Skip to content
Marche mondiale des femmes   Marche mondiale des femmes
Portal Languages

World March of Women

http://www.worldmarchofwomen.org/
Personal tools

Magazine - Témoignages

■ ■ ■
La Marche mondiale des femmes


    Logo IREF

    Témoignages de femmes recueillis à New York le 17 octobre 2000

    Ces entrevues ont été réalisées par des marcheuses venues du Québec dans le cadre de l'Alliance de recherche IREF-Relais-femmes (ARIR). Il s'agit d'un partenariat de recherche qui vise l'avancement des recherches et des pratiques féministes. Regroupant plus d'une vingtaine de professeures de l'UQAM et les groupes de femmes, membres de Relais-femmes, autour du thème "Égalité, pluralité et solidarité : nouveaux défis des rapports sociaux de sexe" l'ARIR ambitionne de favoriser:

    - la construction et la consolidation de partenariats entre universitaires et groupes de femmes au Québec;
    - le décloisonnement des activités de recherche, de diffusion/communication et de formation féministes;
    - et enfin, la formation des étudiantes et l'émergence d'une relève féministe.

    En lien avec ses trois axes de développement, soit la famille, l'économie et la Politique/citoyenneté, l'ARIR a pour principal objectif d'appuyer les efforts des groupes de femmes et des professeures membres de l'ARIR désireux de démarrer ou de poursuivre des projets de recherche, de formation ou de transfert des connaissances axés sur le changement social en tenant compte des nombreux défis que pose l'évolution des rapports sociaux de sexe.

    L'ARIR est une structure paritaire subventionnée co-dirigée par Nadine Goudreault (Relais-femmes) et Francine Descarries (UQAM). La coordonnatrice du projet est Lyne Kurtzman. Nous les remercions tout particulièrement ainsi que chacune des participantes ayant collaboré à la réalisation de ces entrevues.

    Alliance de recherche IREF/Relais-femmes
    Pavillon des sciences de l'éducation, local N-2240
    1205 rue St-Denis
    C.P. 888 - Succ. Centre-Ville
    Montréal, H3C 3P8
    courriel: aruc-iref-relaisf@uqam.ca télépohone (514) 987-3000 2581# Site Web : IREF-UQAM



    E., directrice générale de l'emploi en Guinée Bissau

    "Il y a beaucoup de difficultés dans notre pays. Il y a l'analphabétisme. Nous les femmes, surtout, ne sommes pas alphabétisées, parce que l'habitude est d'envoyer seulement les garçons dans les écoles. Les parents laissent les filles y aller mais les filles arrêtent très tôt à cause du mariage. Maintenant, on mène beaucoup de luttes contre cela, et le pourcentage de filles à l'école a augmenté. Notre lutte porte aussi contre l'excision parce que c'est une pratique terrible pour nos femmes. On lutte beaucoup pour abolir cette pratique-là, pas seulement pour notre santé mais pour nos enfants, pour nos filles. Et beaucoup d'autres choses parce que dans le secteur informel, c'est la femme qui vend les marchandises et on a besoin d'appuis pour continuer à maintenir notre possibilité économique. Mais il faut, avant tout, que nous sortions de l'analphabétisme."


    C.,du Burkina Faso

    "Nous avons fait notre marche nationale le 6 mai 2000. Nous avons rassemblé les revendications en provenance de tout le pays, c'est-à-dire des 45 provinces où les femmes ont marché. Avec cela, nous sommes allées ensemble rencontrer l'administration du pays pour remettre nos revendications et bien sûr, toutes les demandes concernant la pauvreté. Il y a eu des résultats clairs puisque nous venons de finir un forum national où les femmes ont présenté au gouvernement des possibilités, des propositions d'action pour lutter contre la pauvreté des femmes et contre les violences. Au niveau international, nous espérons énormément qu'il y ait un impact et que dans le monde entier la solidarité augmente par rapport aux pays pauvres où la pauvreté est féminine et pas masculine, qu'il y ait des actions concrètes des Nations Unies et du monde entier en faveur de la femme africaine."


    S., militante du rassemblement algérien des femmes démocrates, Algérie

    "Je suis algérienne. Je suis venue spécialement d'Algérie pour la Marche mondiale. Je suis militante du rassemblement algérien des femmes démocrates et je suis journaliste. Je suis toute seule, mes autres copines n'ont pas réussi à venir mais elles font des manifestations à Alger dans le même sens que la Marche Mondiale, contre la violence et contre la pauvreté et essentiellement pour que soit accordé la reconnaissance du statut de femmes violées pour celles qui sont violées par les terroristes et pour que le viol soit reconnu comme crime contre l'humanité.

