Sexisme et mondialisation, 2000 bonnes raisons de marcher
Les femmes possèdent environ 1% des terres dans le monde. Jusqu'à présent, six pays seulement réunissent les caractéristiques suivantes égalité à peu près complète entre les sexes dans la scolarisation secondaire, occupation par les femmes de 30 % au moins des sièges de parlement ou législature, exercice par les femmes de près de 50 % des emplois rétribués dans les activités autres qu'agricoles . Seulement 24 femmes ont été élues chef d'État ou de gouvernement depuis bientôt cent ans, et 10.5% du total des sièges parlementaires dans le monde sont occupés par les femmes . Environ 80% des 27 millions de réfugiés recensés sur la planète sont des femmes . Les deux tiers environ des 300 millions d'enfants n'ayant pas accès à l'éducation sont des filles . Sur près d'un milliard d'analphabètes dans le monde, il y a deux tiers de femmes . Plus de 200 000 femmes meurent chaque année des suites d'avortements clandestins. Les femmes produisent 80% de la nourriture consommée dans les parties les plus pauvres du monde, en quelques endroits 95%. Officiellement 110 millions de filles entre 5 et 14 ans travaillent dans le monde et ce nombre ne tient pas compte du travail domestique.
La violence fondée sur l'appartenance au sexe féminin est communément tolérée :
les coupables restent impunis, leur crime est tacitement pardonné.
Des millions de femmes à travers le monde, quels que soient leur condition socio-économique propre, leur niveau d'instruction, leur culture, leur religion, sont victimes d'actes de violence qui n'ont d'autre fondement que leur sexe. Seules varient les formes et l'intensité . Ces violences ne peuvent être justifiées par aucune coutume, religion, pratique culturelle ou pouvoir politique . Ces violences " spécifiquement dirigées contre les femmes " s'exercent aussi bien au sein de la famille (coups, violences sexuelles infligées aux fillettes, violences liées à la question de la dot, viol conjugal, mutilation génitale et autres pratiques traditionnelles préjudiciables, violences par des membres de la famille autres que l'époux, violences accompagnant l'exploitation), que dans la collectivité (viol et autres violences sexuelles, harcèlement sexuel et intimidation, par exemple au travail ou dans les établissements d'enseignement, proxénétisme et prostitution) . Ces violences sont trop facilement tolérées sinon perpétrées par les États et elles se rendent particulièrement visibles sous leur forme organisée dans les situations de conflits.
- En Norvège, un quart des femmes sont agressées physiquement ou sexuellement par leur partenaire.
" Quel que soit le nom qu'on leur donne, ces crimes sont commis dans le monde entier. Ils ont lieu chaque fois qu'un homme considère qu'une femme est sa propriété et cherche à prouver cette hypothèse erronée par l'emploi abusif et cruel de la force "
Le meurtre pour
l'honneur est une pratique ancienne qui veut que pour sauvegarder
l'honneur de la famille, un homme tue toute parente soupçonnée d'avoir
eu une activité sexuelle en dehors du mariage, fût-elle forcée ou
simplement supposée, même si la femme a été victime d'un viol.
- En 1997, quelques 300 femmes ont été assassinées au nom de " l'honneur " dans une seule province pakistanaise. Sources : - Le vécu quotidien des femmes dans le monde, http://www.africaonline.co.ci/AfricaOnline/infos/fratmat/16SOC3.HTM
" Le viol est un crime du patriarcat contre les femmes "
C'est le plus souvent dans leur propre foyer et par des hommes de leur entourage que les femmes encourent les risques de viol. Le viol conjugal n'est reconnu comme délit que dans 17 États de la planète. On estime l'occurrence du viol, cinquante fois supérieure au nombre de plaintes enregistrées. L'évaluation de la proportion des viols donnant lieu à dénonciation varie selon les pays - de moins de 3 % en Afrique du Sud à 16 % environ aux États-Unis;
Il n'existe pas de
statistiques fiables à l'échelle mondiale sur le viol, elles offrent
une estimation faussée à la baisse de cette réalité sociale.
