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Déclaration suite au Forum social mondial 2003

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DÉCLARATION
Le Forum Social Mondial 2003
Du point de vue des femmes de la
Marche mondiale des femmes

Nous sommes fières de notre participation et de celle de près de 100 000 personnes qui ont participé au Forum social mondial. Si on ajoute à ce nombre les milliers de personnes qui ont participé aux forums régionaux ou thématiques cette année et celles qui suivaient avec grand intérêt les débats du FSM 2003, nous constatons combien ce processus de débats, d'échanges sur nos stratégies, sur nos actions, etc. est important. Cet engagement de millions de personnes dont une grande proportion de femmes, déterminées à poursuivre leur marche pour l'égalité entre les femmes et les hommes, entre les peuples, entre tous les êtres humains et en harmonie avec notre planète modifie le panorama mondial actuel malgré la guerre imminente, malgré les attaques orchestrées contre toute forme de contestation de la rhétorique néolibérale, guerrière, machiste.

Ce 3e Forum social mondial qui vient de se terminer à Porto Alegre renforce notre détermination à construire, au quotidien, les résistances et les alternatives pour assurer la dignité humaine; pour prioriser les personnes plutôt que le profit; pour dire non à la guerre contre l’Iraq; pour construire la paix. Nous sommes aussi convaincues de la pertinence de faire ce travail en alliance avec les mouvements sociaux présents à Porto Alegre. C'est pourquoi la Marche mondiale des femmes est signataire de l'appel à la création du Réseau mondial des mouvements sociaux qui s'est concrétisé au Brésil (vous pouvez voir l’appel et la déclaration de la troisième assemblée internationale des mouvements sociaux en visitant leur site web www.movsoc.org).

Nous voyons dans ce réseau la possibilité de démontrer que l'inclusion de la lutte pour l’égalité est une stratégie gagnante pour l’ensemble des mouvements sociaux. Que pour rendre cet autre monde bien réel, il nous faut faire autrement, penser autrement, agir autrement. Cela signifie réinventer nos actions et radicaliser nos utopies pour y inclure la fin de toutes les formes d'oppression.

La Marche mondiale souhaite apporter dans ce processus, entre autres, les questions des alternatives économiques féministes, de la marchandisation accrue du corps des femmes dans le contexte de la mondialisation, des débats sur le féminisme et l’émergence d’une nouvelle génération politique avec le campement de la jeunesse.

Le mouvement des femmes, le féminisme contemporain, est le mouvement social qui a le plus transformé le monde depuis les 30 dernières années. Nous l'avons fait en amenant les femmes à prendre conscience de leur valeur, de leurs droits. En partant du quotidien des femmes, nous avons dénoncé la violence sexuelle et conjugale; le double standard en emploi, la non reconnaissance de notre travail, le contrôle de notre corps et notre sexualité. Nous avons fait ce travail en créant des espaces pour que les femmes se rencontrent et analysent leur quotidien. Le mouvement des femmes s'est constitué internationalement dans la diversité et de façon horizontale depuis les années 70.

Avec l'avancée du néolibéralisme et de la droite, le mouvement des femmes s'est mobilisé pour permettre aux femmes de mondialiser leur résistance. La Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence envers les femmes a constitué un réseau féministe d'actions mondiales qui sert d'instrument pour exprimer notre refus de voir nos vies, notre monde marchandisés par des systèmes d'oppression qui se nourrissent d'exclusion et de haine : le patriarcat, le racisme, le capitalisme. C’est pour ça que nous nous sommes mobilisées en l’an 2000 et que nous le ferons de nouveau en 2005.

C’est aussi pour cela que nous participons activement au Forum social mondial depuis le tout début. L'édition 2003 de ce Forum nous a permis de constater l'impact de notre travail en ce sens qu'il y avait définitivement une meilleure participation de femmes lors des panels et plus particulièrement de féministes. Par contre, nous constatons aussi que cette participation demeure marginalisée et souffre du syndrome de la tolérance polie. Nous sommes encore loin d'un réel dialogue ou débat sur la place des femmes et du féminisme dans la construction d'un autre monde. La lutte anti-capitaliste est encore vue comme la lutte primordiale dans l'esprit de plusieurs. Les tendances à la centralisation du pouvoir dans les mains de quelques-uns perçus comme plus éclairés ou plus habilités sont encore bien vivantes. Le Forum social mondial est encore très teinté des méthodes d'échange unidimensionnelle avec panelistes experts. La participation de la salle est limitée à poser des questions. Il nous faut réinventer des espaces d'échange qui mettent en pratique nos principes d'horizontalité et permettent de pousser plus loin les réflexions individuelles et collectives. Plusieurs personnes viennent au Forum social mondial pour partager leurs expériences de luttes concrètes, pour se ressourcer et, nous l'espérons, pour apprendre des autres et ainsi enrichir leur analyse, leur travail. Le mouvement des femmes a beaucoup à apporter à ce niveau. Nous sommes prêtes à partager nos expériences mais cela doit se faire sur une base d'égalité et de reconnaissance de notre leadership. C'est là le défi de la prochaine année, arriver à mettre en pratique ce que nous préconisons. Tout comme nous savons que pour changer la vie des femmes, il nous faut changer le monde, nous savons que sans les femmes, sans le féminisme, un autre monde n’est pas possible.

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Last modified 2006-03-23 03:07 PM
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