays pauvres et les rendent responsables des efforts à faire pour améliorer leur situation. Ils n’imposent ni responsabilité, ni calendrier, ni pénalité aux pays riches censés les aider (là aussi le Projet de document final nuance). Les ODM ne proposent rien pour les personnes vivant la pauvreté dans les pays « développés ».
- De nombreux éléments manquent : contrôle des brevets sur les médicaments, garantie du système public de santé, transparence gouvernementale, démocratie (le Projet de document final en parle toutefois), développement durable, redistribution des richesses, réforme agraire, droit du travail, approche des peuples autochtones, etc. Notons que le Projet de document final de la session de septembre 2005 en reprend certains.
- Les ressources affectées à la réalisation des ODM sont insuffisantes.
- Jusqu’en 2015, les pays consacreront leurs énergies à réaliser les ODM. Or, la plupart de ceux-ci sont en retrait sur les textes internationaux adoptés lors de conférences de l’ONU, surtout ceux concernant les femmes : Plate-forme de Beijing (1995); CEDAW; Conférence du Caire sur la Population, etc., et même la Déclaration du Millénaire de 2000 qui a mené aux ODM. Les agences d’aide au développement risquent de suivre le mouvement. Il faut maintenir la pression pour appliquer ces textes.
Critiques portant sur la prise en compte de la place des femmes dans les ODM :
- Les ODM n’ont pas une approche sexo-spécifique de la pauvreté et des autres problèmes.
- Seul un ODM concerne spécifiquement l’inégalité que vivent les femmes alors que cela devrait être transversal à tous les ODM L’égalité entre les sexes est une condition à tous les autres ODM : éducation, santé, alimentation, logement, avoir des ressources économiques. Il manque le respect des droits des femmes.
- Les ODM présentent les femmes comme des mères et comme des femmes enceintes, ou comme des victimes mais pas comme des agentes actives du développement.
- Les ODM n’incluent pas d’indicateur sur l’empowerment des femmes
- Les ODM ne parlent pas de la violence envers les femmes ni de la situation spécifique des femmes dans les conflits armés.
- Les ODM ne parlent pas des droits reproductifs et sexuels. :
- Il y a des pays qui ont atteint les cibles des ODM mais où les femmes vivent la violence et n’ont pas accès à l’avortement de manière sûre et gratuite.
- La question de la mortalité maternelle doit être liée à l’accès à des services de santé de qualité, à des services génésiques.
- L’ODM sur l’éducation est trop étroit. L’éducation doit être un facteur de transformation des attitudes, des croyances et doit s’attaquer aux normes sociales qui perpétuent la discrimination et l’inégalité.
- Il faut des statistiques sexo-spécifiques pour évaluer les progrès des ODM et les inclure dans les rapports des pays.
- Il faut réserver des budgets pour les initiatives qui concernent les femmes
- Il faut inclure la participation des femmes à la gestion des ressources naturelles, à la garantie de la biodiversité.
- Plusieurs critiques ont été prises en compte dans le Projet de document final de la session de septembre 2005, soit la nécessité de :
- investir dans des infrastructures (eau potable, transport, accès à l’énergie);
- prendre des mesures qui libèrent les femmes des tâches ménagères et des soins aux proches (enfants, malades, personnes âgées), qui continuent d’être considérées comme des tâches attribuées naturellement et uniquement aux femmes. Femmes et hommes doivent partager le travail non rémunéré;
- octroyer des droits aux femmes sur l’héritage, la propriété, la terre;
- mettre fin aux discriminations dans l’emploi, l’inégalité et l’inéquité salariales et sur le travail informel.
LA CHARTE MONDIALE DES FEMMES, UN OUTIL POUR ÉVALUER LES ODM
De nombreux traités, chartes, protocoles internationaux (Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes), Plate-forme de Beijing, Programme d’action final adopté à l’issue de la Conférence Internationale des Nations Unies sur la Population et le Développement, etc. ) contiennent des articles qui vont bien au-delà de ce que prévoient les Objectifs du millénaire. La portée générale des ODM est même en retrait sur la Déclaration du Millénaire adoptée en septembre 2000, en prélude aux ODM!
Concernant les femmes, il y a un seul ODM qui les concernent spécifiquement et deux abordent la situation des mères et des personnes malades du Sida.
Était-il donc nécessaire d’adopter les ODM ? Nous ne le pensons pas et craignons qu’ils ne deviennent les seules références pour évaluer les rapports entre pays riches et pauvres dans les années à venir.
Pour nous, la Charte mondiale des femmes pour l’humanité, document rédigé par les femmes de la Marche ensemble, et adopté le 10 décembre 2004, est le pivot de nos actions à venir. Cette Charte décrit le monde que les femmes veulent bâtir. Ce monde est fondé sur les valeurs de l’égalité, de la liberté, de la solidarité, de la justice, de la paix. Deux documents accompagnent la Charte qui expliquent l’origine de la Charte, sa portée et les conditions à réaliser pour mettre en place le monde que nous proposons.
Entre le 8 mars 2005 et le 17 octobre 2005, la Marche mondiale organise un relais de la Charte à travers le monde. Durant le relais, nous nous servons de la Charte pour interpeller les gouvernements, les mouvements sociaux, les mouvements de femmes pour les rallier à notre Charte. Nous le faisons à partir de notre vision féministe.
Depuis sa création en 1997, la Marche mondiale des femmes dénonce le patriarcat et le capitalisme qui sont sources d’oppression, de domination, d’exclusion des femmes particulièrement. Elle milite pour éradiquer la pauvreté et la violence envers les femmes. La plate-forme politique de 17 revendications adoptées en 1998 énonce des propositions concrètes pour arriver à ce résultat.
En 2005, les écarts entre les personnes riches et pauvres se sont creusés. Les femmes sont les premières victimes de la violence et de la pauvreté. Le capitalisme, le patriarcat persistent et se renforcent mutuellement. Ils génèrent pauvreté, violence, militarisation croissante du monde, insécurité, et font le lit du racisme, de l’homophobie, du système de caste. Le constat que nous faisions en 2000 reste, hélas, d’actualité : « À l’aube de l’an 2000, il existe encore des déséquilibres profonds, injustifiables et intolérables, entre les hommes et les femmes, entre les pays du Nord et les pays du Sud, entre ceux de l’Est et ceux de l’Ouest et, parmi la population d’un même pays, entre les riches et les pauvres, entre les jeunes et les plus âgés, entre les villes et les campagnes. » (Marche mondiale des femmes, Lettre à Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU, 17 octobre 2000).
TROISIÈME PARTIE :
PRÉSENTATION DÉTAILLÉE PAR OBJECTIF ET RÉFLEXIONS DU POINT DE VUE DE LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES
Dans la troisième partie nous présentons chacun des 8 objectifs, leurs cibles et les indicateurs, suivis de notre analyse. Celle-ci se base sur les documents de la Marche mondiale des femmes : la Charte mondiale des femmes pour l’humanité, les deux textes d’accompagnement de la Charte, la plate-forme politique des 17 revendications mondiales et la lettre adressée au Secrétaire général des NU M. Kofi Annan lors de la Marche en octobre de l’an 2000.