    En ce qui concerne les associations de femmes féministes, ça fait déjà une année qu'on organise des activités autour de la Marche Mondiale. Les activités sont essentiellement axées sur les violences faites à l'encontre des femmes et les violences conjugales. Enfin, le cheval de bataille des femmes en Algérie, c'est le code de la famille qui réduit la femme à une femme objet, femme mineure alors le mari a droit à quatre femmes, elle n'a pas même pas droit au divorce, elle n'a aucune autorité parentale, etc."


    G., syndicaliste, Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), France

    "Pour notre organisation syndicale, être ici, est une action de solidarité ; c'est l'occasion de mettre le projecteur sur les problèmes que rencontrent les femmes. En France, les femmes rencontrent des problèmes d'égalité de rémunération, des problèmes à l'embauche au niveau du travail, des problèmes au niveau de la formation continue. La formation initiale pour les filles est très bien maintenant en France, elles sont au même niveau que les garçons et même elles sortent avec des diplômes supérieurs. Mais il y a en France un maintien des inégalités en termes de conditions de travail également. Il y a aussi, en France de la violence dans le monde du travail et c'est aussi pour ça que nous marchons, pour que les femmes soient des travailleuses à part entière.

    Ce que je ressens là, c'est une volonté commune pour les femmes, de sortir d'une situation qui était la leur depuis la nuit des temps, des pays ont déjà fait des avancées, d'autres pays n'ont pas fait ces avancées. On le voit en Afghanistan par exemple, et notre force c'est d'abord, je le répète, une force de solidarité, c'est comme ça que je vis la Marche."


    S., afhgane vivant aux Etats-Unis

    "La voix des femmes afghanes, à l'intérieur de l'Afghnanistan, est morte. Elle est silencieuse ; à l'heure actuelle, les femmes n'ont plus le droit de parler et c'est à nous, les femmes afghanes qui sommes hors de l'Afghanistan, de faire entendre la voix de ces femmes qui ne peuvent plus parler.

    La Marche me donne l'opportunité de parler de la femme afghane et de faire connaître aux autres femmes, quelle est la situation de la femme d'Afghanistan en Afghanistan, c'est vraiment très important. C'est un problème de vie ou de la mort pour la femme afghane. S'en prendre aux femmes, c'est une manière de tuer la nation afghane, de tuer la moitié de la nation afghane. Nous devons élever la voix en dehors du pays pour faire connaître à tout le monde, pour vous dire de nous aider car nous sommes en train de mourir.

    Le mouvement des femmes, le féminisme a un pouvoir sur le gouvernement et sur les Nations Unies. Moi je suis sûre, si on a des objectifs très clairs et si on est organisées, on peut réaliser des choses.

    En Afghanistan, on a pas le droit de sortir toute seule, on a pas droit à l'éducation, d'aller à l'école, on n'a pas le droit de travailler... Avec la négation des droits de la femme afghane, les talibans et leurs amis Pakistan, ont nié le droit d'Afghanistan comme un pays indépendant, avec cette chadri, les talibans font entrer de la drogue et des terroristes dans lle pays, parce que, à la frontière, on ne fouille pas les femmes."


    L., regroupement des sages femmes du Québec, Canada

    "Oh, c'est grandiose après avoir marché samedi avec 30 000 femmes à Montréal, se retrouver ici avec au-delà de 4 millions de signatures à l'ONU, cela fait très chaud au coeur. Ça a été une volonté politique du regroupement d'être ici pour la journée mondiale. Moi je pense que c'est le début, c'est quelque-chose qui va se continuer. Les liens qui ont été établis entre les femmes, les organisations, je pense ce n'est que le début, que les revendications et les mouvements mondiaux vont continuer. On commence à parler d'une grève généralisée à travers le monde initiée par les femmes, je pense que ce genre d'idée là qui va se continuer donc on a, on a bien lancé le bal."


