« La bourse ET la vie », la logique de l’Organisation Mondial du Commerce, 2003

Qui nous sommes

La Marche mondiale des femmes est un réseau féministe d’actions mondiales ayant comme thèmes centraux la lutte à la pauvreté et la violence envers les femmes. Nous croyons en la mondialisation de la solidarité; nous valorisons la diversité du mouvement des femmes; nous croyons à l’importance du leadership des femmes; nous croyons à l’importance de confronter nos idées et nos stratégies avec d’autres groupes féministes et mouvements sociaux; nous croyons à l’importance d’un mouvement international de femmes autonome, trans-parent, démocratique et créatif; nous croyons à l’importance de travailler en alliance avec d’autres mouvements sociaux.

Née en 1996 à l’initiative de la Fédération des femmes du Québec (Canada), la Marche mondiale des femmes est rapidement devenue un mouvement mondial incontournable et a vite recueilli l’adhésion de près de 6000 groupes de femmes à travers 163 pays et territoires du monde.

Ce que l’on vise

• Renforcer et maintenir un vaste mouvement de solidarité des groupes de femmes de la base de façon à ce que la Marche constitue un geste d’affirmation des femmes du monde.
• Promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, et entre les peuples.
• Soutenir un vaste processus d’éducation populaire où toutes les femmes peuvent analyser par elles-mêmes et pour elles-mêmes les causes de leur oppression et les alternatives possibles.
• Mettre de l’avant les revendications et les alternatives communes aux mouvements des femmes du monde, sur les plans local, national, régional et international, autour des thèmes de la pauvreté et de la violence envers les femmes.
• Exercer des pressions politiques sur les gouvernements et les institutions politiques multilatérales (par ex. ONU) pour qu’ils effectuent les changements qui s’imposent pour améliorer les conditions et la qualité de vie des femmes du monde, et qu’ils poursuivent une politique de désarmement et de résolution pacifique des conflits.
• Remettre en cause les institutions inter-nationales financières, économiques et mili-taires (FMI, OTAN, OMC, BM, etc.) qui appauvrissent et marginalisent les femmes, et accroissent la violence à leur égard, et travailler à des propositions institutionnelles alternatives.
• Amener la population en général, les autres secteurs de la société et les mouvements so-ciaux à soutenir et à effectuer les changements qui s’imposent pour améliorer les conditions et la qualité de vie des femmes du monde

Présentes à CANCUN !

Depuis ses débuts, la Marche mondiale des femmes participe activement au sein du vaste mouvement altermondialiste.

C’est pour cette même raison que nous sommes... présentes à Cancun ! À côté des autres réseaux des femmes nous participerons au Forum international Les droits des femmes et les accords commerciaux dans le cadre du Forum des peuples pour une alternative à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) qui se tiendra avant et pendant la Ve Réunion ministérielle de l’OMC à Cancun (Mexique) en septembre 2003.

Présentes à Cancun ! Pour dénoncer les politiques commerciales néo-libérales et militaires imposées à nos peuples qui ont des effets dévastateurs dans presque tous les aspects de la vie et mettent en danger les générations futures. L’appauvrissement généralisé - qui sévit surtout dans les pays du Sud (au Nord la pauvreté augmente aussi) et qui frappe particulièrement les femmes - et l’augmentation de la violence nous transforment, nous et nos droits, en marchandises. Nous nous opposons au modèle unique de négociations commerciales que l’OMC veut nous imposer et que nous résumons en quelques mots : « la bourse et la vie! »

Présentes à Cancun ! Pour avancer ensemble et renforcer notre capacité de mobilisation, d’influence contre les politiques économiques néo-libérales et bellicistes et de proposition de solutions de rechange. À partir de notre perspective féministe, solidaire et écologique, nous sommes déterminées à nous battre, en tant que force mondiale de femmes, pour la construction d’un autre monde possible.