Réflexions sur l’Objectif 1. Réduction de l’extrême pauvreté et de la faim
« La pauvreté est le mal qui touche le plus les femmes rurales chefs de ménage. Elle résulte essentiellement de l’accès inégal aux ressources, du contrôle de la production, du commerce et des finances par le pouvoir national et multinational de l’argent. » FAO, Fatou Sow, Femmes rurales et chefs de famille en Afrique subsaharienne, 1995. |
L’Objectif a comme cibles : Cible1. « Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour. » Indicateurs 1. Proportion de la population disposant de moins d’un dollar par jour en parité du pouvoir d’achat (1993 PPA) (Banque mondiale) Cible 2. « Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim. » Indicateurs _________________________________________________________ La pauvreté n’est pas une fatalité. Comme nous l’énonçons dans plusieurs documents de la Marche mondiale, notamment dans le document d’accompagnement 1 à la Charte mondiale des femmes pour l’humanité : « L’humanité ne souffre pas d’un manque de ressources ou d’une insuffisance dans la production des richesses mais d’un problème grave d’accès universel, de gestion responsable et de distribution équitable de ces ressources et de ces richesses. Alors qu’une poignée d’affairistes dans le monde sont de plus en plus riches, le nombre de personnes pauvres, qui n’ont pas accès aux biens et services essentiels à l’exercice des droits humains, ne cesse d’augmenter. » Les multinationales, les banques, les grands propriétaires accaparent l’essentiel des richesses produites dans le monde, intermédiaires qui s’en mettent plein les poches, etc. Le commerce est inéquitable : matières premières sous-payées à ceux qui les produisent, spéculations sur les marchés boursiers. Les programmes imposés par le Fonds monétaire international, la Banque mondiale aux pays pauvres endettés (privatisations de services assurés par l’État comme la distribution de l’eau, de l’électricité, l’éducation, la santé) ont accentué la pauvreté et creusé les inégalités (voir Réflexions sur l’ODM8). S’attaquer à la pauvreté veut dire transformer profondément les structures de production actuelles, mettre fin à la corruption et à la spéculation financière; mettre en place une réforme agraire qui rende les paysannes et les paysans propriétaires des terres qu’ils cultivent et une réforme sociale pour les ouvrières et les ouvriers; c’est instaurer des règles de commerce équitable. Bref, c’est repenser l’économie pour la mettre au service du plus grand nombre, faire des investissements socialement productifs et écologiquement responsables (voir aussi Réflexions sur l’ODM8). Cet ODM est également minimaliste puisqu’il vise seulement la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, en se basant sur la population disposant de moins de 1 dollar par jour. C’est une conception étroite de la pauvreté, qui exclut les personnes pauvres qui disposent d’un peu plus que ce seuil de 1 dollar et ne parle pas des personnes pauvres dans les pays « dits riches ». Par ailleurs lier la richesse au critère de la consommation révèle une conception de l’économie productiviste où l’on produit dans le seul but de consommer, où il faut toujours produire plus, sans tenir compte des effets de cette production sur les personnes et l’environnement (voir Réflexions sur l’ODM7). La pauvreté a des conséquences bien plus larges que la faim : elle empêche celles et ceux qui la vivent de se loger dignement, d’avoir accès aux soins de santé, aux études, à l’énergie, aux vêtements, à la culture, aux loisirs, de se déplacer, de participer à la vie sociale et politique de la communauté. Une personne pauvre n’a souvent pas les capacités de connaître ses droits et de les faire valoir. Elle vit de nombreuses discriminations. Les femmes forment la majorité des personnes pauvres. Cet objectif ne le mentionne pas. Non seulement elles sont les premières sacrifiées en cas de manque (une famille privilégiera la nourriture et les études des fils plutôt que des filles), mais elles n’ont pas accès aux ressources dont elles auraient besoin pour sortir de la misère. Les femmes agricultrices sont rarement propriétaires des terres qu’elles cultivent, les lois et coutumes de nombreux pays ne leur donnant pas ce droit. Elles ont rarement le titre de cheffe de famille même si, quotidiennement, ce sont elles qui s’occupent de fournir nourriture et soins à leur famille; même si leur conjoint est absent. De même, elles ont difficilement accès au crédit. Références : Charte mondiale des femmes pour l’humanité : Égalité : Affirmations 5, 6, 7 Liberté : Affirmation 1 Solidarité : Affirmations 2, 5, 6 Justice : Affirmations 1, 2, 5 Paix : Affirmations 1, 5 Documents d’accompagnement à la Charte 1 et 2 Revendications de la Marche mondiale des femmes pour éliminer la pauvreté Lettre à Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU, 17 octobre 2000. |
Réflexions sur l’Objectif 2. Assurer l'éducation primaire pour tous
Unicef, La situation des enfants dans le monde, 2004 |
L’Objectif a comme cible : « D'ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d'achever un cycle complet d'études primaires. » Indicateurs 2. Proportion d’écoliers commençant la première année d’études dans l’enseignement primaire et achevant la cinquième (UNESCO) 3. Taux d’alphabétisation des 15 à 24 ans (UNESCO) L’égalité entre les filles et les garçons dans les études est inscrite dans l’Objectif 3. sur l’égalité et l’autonomisation des femmes. (voir plus loin). Pour les femmes et les filles, l’accès à l’éducation est une des conditions pour sortir de la pauvreté. L’éducation donne des outils pour réfléchir, agir, participer, revendiquer; pour se libérer de l’oppression et pour décider par soi-même. Une femme instruite a plus de capacités de choisir son métier, de choisir la personne avec qui elle veut vivre, de réclamer des soins de santé adéquats, d’obtenir un emploi mieux rémunéré, de faire entendre sa voix dans la société, de lutter contre la violence et l’insécurité, qu’une femme non instruite. Toutefois, l’Objectif nous semble insuffisant. D’abord, il faut viser l’accès de toutes et de tous à tous les niveaux d’études, particulièrement des filles. Pour parvenir à cela, et pour que l’éducation soit réellement un facteur d’autonomisation pour les femmes, il faut :
Nous souhaitons également une vision plus large de l’éducation, qui englobe la formation continue et qui valorise les savoirs non livresques et non académiques. Références : Charte mondiale des femmes pour l’humanité : Égalité : Affirmation 1 Liberté : Affirmation 5 Justice : Affirmation 5 Revendication de la Marche mondiale des femmes pour l’humanité pour éliminer la pauvreté |
Réflexions sur l’Objectif 3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
« La discrimination à l’égard des femmes a des coûts sociaux bien visibles. Dans de nombreux pays, filles et femmes se voient refuser l’éducation et les soins de santé. Des millions sont en proie aux violences et aux sévices. Elles doivent affronter des tribunaux et des systèmes judiciaires prévenus. Elles se voient refuser des emplois. Mais tout aussi important que les coûts sociaux sont les coûts financiers » […] « la discrimination sexuelle non seulement cause un préjudice à des millions d’individus dans le monde entier, mais aussi paralyse la croissance de l’économie nationale. » Le coût de l’inégalité entre les sexes, article paru sur le site du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), 2000. |