    X., formatrice chercheure à l'école normale supérieure, Dakar, Sénégal

    " Je suis très heureuse d'être là, en tant que femme d'abord, il faut que l'on s'organise et qu'on soit d'accord sur l'essentiel parce que toutes nos revendications soient les mêmes sur toutes les latitudes. Il était temps que nous, femmes de tous les pays, puissions être d'accord sur l'essentiel. L'essentiel pour nous, c'est l'égalité, la lutte contre la pauvreté, l'éducation, surtout, parce que c'est sur ça que les hommes peuvent jusqu'à présent avoir raison. Une femme non éduquée est une femme qui est quantité négligeable ; une femme pauvre est généralement non éduquée. Vous voyez, suivant la loi, c'est toujours la femme qui perd, surtout dans nos pays à nous."


    K., syndicaliste, Confédération Mondiale du Travail, Pérou

    "C'est vraiment extrêmement important d'être ici, parce qu'on manifeste notre solidarité au-delà des frontières, au-delà des spécificités culturelles. Nous sommes ici pour dire que toutes les femmes du monde, pauvres et riches, avons les mêmes problèmes, peut-être à des degrés divers, mais nous avons les mêmes problèmes, et donc nous voulons montrer notre solidarité et représenter toutes les femmes qui, pour différentes raisons, n'ont pas pu venir à New York.

    Si je parle de mon pays, le Pérou, j'en reviens toujours à la question de la solidarité, d'autant plus que pour le moment, mon pays vit une situation très dramatique. Il y a une crise politique, économique très forte. Les femmes sont les premières concernées par les mesures anti-sociales qui se prennent, les femmes sont très actives et elles sont vraiment en plein dans la lutte contre la pauvreté et la violence à l'égard des femmes.

    Je crois que les femmes sont tout à fait capables de comprendre les problèmes, les spécificités des femmes d'autres pays, de cultures totalement différentes. C'est une caractéristique, je crois, qui est propre aux femmes. Je pense qu'il y a beaucoup de problèmes qui se ressemblen, que ce soient pour les femmes vivant en Amérique du Nord, ou en Chine ou sur d'autres continents. Donc je ne pense pas que ce soit quelque-chose d'extrêmement difficile d'arriver à se comprendre, au niveau d'une plate-forme de revendications concernant les thèmes de la pauvreté et de la violence."


    M., éducatrice spécialisée, France

    "Ce qui m'a amenée ici, c'est mon engagement féministe. J'ai envie de me battre pour que les femmes n'aient plus à subir la violence sexuelle, le harcèlement, pour qu'elles aient accès au travail sans toutes ces discriminations, qu'elles ne soient pas obligées de choisir un travail à temps partiel ou une précarité, qu'elles puissent aussi avoir des conditions de vie correctes, qu'elles soient correctement rémunérées pour ce qu'elles font.

    Il y a eu plusieurs marches depuis janvier. En France, nous avons aussi fêté les 25 ans de la loi Veil, une loi qui a accordé les droits à la contraception et à l'avortement aux femmes. Il y a eu une révision de cette loi dernièrement. Il y a déjà eu des choses parce que plusieurs mouvements, en France, veulent reprendre aux femmes ce droit à disposer de leur corps et de leur sexualité et aussi parce que la précarité économique reste importante pour les femmes, parce qu'elles ont un salaire nettement moins important que les hommes dans tous les métiers.

    Déjà, on arrive à être visibles auprès de chaque gouvernement et c'est important. En tant que personne, j'ai l'occasion dans des mouvements comme celui-ci de rencontrer des femmes, de prendre des contacts, d'échanger des adresses, de discuter et donc de pouvoir transmettre des informations sur ce qui se fait, comment nous avons pu faire avancer les choses, comment les autres ont fait ailleurs et donc d'être plus fortes."


    N., membre de la société civile, Niger

    "Nous nous sommes organisées depuis trois ans. Toutes les organisations et associations se sont réunies ensemble pour organiser la Marche. Nous espérons qu'il y aura un grand impact. C'est pour ça que nous sommes venues du Niger, nous avons parcouru des milliers de kilomètres pour venir jusqu'ici, la lutte n'est pas finie, arrivées au Niger nous allons la continuer encore avec toutes celles qui n'ont pas eu la chance de venir ici."


    M.C., du Québec (Canada)

    "Je porte avec moi, sur mon dossard, la signature des femmes détenues au pénitencier de Joliette. Là sont incarcérées des détenues pour une période de plus de deux ans… jusqu'à 20 ans. Ces femmes ne pouvaient être ici aujourd'hui, mais en signe de solidarité avec nous, elles ont fait une bannière, elles ont signé un dossard, elles sont solidaires des femmes du monde. Il y a là-bas des femmes québécoises mais aussi des femmes de communautés culturelles d'autres pays qui sont toutes solidaires et qui veulent être avec nous ici aujourd'hui."


