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La Marche Mondiale des Femmes et le Forum Social Mondial - un état de situation - Septembre 2007

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Notre engagement dans le processus du FSM

La Marche mondiale des femmes est une actrice du Forum social mondial depuis le début du processus. Nous y participons car il s’agit d’un lieu privilégié pour actualiser notre désir de changer le monde et créer des alliances avec d’autres mouvements sociaux pour ce faire. Nous avons participé au Conseil international du FSM depuis la première réunion, assumé la responsabilité de comités pour l’organisation de thématiques, participé aux comités organisateurs. La MMF, via les coordinations nationales ou le Secrétariat international, a organisé des ateliers, des panels, des actions sous divers thèmes selon les forums, des assemblées des femmes, etc. Elle a joué une part active dans le camp jeunesse et dans les assemblées des mouvements sociaux (déclaration, organisation, animation, etc.) et plus encore dans la création et le maintien d’un Réseau mondial des mouvements sociaux. La Marche est présente dans tous les forums sociaux mondiaux et dans plusieurs forums régionaux et nationaux.

En 2005, nous avons réalisé un document dans lequel nous rappelons nos engagements dans le FSM. Diverses femmes relatent leurs expériences d’engagement dans un forum social et posent des questions pertinentes sur la suite et les couleurs à donner à notre participation à ce processus. Depuis ce temps, deux autres forums mondiaux ont eu lieu et nous poussent à reprendre de façon plus systématique une réflexion sur le sens de notre engagement dans la lutte contre la mondialisation et pour la création d’un autre monde.

Ce que le FSM nous apporte comme féministes et ce que nous y apportons

Le Forum social mondial est un nouvel espace à occuper. C’est ce que nous avons fait depuis le début. Comme féministes, comme féministes de la MMF, nous voulons inscrire l’analyse du patriarcat au cœur de la remise en question du néolibéralisme et de l’impérialisme. Force est de constater que cet objectif est ambitieux et, probablement, difficile à évaluer de façon globale. Nous savons que notre présence a permis de rendre visible la lutte des femmes et nos résistances. Nous avons créé des alliances politiques et stratégiques avec certains mouvements sociaux. Cela est déjà un atout majeur. Cependant, il est aussi vrai que notre engagement dans ce processus a donné lieu à plusieurs frustrations qui vont du manque de reconnaissance de l’importance de l’analyse féministe dans la construction d’un autre monde, à l’absence d’inclusion de féministes ou carrément de femmes dans les panels. Plusieurs soulignent la double tâche qui nous incombe d’être présentes pour nommer nos luttes et nos alternatives et la nécessité constante de défendre notre vision devant un machisme de gauche ou de droite bien présent au FSM. La question se pose : Comment le FSM pourrait-il répondre encore mieux à notre objectif? Quels changements doit-on y proposer? Doit-on aussi changer nos attentes, notre apport, les activités qu’on y organise? Doit-on tabler plus sur la construction d’alliances spécifiques avec des mouvements sociaux comme nous avons fait avec la participation à Nyéléni?

Le FSM est aussi, pour plusieurs groupes féministes, un endroit pour construire des alliances entre féministes. Depuis quelques années, un groupe composé de réseaux régionaux et internationaux organise deux jours de discussion préalablement au FSM, journées s’intitulant les Dialogues Féministes. Ces groupes ont, vraisemblablement de façon consciente, écarté la Marche de l’organisation de ces journées. Nous avons participé une fois comme MMF, à Bombay en 2004, en envoyant des membres du CI.

Plusieurs féministes engagées dans le processus du FSM, jugent ces journées comme étant élitistes et convenant peu à ce qu’on veut accomplir à l’intérieur du Forum. En même temps, plus d’une femme ou de groupes se demandent pourquoi la Marche n’est pas là lors de ces rencontres, pourquoi on ne crée pas des ponts pour rendre visible le féminisme à l’intérieur du FSM. Lors du dernier FSM à Nairobi, le groupe organisateur des Dialogues féministes ont pris l’initiative d’organiser des activités et une marche sous le nom des Dialogues féministes donnant l’impression qu’elles sont les « représentantes » du féminisme à l’intérieur du FSM. De notre côté, nous avons organisé une marche sur nos propres bases et plus d’une femme ne comprenait pas pourquoi il y avait deux événements distincts pour les féministes.