L’Objectif a comme cible : « Éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d'ici à 2005 si possible, et en tous les niveaux de l'enseignement en 2015 au plus tard. » Indicateurs ____________________________________________________________ L’égalité entre les femmes et les hommes ne doit pas être limitée à un seul objectif. Elle doit être transversale à tous les ODM. Elle est une condition essentielle pour bâtir un monde sans pauvreté et sans violence. Dans la Charte mondiale des femmes pour l’humanité, elle constitue une des cinq valeurs. Mais elle ne se réalisera pas si les affirmations contenues dans les autres valeurs ne sont pas remplies. Comme nous l’écrivions dans la lettre que nous avons adressée, le 17 octobre 2000, au Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan: « L’égalité est à la fois une fin et un moyen de mener à bien les objectifs de paix, de justice et de développement que nous poursuivons. » De plus, l’angle sous lequel est envisagé cet ODM est très étroit puisque, pour l’évaluer cet objectif, on examinera seulement quatre éléments, dont deux concernent l’éducation (voir à ce sujet, les réflexions que nous faisons sur l’ODM2) et, une incursion timide dans le secteur économique et politique : « Le pourcentage de salariées dans le secteur non agricole » et « la proportion de sièges occupés par les femmes au parlement national. » Nous avons une vision bien plus large de l’égalité. L’ égalité doit se faire dans tous les domaines : éducation, des jeunes mais aussi des adultes; dans le travail (accès à l’emploi, salaires, avantages sociaux); dans les prises de décision; dans la représentation et participation à la vie politique, sociale et économique de la communauté; dans l’accès à la santé, à la justice, aux loisirs. Il faut partager le travail non rémunéré entre les hommes et les femmes pour donner aux femmes le temps de participer pleinement à toutes les activités de la vie sociale, politique et économique. Ce travail produit de la richesses et doit être inclus dans les calculs du Produit intérieur brut (PI B) des pays. L’égalité passe par l’élimination de toutes les discriminations, exclusions et violences à l’égard des femmes. Aucune religion, tradition, coutume ne peut justifier de telles discriminations, exclusions et violences. Dans la Charte mondiale des femmes pour l’humanité, nous développons notre conception de l’égalité. C’est pourquoi nous renvoyons à l’ensemble des affirmations contenues dans cette valeur. Références : Charte mondiale des femmes pour l’humanité : Égalité : Affirmations 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 Documents d’accompagnement à la Charte 2 Revendications de la Marche mondiale des femmes pour éliminer la violence |
Réflexions sur l’Objectif 4. Réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans et sur l’Objectif 5. Améliorer la santé maternelle
« Une femme enceinte ou venant d’accoucher meurt chaque minute dans le monde. La tendance à la baisse de la mortalité maternelle (décès durant les 42 jours qui suivent l’accouchement par une cause liée à la grossesse) stagne voire même s’inverse dans certains pays.[…] Sur les 529 000 décès annuels, environ 10 % sont liés à des avortements mal réalisés, surtout dans les pays pauvres. » Magazine Alternatives internationales, France, mai 2005 – source OMS. « Chaque année, plus de 4 millions de nouveau-nés meurent dans les 28 jours qui suivent leur mise au monde et 6,6 millions d’autres enfants en bas âge disparaissent avant leur 5è anniversaire. » |
L’Objectif 4 a comme cible Indicateurs L’Objectif 5 a comme cible : « Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle. » Indicateurs Nous lions ces deux objectifs afin de ne pas nous répéter dans nos critiques. La vision de ces objectifs est étroite, surtout celle de l’ODM5. Nous ne nions pas l’importance de protéger les jeunes enfants, filles et garçons, et les mères. Toutefois, ne s’occuper que des femmes enceintes, qui accouchent ou viennent d’accoucher, limite les femmes au seul rôle de mère. Il n’y a rien dans les ODM sur les droits reproductifs et sexuels, et aucun progrès notable n’est fait dans le Projet de déclaration finale de septembre 2005. La santé est liée aux conditions économiques, sociales, sanitaires, environnementales, politiques, de travail que vivent les femmes. La pauvreté prive de nombreuses femmes de conditions de vie leur permettant de vivre en santé (en cas de disette, les garçons et les hommes sont nourris en premier). La pauvreté les prive aussi de l’accès aux soins et à l’information sur leurs droits sexuels et reproductifs. L’impossibilité qu’ont de nombreuses femmes de ne pas choisir librement si elles ont des relations sexuelles, avec qui, quand et dans quelles conditions; de se protéger lors de ces relations (voir ODM6); de poursuivre une grossesse ou non; de recourir aux moyens contraceptifs, à l’avortement dans des conditions sûres; la violence qu’elles vivent; tout cela pèse sur leur santé. Il faut viser l’accès de toutes et de tous à des soins de santé gratuits et de qualité. Il faut que les pays dégagent des ressources pour offrir cet accès et briser les monopoles des compagnies pharmaceutiques sur les médicaments et les brevets afin qu’ils puissent offrir les médicaments, vaccins dont leur population a besoin sans discrimination. Cela passe par la suppression de la dette, des programmes d’ajustement structurel qui grèvent les finances publiques et par le contrôle et la propriété intellectuelle sur ses propres ressources médicales. Il faut promouvoir des conditions de vie qui permettent de vivre en santé : prévention, souveraineté alimentaire, etc. Ainsi les jeunes filles et les femmes doivent pouvoir choisir :
Cela implique de lutter :
Concrètement, elles doivent avoir accès :
Références : Charte mondiale des femmes pour l’humanité : Égalité : Affirmations 1, 4 Liberté : Affirmations 1, 2, 4, 5 Justice : Affirmations 5, 6 Paix : Affirmation 1 Document d’accompagnement à la Charte 2 Revendications de la Marche mondiale des femmes pour éliminer la pauvreté et la violence |
Réflexions sur l’Objectif 6. Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies
« En décembre 2003, les femmes représentaient près de 50% de toutes les personnes vivant avec le VIH dans le monde [39,4 millions d'adultes] […] Les femmes et les jeunes filles portent la majeure partie du fardeau de l’épidémie; ce sont elles, qui selon toute probabilité, prendront soin des malades, perdront leur emploi, leurs revenus et leur chance de scolarité à la suite de la maladie et qui subiront la stigmatisation et la discrimination. » Rapport annuel de l'ONUSIDA, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida, 2004. |
L’Objectif a comme cibles : Indicateurs Indicateurs ___ Pour réaliser cet objectif, il faut, comme l’ONUSIDA le note dans son dernier rapport : « s’attaquer aux nombreux facteurs qui contribuent à la vulnérabilité et au risque des femmes – les inégalités sexospécifiques et culturelles, la violence, l’ignorance. » Cet objectif est le seul à évoquer la nécessité d’avoir des statistiques montrant que les femmes vivent une situation spécifique et qu’elles sont particulièrement touchées par la pandémie du VIH/SIDA. Il est le seul à insister sur la nécessité d’informer sur les moyens contraceptifs et sur l’usage du préservatif dans les rapports sexuels à risque. Pour une analyse féministe des questions de santé et leur lien avec la pauvreté , nous renvoyons aux réflexions faites sur les ODM4 et ODM5. Vu la mainmise de quelques laboratoires pharmaceutiques sur les vaccins, les traitements et les brevets des médicaments, particulièrement ceux du SIDA, nous affirmons la nécessité : · d’avoir un système de santé public, gratuit, de qualité; · de briser le monopole des firmes pharmaceutiques; · transnationales sur les médicaments essentiels à la survie des personnes malades; · d’abandonner la recherche militaire au profit de la recherche civile pour mettre sur pied des programmes sociaux en faveur de la santé, de l’emploi, de l’éducation. Par ailleurs, le lien entre le viol et l’épidémie du VIH/SIDA, particulièrement dans les zones de guerres et de conflits armés renvoie aux causes de ces conflits; aux intérêts qu’ils procurent; à la place des femmes dans ces conflits: utilisation du corps des femmes comme butin de guerre, violences sexuelles, usage du corps des femmes avec le dessein de purification ethnique, sort des fillettes-soldates; place des femmes dans la résolution de ces conflits. Ainsi au-delà des traitements des pandémies, nous réaffirmons qu’il faut, pour les combattre : mettre fin aux guerres et conflits armés; édicter et effectivement appliquer des lois qui interdisent et condamnent toutes les formes de violences; que toutes et tous bénéficient de programmes d’éducation et de formation qui promeuvent une culture de la paix et de la non violence; · respect des droits sexuels et reproductifs des femmes. Notons les progrès faits dans le Projet de document final de la session de septembre 2005, qui réclame « le traitement et un accès élargi à des médicaments abordables »; qui condamne « énergiquement les violations des droits humains des femmes et des filles dans les situations de conflit armé ainsi que l’exploitation sexuelle, les actes de violence et les abus contre elles » et enjoint à la participation active des femmes dans la prévention et le règlement des conflits. Références : Charte mondiale des femmes pour l’humanité : Justice : Affirmation 6 Paix : Affirmations 4, 5 Documents d’accompagnement à la Charte 1 et 2 Revendications de la Marche mondiale des femmes pour éliminer la pauvreté et la violence. |
