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Manifeste des Jeunes Féministes d'Europe - version html

■ ■ ■
Ce texte est un document de travail créé lors du Campement Européen de Jeunes
Féministes organisé en juillet 2011 par le groupe Jeunes de Paris de la Coordination
française de la Marche Mondiale des femmes. Pendant les 7 jours qu’ont duré le
campement, de nombreux ateliers se sont tenus autour de différents thèmes qui se sont
cristalisés dans ce texte. Ce Manifeste a été écrit conjointement par les jeunes féministes
présentes, vivant en France, Galice, Pays Basque, Belgique, Suisse, Portugal, Pologne,
Arménie, Roumanie et Macédoine.

L’objectif de ce texte est d’analyser les situations vécues et de travailler à des réponses et
des stratégies de luttes communes pour les affronter dans le futur.

Les femmes en Europe et à travers le monde font face aujourd’hui à des
difficultés particulières provoquées par un système patriarcal et des cultures
sexistes. Nous croyons que les nouveaux développements dans ce monde postcrise
ont aggravé - et continuent d'aggraver - la situation des femmes, mettant en
péril nos droits si durement obtenus.
Nous, jeunes féministes d’Europe, nous sommes rassemblées en Campement en
juillet 2011 afin de débattre et discuter de la situation actuelle des femmes et des
moyens pour l’améliorer. Le présent Manifeste ne se veut pas une liste
exhaustive de tous les problèmes auxquelles les femmes d’aujourd’hui sont
confrontées ni un ordre de priorité pour un agenda féministe, mais plutôt un
guide et un point de départ pour un Agenda commun de jeunes féministes en
Europe.
Les sujets que nous avons décidé d’aborder ici sont les suivants : Solidarité,
Discriminations multiples, Économie, Environnement, Violences, Santé,
Sexualités et Promotion du féminisme. Nous allons continuer à travailler
ensemble pour bâtir un monde sans oppression ni domination patriarcale et pour
maintenir et renforcer nos liens.


SOLIDARITÉ

Nous nous engageons à partager des informations et nos expériences dans
nos luttes à travers un réseau européen féministe. Ensemble, nous soutenons
les points suivants :
1. La solidarité se doit d’être un outil pour lutter ensemble contre
les sociétés patriarcales et toutes formes d’oppression des
femmes. La solidarité internationale renforce les militantes.
2. La soclidarité doit prévenir toute forme de racisme,
impérialisme et classisme dans nos luttes.
3. La solidarité doit s’appuyer sur les analyses et revendications
des femmes dans les communautés de base, y compris leiur
identification avec un territoire, une culture et un contexte
précis.
4. La solidarité avec les femmes dans des pays impliqués dans des
conflits armés est un outil de résistance contre la militarisation,
la guerre et le conflit.
5. Ici et maintenant, nous nous levons en solidarité avec toutes les
jeunes féministes en Europe et nous nous efforcerons
d’encourager la solidarité avec les femmes du monde entier.

DISCRIMINATIONS MULTIPLES

Nous voulons aborder la situation des femmes qui font face à plusieurs formes
de discrimination, qui les vulnérabilisent. Cela concerne en particulier les
migrantes, les demandeuses d’asile, les exilées, les détenues, les femmes
appartenant à une minorité culturelle (religieuse, ethnique, linguistique ou
autre), les femmes victimes de trafic humain et les femmes exploitées
sexuellement. Toutes ces femmes ont en commun le fait que, en plus de leur
appartenance à un groupe discriminé, elles subissent une pression
supplémentaire due à leur statut de femme. Les problèmes économiques, le
racisme, le mépris et les législations actuelles sont autant de facteurs qui ne font
qu’empirer leur situation.
Peu de mesures ont été mises en place en Europe pour protéger ces femmes des
violences. Parfois ce sont les États eux-mêmes qui légitiment des mesures
agressives à l’encontre de ces femmes, en promulguant des lois hypocrites qui
les criminalisent. Elles vivent souvent dans l’isolement et sont rendues
invisibles, ce qui renforce leur dépendance à des personnes et des institutions
qui profitent de leur situation (manque de maîtrise de la langue officielle,
situation économique et sociale difficile...). Les valeurs et actions politiques
dominantes sont eurocentrées et basées sur une idéologie colonialiste qui tend à
présenter les immigrés en Europe comme des parasites et les émmigrés
européens comme des bienfaiteurs pour le développement de pays considérés
comme inférieurs.
Vu ce contexte, nous allons lutter pour :
1. Déconstruire les a priori et combattre le système patriarcal raciste et
capitaliste qui renforce les différentes formes d’oppression.
2. Bâtir un réseau européen de solidarité qui luttera contre les réseaux
interétatiques discriminatoires qui contrôlent la migration.
3. Étudier et prendre en compte l’hétérogénéité des groupes et les spécificités
individuelles (p.e. les situations de choc culturel) et mettre fin à la
perception des immigrés et des demandeurs d’asile en tant que groupes unis
et homogènes.
4. Mettre fin à l’isolement, ouvrir des espaces de libre expression et visibiliser
les réalités vécues par les femmes discriminées.
5. Renforcer la solidarité entre pays concernés par le trafic humain (pays
destination et source).
6. Fournir un soutien pour les prostituées, en travaillant pour visibiliser leurs
droits, et en aidant celles qui veulent en sortir.