Ceci nous amène à évaluer le type de leadership et d’alliances que nous voulons assumer ou créer auprès des autres groupes féministes qui participent au FSM ou au Réseau mondial des mouvements sociaux et, de façon plus générale, les femmes qui viennent au Forum.

Devons-nous, par exemple, critiquer ouvertement les Dialogues féministes et faire connaître plus largement notre refus de participer ou demander à ce que ces journées soient organisées autrement? Souhaitons-nous organiser avec d’autres groupes féministes une assemblée des femmes comme les femmes de la Marche en Europe ont fait lors de divers forums? Voulons-nous développer une alliance forte avec des réseaux spécifiques et organiser des activités conjointes lors des forums mondiaux avec, par exemple, le CATW qui nous a déjà approché, le Réseau des femmes en noir, la REMTE (avec qui nous travaillons déjà), etc?

Les principales critiques au fil des années

Au fil des années, nous avons émis diverses critiques sur la façon dont le FSM évolue et est organisé. Ces critiques ont été apportées lors des rencontres du Conseil international mais nous devons nous les approprier comme Comité international de la MMF et voir les solutions que nous pouvons proposées. Voici ces principales critiques ou inquiétudes :
1- La Charte des principes du FSM est tellement large qu’elle permet l’adhésion de groupes portant des messages opposés comme celui autour de la question de l’avortement. On ne peut accepter de laisser une place à la haine et la mysoginie au FSM et espérer en tirer un monde meilleur.

2- L’ampleur de l’événement est devenu son pire ennemi. Nous avons assisté à une surenchère dans la participation au FSM, passant de quelques milliers à quelques dizaines de milliers et quelques centaines de milliers… Le succès du FSM doit s’évaluer en fonction de sa capacité de mobilisation et d’adaptation aux réalités et aux luttes des mouvements et organisations du pays où il a lieu.

3- Le FSM doit être vu comme un outil et non comme une fin en soi. Il ne remplace pas les mouvements à la base, il doit les compléter.

4- La méthodologie doit être au service du FSM et non le contraire. La méthodologie doit être aussi évaluée et revue en fonction des objectifs désirés. L’idée qu’il existe « une seule méthode » FSM est contradictoire avec le besoin de refléter les particularités et les résistances des populations selon le lieu du FSM.

5- La fréquence du FSM contribue à amoindrir l’impact des mobilisations et endigue tellement de ressources militantes ou financières que le FSM pourrait devenir un handicap à changer le monde. Le FSM n’a de sens que s’il existe des luttes locales ou nationales, lieux de construction d’alternatives concrètes. Les actrices et acteurs de ces luttes peuvent mieux se reconnaître et s’épauler si le rythme n’essouffle pas l’action.

6- La convergence doit être au cœur du FSM et non le supermarché des idées et des égos. Nous avons besoin de plus d’interactions entre les mouvements pour pouvoir faire vivre nos alternatives, les débattre, les intégrer dans nos pratiques.

7- Le défi de l’inclusion réelle de l’analyse féministe et de la représentation des femmes comme sujets de la lutte contre la mondialisation dans ce contexte est immense. Il n’y a pas de reconnaissance, à l’intérieur du Conseil international ou dans la méthodologie, des relations de pouvoir en présence. La REMTE et la MMF ont déjà proposé une politique d’égalité mais sa mise en application est demeurée lettre morte .

8- Il existe un manque flagrant de cohérence dans l’organisation du FSM et nos objectifs de transformation sociale. La commercialisation de l’événement, la présence de groupes anti-choix, etc. sont autant d’irritants qu’il faut affronter.

Il existe maintenant quelques exemples de forums qui ont été organisés en prenant en compte la diversité, l’analyse féministe, l’environnement, les pratiques novatrices, etc. Le Conseil international est à développer une série de principes d’organisation qui accompagneront la Charte du FSM et nous serons partie prenante de ce débat.

Le Conseil international

Le Conseil international a été créé en 2001 après le 1er FSM. Une centaine d’organisations et quelques individuEs ont été invitées à se joindre par le Comité brésilien de l’époque. Le mandat du Conseil est de veiller à l’organisation des forums sociaux mondiaux et de voir au développement et renforcement du processus des forums. Nous avons un siège à ce conseil et nous assistons à chacune des réunions (plus ou moins deux par année). Il existe aussi 6 commissions (expansion, communications, méthodologie, contenu, finance, stratégie) et 3 groupes de travail (facilitation, action2008, évaluation). Chaque membre est invitéE à participer aux commissions ou groupes. Les groupes de travail sont ponctuels et appelés à changer chaque année en fonction de nos objectifs de travail.