Réflexions sur l’Objectif 7. Assurer un environnement durable
« Les rôles décisifs des femmes, leurs responsabilités ainsi que leur connaissance approfondie des plantes et des animaux restent parfois «invisibles» aux agronomes, forestiers et écologistes, ainsi qu’aux planificateurs et décideurs. Le manque de reconnaissance aux niveaux technique et institutionnel signifie que les intérêts et les exigences des femmes ne font pas l’objet d’une attention suffisante. En outre, la participation des femmes aux initiatives officielles de conservation de la diversité biologique reste faible en raison des barrières culturelles qui les empêchent souvent d’être représentées dans les centres décisionnels à tous les niveaux.» FAO, Les femmes, utilisatrices, conservatrices et gestionnaires de la diversité agrobiologique, décembre 2001. |
L’Objectif a comme cibles : Cible 1. Indicateurs 5. Proportion de la population utilisant des combustibles solides (OMS) Cible 2. Indicateurs 2. Proportion de la population ayant accès à un meilleur système d’assainissement (zones urbaines et rurales) (UNICEF-OMS) Cible 3. Indicateurs _______
Enfin, elle entraîne le dépeuplement des campagnes au profit des villes où les personnes connaissent des conditions de vie sont déplorables. Pour sa part, la course aux énergies fossiles est source de guerres, d’expropriations, de pollution. Pour « inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales » comme le veut cet ODM, il faut renverser la logique capitaliste actuelle (voir Réflexions sur l’ODM1). Il faut repenser l’économie pour satisfaire les besoins de base du plus grand nombre : habitat salubre, nourriture saine et nutritive, accès à l’eau potable proche du domicile, à l’éducation, à la santé, aux transports, à la culture. Il faut promouvoir des énergies renouvelables et non polluantes, des transports écologiques, une utilisation mesurée des ressources naturelles. Il faut mettre la science au service des gens et non des intérêts dominants. Les personnes qui habitent un pays, qui en exploitent les ressources depuis toujours, ne doivent pas en être dépossédées. L’agriculture doit d’abord garantir la souveraineté alimentaire d’un pays. Au sein des communautés paysannes, les femmes sont généralement chargée de fournir la nourriture à leur famille et à la communauté. Elles ont une connaissance intime du sol, des semences, des plantes et des écosystèmes. Cette connaissance doit être valorisée et est une des clés du développement durable, qui commence par le développement local et national. Références : Charte mondiale des femmes pour l’humanité : Égalité : Affirmations 5, 6, 7 Liberté : Affirmation 1 Solidarité : Affirmations 2, 5, 6 Justice : Affirmations 1, 2, 5 Paix : Affirmations 1, 5 Documents d’accompagnement à la Charte mondiale des femmes pour l’humanité 1 et 2 Revendications de la Marche mondiale des femmes pour éliminer la pauvreté |
Réflexions sur l’Objectif 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement
“ Extensive data from around the world show that IMF-imposed austerity and economic reform programs have stripped many women of what meager health and education benefits were once available to them. Women's formal sector unemployment has increased due to IMF-induced recessions, privitizations, and government cutbacks.” 50 years is enough, Fact Sheets |
L’Objectif a comme cibles : Cible 1. « Poursuivre la mise en place d'un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire. Cela suppose un engagement en faveur d'une bonne gouvernance, du développement et de la lutte contre la pauvreté, aux niveaux tant national qu'international. » Cible 2. « S'attaquer aux besoins particuliers des pays les moins avancés. Cible 3. « Répondre aux besoins particuliers des petits États insulaires en développement (en appliquant le Programme d'action pour le développement durable des petits États insulaires en développement et les conclusions de la vingt-deuxième session extraordinaire de l'Assemblée générale). » Cible 4.« Traiter globalement le problème de la dette des pays en développement, par des mesures d'ordre national et international propres à rendre leur endettement viable à long terme. » Certains des indicateurs ci-après seront évalués séparément dans les cas des pays les moins avancés (PMA), de l'Afrique, des pays sans littoral et des petits États insulaires en développement IndicateursAide publique au développement (APD) 1. APD nette, total et aux des pays les moins avancés, en pourcentage du revenu national brut des pays donateurs membres du CAD/OCDE (OCDE) Accès au marché 1. Proportion du total des importations des pays développés (en valeur et à l’exclusion des armes) en provenance des pays en développement et des pays les moins avancés admises en franchise de droit (CNUCED, OMC, Banque mondiale) Viabilité de la dette 5. Nombre total de pays ayant atteint les points de décision de l’initiative PPTE et nombre total de pays ayant atteint les points d’achèvement (cumulatif) (FMI-Banque mondiale) 6. Engagement d’allègement de la dette au titre de l’initiative PPTE (FMI-Banque mondiale Cible 5 Indicateurs Cible 6 Indicateurs Cible 7 Indicateurs ___ Cet objectif est très large et comprend de nombreuses cibles et indicateurs. L’intitulé de cet ODM est ambigu. Un partenariat suppose des partenaires égaux, surtout si leur objectif est de mettre en place un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire. Or, les pays auxquels cet objectif se réfère précisément (pays les moins avancés) ne sont pas en situation d’égalité ni au sein des organisations mondiales qui régissent les finances, l’économie et le commerce (Banque mondiale, Fonds monétaire international, Organisation mondiale du commerce, etc.) ni lors des négociations commerciales régionales (Traités de libre commerce, Zone de libre échange des Amériques, traités dans l’Union européenne, entre pays membres de l’Association des pays du sud-est asiatique, etc. ). Les relations entre les pays sont, au contraire, fonction de leur puissance économique et militaire. Elles répondent aux règles du néo-libéralisme. Ainsi, les États-Unis et l’Europe, en subventionnant leur agriculture, peuvent exporter des produits à un coût tellement bas qu’ils sont vendus à un prix inférieur au coût de production des produits cultivés par les petits paysans des pays pauvres. Les entreprises pharmaceutiques, qui ont les moyens de déposer des brevets sur des médicaments et sur des produits naturels, même lorsqu’elles n’ont pas elles-mêmes mis au point la fabrication de ces produits (ex : variétés de riz; substances entrant dans les médecines naturelles) protègent leurs ventes durant de nombreuses années, vendant à des prix prohibitifs, au détriment de la santé du plus grand nombre. Ces ventes sont massivement favorables à quelques sociétés transnationales et à quelques personnes qui sont de plus en plus riches, ce qui creuse l’écart avec les personnes les plus démunies. De plus, la dette que les pays pauvres ont contractée avec les pays riches au cours des ans grève lourdement leur budget national. Quand les organisations internationales exigent des pays pauvres un réaménagement de la dette, ils