ÉCONOMIE

Le système socioéconomique globalisé et oppressif d’aujourd’hui engendre des
inégalités de genre, un accès inégal aux droits et des écarts de revenus entre hommes et
femmes. Des femmes, des groupes et des pays différents sont confrontés à des défis
spécifiques et nous croyons qu’une approche large à cette lutte globale est nécessaire.
Il faudra remettre en question les notions de travail et de pauvreté afin de comprendre
les difficultés auxquelles nous, en tant que femmes, faisons face. La pauvreté s’est
féminisée et comporte de nombreuses dimensions qui mènent à l’exclusion et à une
accumulation de privations. Les femmes pauvres ont un accès moindre aux services de
la collectivité et à la culture, ainsi qu’une mobilité et une autonomie réduites. Certains
groupes de femmes sont confrontés à des obstacles et à la discrimination au niveau du
marché du travail et de l’obtention d’un salaire digne : les lesbiennes, bisexuelles,
transsexuelles, queers, intersexes, les femmes Rom, migrantes, les femmes sans
papiers, les femmes pauvres, âgées, jeunes, handicapées, les mères célibataires, les
femmes appartenant à des minorités ethniques, les femmes victimes de violences, etc.
1. « Care » : Les vies des gens sont interdépendantes et les sociétés dépendent du
travail domestique et affectif fournis par les femmes. Ce travail doit être
reconnu, puisque tant de personnes en sont dépendantes : les enfants, les
personnes âgées et handicapées, etc. A vrai dire, d’autres personnes, tels que
les maris, pères et partenaires masculins, dépendent aussi des soins et de
l’assistance des femmes. Bien que nous reconnaissions l’existence de cette
interdépendance, elle ne doit pas empêcher l’autonomie des femmes, et le
travail de soins doit être répartis de manière équilibrée entre femmes et
hommes (par exemple, à travers des centres de soin financés par l’État, et par
l’encouragement des hommes à s’occuper de personnes qui en ont besoin).
2. Marché du travail : Au sein du marché du travail, les femmes travaillent dans
des secteurs mal rémunérés, à temps partiel ou dans des postes moins
valorisés, mais également dans les marchés invisibles et informels. Les droits
du travail des femmes doivent être appliqués et respectés, et il faudra
encourager et soutenir les femmes dans la réclamation de leurs droits dans le
travail visible ou invisible, formel ou informel. Il est également crucial que le
travail invisible des femmes soit visibilisé. Les femmes sont confrontées à la
discrimination et au harcèlement dans le marché du travail. Elles continuent à
être moins bien payées que les hommes pour le même travail. Les femmes qui
travaillent dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes et
bien rémunérés devraient être soutenues, et les hommes encouragés à travailler
dans des secteurs traditionnellement féminins.
3. Droits sociaux : La pauvreté et l’exclusion sociale sont étroitement liées à
l’accumulation de privations au niveau des ressources, services et droits, touchant
à l’éducation, la santé, les allocations de chômage, les pensions... Grâce aux
luttes féministes, les femmes ont obtenu des droits sociaux qui sont de plus en
plus menacés, sous le prétexte de résoudre la crise économique. Toutes les
femmes doivent avoir accès aux ressources, services et droits. Tout cela doit être
assuré pour que les femmes puissent échapper au cycle de la pauvreté, plutôt que
de s’y enfoncer de plus en plus. Le développement de la coopération économique
entre femmes comme modèle alternatif est un pas important dans ce sens.
Nos revendications sont vitales pour que les femmes puissent librement
déterminer de leurs vies et bien les vivre.