Selon la plupart des études publiées sur le sujet, les femmes violées le sont le plus souvent par un homme qu'elles connaissent. Aux États-Unis, selon les statistiques nationales, une femme est violée toutes les 6 minutes. Sources : Milanka Mirkovic-Krstic, " Viols et grossesses forcées en ex-Yougoslavie ", http://perso.club-internet.fr/sexisme/livreviolence.htm " Rapport affligeant de l'Unicef sur les femmes victimes de violences ", UNICEF; Noeleen Heyzer, " Ending the Epidemic of Violence Against Women ". " Les femmes et la violence " (Nations Unies notes d'information) http://www.un.org/french/hr/dpi1772f.htm
L'excision consiste en l'ablation du clitoris et des petites lèvres de la vulve. Elle est pratiquée dans une quarantaine de pays, pour la plupart des pays d'Afrique de l'Est et de l'Ouest, de la péninsule arabique et d'Asie, et de plus en plus souvent dans les communautés d'immigrants, en Australie, au Canada, aux États-Unis et en Europe. L'infibulation constitue une mutilation supplémentaire en ajoutant à l'excision la section des grandes lèvres dont les deux moignons sont suturés bord à bord. Un minuscule orifice est laissé pour l'écoulement des règles et des urines. Lors du mariage, la femme " infibulée " est incisée avec un instrument tranchant pour que les rapports sexuels soient possibles. L'ouverture effectuée n'est toutefois pas suffisante, loin s'en faut, pour un futur accouchement. L'incision sera donc majorée à la naissance d'un enfant aussitôt après, l'ouverture sera réduite à ses dimensions initiales et ainsi de suite….
À ces deux grands
types de violences s'ajoutent toutes les interventions pratiquées sur
les organes génitaux féminins " pour des raisons culturelles ou à des
fins thérapeutiques ", telles que piqûres, perforations ou incisions du
clitoris ; grattage de l'orifice vaginal ou incision du vagin ;
introduction de substances corrosives ou de plantes dans le vagin pour
provoquer des saignements ou pour resserrer ou rétrécir le vagin
(définitions officielles de l'OMS).
"Lorsqu'on
nous parle, à propos d'ici ou d'ailleurs, d'échange des femmes, on nous
signifie cette vérité là, (…) ce qui " s'échange " est déjà possédé"
Le
trafic des femmes et des fillettes atteint aujourd'hui des proportions
alarmantes, notamment dans les pays d'Asie et plus récemment d'Europe
de l'Est.
Le tourisme
sexuel à destination des pays en développement est notamment bien
organisé aux États-Unis, dans plusieurs pays d'Europe et autres pays
industrialisés. Il s'opère d'un pays à l'autre, souvent avec la
complicité des gardes frontières.
Selon les évaluations, 4 millions de femmes et de fillettes sont achetées et vendues dans le monde entier, à de futurs époux, à des proxénètes ou à des marchands d'esclaves Sources : - " Pas à pas pour changer le monde ", Mosaïque en hommage aux luttes des femmes du monde, Coordination générale de Martine David, Marche mondiale des femmes en l'an 2000, Fédération des femmes du Québec. - " Violence against women facts ", Win news, winter 2000, source : Unifem - Violence against women around the world, united nations development fund for women -.
L'infanticide féminin est l'assassinat d'une petite fille dans les semaines qui suivent sa naissance. On parle de " préférence pour le fils " pour exprimer l'attribution d'une valeur supérieure aux garçons tant sur le plan économique que social. Ce phénomène peut se traduire de diverses manières : avortement du fœtus féminin, meurtre de la nouveau-née, primauté du garçon en ce qui concerne l'alimentation, les soins de santé et l'éducation de base alors que les besoins de la fille dans ces domaines essentiels sont négligés. Bien
qu'officiellement interdits, les tests médicaux visant à choisir le
sexe de l'enfant à naître constituent une activité florissante en
Chine, en Inde et en République de Corée.
Dans le monde entier, quand les parents envisagent de n'avoir qu'un ou deux enfants, ils disent vouloir au moins un garçon ; ainsi, à mesure que la norme d'un seul enfant par famille s'institue, les pressions en faveur d'un fils se renforcent. Dans certains
pays, les mariages sont précédés du paiement d'une dot par la famille
de la mariée. Le non-paiement de l'apport convenu peut provoquer le
recours à des violences. L'immolation de l'épousée a lieu lorsque son
mari provoque un " accident " (souvent explosion d'une cuisinière), car
il estime que la dot obligatoire (les cadeaux qu'il a reçus de ses
beaux-parents) est insuffisante.