exigent aussi une réduction drastique des dépenses publiques. Cela mène à des coupes sombres dans les budgets de l’éducation, de la santé, des routes, de l’énergie. Ces réductions ont été fatales aux personnes les plus pauvres de la société, surtout aux femmes et aux enfants (voir Réflexions sur l’ODM1 et sur l’ODM3). Pourtant, à part la cible 16 qui a pour indicateur le travail des jeunes pour chaque sexe, aucune des cibles ou des indicateurs de cet ODM ne considère le fait que les femmes vivent de manière discriminatoire les effets du poids de la dette, de l’accès aux technologies et moyens de communication, aux médicaments. Elles sont sacrifiées dans l’accès à l’emploi, aux soins, à l’éducation, à l’alimentation (voir Réflexions sur les ODM2, 4, 5, 6, 7). Par ailleurs, aucune contrainte ni délais ne sont imposés aux pays riches pour respecter leurs engagements. Mais le document final de la session de septembre invite les pays à en adopter. De même, ce document insiste sur la nécessité de lutter contre la corruption. Mais rien n’est dit sur les causes de cette corruption, sur les malversations financières, sur l’évasion fiscale, les mauvaises conduites des entreprises, les destructions environnementales et les violations des droits de la personne qu’elles provoquent en s’installant. Il n’y a rien sur le respect de la biodiversité, le commerce équitable, la nécessité de faire des investissements socialement productifs et écologiquement responsables. Au contraire, on souhaite « faciliter l’augmentation des investissements étrangers directs vers les pays en développement et les pays en transition ». Les mesures pour mettre fin au trafic d’armes, de drogues, d’êtres humains paraissent des vœux pieux. La responsabilité des entreprises privées dans les éléments cités précédemment est trop importante pour que l’on leur fasse confiance pour y mettre fin (deux dernières cibles). Nous demandons que les gouvernements leur imposent des règles strictes afin qu’elles placent l’intérêt public avant le leur. Enfin, le développement ne doit pas être considéré seulement sous l’angle du commerce et de l’économie comme le fait cet ODM. Concernant plus précisément certaines cibles et indicateurs : Dette et aide au développement En juin 2005, en Écosse, les représentants du G8 (Groupe des pays les plus industrialisés de la planète), ont proposé d’annuler la dette de 18 pays appartenant aux Pays pauvres très endettés (PPTE). Cette annonce correspond partiellement à une revendication de la Marche mondiale des femmes. Il faut toutefois maintenir la pression pour obtenir l’annulation totale et sans conditions de la dette de tous les pays pauvres. Même pour les 18 pays concernés, l’annulation de la dette est à nuancer : 1 - ces pays ont été choisis parce qu’ils avaient déjà réalisé de nombreuses réformes exigées par leurs créanciers; 2 - l’annulation de la dette est assortie de conditions, telle la bonne gouvernance; 3 - l’annulation concerne les dettes envers le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement. Les dettes envers d’autres banques et organismes, publics et privés, ne sont pas annulées; 4 - l’annulation de la dette ne signifie pas que les pays concernés disposent d’argent immédiat pour investir dans les secteurs qui en ont le plus besoin : santé, éducation, transports, énergie, etc. ; 5 – pour réaliser les investissements nécessaires (notamment pour atteindre les ODM), ces pays devront à nouveau faire appel à l’aide internationale, qui est conditionnelle; 6 – le coût de l’annulation de la dette est payé par les budgets de l’APD des pays riches. Cet argent ne sera donc pas investi pour le développement dans les pays concernés Les sept pays ont aussi annoncé qu’ils augmenteraient leur APD à 50 milliards $USD, soit le double de leur aide actuelle, pour atteindre 0,7 % du budget des pays donateurs. En fait, cette promesse date des années 70 et ils devraient tripler leur aide pour tenir leur promesse. «Une part importante de l’APD revient dans le pays donateur (achat d’aliments, de médicaments, d’équipements, fret , missions d’experts, etc.) […] l’APD est un vaste fourre-tout. En effet, elle inclut notamment les remises de dette, l’aide des Etats-Unis à l’Afghanistan et à l’Irak, et les frais d’accueil des réfugiés originaires des pays du tiers-monde », indique le Comité pour l’annulation de la dette dans le monde – CATDM[2]. Références : Charte mondiale des femmes pour l’humanité : Égalité : Affirmations 6 Documents d’accompagnement à la Charte 1 et 2 Revendications de la Marche mondiale des femmes pour éliminer la pauvreté Lettre à Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU, 17 octobre 2000. |
ACTIONS À MENER
L’on parlera beaucoup des ODM dans les semaines qui viennent et jusqu’en 2015. Nous pensons qu’il nous faut exiger de nos gouvernements de ratifier et implanter les traités internationaux existants, et continuer à rendre vivante la Charte mondiale des femmes pour l’humanité. Néanmoins, nous croyons qu’il faut faire connaître les critiques des ODM. C’est pourquoi nous vous suggérons ici des actions à mener et des lieux pour passer notre message.
Information sur les ODM :
Ce document est le vôtre! Utilisez-le pour informer vos groupes, interpeller votre gouvernement, sensibiliser l’opinion publique sur la portée des ODM par rapport aux traités, protocoles, conventions, plate-formes internationales existantes et surtout par rapport à la Charte mondiale des femmes pour l’humanité. Profitez, par exemple, des sorties publiques de votre gouvernement sur les ODM pour réitérer nos revendications et parler du contenu de la Charte.
Évaluation des ODM :
Afin que la place des femmes soit prise en compte dans TOUS les ODM, nous suggérons d’établir des cibles et indicateurs sexo-spécifiques que les gouvernements prendront en compte pour évaluer les progrès de réalisation des ODM :
- pauvreté des femmes et aides spécifiques qui leur sont apportées
- accès des femmes à la nourriture, à l’eau, à la santé, à l’énergie, à l’habitat, aux transports, aux technologies de l’information
- niveau d’instruction des femmes, nombre de filles inscrites régulièrement à l’école, taux de réussite et d’abandon, filières suivies, aides fournies pour suivre des études
- possession de documents d’identité
- temps consacré au travail domestique et aux soins aux proches
- représentation des femmes dans les lieux de décision de la communauté
- discriminations dans les lois
- stérérotypes envers les femmes véhiculés dans les médias, les manuels scolaires, le langage
- lois régissant le code de la famille, monogamie
- nombre de femmes cheffes de famille et leur statut
- statut des femmes migrantes et autochtones
- secteurs économiques dans lesquels travaillent les femmes, poste occupé, type de contrat
- existence de zones franches et conditions de travail qui y sont imposées aux femmes
- écart de salaire par rapport aux hommes, niveau de syndicalisation des femmes
- travail des fillettes
- accès des femmes à la terre et statut des femmes agricultrices
- droits sexuels et reproductifs, accès aux soins de santé génésiques, à des moyens de contraception, à l’avortement
- nombre de femmes atteintes du VIH/Sida et mesures prises pour les protéger et les aider
- types de violences à l’égard des femmes, mesures prises pour y remédier, lois condamnant les violences envers les femmes
- importance du trafic sexuel, de la prostitution et mesures prises pour les éradiquer
- état de l’environnement
- laïcité du pays
- place du mouvement des femmes
- participation des populations, plus particulièrement des femmes africaines.
Calendrier d’actions 2005 :
Plusieurs actions auront lieu dans les mois qui viennent au cours desquelles les mouvements sociaux manifesteront leur engagement à éradiquer la pauvreté et la violence en s’attaquant à ses causes.
Participez à ces actions au nom de la Marche mondiale des femmes et faites-y valoir les points de vue des femmes :
- 10 septembre 2005, avant la rencontre de l’ONU qui évaluera les ODM : campagne Portez un ruban blanc : http://www.whiteband.org à l’appel du Global Call for Action.