ENVIRONNEMENT

Aujourd’hui nous faisons face à une crise internationale alimentaire,
énergétique, climatique et environnementale créée par le système de
production globalisé et capitaliste actuellement en place. Ce système
privatise et marchandise notre terre, les biens communs et la
biodiversité, avec la destruction et la surexploitation de notre
environnement.
Les femmes sont souvent les premières à être touchées par cette
situation. Nous savons que les femmes à la campagne sont souvent
responsables de la production alimentaire, à l’opposé de la monoculture
de grande échelle qui domine le modèle de production actuel. Dans de
nombreux pays, les femmes sont les premières à souffrir des dégâts
environnementaux puisque ce sont elles qui s’occupent de la cuisine, de
l’économie du foyer et du travail domestique et elles ont moins d’accès
à l’information, à la terre et aux services. Les femmes et nos peuples ne
sont pas responsables et ne devraient pas payer ni souffrir des
conséquences de cette crise. Nous rejetons les lois qui détruisent
l’agriculture paysanne et notre environnement, comme la PAC
européenne, et les fausses solutions qui continuent à donner la priorité à
un modèle de développement démodé, au profit des grandes entreprises
qui appauvrissent la vie des femmes et de nos peuples.
1. Nous voulons promouvoir la solidarité et les échanges
d’informations entre nos peuples, afin de créer une Europe
construite par et pour le peuple et lutter contre l’Europe des
institutions et des grandes entreprises.
2. Nous voulons promouvoir l’agriculture indépendante, respectueuse de
l’environnement, pour produire des aliments pour nos peuples et pour
promouvoir la souveraineté alimentaire.
3. Nous voulons bâtir des modes de consommation alternatifs, basés sur la
production locale, le respect de l’environnement, la biodiversité et les saisons,
qui mettent la priorité sur les produits autochtones et qui visibilise la chaîne de
production alimentaire et en informe le public.
4. Nous voulons la justice plutôt que l’impunité dont jouissent les États et les
entreprises qui détruisent et exploitent notre environnement et l’agriculture
locale.
5. Nous voulons un nouveau modèle énergétique, un qui sera soutenable,
respectueux de l’environnement et accessible à la population.

SANTÉ

Dans le cadre de l’accès des femmes aux services et produits de santé, nous croyons
que les points suivants sont essentiels :
1. Toute femme devrait avoir un accès libre à un service de santé publique de
qualité ; nous nous opposons à la marchandisation croissante des services et
produits de santé.
2. Les femmes doivent avoir la souveraineté absolue sur leur corps, qui devrait
toujours être respectée. Nous devons avoir un libre choix concernant nos corps
(en termes de maternité, avortement, contraception...). Nous nous devons de
lutter pour le libre accès à l’avortement et pour maintenir ce droit dans les pays
où il est menacé.
3. Le développement de programmes d’éducation sexuelle et sanitaire est
fondamental.
4. Tous les systèmes de santé devrait s’assurer que les problèmes de santé
propres aux femmes (tels que le cancer du sein) reçoivent la pleine attention, le
soutien et les ressources nécessaires pour leur traitement, prévention et
recherches.