    Y., membre de Copimar, Cameroun

    "Nous en avons trouvé à peu près 2000 bonnes raisons de marcher, mais les principales reviennent à, peut-être à une grande qui est la lutte contre la pauvreté, par la réduction de la dette, donr le poids est chez nous très important, et le montant qui est attribué au service de la dette est tel que il pourrait être utilisé pour réduire très fortement la pauvreté. L'une des grandes recommandations, nous les avons appelé recommandations et non revendications, nous ne voulons pas de revendications, ça tend trop à droit de l'homme et droit de la femme contre l'homme. L'une des recommandations, c'est que le monde entier, et notamment les bailleurs de fond, puissent aider les pays comme le nôtre, à réduire le poids de la dette. Fort heureusement pour nous le Cameroun est en train de bénéficier, de l'initiative en faveur des pays très endettés, les PPTTE. Chez nous 40% de notre produit intérieur brut est affecté au service de la dette. Imaginez 40% de quelque-chose comme 4 milliards de dollars, ça va être une somme énorme pour réduire la pauvreté, ça doit être affecté dans les services sociaux, pour les hopitaux, les écoles, etc.

    C'est une excellente chose que des femmes de plus de 150 pays se soient ralliées autour d'une plate-forme commune. C'est un atout. Parce que si c'est un seul pays qui demande cela, on peut avoir l'impression encore que les femmes exagèrent. Mais quand 150 pays se retrouvent autour d'un même objectif, ça veut dire que l'objectif est sérieux. Ca veut dire que ce n'est pas du n'importe quoi, que ça revêt une importance capitale et du coup, ça fait le poids de cette revendication. Donc ça veut dire que c'est un problème réel qui se pose et qu'il mérite que les instances de tous les pays du monde t s'en occupent vraiment."


    M., Présidente et fondatrice du réseau des femmes actives du Cameroun

    "Le réseau des femmes actives du Cameroun encadre 40 associations de femmes rurales dans notre pays. La grande revendication des femmes rurales dans notre pays, c'est d'abord l'accès à la nouvelle technologie, car pour le moment, elles travaillent avec des méthodes très archaïques. En accédant à la nouvelle technologie, les femmes pourront mieux produire et lutter ainsi contre la pauvreté. En plus, ces femmes n'ont pas accès au crédit, car elles ne remplissent pas les conditions pour accéder à ces crédits. Nous pensons que, si on résoud le problème de l'annulation de la dette, on pourra répartir les sommes ainsi collectées pour l'agriculture féminine et aider les femmes à sortir de la pauvreté.

    J'ai eu la chance d'assister au sommet de l'alimentation à Rome en 1996 et nous avons porté ces revendications déjà à ce niveau. Nous pensons que des rencontres comme celles-ci nous permettraient de rencontrer des femmes dans le monde qui luttent pour la même cause et ainsi, d'établir ainsi une collaboration nord-sud et même sud-sud, afin de trouver des solutions pour cette catégorie de femmes qui sont très lésées et qui, pourtant, se retrouvent à 80% dans la production vivrière. Ce sont elles qui nourrissent les familles, elles qui nourrisset en fait la société. Mais elles sont marginalisées."


    M., Présidente de l'association "L'espoir renaît", Congo

    "Mon organisation s'occupe de la lutte contre la pauvreté. Nous faisons du développement communautaire. Comme vous le savez, notre pays a connu la guerre et le fléau de la pauvreté s'est accru. Nous nous battons pour éliminer la pauvreté et surtout la féminisation de la pauvreté. A cause de la guerre, les femmes ont subi beaucoup de violences. C'est pour cela que la délégation congolaise comporte beaucoup de femmes et des femmes de toutes les catégories.

    Donc, nous avons commencé par un travail d'éducation populaire de sensibilisation des femmes, pour que toutes les femmes unies nous marchions pour lutter contre la pauvreté. Après ça, nous sommes passées à la phase de signature des cartes d'appui et des pétitions et après on a organisé la Marche nationale. Elle a eu lieu le 30 septembre. Nous avons eu des difficultés à venir ici, nous aurions pu être plus nombreuses, mais nous sommes quand même près d'une quarantaine de femmes congolaises.