- 14-16 septembre 2005, ONU, évaluation des ODM en 2005 : les ONGs ont pu conjointement avec le secteur privé - exposer leurs réflexions les 23 et 24 juin à l’Assemblée générale de l’Onu (voir : http://www.un.org/ga/civilsocietyhearings/
Elles ne sont pas invitées à la session de septembre.
- 17 octobre 2005, 12h. Profitez de l’action des 24 heures de solidarité féministe que vous organisez dans votre pays à l’occasion de la fin du relais de la Charte mondiale des femmes pour l’humanité pour affirmer votre position sur les ODM et défendre les valeurs contenues dans la Charte.
- 19-20 octobre 2005, Genève, Stoppons l’agenda OMC/multinationales avant Hong Kong ! Soutenez l’appel de l’Alliance genevoise des peuples/Geneva peoples' Alliance, mouvement composé d’ONGs, de syndicats et mouvements sociaux qui mobilise contre les réunions préparatoires à la rencontre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui aura lieu en décembre 2005 à Hong Kong
http://www.omc-wto.org/index.php?option=com_content&task=view&id=5&Itemid=1&lang=fr
- 13-18 décembre 2005, Hong Kong : Rejoignez ou soutenez la mobilisation du Hong Kong People’s Alliance (HKPA) contre l’OMC les 11, 13 et 18 décembre (http://www.hkpa-wto.org/) ainsi que la Marche des Paysannes et des Paysans organisée par Via Campesina le 16 décembre à Hong Kong.
Textes à consulter et sites à visiter :
- La Marche mondiale participe à une discussion électronique ouverte par le Réseau global des femmes pour les droits reproductifs (Women’s Global Network for Reproductive Rights) que vous pouvez vous aussi consulter à partir du site Internet : http://www.wgnrr.org/ Les discussions serviront de base à un document qui sera soumis à un atelier organisé fin septembre à New Delhi (Inde) durant la dixième rencontre international sur la santé des femmes.
- Consultez le texte de la Déclaration de Hong Kong sur l’OMC, sur le développement et la migration émise à l’issue de la Conférence régionale qui a regroupé 70 participantes et participants de 16 pays d’Asie, du 17 au 19 juillet 2005, sur le site de Focus on Global South : http://www.focusweb.org/main/html/
- Un collectif de groupes de femmes propose des amendement au document devant être publié pour la réunion du 10 septembre 2005 à l’ONU (il y a eu des discussions en juillet et en août) : Center for Women’s Global Leadership, Development Alternatives with Women for a New Era (DAWN), United Methodist United Nations Office, Women’s Environment and Development Organization (Wedo) et Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) http://www.choike.org/documentos/m5amends_july22_women.pdf
- On consultera aussi le service de liaison des ONGs de l’ONU : http://www.un-ngls.org/ qui publie des nouvelles régulières sur les campagnes menées par des ONGs. Le site propose également une liste de réflexions publiées par plusieurs organisations.
RÉFÉRENCES AUX DOCUMENTS DE LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES CITÉES DANS CE DOCUMENT
Charte mondiale des femmes pour l’humanité
ÉGALITÉ
Concernant l’ODM 2, 3, 4, 5
Affirmation 1. Tous les êtres humains et tous les peuples sont égaux dans tous les domaines et dans toutes les sociétés. Ils ont un accès égal aux richesses, à la terre, à un emploi digne, aux moyens de production, à un logement salubre, à une éducation de qualité, à la formation professionnelle, à la justice, à une alimentation saine, nutritive et suffisante, aux services de santé physique et mentale, à la sécurité pendant la vieillesse, à un environnement sain, à la propriété, aux fonctions représentatives, politiques et décisionnelles, à l’énergie, à l’eau potable, à l’air pur, aux moyens de transport, aux techniques, à l’information, aux moyens de communication, aux loisirs, à la culture, au repos, à la technologie, aux retombées scientifiques. <!--[endif]-->
Concernant l’ODM 3
Affirmation 2. Aucune condition humaine ou condition de vie ne peut justifier la discrimination.
Affirmation 3. Aucune coutume, tradition, religion, idéologie, aucun système économique, ni politique ne justifie l’infériorisation de quiconque et n’autorise des actes qui remettent en cause la dignité et l’intégrité physique et psychologique.
Concernant l’ODM 3, 4, 5
Affirmation 4. Les femmes sont des citoyennes à part entière avant d’être des conjointes, des compagnes, des épouses, des mères, des travailleuses.
Concernant l’ODM 1, 3, 7
Affirmation 5. L’ensemble des tâches non rémunérées, dites féminines, qui assurent la vie et la continuité de la société (travaux domestiques, éducation, soin aux enfants et aux proches) sont des activités économiques qui créent de la richesse et qui doivent être valorisées et partagées.
Concernant l’ODM 1, 3, 7, 8
Affirmation 6. Les échanges commerciaux entre les pays sont équitables et ne portent pas préjudice au développement des peuples.
Concernant l’ODM 1, 3, 7
Affirmation 7. Chaque personne a accès à un travail justement rémunéré, effectué dans des conditions sécuritaires et salubres, permettant de vivre dignement.
LIBERTÉ
Concernant l’ODM 1, 4, 5, 7
Affirmation 1. Tous les êtres humains vivent libres de toute violence. Aucun être humain n’appartient à un autre. Aucune personne ne peut être tenue en esclavage, forcée au mariage, subir le travail forcé, être objet de trafic, d’exploitation sexuelle.
Concernant l’ODM 4, 5
Affirmation 2. Chaque personne jouit de libertés collectives et individuelles qui garantissent sa dignité notamment : liberté de pensée, de conscience, de croyance, de religion; d’expression, d’opinion; de vivre librement sa sexualité de façon responsable et de choisir la personne avec qui partager sa vie ; de voter, d’être élue, de participer à la vie politique; de s’associer, se réunir, se syndiquer, manifester; d’élire son lieu de vie, sa nationalité, de choisir son statut civil; de suivre les études de son choix, de choisir sa profession et de l’exercer; de se déplacer; de disposer de sa personne et de ses biens; d’utiliser la langue de communication de son choix dans le respect des langues minoritaires et des choix collectifs concernant la langue d’usage et de travail; de s’informer, de se cultiver, d’échanger, d’accéder aux technologies de l’information.
Affirmation 4. Les femmes prennent librement les décisions qui concernent leur corps, leur sexualité et leur fécondité. Elles choisissent d’avoir ou non des enfants.
Concernant l’ODM 2, 4, 5
Affirmation 5. La démocratie s’exerce s’il y a liberté et égalité.
SOLIDARITE
Concernant l’ODM 1, 7
Affirmation 2. Tous les êtres humains sont interdépendants. Ils partagent le devoir et la volonté de vivre ensemble, de construire une société généreuse, juste et égalitaire, basée sur les droits humains, exempte d’oppression, d’exclusions, de discriminations, d’intolérance et de violences.
Concernant l’ODM 1, 2, 7
Affirmation 5. L’économie d’une société est au service de celles et de ceux qui la composent. Elle est tournée vers la production et l’échange de richesses utiles socialement, qui sont réparties entre toutes et tous, qui assurent en priorité la satisfaction des besoins de la collectivité, qui éliminent la pauvreté et qui assurent un équilibre entre l’intérêt général et les intérêts individuels. Elle assure la souveraineté alimentaire. Elle s’oppose à la recherche exclusive du profit sans satisfaction sociale et à l’accumulation privée des moyens de production, des richesses, du capital, des terres, des prises de décision entre les mains de quelques groupes ou de quelques personnes.