Présentes à Cancun ! Pour rappeler aussi qu’en plus des mobilisations à l’occasion de la Journée internationale de deuil pour les victimes des guerres économiques, militaires et de genre qui auront lieu partout dans le monde le 11 septembre prochain, il y aura, à Cancun et dans le monde entier, le 13 septembre, une Mobilisation mondiale et d’actions pour faire échec à l’OMC, organisée par tous les réseaux sociaux internationaux. PARTICIPONS-Y TOUTES !

Les politiques commerciales de l’OMC et les femmes

La mondialisation économique et les politiques commerciales affectent les hommes et les femmes dans toutes les sociétés mais de façon différente et inégale en fonction du rôle et de la mission spécifique attribués aux uns et aux autres dans le système actuel de production économique et de reproduction sociale.

Nous considérons donc qu’il importe d’analyser les processus économiques en tenant en compte ces différences et inégalités pour les dénoncer et travailler à leur élimination. Nous considérons qu’il est important d’exiger « qu’il soit assuré que les politiques nationales associées aux accords régionaux et internationaux n’ont pas d’effet négatif sur les activités économiques, nouvelles et traditionnelles, des femmes... . », tel qu’il est stipulé dans la Plate-forme de Beijing (1995). Huit ans après Beijing, les femmes du monde nous constatons que nous sommes plus pauvres, plus souvent victimes de violence et plus éloignées des véritables lieux de pouvoir.

L’OMC est une puissante organisation internationale qui met en oeuvre de telles politiques commerciales et qui a comme objectif déclaré de réduire le pouvoir de l’État et de promouvoir la circulation la plus « libre » possible des biens et services dans toute la planète. De plus, les pays développés et les sociétés multinationales dominent les négociations de l’OMC et exercent des pressions sur les gouvernements pour obtenir que les accords négociés mettent leurs intérêts avant tout autre intérêt. L’OMC ne fait qu’aggraver les inégalités entre pays du Nord et du Sud, entre classes, races et ethnies et entre femmes et hommes. L’équité de sexe n’existe pas à l’OMC!

Nous mettons de l’avant une toute autre conception de l’économie fondée sur le commerce équitable, l’investissement socialement productif et responsable de l’environnement, l’annulation de la dette des pays du tiers monde, la fin des programmes d’ajustement structurel, des mesures efficaces pour l’élimination du crime financier dont la fin des paradis fiscaux, et l’imposition des transactions financières comme la taxe Tobin.

Cette « utopie créative », la seule qui soit réaliste, nous stimule, nous mobilise et fait que nous nous engagions en tant que femmes à continuer notre Marche... !!

C’est pourquoi nous sommes déjà en action vers 2005... !!

Considérant l’urgence de proposer des alternatives économiques, politiques, sociales et culturelles afin de rendre un autre monde possible, fondé sur l’égalité entre les femmes et les hommes, entre tous les êtres humains et entre les peuples, dans le respect de notre environnement planétaire et considérant la nécessité de confronter nos visions de cet autre monde entre nous, femmes, et avec les organisations alliées, tant au niveau local, national, régional qu’international, nous avons adopté une nouvelle action mondiale de la Marche mondiale des femmes à réaliser pour 2005.

Cette action comporte trois volets : l’élaboration d’une Charte mondiale des femmes pour l’humanité à partir d’un processus d’éducation populaire et en reprenant comme base les 17 revendications mondiales de la Marche; l’organisation de marches à relais à partir du 8 mars 2005 à l’intérieur des pays participants et entre les pays ou régions du monde pour faire connaître notre Charte et amasser des appuis aux alternatives portées par les féministes; la réalisation d’une courtepointe de la solidarité où chaque participante sera invitée à illustrer ce qu’elle souhaite pour l’humanité sur un bout de tissu. Ces bouts de tissus seront amassés en courtepointe et utilisés lors d’actions mondiales simultanées qui auront lieu à la fin 2005.

La charte sera utilisée lors de diverses actions au niveau national, régional ou international où les femmes interpelleront leur gouvernement national et les institutions internationales. Nous utiliserons aussi ce document auprès de mouvements sociaux alliés pour faire cheminer nos alternatives également dans ces milieux.