Le groupe de travail « facilitation » se transformera dans les prochains mois en groupe de liaison qui deviendra, en fait, l’entité qui coordonnera le travail des commissions et groupes de travail et verra à l’organisation des réunions du CI. Cette année, une transformation est en cours pour changer les façons de travailler du CI. Le groupe de liaison se rencontrera entre les réunions, les groupes de travail ou commissions auront aussi leurs rencontres et la réunion du CI servira faire des mises en commun et donner les orientations. En principe, cela devrait améliorer le fonctionnement mais comme nous n’avons pas résolu les divergences de fond que nous avons, il est difficile de croire que cela règlera les tensions.

Ceci dit, nous avons obtenu, lors de la dernière rencontre du CI du FSM, qu’au cours de la prochaine année (2008) nous fassions une réflexion sur la stratégie que représente le FSM pour contrer la mondialisation néolibérale, patriarcale et impérialiste. Cette discussion nous mènera aussi à discuter la fréquence, le lieu, etc. des FSM au-delà de 2009.

Nous avons donc quelques questions à se poser : Souhaitons-nous faire partie du groupe de liaison du FSM? (cela signifie demander à une femme de la MMF de se libérer environ 30 jours par année) Comment faire de cette discussion sur la stratégie un processus qui inclus le plus de femmes de la MMF possible? Quels mandats donnons-nous à notre représentante au CI?

Le Réseau mondial des mouvements sociaux

Ce Réseau mondial des mouvements sociaux a été créé en 2003 et se veut un outil supplémentaire pour arriver à accroître les alliances entre les mouvements sociaux via des analyses et actions communes. Le réseau se rencontre principalement lors des FSM où il organise une assemblée des mouvements sociaux. Depuis l’année dernière, il y a une tentative de créer d’autres moments pour se rencontrer afin de renforcer les liens et de développer un agenda qui nous est propre. Il y a eu un séminaire à Bruxelles en septembre 2006, une rencontre à Rostock en juin dernier pour discuter de nos objectifs et de mode de fonctionnement. À Rostock, nous avons formé un groupe de facilitation composé de représentantEs de réseaux internationaux et régionaux (une vingtaine en tout) :

Réseaux/mouvements internationaux : Via Campesina, Marche mondiale des femmes, CADTM, Julibée Sud (2 personnes par réseau provenant de différents continents), Anti-Wall Campaign, Our World is Not for Sale
Réseaux/mouvements nationaux (1 personne par groupe) :
Amériques – Alliance sociale continentale, COMPA, Global Justice Network, Poor People’s Economic Human Rights Campaign
Asie – Focus on the Global South (2 personnes), India Social Forum (1 personne)
Afrique – Indaba Movement (1 personne)
Europe – 2 personnes à déterminer

Ce groupe a pour but de faciliter les échanges entre les mouvements sociaux et, particulièrement en fonction du 26 janvier, de stimuler la participation d’un maximum de groupes. Malgré cela, le Réseau demeure plutôt inactif et sans vrai plan de travail. Prenant pour acquis que nous avons besoin d’agir ensemble et ainsi dépasser aussi les déclarations un peu vides, il faut voir si la Marche mondiale des femmes peut proposer une action qui pourrait stimuler le Réseau et nous permettre d’assumer un certain leadership. Que pouvons-nous proposer pour renforcer ce Réseau (possiblement en fonction du 26 janvier? Devrions-nous dégager deux femmes pour 30 jours par année chacune pour suivre le CI du FSM et le Réseau mondial des mouvements sociaux?

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1 FEMNET (African Women’s Development and Communications Network), Articulacion Feminista Mercosur, Akina Mama wa Africa, CLADEM (Comite de America Latina y Caribe para la Defensa de los Derechos de las Mujeres), DAWN (the Development Alternatives with Women for a New Era), Isis International-Manilla, INFORM (Sri Lanka), National Networkof Autonomous Women’s Groups (India), REPEM (Red de Educacion Popular entre Mujeres de America Latina y Caribe), Women Living Under Muslim Laws, Women in Development Europe.
2 Lire texte de Janet Conway déjà envoyé
3 voir cette politique en annexe
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Last modified 2007-11-13 07:07 AM
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