Concernant l’ODM 1, 7
Affirmation 6. La contribution de chacune et de chacun à la société est reconnue et entraîne l’ouverture de droits sociaux, quelle que soit la fonction qu’ils y occupent.
JUSTICE
Concernant l’ODM 1, 7
Affirmation 1. Tous les êtres humains, indépendamment de leur pays d’origine, de leur nationalité et de leur lieu de résidence, sont considérés comme des citoyennes et des citoyens à part entière jouissant de droits humains (droits sociaux, économiques, politiques, civils, culturels, sexuels, reproductifs, environnementaux) d’une manière égalitaire et équitable réellement démocratique.
Affirmation 2. La justice sociale est basée sur une redistribution équitable des richesses qui élimine la pauvreté, limite la richesse, et assure la satisfaction des besoins essentiels à la vie et qui vise l’amélioration du bien-être de toutes et de tous.
Concernant l’ODM 1, 2, 4, 5, 7
Affirmation 5. Chaque personne jouit d’une protection sociale qui lui garantit l’accès à l’alimentation, aux soins, au logement salubre, à l’éducation, à l’information, à la sécurité durant la vieillesse. Elle a accès à des revenus suffisants pour vivre dignement.
Concernant l’ODM 4, 5, 6
Affirmation 6. Les services de santé et sociaux sont publics, accessibles, de qualité, gratuits et ce, pour tous les traitements, toutes les pandémies, particulièrement pour le VIH.
PAIX
Concernant l’ODM 1, 4, 5, 7
Affirmation 1. Tous les êtres humains vivent dans un monde de paix. La paix résulte notamment : de l’égalité entre les sexes, de l’égalité sociale, économique, politique, juridique et culturelle, du respect des droits, de l’éradication de la pauvreté qui assurent à toutes et tous une vie digne, exempte de violence, où chacune et chacun disposent d’un travail et de ressources suffisantes pour se nourrir, se loger, se vêtir, s’instruire, être protégé pendant sa vieillesse, avoir accès aux soins.
Concernant l’ODM 5, 6
Affirmation 4. Tous les êtres humains ont le droit de vivre dans un monde sans guerre et sans conflit armé, sans occupation étrangère ni base militaire. Nul n’a le droit de vie ou de mort sur les personnes et sur les peuples.
Concernant l’ODM 5, 6, 7
Affirmation 5. Aucune coutume, aucune tradition, aucune idéologie, aucune religion, aucun système économique ni politique ne justifient les violences.
Document d’accompagnement 1 à la Charte mondiale des femmes pour l’humanité
Concernant l’ODM 1, 6, 7, 8
Les femmes dénoncent :
- Les sociétés , les grands propriétaires terriens, les banques, les milieux financiers dont le seul objectif est de s’enrichir. En spéculant, en recherchant continuellement une augmentation de la production et de la consommation, ils entraînent la destruction des organisations locales, des petitEs entrepreneurEs et les petites exploitations commerciales et rurales. Ils imposent des conditions de travail difficiles, bafouent les droits sociaux et syndicaux, exploitent les adultes et les enfants, les femmes étant sur-représentées dans ces catégories de travailleuses et de travailleurs. Leur politique mène à une rupture de l’équilibre entre les humains et la terre et entraîne l’épuisement des richesses naturelles, une crise de l’énergie et le ravage de l’environnement.
- L’imposition de Programmes d’ajustements structurels et de mesures menant à couper dans les services publics par les organismes financiers internationaux (Banque mondiale, Fonds monétaire international) aux pays pauvres, qui alourdit leur dette et se traduit par un appauvrissement des populations vivant dans ces pays.
- l’appauvrissement des pays qui mène à l’apparition de mafias qui exploitent les êtres humains, les font travailler dans des conditions lamentables, inhumaines, qui vont jusqu’à l’esclavage, la prostitution et le trafic sexuel. Des millions de femmes et de fillettes sont ainsi embrigadées dans des réseaux où elles connaissent la violence.
- les guerres et les conflits armés qui profitent aux industries de l’armement, qui déciment, les populations civiles, les appauvrissent, les blessent et qui génèrent la haine et le terrorisme. Les femmes et les enfants en sont les premières victimes : violences sexuelles, viols, avortements forcés, stérilisations forcées, embrigadement forcé dans des armées ou factions armées, déplacements forcés, etc. Les conséquences pour leur santé physique et psychique sont dramatiques (HIV, Sida, maladies sexuellement transmissibles, traumatismes nombreux et durables).
Document d’accompagnement 2 à la Charte mondiale des femmes pour l’humanité -Conditions et revendications de la Marche mondiale pour que ce monde existe
Concernant l’ODM 1, 3
À travail identique ou de valeur équivalente, les femmes perçoivent une rémunération égale à celle perçue par les hommes et jouissent de droits et avantages sociaux similaires.
Le travail domestique, l’éducation, le soin aux enfants et aux proches sont également partagées entre les femmes et les hommes et sont considérés comme une contribution collective à la société. Les personnes qui accomplissent ce travail bénéficient de droits sociaux.
Les femmes ont un accès égal à la propriété, à la terre, au crédit, quel que soit leur état civil.
Des mesures sont prises qui permettent à toutes et à tous de participer et concilier les activités de travail rémunéré et les activités familiales, sociales, politiques, culturelles tout en exerçant un travail rémunéré. La culture d’égalité des chances s’impose.
Concernant l’ODM 1, 8
Des dispositions sont prises pour éliminer l’évasion fiscale, les paradis fiscaux, la fraude.
Des moyens efficaces de lutte contre la corruption et contre les mesures arbitraires sont établis.
La recherche militaire est abandonnée au profit de la recherche civile. L’industrie de l’armement est démantelée et reconvertie vers des programmes sociaux en faveur de la santé, de l’emploi, de l’éducation.
Concernant l’ODM 3, 4, 5, 6
Les conjointes et les conjoints sont égaux au sein du couple et de la famille.
Les femmes et les hommes sont responsables de la contraception. Elles et ils ont accès à une information fiable et impartiale sur les méthodes contraceptives, sur la protection contre les maladies sexuellement transmissibles, à des soins et services sociaux, à des infrastructures sanitaires sûres, de qualité et gratuites.
Les femmes ont le droit et le pouvoir de déroger aux impératifs sociaux et culturels patriarcaux qui imposent un modèle stéréotypé de comportement, qui exigent d’elles d’être belles, soumises, silencieuses, performantes.
Concernant l’ODM 3
Les femmes disposent de documents d’identité qui leur sont propres.
Des mesures sont prises pour supprimer les inégalités entre les filles et les garçons, entre les femmes et les hommes.
Les femmes sont représentées de manière paritaire au sein d’un système démocratique mondial qui représente les peuples de manière égalitaire, qui défend réellement les intérêts et les besoins de toutes et tous, qui instaure la paix, éradique la pauvreté et la violence. Cette instance est gardienne de la souveraineté, de l’autodétermination des peuples, de la non occupation de leur territoire et de la protection de leurs richesses naturelles. Elle fonctionne dans la transparence et ses activités sont contrôlées par les membres des sociétés qui l’instaurent.
Concernant l’ODM 7
La diversité biologique et culturelle est conservée comme un bien commun et la médecine traditionnelle est reconnue et valorisée dans chaque société. Les connaissances des femmes de tout âge, des paysannes, des peuples autochtones et de toutes les autres communautés et populations dans ce domaine sont reconnues et valorisées.