Sources : - " Mme Bellamy dénonce la violence contre les femmes ", http://www.unicef.org/ - Joni Seager, Atlas des femmes dans le monde - Centre d'études juridiques de défense des droits de la procréation, étude des incidences des législations et des politiques sur la condition génésique des femmes en Amérique latine et dans les Caraìbes, 1997
" Le conflit armé exaspère ce que la paix a jusqu'ici toléré :
que le corps des femmes fonctionne encore comme butin… "
L'utilisation du viol en tant qu'arme de guerre est de plus en plus manifeste. Entre 250 000 et 400 000 femmes ont été violées au cours de la guerre d'indépendance du Bangladesh en 1972. Au Rwanda, entre avril 1994 et avril 1995, on estime que le nombre de femmes et de filles violées serait de 15 700 à 250 000 et plus. Durant le conflit dans l'ex-Yougoslavie des dizaines de milliers de musulmanes détenues dans des camps expressément créés pour cela étaient violées et fécondées contre leur gré ; les viols collectifs, souvent suivis de massacre des victimes, ont été commis à plus large échelle encore durant le génocide de 1994 au Rwanda, et tout récemment, les femmes d'origine chinoise ont été des cibles privilégiées lors des émeutes de mai 1998 en Indonésie. À l'heure actuelle, les principales victimes des conflits armés sont des civils (femmes et enfants) et non des soldats.
Les Cinq Grands
(États-Unis, Russie, France, Angleterre, Chine), dotés du droit de veto
au Conseil de Sécurité de l'ONU, réalisent environ 85% de toutes les
ventes d'armes de la planète.
Source : L. Heise, 1994. Violence Against Women: The Hidden Health Burden, document de travail de la Banque mondiale, Washington, DC : Banque mondiale.
" Vous voulez savoir comment je définis la pauvreté?
La définition de la pauvreté est juste devant vous. Regardez-moi. Je vis seule. Je manque de nourriture. Je n'ai pas de logis ni de vêtements décents. Il n'y a pas d'eau potable près d'ici. Regardez mes jambes enflées. Je ne peux pas aller à la clinique; elle est trop loin pour me rendre à pied. Alors quelle sorte de définition de la pauvreté espérez-vous que je vous donne, qui soit meilleure que ce que vous voyez de vos propres yeux ? " La pauvreté n'est pas une fatalité, pas plus que son caractère sexué - les femmes représentent 70% des personnes les plus démunies dans le monde - . Les effets du processus actuel de mondialisation économique sont de plus en plus dénoncés mais on ne parle toujours pas des femmes. Pourtant, les politiques macro-économiques menées au niveau planétaire touchent différemment les hommes et les femmes.
Le président de Nike possède 4.5 milliards de dollars US à son actif, dont un salaire annuel de 1 million de dollars.
Une
ouvrière indonésienne qui travaille pour Nike dans une des entreprises
de sous-traitance dispersées à travers le monde (75,000 ouvrières et
ouvriers au total, dont 70 % de femmes entre 17 et 21 ans) gagne
l'équivalent de 360 dollars US par année.
Elle devrait donc travailler 15 siècles pour avoir le salaire annuel du
président….!
Sur une économie mondiale de 30 000 milliards de dollars, 24 000 milliards sont générés dans les pays développés. Traduit en pourcentage, cela veut dire que 20 % du monde contrôle 80 % des richesses. La
population mondiale atteint près de 6 milliards de personnes. Selon la
BM, 1.5 milliards de personnes vivaient avec moins de 1 $ US par jour à
la fin de l'année 1999 et autour de 3 milliards de personnes, avec
moins de 2 $ US par jour.
Les filles et les femmes possèdent moins de 1 % des richesses de la planète ; elles fournissent 70% des heures travaillées et ne reçoivent que 10% des revenus.
Il existe 850 zones franches d'exportation dans le monde. On y trouve de nombreuses usines d'assemblage dans lesquelles on évalue à 27 millions le nombre de travailleurs et de travailleuses.
Ces
zones de production se caractérisent par un nombre élevé de jeunes
femmes ( 90% des travailleur-se-s), par des salaires très bas et des
journées très longues (entre 12 à 14 heures), par l'absence totale de
services sociaux, par le type de travail très pénible et très dangereux
qui y est effectué, en somme, elles se caractérisent par le non-respect
des normes minimales de travail et l'absence des droits syndicaux .