    Nous avons l'espoir que les Nations Unies vont porter une attention particulière à nos revendications. Que tout ce que nous avons, que tout ce que les femmes ont revendiqué trouveront quand même une solution. Notre pays connaît un endettement très élevé et nous souhaitons que les Nations Unies et tous les pays développés se penchent un peu du côté de la femme pour que les femmes africaines par exemple aient une facilité de financement de leurs projets. Nous sommes dans les ONG mais nous n'avons pas de facilité de financement et c'est très difficile pour faire passer ce message. Mais nous profitons de cette Marche aujourd'hui et nous espérons que nous serons entendues."


    J., une femme autochtone du Canada

    " Je suis une survivante de la violence conjugale. En 1995, j'ai été agressée durement par mon ex-conjoint, le père de ma fille. Je me bats contre ce problème depuis et j'essaie d'en parler dans ma communauté, pour donner aux femmes la chance de se défendre, de s'assumer et de cesser de s'enfouir la tête dans le sable. C'est un geste vraiment radical parce que dans notre communauté, tout le monde a des liens de parenté et personne ne veut en parler. Malgré cela, je veux défendre la cause de mes sœurs, de mes nièces et de ma belle-fille, et me tenir debout pour ma fille.

    Je prie tous les jours pour que le système judiciaire se transforme et qu'on fasse ce qui doit être fait avec ces criminels, qu'on cherche à protéger les femmes elle-mêmes au lieu de mettre les récidivistes sous garde protégée. Pourquoi est-ce que ce sont toujours les femmes qui devraient recevoir les coups tandis que les hommes s'en sortent impunément? Les femmes sont soumises à la violence, à la peur, aux drogues et le reste. Elles ne peuvent obtenir de financement, elles ne peuvent avoir de sous, elles ne peuvent rien faire. Elles doivent courir, se cacher, se protéger; elles doivent se prostituer pour tenter de s'en sortir.

    J'espère vraiment que les revendications de la Marche des femmes seront acceptées. J'espère que les gouvernements partout au monde cesseront de protéger les hommes. Je pense que ce rassemblement est parfait : je me sens en grande forme et pleine d'entrain. J'ai commencé chez-moi et je suis allée à Montréal, puis à Ottawa et enfin ici. Je me sens de mieux en mieux chaque fois : à cause des sentiments, de l'esprit, de l'émotion, le fait de rencontrer tous ces gens, d'entendre tous ces récits différents. "


    T., employée de la New Japan Women's Association [Nouvelle Association des femmes du Japon]

    " Nous appuyons les revendications mondiales; de plus, dans notre pays, nous avons toujours mis l'accent sur la paix et nous portons donc aussi ce message de paix, nous nous opposons à la guerre et nous demandons l'abolition des armes nucléaires.

    La Marche exprime la force et le pouvoir que confère l'unité. Je crois que la réussite de la Marche découle du fait que le comité de liaison international a encouragé les femmes de chaque pays à élaborer leur propre programme. Depuis que nous avons lancé la Marche au Japon, de nombreux syndicats, des syndicats d'enseignants, des femmes engagées dans des mouvements variés et des regroupements qui étaient jusque là inactifs se sont se ralliés aux revendications appelant à mettre un terme à la pauvreté et à la violence et à exiger la paix. Celles-ci ont permis de rassembler des femmes de différentes tendances idéologiques. Plusieurs comités locaux ont été créés.

    Je crois fermement qu'on donnera suite à ces revendications dans mon pays, parce qu'elles portent sur des questions très importantes. Il nous faut poser des gestes concrets. Nous avons beaucoup de chemin à faire pour atteindre nos buts. Cette Marche constitue un encouragement pour les mouvements de femmes. "


    S., Népal

    " Dans mon pays, 75 % des femmes sont analphabètes; elles ne savent ni lire, ni écrire, elles ne peuvent même pas signer leur nom. Il nous faut donc en premier lieu accéder à l'égalité dans le domaine de l'éducation et des soins médicaux de base. Les femmes sont victimes de discrimination dans tous les secteurs : politique, économique, social et culturel. Les femmes se battent contre l'exploitation, l'inégalité, elles luttent pour la justice et la paix, pour obtenir l'égalité des droits. Elles sont très pauvres, elles n'ont pas d'emploi. Elles n'ont pas accès aux services de base. Par conséquent, dans mon pays, le mouvement œuvre en faveur de l'égalité, de la paix et de la justice. Nous sommes venues de très loin pour prendre part à cette marche; nous avons donc la lourde responsabilité de donner suite à notre programme. Notre objectif principal, c'est d'obtenir l'ÉGALITÉ. Ce n'est pas trop demander. Nous ne cherchons pas à mettre en place un matriarcat ou une société dominée par les femmes, nous demandons simplement l'égalité. Je pense que notre gouvernement écoutera un jour nos revendications. "