Concernant l’ODM 1
Chaque personne a accès à la sécurité sociale via des programmes publics universels
Revendications de la Marche mondiale des femmes pour éliminer la Pauvreté. La MMF réclame :
Concernant l’ODM 2, 4, 5, 7
« P-1 La mise en place par tous les États d'une loi-cadre et de stratégies visant l'élimination de la pauvreté. [ … ]
Cette loi-cadre doit inclure des mesures pour garantir l'autonomie économique et sociale des femmes à travers l'exercice de leurs droits. Elle doit prévoir l'adoption de législations, de programmes, de plans d'action, de projets nationaux propres à assurer aux femmes, sans discrimination, les droits et l'accès : [ … ]
Concernant l’ODM 7, 8
P-2 L'application urgente de mesures comme :
La taxe Tobin, les revenus de cette taxe seront versés dans un fonds spécial :
- dédié au développement social ;
géré démocratiquement par l’ensemble de la communauté internationale;
- selon des critères de respect des droits humains fondamentaux et de démocratie ; avec une représentation paritaire des femmes et des hommes; auquel les femmes auront un accès prioritaire.
L’investissement de 0,7 % du produit national brut (PNB) des pays riches dans l'aide aux pays en voie de développement ;
[…]
La fin des programmes d'ajustements structurels
La fin des compressions et coupures dans les budgets sociaux et les services publics
[…]
P-3 L'annulation de la dette de tous les pays du tiers-monde en tenant compte des principes de responsabilité, de transparence de l'information et d'imputabilité.
Nous exigeons l'annulation immédiate de la dette des pays les plus pauvres de la planète, en appui aux objectifs de la campagne «Jubilé 2000».
À plus long terme, nous demandons l'annulation de la dette de tous les pays du tiers-monde et la mise en place d'un mécanisme de surveillance de la radiation de la dette qui veillera à ce que l'argent dégagé serve à l'élimination de la pauvreté et au bien-être de la population la plus affectée par les programmes d'ajustements structurels, dont les femmes et les enfants (particulièrement les petites filles) constituent la majorité.
P- 4 L'application de la formule 20/20 entre pays donateurs et pays récepteurs de l'aide internationale.
Ainsi, 20 % de l'argent versé par les pays donateurs doit être dédié au développement social et 20 % des dépenses de l'État qui reçoit des dons doit être consacré aux programmes sociaux.
P-5 Une organisation politique mondiale, non monolithique, ayant autorité sur l'économie, avec une représentativité égalitaire et démocratique entre tous les pays de la terre (s'assurer d'une parité entre pays pauvres et pays riches) et avec une représentativité paritaire entre les femmes et les hommes.
Au niveau économique
La Marche mondiale entend contribuer à mettre en place un système économique mondial juste, participatif et solidaire. Elle met donc de l’avant une revendication plus structurelle, un Conseil pour la sécurité économique et financière chargé :
de redéfinir les règles d’un nouveau système financier mondial axé sur une répartition juste et équitable des richesses de la planète, sur la justice sociale et l’amélioration du bien-être de la population mondiale, en particulier pour les femmes qui en constituent plus de la moitié ;
d’exercer un contrôle politique des marchés financiers ;
· de les «désarmer», les empêchant ainsi de mettre à mal les sociétés et de créer systématiquement de l’instabilité, de l’insécurité et de l’inégalité ;
d’assurer une véritable régulation et une surveillance des organisations à vocation économique, financière et commerciale;
· d’exercer un contrôle démocratique sur les échanges commerciaux ou, en d’autres termes, d’appliquer la « tolérance zéro » envers la criminalisation de l’économie. […]
Parmi les conditions de réalisation, la Marche revendique immédiatement
· l’élimination de tous les paradis fiscaux […] dont l’existence même constitue une forme de vol légalisé en permettant à des financiers, des entreprises, des dirigeants politiques, etc. de cacher « leur » argent et de le soustraire ainsi aux taxes, lois, réglementations des États ;
la fin du secret bancaire, pratique anti-démocratique qui constitue également une autre forme de vol légalisé ;
la redistribution de la richesse actuellement monopolisée par les sept pays industrialisés les plus riches. »
Revendications de la Marche mondiale des femmes pour éliminer la violence. La Marche mondiale des femmes réclame :
Concernant l’ODM 3, 4, 5, 6
V-2 Que les États reconnaissent dans leurs lois et actions que toutes les formes de violence à l'égard des femmes sont des violations des droits humains fondamentaux et ne peuvent être justifiées par aucune coutume, religion, pratique culturelle ou pouvoir politique. Ainsi, les États doivent reconnaître aux femmes le droit de disposer de leur vie et de leur corps et de maîtriser leur fécondité (droit à l'avortement et à la contraception, contre les stérilisations forcées et pour le droit de mettre au monde des enfants), ajout 2001. »
V-3 Que les États mettent en œuvre des plans d’action, des programmes et des projets efficaces assortis des ressources financières et des moyens adéquats pour mettre fin aux violences faites aux femmes;
Concernant l’ODM 1, 8
Lettre à Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU, 17 octobre 2000
Il y a déjà longtemps, Monsieur Annan, que les marchés capitalistes et les corporations multinationales ont fait la preuve de leur capacité à générer les inégalités dans le monde et de leur incapacité à réduire la pauvreté, en particulier celle des femmes.. Il y a longtemps que l’économie mondiale souffre de déficit démocratique. Nous ne pensons pas que l’ONU doit développer un partenariat d’égal à égal avec l’entreprise privée. Le partenariat premier de l’ONU, c’est avec les peuples qu’il doit se déployer. Nous pensons que l’ONU doit développer les moyens d’affirmer son autorité politique et d’exiger le respect des valeurs et pratiques liées aux droits humains fondamentaux, droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels. Agir autrement met à mal le sérieux, la crédibilité et la légitimité de l’ONU.
Légiférer contre la pauvreté
Si les États sont sérieux dans leur engagement du millénaire à faire du droit au développement une réalité pour tous (et toutes...) et à mettre l’humanité entière à l’abri du besoin, alors un des gestes à poser serait que chaque État mette en place une loi-cadre et des stratégies nationales d’élimination de la pauvreté. […]
Explorer l’idée de mettre en place un Conseil mondial pour la sécurité économique et financière chargé de redéfinir les règles d’un nouveau système économique mondial. […] afin que la communauté politique internationale cesse de s’en remettre au «tout aux marchés» pour en attendre - vainement - une mondialisation profitable à tous et à toutes et un partage solidaire des richesses de l’humanité. Un tel Conseil permettrait s’assurer la primauté du politique sur l’économique.
Accroître le rôle pro-actif de l’ONU face à la BM, au FMI, à l’OMC
[…] Nous demandons à l’ONU et à son Secrétaire général d’exiger de ces institutions qui sont des actrices importantes de la mondialisation actuelle : la BM, le FMI et l’ OMC qu’elles soient soumises au respect intégral des droits humains fondamentaux et fassent prévaloir ces droits sur les profits et la concurrence . Que les valeurs adoptées par l’Assemblée du Millénaire: liberté, égalité, solidarité, tolérance, respect de la nature et partage des responsabilités du développement économique et social, soient vraiment appliquées.
Changer de cap, Les Objectifs du millénaire pour le développement au crible de la Charte mondiale des femmes pour l’humanité, est un document édité par la Marche mondiale des femmes (MMF), avec l’aide de NOVIB.
Recherche : Saleema Hutchinson, Brigitte Verdière
Rédaction : Brigitte Verdière
Mise en page : Anne Côté
Date de publication : août 2005.
Marche mondiale des Femmes, 110 rue Sainte-Thérèse, #203, Montréal (Québec), Canada. H2Y 1E6
Last modified 2006-01-13 10:00 AM
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