Le développement du travail à temps partiel dans les pays du Nord peut être comparé à l'essor du travail informel dans les pays du Sud, les femmes y sont aussi surreprésentées. Dans les deux cas, il s'agit - notamment en ce qui concerne les emplois hors secteur public et particulièrement dans le commerce et les services - de travaux très souvent instables, mal rémunérés, avec une possibilité presque nulle de promotion et de carrière, et liés à des droits sociaux souvent limités ou inexistants. En effet, dans la lutte contre le chômage de masse, les pays industrialisés semblent avoir recours fondamentalement au "partage du travail" par le biais du temps partiel des femmes, qui sont particulièrement sollicitées pour résoudre la crise de l'emploi.
Près
de 70% du travail accompli sur cette planète est un travail non
rémunéré : effectué par les femmes, il concerne l'approvisionnement,
l'éducation et les relations sociales, le foyer, le jardinage, les
travaux des champs. Elles effectuent les deux autres tiers bénévolement, sans que les statistiques économiques en tiennent compte. Chez les hommes, le rapport est exactement inversé. La valeur estimée du travail non rémunéré est de 11 milliards de dollars, près de la moitié de la production mondiale annuelle totale . Selon l'Organisation Internationale du Travail, les femmes des pays dits en voie de développement consacrent entre 31 et 42 heures par semaine au travail non rémunéré, tandis que les hommes ne lui consacrent qu'entre 5 et 15 heures .
Dès
l'âge de 5 ans, dans les pays dits en voie de développement, les filles
travaillent entre 4 et 16 heures par jour aux tâches domestiques.
L'inégalité
des rémunérations est souvent plus enracinée dans les pays
industrialisés. Par exemple, au Kenya, les salaires moyens des femmes
dans le secteur non agricole représentent 84 % de ceux des hommes,
tandis qu'au Japon la rémunération des femmes ne représente que 51 % de
celle des hommes.
On estime que plus de 585 000 femmes meurent chaque année de complications évitables de la grossesse ou de l'accouchement ou à la suite d'un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions sanitaires . Il ne s'agit pas là de simples accidents ou des aléas intrinsèques de la grossesse, mais bien d'une situation à laquelle il est possible de mettre fin en agissant dans le domaine politique, médicosanitaire et législatif . Ces forts taux de mortalité maternelle concernent dans 99 % des cas des pays du sud, l'Asie du Sud venant en tête, puis l'Afrique et l'Amérique latine. La proportion de femmes qui meurent parce qu'elles sont enceintes est de 1 pour 21 en Afrique, contre 1 pour 10 000 en Europe du Nord .
Dans
l'ensemble des pays du sud, une femme a une chance sur 48 de mourir de
complications de la grossesse ou lors de l'accouchement, alors que dans
le monde industrialisé, elle a une chance sur 1 800 .
Le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (CNUEH)-Habitat a calculé que, dans les villes des pays en développement, au moins 600 millions de personnes vivent dans des logements insalubres, voire dangereux. Comme les femmes et les enfants passent plus de temps que les hommes à la maison, les premières pâtissent davantage des mauvaises conditions de logement.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) estime que les gouvernements d'Afrique sub-saharienne versent aux créanciers du Nord quatre fois ce qu'ils investissent pour la santé de leurs populations . Dans cette même région du monde, 20 % des femmes souffrent d'insuffisance pondérale.
En Tanzanie, le revenu annuel par habitant est de 140 dollars US. Un enfant sur dix n'y atteint pas un an, mais chaque habitant doit aux pays riches, au FMI ou la Banque Mondiale, plus de 250 dollars US . Dans les années 80, entre 30 et 40% du montant de la dette extérieure des pays latino-américains étaient alloués aux dépenses en armement. Il y a quelques années, le Parlement français vota une somme de plus de 200 milliards de francs pour la série complète de l'avion de combat le Rafale alors qu'auparavant il n'avait accordé qu'un milliard de francs d'augmentation aux 300.000 infirmières en grève depuis un mois . En 1998, les Nations Unies et la Banque Mondiale estimaient à 225 milliards de $ US par an la somme nécessaire pour éliminer la pauvreté extrême et pour fournir une protection environnementale adéquate.
L'évasion fiscale mondiale est estimée à plus de 292 milliards de $ US par année .
|
Last modified 2006-04-18 02:10 PM
This item is available in
Français, English, Español