    S., Irak

    " Toute la population mondiale connaît la situation des enfants et des femmes en Irak, à cause de la guerre. Nous sommes un groupe de cinq femmes. Nous sommes des réfugiées : quatre vivent aux États-Unis et la cinquième est venue de Londres. J'appartiens à l'Association des femmes irakiennes, qui s'oppose au régime de Saddam Hussein.

    L'organisation a été fondée en 1952. Une partie de notre travail consiste à défendre les droits de la personne. Depuis le début de la guerre du Golfe en 1990, nous sommes devenus une organisation clandestine. Les femmes et les enfants irakiens n'ont pas accès à la nourriture ou aux soins médicaux. Ils ne prennent pas part à cette guerre, mais ils en payent le prix.

    Nous sommes venues ici parce que nous pensons que peut-être, quelqu'un entendra parler de nous et ressentira notre souffrance. Nous essayons de sauver notre peuple. Nous ne pensons que l'on donnera suite aux revendications dans notre pays, mais cette Marche nous donne le sentiment que nous pourrions nous entraider, que la solidarité existe. "


    D., Chine

    " J'habite à Brooklyn aux États-Unis. Je défends les droits de la personne dans toutes les sphères. J'ai coordonné des marches pour les femmes; cela fait partie de l'appui que je veux leur démontrer. La Marche force les hommes à écouter davantage et à cesser de parler pour rien. Je suis consciente de ce qui se passe dans le monde, les hommes sont de plus en plus conscients de ces questions. Il est difficile de les convaincre sur de nombreux points, mais certaines réflexions réussissent à les atteindre parfois.

    J'œuvre en faveur de la cause des gais et des lesbiennes. Aux États-Unis, on tarde à adhérer à la Convention pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. J'espère que ce sera là un des gains que nous ferons. "


    M., Pays-Bas

    " Je travaille pour une ONG. J'ai découvert la Marche par le biais d'Internet, je naviguais quand soudain, je suis tombée sur le site et me suis inscrite aux activités. Nous avons marché en octobre dans notre province pour établir un lien entre la pauvreté en milieu rural et la pauvreté en milieu urbain. Je souhaitais venir ici parce que nous étions 35 000 à Bruxelles samedi dernier et que nous avons ramassé des fonds pour venir; autrement, cela n'aurait pas été possible, parce que nous sommes, nous aussi, des femmes démunies.

    Aux Pays-Bas, on croit que tout a déjà été accompli. Mais de nombreux groupes de femmes n'ont pas profité de la prospérité. Aux Pays-Bas, dix pour cent des femmes vivent dans une grande pauvreté. Nous sommes ici pour les représenter. "


    B. et C., Australie

    " Nous sommes venus d'aussi loin que l'Australie et nous sommes ravies! C'est merveilleux, la force des femmes est une chose si extraordinaire. En Australie, nous n'avons pas eu de grande marche nationale mais plusieurs petites marches dans différents lieux, ce qui a donné un sens très fort à l'événement là-bas. Ce que j'espère, c'est que le monde devienne un endroit plus sain, pour que les hommes ne croient pas qu'ils peuvent s'approprier tout le pouvoir; et que tous se rendent compte que lorsque nous parlons de mettre un terme à la violence envers les femmes, ce que nous disons, c'est que les hommes doivent cesser d'être violents.

    Je participe depuis plus de 50 ans au mouvement pour la paix. À mes yeux, la Marche est une grande manifestation d'encouragement à l'endroit des femmes, à voir la vitalité incroyable et la détermination dont elles font preuve pour obtenir leur propre libération. Toutes ces signatures et ces messages écrits sur des matériaux variés, parce qu'elles n'avaient pas de papier, m'ont tant émue! J'ai pleuré, je viens tout juste de reprendre mes esprits. "

     

    [ La Marche d'heure en heure ]   [ Magazine ]
    [ Communiqués ]
Copyrights : CC by-nc-sa 2.0
Last modified 2006-03-23 03:07 PM
This item is available in
Français, English, Español