VIOLENCES

Les femmes continuent à subir des formes de violence des plus variées,
comme résultat direct du système patriarcal. Ce système de domination est
structuré autour de trois axes d’oppression – sexe/genre,
ethnicité/race/culture et classe sociale – et gravé dans tout domaine de la vie
collective et individuelle, représentant en lui-même une forme de violence
envers toutes les femmes. L’imposition des rôles et stéréotypes de genre est
à la racine des violences structurelles, économiques, sexuelles,
psychologiques, verbales et physique contre les femmes.
Les violences envers les femmes varient en degré : auto-violence liée à
l’image du corps, représentation négative des femmes dans les médias,
discrimination, harcèlement, crimes punitifs contre les lesbiennes,
dépendance économique, mariages forcés, violences conjugales, mutilations
génitales, viols et féminicides ; ce qui met les femmes dans une situation de
peur constante et touche la société dans son intégralité. Cette situation est
sérieusement aggravée pour les femmes vivant des situations de conflits
armés.
Nous, jeunes féministes d’Europe, proposons les points d’action suivants
pour mettre un terme aux violences contre les femmes :
1. Sensibilisation et éducation
· Sensibilisation du grand public et des personnes impliquées dans le processus
juridique (policiers, juges, etc.)
· Programmes éducatifs sur l’hétérosexisme, la masculinité et l’auto-défense féministe
comme moyen de prévention
2. Prévention et soutien total des victimes
· Espaces ouverts pour l’interaction et le dialogue
· Espaces non-mixtes pour le soutien et l’auto-expression des femmes – sans crainte de
discrimination
· Conseils et assistance pour les victimes
· Refuges (selon besoin) et logements sociaux
· Subventions économiques et sociales pour les femmes dépendantes économiquement
souffrant de violences
· Sensibilisation de femmes par rapport à leurs droits (éducation par les paires,
éducation formelle et informelle...)
3. Lobbying institutionnel
· Campagnes pour l’établissement de lois traitant de tous les problèmes spécifiques aux
femmes et liés à la violence (tels que les ordonnances restrictives contre les
agresseurs) et pour la bonne application de la loi
· Législation qui criminalise le viol domestique et le féminicide.

SEXUALITÉ, LGBTQI, ET ÉDUCATION SEXUELLE

Concernant les problématiques en lien avec la sexualité féminine, les questions
LGBTQI et l’éducation sexuelle, nous proposons les points suivants comme
lignes directrices pour notre travail futur :
1. Perspectives féministes par rapport à la sexualité, pour rompre avec le système
patriarcal et hétérosexiste qui crée des inégalités basées sur le sexe et le genre
2. Réappropriation de nos corps en tant que femmes afin de maîtriser notre
sexualité
3. Liberté de choix de son identité sexuelle (lesbienne, transsexuelle, queer,
intersexe...)
4. Promotion du droit des femmes concernant leurs plaisirs et leurs choix dans
toutes leurs expériences sexuelles : les femmes doivent toujours avoir le choix de
quand, comment et avec qui elles ont des relations sexuelles
5. Lutte contre la lesbo-, homo- et transphobie
6. Émancipation des femmes par rapport aux institutions religieuses en tant
qu’oppresseurs patriarcaux de notre sexualité
7. Lutte pour des droits égaux pour toutes et pour tous, quelle que soit leur
orientation ou leur identité sexuelle
8. Éducation sexuelle (à l’école, à travers l’éducation populaire, les médias, etc.)
9. Rupture avec l’image médiatisée de la femme hypersexuée vue comme
instrument de plaisir des hommes hétérosexuels.
10. Création de réseaux de partages d’expériences et de bonnes pratiques concernant
la sexualité féministe (actions, projets, programmes, vidéos...)

PROMOTION DU FÉMINISME

Nous trouvons que les points suivants sont importants pour la
promotion du féminisme :
1. La construction d’un monde sans stéréotypes sur le féminisme
ou le genre et, en particulier, qui présente le féminisme d’un
point de vue positif (mettre fin à l’anti-féminisme)
2. La promotion du féminisme comme vision de la société entière,
pour son incorporation dans différents domaines : l’éducation,
l’environnement, le droit...
3. La promotion et la facilitation de la citoyenneté active et du
militantisme féministe
4. La promotion et la facilitation de l’accès aux contributions
féminines, particulièrement dans les domaines créatifs,
artistiques et scientifiques
5. La création d’espaces de partage d’expériences pour les
femmes, en gardant en tête des pratiques féministes telles que le
non-jugement, la solidarité et le bien-être accru des femmes
6. La promotion d’une forme de féminisme inclusive et ouverte à
toute culture, classe et génération
7. L’encouragement d’une réappropriation féministe de la culture
en éliminant ses dimensions sexistes omniprésentes
Les objectifs ci-dessus peuvent être classés en trois dimensions
différentes : les médias, la culture et l’éducation ; dans lesquelles des
actions peuvent être proposées. Évidemment, ce n’est pas une liste
exhaustive mais de simples axes de travail. Nous croyons que la
promotion du féminisme doit faire partie d’un effort permanent dans
tout aspect de notre vie collective et individuelle

www.mmf-france.fr
www.marchemondialedesfemmes.org
mmfjeunes@gmail.com







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Last modified 2012-05-10 08:44 PM
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